
YOUSSEF HINDI
LES MYTHES FONDATEURS DU CHOC DES CIVILISATIONS
ou
Comment l’Islam est devenu l’ennemi de l’Occident
* * *
suivi de
ANNEXE I
CONNAISSANCE DE LA GNOSE
LA GUERRE DES GNOSES, GUERRE UNIVERSELLE
Étienne Couvert, Don Ennio Innocenti et l’œuvre fondamentale d’Alain Pascal
ANNEXE II
DE LA CABALE AU PROGRESSISME
Préface, Introduction, Avant-Propos, Conclusion et Table des Matières
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——— COURTE MISE EN GARDE ———
Louis-Hubert REMY
19 septembre 2016, en l’anniversaire de La Salette
M. Youssef Hindi s’est fait connaître par un livre remarqué car remarquable (1) : Occident et Islam, Source et genèse messianiques de l’Europe médiévale au Choc des civilisations, paru en 2015.
« Qui veut comprendre la situation du monde actuel, doit remonter aux sources originelles des courants d’idées sous-jacents aux grands mouvements historiques. Idées qui seront le moteur de l’action pour ces minorités proactives qui font et défont l’histoire.
« Dans cet ouvrage, Youssef Hindi nous révèle les origines mystiques jusqu’ici méconnues, du sionisme et de la doctrine stratégique du Choc des civilisations. Idéologies qui conduisent en priorité les peuples d’Orient et d’Occident, et in fine l’Humanité dans son ensemble, sur des voies essentiellement périlleuses.
« En remontant au XIIIe siècle, nous découvrons comment est né le projet du « rapatriement » du peuple juif en Terre sainte malgré l’interdiction énoncée par la Torah et le Talmud. Nous voyons ici de quelle manière ce rêve messianique a pris corps pour s’accomplir à partir de la fin du XIXe siècle dans une idéologie athéiste, le sionisme politique ».
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Par contre dans son second livre, il voudrait nous faire partager son amour de l’Islam en en faisant une apologie convaincante. Mais là il nous est difficile à nous catholiques de ne pas souligner les limites de l’Islam à travers son texte.
Certes il donne des réponses à plusieurs questions controversées et ses mises au point sont une découverte. Mais là encore il faudrait être spécialiste de l’Islam pour en partager toutes les conclusions. On regrette qu’il ne fasse pas état des travaux d’Anna Zacharias (un peu dépassé aujourd’hui), mais aussi du Père Édouard-Marie Gallez, de Patricia Crone, de Christoph Luxenberg, de Joseph Aziz, de Guilka ou de de Prémare, etc.
De plus, c’est l’occasion de conseiller, y compris à M. Hindi, l’étude des travaux exemplaires d’Alain Pascal qui dans La Guerre des gnoses (4 volumes, édition des Cimes), démontre l’importance de la gnose musulmane, issue de la cabale (2). Lire aussi le livre fondamental, de l’abbé Julio Meinvielle, De la Cabale au Progressisme (3).
Et ces questions qu’il présente comme importantes, nous paraissent bien secondaires à nous catholiques.
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J’ai vécu plus de trois ans à Touggourt (1964-1967), comme professeur de maths et sciences dans les seules classes de seconde et première du Sahara. J’étais très lié avec les Pères blancs et avec les petites sœurs de Foucauld. Mes élèves étaient tous musulmans. Comme professeur je leur avais fait aimer les maths et ma classe de première a obtenu les meilleurs résultats au bac de toute l’Algérie (c’était l’ancien bac).
Je ne cachais pas mes idées religieuses et je peux dire qu’ils m’en aimaient d’autant plus. Bien sûr je faisais le vrai Carême catholique, ce qui les impressionnait, et une année je fis, en plus, le ramadan comme eux, pour pouvoir comparer et en parler. Inutile de nier la différence : en Carême on perd plus de 5 kilos, mais rien en ramadan. Par contre ne pas boire est plus dur, surtout en certaines saisons, puisque si pour nous le Carême est toujours en février et mars, pour eux le ramadan peut être en plein été et alors ne pas boire est impossible. J’ai connu les étés à plus de 50° : c’est un four. On ne tient qu’enfermé le jour.
Ils me firent visiter leur école coranique, me montrant les anneaux auxquels ils étaient attachés, face au mur, pour recevoir le fouet s’ils récitaient mal le Coran. Ils avaient 20 ans environ (j’étais à peine plus vieux, 21 ans) et savaient le Coran par cœur.
J’avais une grande vénération pour les petites sœurs de Foucauld d’un dévouement et d’une charité admirable, mais beaucoup moins de considération pour les Pères blancs qui ne convertissaient peu de personne. Il aurait fallu des Pères de Foucauld pour de vraies conversions. Par contre ils connaissaient très bien l’Islam. Ils me racontaient combien cette religion a un aspect social rigoureux, où chacun surveille chacun, et où toute élévation mystique est impossible. Les quelques musulmans qui au contact de catholiques essayent d’avoir une vie intérieure et veulent méditer sur Dieu plus profondément, sont obligés de se cacher ou de quitter leur milieu. Les quelques tentatives de mariage avec des chrétiennes (impossible par contre entre des musulmanes et des chrétiens) étaient très difficiles à vivre et beaucoup échouaient. Nous catholiques, qui pouvons être vraiment libres, nous ne pouvons pas comprendre le poids de l’emprise sociale de ces milieux (ce qui est vrai aussi dans les mondes juif et protestant).
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Le vénérable Barthélémy Holzhauser prophétise que l’Islam disparaîtra de la planète. Il n’y a que deux possibilités : la conversion de beaucoup, et l’extermination des autres. Pour nous, catholiques, incombe le devoir de prier et d’aider à la conversion par l’exemple et par l’instruction.
Le problème se posera pour M. Youssef Hindi. Toute conversion dans ce milieu tient particulièrement du miracle. Il n’y a que la Très Sainte Vierge Marie qui l’obtiendra, Elle qui triomphera pour son Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ. Par Elle il y aura dans le milieu musulman de nouveaux saint Paul qui pourront prêcher la vérité à leurs frères.
En lisant ce livre, de nombreux détails nous amènent à réfléchir. Aucune fois, dans son texte, les termes suivants n’apparaissent : Dieu Père, adorer, louer, bénissez, glorifier, joie, merci, aimer ; mais aussi : mystère, miracle, pécheur, ténèbres, jeûne, espérance, salut, grâce, etc. ; ou très rarement (surtout dans le sens chrétien) : charité, anges, âme, gloire, béni, vierge, saint, etc. ; mots tellement importants pour les catholiques.
Portons notre réflexion sur deux points essentiels.
M. Hindi dès le début de sa Préface écrit : « La religion (du latin religare qui signifie « lien ») est un sujet vital pour tous les humains, en tant qu’elle est ce qui les relie entre eux et eux à Dieu».
Oui, la religion relie les humains avec Dieu. Mais il n’y a que Dieu qui puisse être à l’origine de ce lien. Il n’y a que Dieu, créateur de toutes choses qui puisse créer une religion. Il ne peut en créer qu’une seule qui puisse le relier aux humains, car Dieu ne peut se contredire sans n’être plus Dieu. Donc une seule religion peut avoir la prétention d’être la seule vraie. Et c’est pourquoi, dans une seule il y a des miracles. C’est pourquoi toutes les autres n’ont pas de miracles et sont de fausses religions.
Comme dans les synagogues, les temples protestants, il n’y a pas, dans les mosquées, d’ex-voto. Alors que dans toutes les églises il y en a ou il y en avait (certaines églises, comme La Daurade à Toulouse, Notre-Dame des Victoires à Paris, le Sacré-Cœur à Issoudun, en sont tapissées). On ne paie un ex-voto que si l’on est guéri ou protégé.
C’est pourquoi le mot miracle n’apparait pas. Alors que chez les catholiques les miracles sont courants, chez les musulmans on n’en cite jamais : aucun lieu de dévotion dû au miracle.
Nous avons remarqué que si le mot péché est cité (4), le mot pécheur ne l’est pas, ce qui est incompréhensible car il n’existe pas de péché sans pécheurs. Tout le monde le comprend !
Cette omission est grave, car sans pécheurs, un Sauveur-Rédempteur est inutile ; par contre, s’il y a des pécheurs la justice exige qu’il y ait un Rédempteur-Sauveur. Et le péché étant une révolte contre Dieu, seul un Dieu peut efficacement racheter les péchés : d’où l’Incarnation-Rédemption.
On voit que ceci n’inquiète pas l’Islam et qu’ils ne peuvent comprendre l’importance de la vie sacramentelle (5). Ne se reconnaissant pas pécheurs, pour eux aucun souci de l’état de grâce, pour eux point de confession, point d’absolution.
On ne peut pas comprendre, si on ne l’a pas vécu, l’importance du sacrement de pénitence. Tout humain sait qu’il est pécheur, mais seuls les catholiques vivent la conscience en paix, car ils ont ce sacrement qui n’existe dans aucune autre religion (y compris dans la religion conciliaire où pratiquement plus personne, surtout les clercs, ne se confesse) qui, par le pouvoir du prêtre, leur permet d’être absous et de vivre en paix. Quelle que soit l’épreuve le catholique la supporte. On ne connaît pas de cas de suicide chez les vrais catholiques pendant la Révolution Française.
S’ils parlent de morale, on ne sait ce qu’il faut en penser, car jamais il n’y a une référence au décalogue et à une liste quelconque de péchés.
Pour eux tout est dans LE livre : LE CORAN. J’ai lu jadis le Coran.
Qu’on est loin des Évangiles ! Combien l’exemple de Celui qui a osé dire : Qui d’entre vous peut me convaincre de péché ? ou Je suis doux et humble de cœur, de Celui qui a osé se définir : Je suis la voie, la vérité et la vie, de Celui qui a ressuscité, comme le Saint-Suaire le prouve, n’est pas compris à sa juste valeur : un prophète, mais pas un Dieu.
Qu’on est loin de nos catéchismes ! Où sont leurs livres de méditation ? Quels trésors ont-ils, pouvant être comparés avec l’Imitation de Jésus-Christ (ICI ou ICI) ou L’horloge de la Passion (ICI) de saint Alphonse de Liguori ? Quelle formation à la vie intérieure ? à l’élévation de l’âme ?
Des sages (et encore !), mais rien d’équivalent à nos saints qui, en plus, par leurs miracles prouvent leur sainteté. Non vraiment il n’y a aucune possibilité d’accord entre eux et nous.
Nous laissons M. Hindi, réfléchir sur ces quelques questions et attendons ses explications ou ses réfutations.
Oui, cher Monsieur, Dieu EST amour, Dieu nous aime, Dieu vous aime et sa Très sainte et éternelle Mère, la Vierge Marie, est notre Mère, est votre Mère.
Promenez-vous en France et priez celle qui est notre Reine. Je connais quelqu’un qui a plus de 20.000 cartes postales de statues françaises différentes de la Très Sainte Vierge Marie. Ce n’est pas pour rien que l’on dit : « Regnum Galliæ, Regnum Mariæ ». Vous êtes français, vous vous devez de comprendre et la France et sa Reine.
Nous allons prier pour vous et nous vous prions de LA prier :
« Très Sainte Vierge Marie, apprenez-moi à me connaitre et
à Vous connaître.
Apprenez-moi à connaître votre divin Fils ».
Louis-Hubert REMY
YOUSSEF HINDI
préface de Roger Akl
LES MYTHES FONDATEURS DU CHOC DES CIVILISATIONS
ou
Comment l’Islam est devenu l’ennemi de l’Occident
Éditions Sigest, 2016
Préface
Pourquoi ce livre ? La religion (du latin religare qui signifie « lien ») est un sujet vital pour tous les humains, en tant qu’elle est ce qui les relie entre eux et eux à Dieu.
Du fait de leur centralité, au zénith de l’histoire de l’humanité, les religions, lorsque le politique prend le pas sur elles, lorsque les ambitions individuelles ou collectives s’en emparent, peuvent se trouver détournées de leurs fins spirituelles. Voire dévoyées à des fins bassement matérielles et mondaines, cela même au prix de millions de morts, comme l’histoire contemporaine du Proche-Orient en témoigne.
La perversion de la religion n’est pas un fait moderne. L’exemple du judaïsme antique avec le meurtre et les persécutions des prophètes, de Jérémie à Jean le Baptiste, sont gravées à jamais dans la mémoire universelle, ou à tout le moins dans celle des chrétiens, des juifs et des musulmans.
Ces persécutions résonnent encore dans celle des premiers chrétiens opprimés sous l’empire de Rome, ou encore dans la mémoire de l’Imam Hossein, petit-fils du Prophète Mahomet, exécuté, lui et ses partisans, par les imposteurs omeyyades, lesquels succédèrent à ceux que les musulmans appellent « les califes bien guidés ».
Mais, ainsi que le montre très opportunément Youssef Hindi au chapitre III, il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle, et plus encore le début du XXe, pour voir en terre d’islam des chrétiens systématiquement martyrisés et d’autres croyances s’affronter cruellement lors des conflits et des rivalités qui opposèrent les grandes puissances occidentales de l’époque, principalement les empires allemand, russe, britannique et français. Ces puissances convoitant le Proche-Orient voyaient dans les différentes communautés autant d’instruments nécessaires et de relais utiles pour établir leur hégémonie ou s’arroger les dépouilles d’un empire ottoman déjà largement moribond.
Rappelons à cette occasion que si au VIe siècle les maronites ont émigré au Liban, c’est qu’ils avaient dû quitter leur habitat et leurs terres de Syrie parce que des hérétiques, protégés de Byzance, avaient assassiné trois cent cinquante moines ayant eu le simple tort de suivre saint Maron, et que par la suite ces mêmes schismatiques continuèrent d’opprimer les maronites. Et ceux-ci achevèrent de créer leur nation au Liban sous la direction du saint Patriarche Jean Maron, trépassé en 707, après la conquête de la Syrie par les Arabes.
Mille ans plus tard, au cours du XVIIIe siècle, la religion musulmane a été déformée par une idéologie radicale, structurellement violente et terroriste, le wahhabisme (6). Son expansion conquérante a été soutenue, et même encouragée, par l’Empire britannique au début du XXe siècle, avant que les Américains ne prennent le relais en 1945. Ainsi, la famille des Séoud s’est-elle approprié l’Arabie. Quant aux Frères musulmans, partis d’Égypte, ils ont peu à peu gangrené l’ensemble du monde arabe jusqu’à y allumer des foyers de guerre civile, la Syrie en étant l’un des exemples les plus remarquables.
Ces guerres ont été à leur tour perçues et interprétées à travers le prisme de l’idéologie du choc des civilisations promue par l’élite néoconservatrice américaine, cosmopolitiste et mondialiste. Il s’agit en réalité d’une lecture tronquée et arbitraire de l’histoire, laquelle est censée permettre – suivant ses inventeurs – de théoriser (entre autres) un supposé conflit permanent entre les religions judéo-chrétiennes (démocratiques, tolérantes et laïques) avec l’islam présenté comme une religion violente et totalitaire. Soulignons que l’Occident définit désormais sa propre civilisation comme judéo-chrétienne (7), et non plus gréco-romaine. Les néo-conservateurs, héritiers des messianistes (préalablement définis et décrits dans Occident et Islam), sont ainsi parvenus à convaincre l’establishment américain de provoquer le chaos sur le continent eurasiatique, à la fois pour affaiblir les concurrents économiques, politiques et militaires de l’empire anglo-américain, rivaux actifs ou potentiels, y compris leurs alliés européens désormais vassalisés, mais également et finalement pour accomplir leurs espérances eschatologiques et planétariennes.
Disons-le crument, la vérité profonde de cette stratégie ressort essentiellement du sionisme politique faussement athée et réellement messianiste de par sa volonté d’établir un « Grand Israël » s’étendant du Nil à l’Euphrate. Ambitieuse géostratégie consistant à lancer l’Occident contre l’Islam de manière à les faire s’entredéchirer et s’entredétruire pour, à l’arrivée, les évincer de la scène de l’histoire ; et ce, afin d’étendre indéfiniment les frontières de l’État hébreu par l’emprise territoriale de la colonisation silencieuse – ce que l’on peut constater actuellement au Kurdistan irakien – et en même temps, pour asseoir le Royaume d’Israël sur le monde par le truchement d’une gouvernance mondiale.
Pourtant si la philosophie grecque a été redécouverte en Europe, c’est bien par l’intermédiaire de la civilisation islamique alors en plein essor – notamment dans et par les commentaires qu’Averroès (Ibn Rushd de son nom arabe) fit de l’œuvre d’Aristote et de La République de Platon -, relai par lequel ce legs infiniment précieux fut transmis à l’Europe médiévale.
Dernièrement, la théorie du choc des civilisations, a trouvé l’une de ses applications et l’un de ses outils les plus pervers dans l’invasion programmée de l’Europe par des vagues migratoires (migrants étant le terme moderne pour désigner les vrais et surtout les faux réfugiés) ; tout comme au Liban où un plan semblable réussit, déclenchant le chaos des guerres confessionnelles qui ravagèrent le pays à partir de 1975 et ce pendant dix-sept ans. Désastre humain qui aurait dû aboutir à diviser la nation du Cèdre en cinq parties inégales, ceci en parfaite conformité avec le plan israélien Oded Yinon daté de 1982 (8).
Une même stratégie semble maintenant être mise en œuvre en Europe, au demeurant avec quelques améliorations, car, non seulement, les populations sont à présent profondément divisées vis-à-vis de l’islam et des musulmans, mais en outre l’Église et le christianisme subissent aujourd’hui de si intenses attaques, que le clergé en est réduit à se réfugier sur de précaires positions défensives, tandis que d’autres, plus éclairés ou intellectuellement plus audacieux s’attaquent à la cause première du mal, c’est-à-dire à l’idéologie sioniste. À l’instar de l’athéisme dogmatique souvent militant et souvent fanatique qui se dissimule derrière la religion laïciste – religion qu’exalte l’ancien ministre français Vincent Peillon tout en soulignant ses racines cabaliste et illuministe et comme le font in fine les personnalités intellectuelles influentes par le biais de leurs groupes de pression politiques et médiatiques et celui de la Franc-maçonnerie. Or les divisions confessionnelles et idéologiques que d’aucuns s’emploient à exacerber pour le plus grand malheur de tous, risquent d’aggraver des fractures, et peuvent déboucher sur une explosion politique et sociétale.
C’est pour cette raison qu’il fallait d’urgence montrer que l’islam orthodoxe – autrement dit antinomique du salafo-wah-habisme – ne contredit ni le judaïsme prophétique des origines, ni le christianisme non pollué par l’hérésie calviniste. Qu’au contraire ces religions sont sœurs parce qu’issues d’une même source divine (Allah signifiant Dieu en arabe, pour les chrétiens comme pour les musulmans) et terrestre (l’Abraham coranique étant l’ancêtre d’Isaac, d’Ismaël et d’Edom, surtout spirituellement).
Je laisse maintenant à Youssef Hindi la tâche d’en faire la démonstration ; mais en tant que Libanais chrétien, je voudrais citer deux légendes relatives au prophète Muhammad et une anecdote personnelle. Elles montrent bien la parenté commune de l’islam et du christianisme, ce dernier étant, malgré tous ceux qui le renient, la foi historique de l’Occident moderne… La première légende est celle qui raconte que durant ses voyages en Irak, Mahomet aurait été formé par un moine surnommé « Raheb Al Bouhaira » (le moine du lac).
La seconde légende, dit que ce fut un livre, écrit en arabe, par un certain Metni, qui affirme que « Mahomet » aurait été éduqué par un oncle supposé être le « patriarche chrétien de la Mecque » et que celui-ci lui aurait enseigné une hérésie chrétienne voyant en Jésus un prophète, et non le Fils de Dieu. Mais ce livre a disparu, car il heurte les croyances et les sentiments de nombre de musulmans.
Ces légendes tendent, malgré leur caractère controversé, à mettre en exergue l’origine commune sinon le lien de parenté indiscutable qui rattache le christianisme à l’islam.
J’achève ici cette présentation par une historiette libanaise : mon père avait fondé une librairie (La Nouvelle Librairie Française) et, de temps en temps, un cheikh musulman venait prendre le café chez lui et tentait amicalement de le convertir. À la fin, mon père ne put s’empêcher de lui demander :
« N’est-il pas écrit dans le Coran, Révérend, que « Issa (Jésus en arabe) est l’Esprit de Dieu et Mahomet est l’apôtre de Dieu ? » Le cheikh répond par l’affirmative. Mon père lui demande alors : « Lequel vaut plus, de l’Esprit ou l’apôtre »?
Bien sûr, les musulmans ont une réponse à cette question, mais je l’ai citée pour montrer que de fait l’Islam est théologiquement la religion la plus proche du christianisme, car elle est la seule à croire que Jésus né de la Vierge Marie, est le Messie de Dieu, par l’œuvre de l’Esprit Saint, contrairement d’ailleurs à la religion juive, qui a jugé le Christ blasphémateur et l’a condamné pour cela. Les crachats qui ponctuent les Chemins de Croix à Jérusalem, comme le rapportent certains chrétiens, qui y ont assisté, montrent ce qu’il en est, hier comme aujourd’hui encore.
D’ailleurs, en cette année chrétienne et en ce dimanche de Pâques, jour de la miséricorde divine, il est bon de rappeler que chaque sourate du Coran commence par : « Au nom de Dieu le miséricordieux, le tout miséricordieux ». N’est-ce pas en contradiction flagrante avec le terrorisme et les crimes atroces commis au nom de l’Islam ? Pensons ici à l’horreur absolue et imprescriptible du génocide des Arméniens !
C’est pour cela d’ailleurs qu’un choc de civilisations avec l’Islam ne peut être qu’une fausse prophétie et un mythe, un de plus, que la propagande nous impose comme vérité immanente présente de toute éternité.
Les chapitres qui suivent vous montreront si oui ou non l’image déformée de l’islam à des fins de guerre interconfessionnelle, correspond à l’islam réel ou à ce qu’il convient désormais d’appeler « l’anti-islam », ce contre-islam wahhabite, celui de Riyad et de Doha qui a passé une alliance formelle avec Washington, Londres et de facto avec Tel-Aviv dans la grande guerre Orient versus Occident que certains esprits dévoyés appellent hélas de tous leurs vœux.
« Il se peut que Dieu loge de l’affection entre vous et d’aucuns que vous teniez, de leur fait, pour ennemis.
Dieu est omnipotent. Dieu est Tout pardon, miséricordieux.
Dieu ne vous a pas interdit de prendre pour alliés ceux qui ne vous combattent pas pour cause de religion, ni ne vous évincent de votre habitat, ni de vous montrer envers eux vertueux, équitables : Dieu aime les équitables ». (Sourate 60, versets 7 à 9)
Ô vous qui avez la foi, efforcez-vous de témoigner de la justice en observant vos devoirs envers Dieu et que la rancune contre un peuple ne vous incite pas à vous montrer injustes ; soyez justes… » (Sourate 5, verset 8)
Roger Ald
Ancien Directeur de cabinet du ministre de la Défense de la République du Liban et rédacteur à la revue Europe et Orient
27 mars 2016
ANNEXE I
CONNAISSANCE DE LA GNOSE
par Félix CAUSAS
LA GUERRE DES GNOSES, GUERRE UNIVERSELLE
Étienne Couvert, Don Ennio Innocenti et l’œuvre fondamentale d’Alain Pascal
ANNEXE II
JULIO MEINVIELLE
DE LA CABALE AU PROGRESSISME
Préface, Introduction, Avant-Propos et Conclusion
Traduit de l’espagnol par Madame BROSSELARD-FAIDHERBE
Préface de Son Excellence Monseigneur Alfonso de GALARRETA

Mgr Alfonso de Galarreta d’Espagne lisant lors d’une messe d’ordination de la dissidente Société Traditionaliste Catholique romaine de St Pie X à Écône
AFP PHOTO / Fabrice COFFRINI
PRÉFACE
Nous ne pouvons que nous réjouir de l’heureuse initiative de traduire et publier cet ouvrage, sommet de la pensée du Révérend Père Julio Meinvielle, l’un des théologiens qui a le mieux compris, cerné et réfuté le néo-modernisme, la nouvelle théologie et d’une façon générale le fond de la pensée moderne.
En dépit de l’effort de lecture que demandent certaines pages, et de quelques citations de Vatican II « forcées » dans un sens traditionnel, – ces pages ont été écrites tout de suite après le Concile et pour « sauver le Concile » – « De la cabale au progressisme » est un de ces rares livres à nous donner des lumières fortes et des idées clés pour comprendre l’essence et le fond des erreurs répandues aujourd’hui dans le monde et dans l’Église. Quelques pensées de ce livre en valent cent autres : il y a de la sagesse.
Parmi ces idées maîtresses, j’en relève deux dans cette préface sans prétention. Tout d’abord, ce livre s’inscrit dans la ligne des « Deux cités » de saint Augustin ou dans celle, plus récente, de la « Théologie de l’histoire » du Père Calmel. Il décrit sans manichéisme la lutte irréductible entre la Cité de Dieu et la Cité de Satan tout au long de l’histoire et son paroxysme dans notre siècle. La trame cachée et réelle de l’histoire est l’opposition entre vraie tradition et fausse tradition. L’apogée de la cité de Satan, cité de l’homme, cité de la révolution, c’est le triomphe – pour l’instant -, de la fausse tradition à l’intérieur de l’Église, présentée comme la vraie cité de Dieu par les théologiens et la hiérarchie catholiques.
Deuxièmement il jette sur ce fait un regard théologique. Il y a un fond gnostique dans le néo-modernisme – développement actuel du modernisme condamné par le pape saint Pie X – introduit par le biais de la philosophie et, en conséquence de la politique modernes.
Cependant deux remarques importantes s’imposent. Il s’agit d’un gnosticisme intellectuel, dépouillé de son symbolisme archaïque et de ses mythes, réduit à son essence. Mais dans l’Église triomphe actuellement un gnosticisme édulcoré, mitigé, incohérent. Pourquoi ? Parce que la nouvelle théologie essaie l’impossible accord entre la foi catholique et la pensée moderne foncièrement antichrétienne, entre la lumière et les ténèbres. En fait, historiquement et aujourd’hui encore, il y a deux courants dans cet essai de « conciliation » : ceux qui tirent toutes les conséquences du subjectivisme et de l’immanentisme jusqu’à l’athéisme, l’historicisme et la déification de l’humanité – par exemple les théologiens de la Mort de Dieu, de la Sécularisation, de la Libération – et ceux qui veulent ménager la chèvre et le chou et finissent par instrumentaliser inéluctablement Dieu, le Christ, le surnaturel et l’Église au service de la même déification de l’humanité ; et c’est précisément toute la « nouvelle théologie », l’enseignement habituel de la hiérarchie, Vatican II, son esprit et son application. Des exemples le manifestent à l’envie : la réduction de la grâce à la nature, de l’Église au monde (à l’humanité), de Dieu à l’homme, (retour anthropologique), les doctrines de la rédemption universelle, de la présence du Christ et du Saint-Esprit non seulement dans toutes les religions mais dans tous les individus, etc… Le résultat : l’Église et la foi sont au service de la cité naturaliste, humaniste, révolutionnaire, et en pratique au service de cet amour de soi qui va jusqu’au mépris de Dieu, au service de la cité du diable.
L’abbé Jules Meinvielle nous en donne l’explication, la suite logique et historique ; il nous montre d’un regard thomiste, le fond philosophique et théologique de l’erreur gnostique qui imprègne tout et est le contraire de la vérité catholique.
Plût à Dieu que certains de nos confrères, à la lecture de ce livre, avec un bon bagage philosophique et théologique, se décident à approfondir, synthétiser et vulgariser ces lumineuses analyses de la dérive doctrinaire dans l’Église. D’autres ouvrages de l’abbé Meinvielle devraient compléter cette lecture ; en particulier « De Lamennais à Maritain », « La cosmovision de Teilhard de Chardin », « L’Église et le monde », mais aussi d’excellents livres du P. Cornelio Fabro, comme « Introduction à l’athéisme moderne », « Le retour anthropologique de Karl Rahner », « L’aventure de la théologie progressiste » ou encore le profond « Gethsémani » du Cardinal Siri.
Que la Très Sainte Vierge Marie « terrible comme une année rangée en bataille », victorieuse de toutes les erreurs et hérésies du monde, daigne bénir la lecture de ces pages ; qu’elle suscite au sein de la Fraternité Saint-Pie X un approfondissement théologique de la crise sans précédent que nous vivons dans l’Église et dans le monde, une compréhension plus achevée de la gravité et de l’enjeu de l’heure présente ; qu’elle suscite enfin, pour tous les prêtres et fidèles formés, la publication d’études à leur portée, inspirées de cette théologie de l’histoire de l’abbé Jules Meinvielle où tout est jugé selon les principes éternels et immuables de la Vérité Divine.
+ Alfonso de GALARRETA
Madrid, en la Fête-Dieu 1998
Notes :
[1] Mais connaît-il bien tout ? Voici un témoignage peu connu qui en étonnera plusieurs.
La lecture de la vie des saints est toujours très enrichissante, autant du point de vue spirituel qu’historique, et l’on sait combien, depuis la révolution (improprement dite française), tout ce que l’on doit à l’héritage chrétien est haï. En lisant la vie de saint Jean Damascène, docteur de l’Église (ils sont très peu nombreux), dans les petits Bollandistes (1878, tome 5 p. 365) on relève l’information suivant :
Quand l’université Française nous enseigne que l’algèbre nous vient des arabes c’est encore un mensonge.
[2] Voir en Annexe I, la recension faite par Felix Causa.
► http://catholicapedia.net/Documents/causa_felix/CAUSAS_Alain-Pascal.pdf
[3] Voir en Annexe II, la Préface, l’Introduction, l’Avant-Propos, la Conclusion et la Table des Matières.
► http://catholicapedia.net/Documents/abbe_meinvielle_julio/Abbe_MEINVIELLE_de-la-Cabale-au-progressisme.pdf
[4] Il ne parle que du péché originel ! Pour les musulmans n’existerait-il donc pas d’autres péchés ?
[5] Rappelons que les sacrements sont des signes visibles et efficaces de l’amour de Dieu.
[6] Voir à ce sujet Les Égarés, le wahhabisme est-il un contre-islam ?, par Jean-Michel Vemochet, Sigest, 2013.
[7] Sur les origines de la construction du judéo-christianisme voir : Youssef Hindi, Occident et Islam – Tome I : Sources et genèse messianiques du sionisme. De l’Europe médiévale au Choc des civilisations, chapitre I, Sigest, 2015.
[8] Voir Le Plan sioniste pour le Moyen-Orient, Oded Yinon, Sigest, 2015.
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