
La Fête de Noël
Le Sauveur qui vient de naître,
venez, nations, adorez-le et chantez le Christ-Roi né de la Vierge Marie (1).

Par Paul Fides
Origine liturgique de la fête
« Il faut remonter aux premiers siècles pour trouver l’origine de la fête de Noël « en raison de sa supériorité » (« propter excellentiam festi » Honorius III [pape de 1216 à 1227]). » (2)
Nous trouvons dans la notice que consacre le Liber Pontificalis (3) au neuvième pape, Saint Télesphore, un détail intéressant notre sujet et qui justifie cette assertion. La voici en son entier :
« Télesphore, Grec d’origine, avait d’abord mené une vie anachorétique. Il siégea onze ans, trois mois et vingt-deux jours, sous le règne d’Hadrien, depuis le consulat de Titianus et Gallicanus (127), jusqu’à celui de César et Albinus (138). Il ordonna d’observer un jeûne de sept semaines avant la Pâques et de célébrer la messe pendant la nuit de Noël, défendant pour tout le reste de l’année d’offrir le sacrifice avant l’heure de tierce, heure solennelle où commença la Passion de Notre-Seigneur. Enfin, il prescrivit de chanter, avant le sacrifice, l’hymne angélique Gloria in excelsis. Télesphore reçut la couronne du martyre. Il fut enseveli près du corps du bienheureux Pierre, au Vatican, le IV des nones de janvier. En trois ordinations faites au mois de décembre, il imposa les mains à douze prêtres et huit diacres. Le siège épiscopal demeura vacant quatre jours. » (4)
Le texte du Liber Pontificalis base son affirmation sur l’Épitre qu’adressa Saint Télesphore en 129 à tous les évêques de la catholicité (ad omnes universaliter Christi fideles) dans laquelle il est dit :
« Qu’on ait soin, dans la nuit de la Nativité du Sauveur, de célébrer des messes et d’y chanter solennellement l’hymne angélique. C’est en effet durant cette nuit qu’un ange le fit entendre pour la première fois aux bergers. L’Évangile, parole de vérité, nous l’enseigne : “En la même contrée se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs, veillant tour à tour à la garde de leurs troupeaux. Et voilà qu’un Ange du Seigneur se présenta devant eux, et une lumière divine les environna, et ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’Ange leur dit : Ne craignez point, car voici que je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple ; c’est qu’il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ-Seigneur. Et ceci sera pour vous le signe : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. Au même instant se joignit à l’ange une multitude de la milice céleste, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.” (5) Telle est la raison pour laquelle il faut chanter l’hymne des anges aux messes célébrées la nuit de la Nativité. » (6)
D’après ce décret du Souverain Siège qui établit la fête de Noël dans tout l’univers catholique, il apparaît que celle-ci n’était pas alors universellement célébrée. En effet, le Cardinal Schuster nous apprend que « la fête de Noël fut, au début, propre au siège apostolique. » (7)
Comment expliquer ce fait ? Saint Pierre pourrait-il être lui-même à l’origine de cette institution, puisque le siège apostolique étant garant de la Tradition, Saint Télesphore ne se serait permis en rien d’innover, d’autant qu’il fut contemporain des Apôtres ? Aucune preuve ne l’affirme explicitement, excepté un document qui a fait couler beaucoup d’encre et donner lieu à de nombreuses controverses en raison de la difficulté pour le dater : ce sont les Constitutions Apostoliques. Certains en font remonter l’origine à Saint Clément I, 3e pape (68-76) qui fut sacré évêque par Saint Pierre. Si cela était, ce serait un témoignage définitif dans la question qui nous occupe puisque Saint Clément reçu tout son enseignement des Apôtres eux-mêmes (8). Cependant il est certain que les Constitutions Apostoliques furent complétées durant la fin du IIe siècle ou au début du IIIe.
On lit dans ces Constitutions qu’il faut célébrer la fête de Noël le vingt-cinquième jour du neuvième mois (9) et la fête de l’Épiphanie, où fut manifestée la divinité de Notre Seigneur, le sixième du dixième mois (10). De plus, le jour de Noël, les serviteurs sont dégagés de leurs travaux ordinaires, « festo Natalis cessent ab opere » (11).
Ainsi de deux choses l’une : soit la fête fut instituée par Saint Pierre (mais les preuves manquent, bien que cela soit possible (12)), soit dès le début du IIIe siècle (au plus tard) elle était si bien établie et si vénérée que le jour en était chômé (13).
De plus, les liturgistes s’accordent à dire que la fête de la Purification de la Sainte Vierge est la plus ancienne des fêtes de celle-ci et qu’elle remonte à la plus haute antiquité dans l’Église Latine (14) : Benoit XIV incline même à penser qu’elle est d’institution apostolique. Pourquoi alors ne serait-ce pas aussi le cas pour Noël qui est une fête plus grande encore (elle fait partie des fêtes cardinales, c’est-à-dire que c’est une fête sur laquelle repose l’économie de l’Année chrétienne) et à laquelle la Purification est directement et intimement liée ? D’autre part, les catacombes témoignent de la dévotion précoce des chrétiens pour l’Annonciation. La plus ancienne représentation de ce passage évangélique se trouve dans la Catacombe de Priscille (cubiculum de l’Annonciation). Les experts la datent entre la fin du IIe siècle (15) et le deuxième quart du IIIe siècle (16). Or on peut établir un rapport entre les représentations dans les catacombes et la liturgie. Ainsi donc, si la Présentation est la première fête de la Sainte Vierge, elle serait d’institution antérieure à la fin du IIe siècle. Continuant à remonter la chaîne du temps, on arrive ainsi logiquement à une institution de la fête de Noël correspondant au décret de Saint Télesphore (17).
Puisque nous parlons des fêtes qui entourent celle de Noël, il est à remarquer que la fête de Saint Étienne était célébrée au 26 décembre depuis la plus haute antiquité. Les Constitutions Apostoliques la mentionnent (18) et Saint Grégoire de Nysse (19), Saint Astère d’Amasée et Saint Fulgence (20) le louent d’avoir mérité de figurer aux pieds du berceau de l’Enfant-Roi. De même, il semble que les Saints Innocents étaient déjà honoré du temps d’Origène (21) et de manière certaine sous Saint Augustin (22).
Prenons maintenant le cas de l’Égypte. Clément d’Alexandrie qui naquit vers 150 et fut la gloire du didascalée alexandrin, témoigne que de son temps il y avait « des historiens qui, poussant loin l’exactitude chronologique, ont indiqué non seulement l’année de la naissance du Seigneur, mais encore le jour. » (23) Or dans ce même passage, il fait l’énumération des empereurs romains et s’arrête à Commode qui le fut de 180 à 192. Donc ces historiens dont il est question, très probablement des égyptiens, travaillèrent avant 192, preuve que la fête de la Nativité était ou établie ou en cours d’établissement, ces travaux pouvant permettre de fixer avec précision le jour de la nouvelle fête en Égypte. On peut donc penser que la fête de Noël était instituée vers 192 en Égypte.
Deux autres témoignages nous montrent l’antiquité de cette solennité : celui de Saint Jean Chrysostome. Il nous dit dans sa 31e homélie (sur la Nativité du Seigneur) que « les fidèles de Rome […] n’ont point cessé de célébrer [cette fête] depuis l’époque la plus reculée. » (24) Et celui du Pape Pélage II (578-590) qui indique que la Préface de Noël a toujours été en usage dans l’église de Rome (25).
Cependant de nombreux critiques, méprisant la Lettre de Saint Télesphore, repoussent l’institution de la fête de Noël jusqu’au milieu du IVe siècle. La véritable raison du rejet de ce décret comme de la plupart de ceux des premiers papes, c’est le refus de la primauté de Pierre sur l’Église, car toutes ces lettres témoignent de l’autorité doctrinale et juridictionnelle incontestable et incontestée du Pape sur tout le monde chrétien : c’est le pape qui décide en matière liturgique, c’est le pape qui tranche les différends entre les évêques, c’est le pape qui confirme les Conciles, c’est le pape qui condamne définitivement les hérésies, et tout cela depuis Saint Pierre. Or ces faits historiques condamnent les protestants. Il ne leur reste alors plus que l’échappatoire de la négation des faits les plus évidents.
Ils affirment en effet qu’avant le IVe siècle il n’existe aucuns documents qui fassent mention de Noël. Cependant l’absence de documents ne constitue pas une preuve de l’inexistence de la fête. « Durant les trois cents première années de persécution, les archives de l’Église romaine avaient été soumises à l’incendie et à la dévastation en permanence par la main des bourreaux. Après la rapide période de paix qui suivit l’ère constantinienne, survinrent les barbares, lesquels saccagèrent trois et quatre fois Rome, et promenèrent le pillage sur toutes les contrées du monde romain. Il était donc absolument impossible d’espérer que les décrets des premiers papes eussent survécu à tant de désastres. Voilà pourquoi ils sont relativement plus rares. » (26) Et l’Abbé Darras d’ajouter : « Voilà pourquoi aussi nous avons si scrupuleusement insisté sur tous les débris de ces monuments précieux », ce que nous faisons modestement pour notre part vis-à-vis du décret de saint Télesphore.
Le Chronographe de 354 constitue donc pour nos hypercritiques la première source pour la fête de Noël. Ce document qui remonte à 336, mentionne à deux reprises le 25 décembre comme le dies natalis Christi, le jour de la naissance du Christ : « VIII kal. Ian. Natus Christis in Betleem Iudeæ : Le Christ est né le huitième jour des calendes de janvier à Bethléhem de Judée ». Cette affirmation laconique, sans justifications, laisse pourtant penser que la fête de Noël était déjà célébrée à la date du 25 décembre depuis longtemps.
Réfléchissons maintenant à l’inconséquence que serait cette apparition si tardive de la fête de Noël. Ne serait-ce pas une anomalie inexplicable dans la sagesse de l’Église ? Comment concevoir que le mystère si intimement lié à notre salut qu’est l’Incarnation, mystère sans lequel la Rédemption, notre Rédemption, n’eût pu se faire (27), mystère objet de notre foi, mystère qui ne se trouve jamais si bien magnifié qu’à Noël, comment n’eût-il pas fait l’objet d’un culte avant le milieu du IVe siècle ? Pourtant une préface pour la fête de Noël du sacramentaire léonien nous dit que « tout ce dont la foi chrétienne fait l’objet d’une célébration religieuse tire son origine de la solennité présente et se trouve contenu dans la grâce de son mystère » (28). Pourtant une oraison affirme qu’à Noël « nous célébrons le sacrifice au jour même où il a trouvé pour nous son origine première » (29). Pourtant l’Église, au canon de la Messe, appelle le jour de Noël un jour très sacré, diem sacratissimum, ce qu’elle ne fait que pour quatre autres fêtes (30). L’Église qui bénit celui qui vient au nom du Seigneur (31) n’aurait donc pas béni dès l’origine le jour auquel Il est venu ?
Comment penser que, pendant quatre siècles, l’Église n’aurait pas confessé ce mystère (32) ? Et de cette confession découle un enseignement pour tout le peuple chrétien. Comment donc, pendant quatre siècles, les chrétiens n’eussent-ils pas été guidés dans leur foi par la Liturgie sur ce sujet ? En effet, une des fonctions des fêtes de Notre-Seigneur, outre d’honorer dans son mystère, par la prière et la louange, celui que l’on célèbre, une des fonctions de ces fêtes, disons-nous, est d’instruire la foi des chrétiens au sujet de l’événement commémoré (33), et par là de fortifier leur espérance et d’augmenter leur charité, de sorte que l’événement accompli se réactualise parfaitement dans la vie de l’Église et des fidèles par la Liturgie (34).
Écoutons le pape Saint Léon le Grand, nous expliquer cette actualisation du mystère de Noël dans l’Église par la Liturgie.
« Pour que nous ne soyons pas troublés par les difficultés inhérentes à notre faiblesse, les paroles des Évangiles et des Prophètes viennent à notre secours ; elles nous enflamment et nous instruisent par leur lumière, à tel point que nous apprenons à considérer la Nativité du Seigneur, ce mystère du Verbe qui s’est fait chair (35), moins comme le souvenir d’un événement passé, que comme un fait qui se passe sous nos yeux. L’annonce que l’ange du Seigneur fit aux bergers qui veillaient, gardant leurs troupeaux, a retenti à nos oreilles (36) : nous sommes préposés aux brebis du Seigneur parce que nous conservons dans notre cœur les paroles divines ; c’est comme si aujourd’hui, en cette fête, il était dit de nouveau : Voici, je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple un sujet de grande joie : il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ et le Seigneur (37). Cette proclamation sublime s’accompagne du chant d’anges innombrables qui, pour mieux rendre honneur et témoignage à celui que célèbre toute l’armée du ciel, bénissent Dieu en disant : Gloire à Dieu dans les hauteurs, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté (38) ! » (39)
Saint Léon montre ensuite que, même si la piété personnelle des fidèles doit s’attacher à méditer et à pénétrer tout le sens de la fête de Noël, cette méditation est meilleure et plus profitable quand elle se fait par l’Église tout entière, unit dans une même foi et une même charité, en un même jour et partout sur la terre, car « la prière liturgique, du fait qu’elle est la prière publique de l’Épouse de Jésus-Christ, a une dignité supérieure à celle des prières privées » (40). Cette méditation est donc plus profitable parce que nous recevons des grâces particulières sur le mystère du jour par la prière publique et solennelle de l’Église qui agit comme médiatrice ; et elle est meilleure aussi parce que la fête redevient présente sous nos yeux par la puissance de la Liturgie : c’est comme si nous assistions réellement à l’événement historique.
« Les fidèles qui méditent sur les réalités divines, mes bien-aimés, pensent chaque jour et en tout temps, à la naissance de notre Seigneur et Sauveur du sein de la Vierge ; leur âme, mise en éveil, rend hommage à leur Créateur, soit par des gémissements et des supplications, soit par des transports de louange, soit enfin par l’offrande du sacrifice ; rien alors ne ranime davantage leur foi et n’attire plus souvent le regard de leur esprit que la pensée du Fils de Dieu, Dieu lui-même, engendré d’un Père qui lui est coéternel, et naissant cependant d’un enfantement humain. Pourtant cette même nativité, digne des adorations du ciel et de la terre, aucun jour ne nous la rappelle plus que celui-ci, alors que la lumière nouvelle apparaît jusque dans les éléments, et que nos sens eux-mêmes perçoivent l’éclat d’un si admirable mystère. Ce n’est pas seulement à notre mémoire, c’est en quelque sorte sous nos yeux que se passe l’entretien de l’ange Gabriel avec Marie étonnée, et sa conception par l’opération de l’Esprit-Saint, et sa foi aussi merveilleuse que l’Annonciation elle-même. C’est aujourd’hui que le Créateur du monde est né de la Vierge : lui qui a fait tous les êtres, il est devenu le Fils de celle qu’il a créée. Aujourd’hui le Fils de Dieu s’est montré revêtu de chair, et lui qui échappait aux regards de l’homme est devenu visible et même palpable. Aujourd’hui la parole des anges apprend aux bergers que le Sauveur est engendré dans la substance de notre corps et de notre âme. Aujourd’hui est proposée aux pasteurs qui ont la conduite des troupeaux du Seigneur une manière d’annoncer la bonne nouvelle en redisant, nous aussi, avec l’armée de la milice céleste : Gloire à Dieu dans les hauteurs, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté (41) ! » (42)
Ainsi « le mystère de la Nativité du Seigneur brille aujourd’hui à nos yeux d’un éclat plus vif » (43), ainsi l’actualisation du mystère de l’Incarnation en nous a besoin de passer par le culte public de l’Église et il ne serait donc pas concevable que celle-ci ait attendu quatre siècles pour cela, d’autant que « la naissance du Christ, c’est le commencement du peuple chrétien, et que le jour anniversaire de la tête est aussi celui du corps. » (44)
Ne serait-ce donc pas un unique et très singulier oubli de la part de l’Église, guidée infailliblement par son divin Époux ? Cependant qu’à Ravenne, entre la fin du IVe et le début du Ve siècle, il existait déjà pas moins de quarante oraisons seulement pour préparer le peuple à la fête de Noël (45).
Néanmoins, si l’on s’obstine à vouloir repousser le plus loin possible l’institution de la fête de Noël dans l’Église, c’est un fait incontestable que la Naissance du Sauveur était l’objet de la piété des premiers chrétiens. « Sur les murs des catacombes et dans les sarcophages les plus anciens, nous voyons représentées quelques-unes de ces scènes : l’ange qui annonce à Marie la naissance de Jésus, la Visitation, la naissance du Sauveur dans une étable ; surtout l’adoration des mages, plus fréquente qu’aucune autre peinture, et dans laquelle Marie tenant l’enfant divin sur ses genoux semble le présenter aux hommages des rois de l’Orient. Dans une autre fresque du cimetière de Priscille, qui par son style remonte à la plus ancienne époque de la peinture chrétienne, la fin du Ier siècle ou le commencement du IIe, Marie tient l’enfant Jésus sur son sein, tandis qu’un homme debout devant elle, peut-être le prophète Isaïe, montre l’étoile qui annonça la naissance du Sauveur. » (46) Un autre témoignage de la dévotion pour la Nativité est le Gloria qui prend pour base à ses merveilleux développements la formule utilisée par les Anges pour annoncer aux hommes la naissance de leur Sauveur. Or il est à remarquer que c’est encore le pape Saint Télesphore qui est à l’origine de son introduction dans la Messe. Ne pourrait-on pas y voir un lieu avec l’établissement de la fête de Noël ? Un dernier témoignage de la pitié populaire pour la fête de Noël est la consécration solennelle de la virginité de Marcellina, sœur de saint Ambroise, en présence du pape saint Libère et de plus de quatre mille personnes à la Noël 352 (47). Le choix de cette fête pour cette cérémonie montre que la dévotion pour la naissance de notre Sauveur était fermement établie non seulement dans le peuple mais aussi dans l’élite chrétienne.
Enfin il est une hypothèse qui, si elle s’avérait exacte, apporterait une solution définitivement à la question. Dans la primitive église (déjà sous saint Pierre), les ordinations avaient toujours lieu au samedi des Quatre-Temps de décembre (48). Y a-t-il en cela un lien avec la fête proche de Noël ? Si c’est le cas, l’antiquité de la fête serait infailliblement prouvée ; cependant nous n’avons en l’état aucun document : ni infirmant, ni confirmant.
Pour résumer, il est possible que la fête de Noël existait à Rome avant 129, date de la lettre de Saint Télesphore. Mais il est certain qu’à partir de cette date la Nativité était célébrée dans le reste du monde chrétien. La fête de Noël, de par son antiquité, témoigne donc que tout ce que nous connaissons aujourd’hui dans l’Église était déjà pratiquement institué dès les premiers siècles, et témoigne aussi de l’immuable grandeur de l’Église qui ne bouge pas d’un iota. Ainsi voyons-nous que « l’Église parle pour les siècles ; pour elle, point de vicissitudes ; sa voix est toujours la même. Dès son premier jour, elle sut tout dire à son divin Époux. » (49)
Il nous reste maintenant à savoir pourquoi l’Église a choisi le 25 décembre pour fêter Noël.
La date du 25 décembre
Le fait que l’Église célèbre Noël le 25 décembre est déjà en soi une preuve que la date historique de la naissance de notre Sauveur est bien le 25 décembre. En effet nous venons de voir que Noël a de tout temps été célébré à Rome, remontant à la plus haute antiquité. Si donc l’Église, à une époque si ancienne, a fixé Noël à cette date bien précise, c’est qu’elle avait la certitude que le 25 décembre était le jour historique de la naissance du Sauveur (50). De plus, il est à remarquer que Noël est la seule fête de Notre-Seigneur (avec celles qui lui sont liées) qui se célèbre à date fixe ; à ce point que jusqu’à la seconde moitié du VIe siècle, Noël et l’Épiphanie n’appartenaient pas au Temporal mais au Sanctoral. D’ailleurs, quand on opéra le changement, les fêtes qui accompagnaient Noël (Saint Étienne, Saint Jean, les Saints Innocents…) furent elles aussi incorporées au Temporal.
Pourtant, Noël n’a pas été célébré partout et tout le temps le 25 décembre.
Saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, au sujet du 25 décembre, constate que « ce jour était connu depuis longtemps des peuples occidentaux » tandis qu’« il n’y a pas encore dix-huit ans que nous [les orientaux] connaissons le jour précis de cette solennité ». Il précise que ce sont les « fidèles de Rome qui nous ont transmis la connaissance de ce jour et [qu’ils] n’ont point cessé de le célébrer depuis l’époque la plus reculée » (51). Or cette homélie fut prononcée en 386. La fête de Noël au 25 décembre serait donc d’institution postérieure à 368 en Orient. Dom Guéranger pour sa part en fixe l’introduction vers 376.
Auparavant les Grecs célébraient conjointement avec la fête de Noël celle de l’Épiphanie. En effet ils désignaient souvent l’Épiphanie et la Nativité du nom commun de Théophanie signifiant manifestation de Dieu (52) et célébrait simultanément les deux fêtes (53). Cependant, la fête de l’Épiphanie elle-même est très ancienne. On en veut pour preuve que « les gnostiques déjà la célébraient au IIe siècle. » (54) L’uniformisation des dates se fit par un décret pontifical attribué à Saint Jules Ier (337-352) (55).
Revenons à Saint Jean Chrysostome. Dans la suite de son homélie, il s’attache à prouver que le 25 décembre est bien le jour précis de la naissance de Jésus-Christ, cette tradition « jouissant d’une antiquité vénérable. » Il déclare en effet que l’église de Rome est plus à même de juger sur ce sujet puisqu’elle peut vérifier la date à partir des documents établis suite au recensement de César Auguste, ce que confirme Tertullien : « les archives romaines gardent comme un témoin irrécusable de la naissance de Jésus-Christ le recensement d’Auguste. » (56)
Cette date est de plus en accord avec les prophéties concernant le Messie. En effet, on lit dans le prophète Aggée :
« Encore un peu de temps et j’ébranlerai le ciel et la terre, la mer et tout l’univers. Et j’ébranlerai tous les peuples et le Désiré de toutes les nations viendra et je remplirai de gloire cette maison, dit le Seigneur des armées. […] Et la gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première, dit le Seigneur des armées ; et je donnerai la paix en ce lieu, dit le Seigneur des armées, le vingt-quatrième jour du neuvième mois. » (57)
Quelle est « cette dernière maison » dont la gloire sera plus grande qu’aucune autre auparavant, si ce n’est cette merveille d’une chair unie à la divinité dans l’Incarnation, ce « temple du corps » (58) du Messie qui en trois jours sera relevé ? Quel est cet ébranlement universel sinon la venue d’un Dieu, le seul Dieu, sur terre ? Et qu’en cela se fera-t-il ? « Le vingt-quatrième jour du neuvième mois. » Le neuvième mois, appelé cisleu, de l’année sacrée hébraïque correspond à notre mois de décembre.
Plus loin, le même prophète dit :
« Au vingt-quatrième jour du neuvième mois, le verbe du Seigneur, verbum Domini, dit : J’ébranlerai tout ensemble le ciel et la terre, je renverserai le trône des royaumes et briserai la force du règne des nations, gentium. […] Et le Seigneur des armées dit : En ce temps-là, je vous prendrai sous ma protection et je vous garderai comme mon sceau et mon cachet parce que c’est Vous que j’ai élu. » (59)
Ainsi le Seigneur annonce qu’il enverra le Verbe le vingt-quatrième jour du neuvième mois car qu’est-ce que parler, qu’est-ce que dire sinon manifester sa pensée, son Verbe ? Il promet aussi que sa venue réduira à néant l’empire de Satan en le chassant de chez les gentils. Que veut dire cette protection du Deus Sabaoth sur son Verbe, sinon que celui-ci, en s’incarnant, ne perdra pas sa divinité ? Cette élection, qu’est-elle d’autre que la volonté du Père sur son Fils qu’il a choisi de toute éternité pour Sauveur des hommes afin de le glorifier ? Ainsi ici encore la date de cet événement est fixée au 25 décembre.
Le prophète fait également commencé notre salut à partir de ce jour :
« Appliquez vos cœurs à ce qui se fera depuis ce jour et à l’avenir, depuis le vingt-quatrième jour du neuvième mois, depuis ce jour où les fondements du temple du Seigneur ont été jetés, appliquez vos cœurs. » (60)
Or quel est le temple du Seigneur ? Le corps du Fils de Dieu est le plus parfait de tous les temples (61). Comme le dit donc Aggée, le jour où ont été posés les fondements du temple est le jour où doit naitre le Messie, figuré par le temple. À commencer de ce jour, nous devons donc « appliquer nos cœurs » à devenir aussi, par le Temple parfait du Christ qui a été détruit pour nous sauver (62), un temple saint dans lequel Dieu habite (63).
Parmi les auteurs qui ont défendu la date du 25 décembre comme jour historique de la naissance du Christ, on peut citer Saint Grégoire de Nazianze, Saint Basile, Eusèbe de Césarée, Saint Jérôme (64), Bède le Vénérable (65), Saint Thomas d’Aquin (66), Baronius (67). À ce sujet, Saint Augustin s’exprime ainsi :
« Dans la célébration de la naissance du Seigneur on y rappelle qu’il est né ; et pour cela il n’était besoin que de marquer par une fête religieuse le jour où l’événement s’accomplit. » (68)
Ainsi le 25 décembre, jour de la fête est aussi « le jour où l’événement s’accomplit ».
Dans un sermon pour l’Épiphanie, il témoigne à la fois que le 25 décembre est le jour de la naissance de Jésus et le 6 janvier celui de l’adoration des Mages :
« Né il y a treize jours [donc le 25 décembre], Jésus-Christ Notre-Seigneur a été aujourd’hui même, dit la Tradition, adoré par les Mages. L’adoration a eu lieu, nous en avons pour garant la vérité évangélique ; mais quel jour a-t-elle eût lieu ? Une fête aussi solennelle le proclame partout avec autorité. » (69)
Et enfin, à propos de cette phrase « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple » (70), qui justifie notre interprétation précédente d’Aggée, saint Augustin s’exprime ainsi :
« Ce nombre quarante-six nous rappelle parfaitement le nombre de jours qu’il fallut au corps de notre Seigneur Jésus-Christ pour atteindre sa perfection. En effet, six fois quarante-six font deux cent soixante-seize, soit neuf mois de trente jours et six jours, qui est le temps que le Sauveur passa dans le sein de sa mère, ainsi que nous le concluons de la tradition que l’Église a sanctionnée par son autorité ; car c’est au huitième jour des calendes d’avril, c’est-à-dire au 25 mars, qui est aussi le jour de sa mort, que le Christ fut conçu ; en sorte que le sépulcre neuf où il fut enseveli et où personne n’avait été mis et qui depuis ne reçut personne, est en parfait rapport avec le sein qui l’avait porté et qui toujours resta vierge. Nous savons également par la même tradition qu’il est né au huitième jour des calendes de janvier, c’est-à-dire le 25 décembre. Or, du jour de la conception au jour de la naissance courent deux cent soixante-seize jours, nombre que l’on obtient par le nombre quarante-six multiplié par six. Qui ne voit maintenant le rapport de ce nombre avec les années que l’on mit à bâtir le temple, puisque ce fut pendant un égal espace de jours que se forma dans le sein de Marie ce corps du Sauveur Jésus qui devait mourir sur la croix et puis ressusciter le troisième jour ? » (71)
Il est une autre raison qui porte à croire que le 25 décembre est le jour précis de la naissance de Jésus-Christ. D’après une croyance générale rapportée par le pape Saint Jules Ier (72), Saint Ambroise (73), Saint Jean Chrysostome (74), Saint Augustin (75), Bède le Vénérable (76), Denys le Petit, Baronius et Dom Guéranger (77), Zacharie, le père de Saint Jean-Baptiste, était grand-prêtre et en cette qualité entrait une fois l’an dans le Saint des saints à la fête des Expiations.
Or celle-ci « se célébrait chaque année, chez les Juifs, le 23 septembre. On plaçait donc au 24 la conception de Jean (78) ; et comme, d’après saint Luc (79), Jésus-Christ était de six mois plus jeune que lui, sa naissance devait tomber précisément au 25 décembre. D’ailleurs, presque toute l’antiquité plaçait au 23 septembre, à l’équinoxe d’automne, la création du monde : il devait donc paraître assez naturel de faire commencer, avec la conception de Jean, le mystère de la Rédemption au même jour où avait commencé celui de la création. » (80)
Cette démonstration est celle adoptée par le Concile de Constantinople en 381 (81).
Pour résumer, Saint Victor de Poetavio (ou Pettau, IIIe siècle) (82) écrit ceci : « Jean-Baptiste naît le 8 des calendes de juillet (24 juin) et il est circoncis aux calendes de juillet (1er juillet). L’ange a adressé la parole à Marie le 8 des calendes d’avril (25 mars). Élisabeth disait qu’elle en était à son sixième mois. On en déduit que le Seigneur a été conçu le même jour que celui où il est mort » (83), et qu’il est né le 25 décembre.
Deux autres faits montrent que la date du 25 décembre pour la naissance du Sauveur correspond tout à fait à la grandeur divine.
« À côté de l’année commune, l’antiquité reconnaissait encore une année sacrée, rituelle et sacerdotale, composée de dix mois ayant chacun vingt-sept jours sept heures trente minutes, et faisant un tout de deux cent soixante-treize jours ; ce qui est précisément le temps pendant lequel l’enfant repose dans le sein de la mère, et celui qui s’écoule d’une inondation du Nil à l’autre. Cette année sacrée commençait au 25 mars, à l’équinoxe du printemps, et finissait le 25 décembre au solstice d’hiver. C’était le temps de la lumière, des bénédictions et de la joie, tandis que les mois d’hiver qui précédaient cette époque étaient consacrés, chez les Romains, aux dieux de la nuit et du monde inférieur, à Janus et à Februus. L’hiver représente l’époque qui a précédé le déluge : et le Christ a paru tout à la fois à la fin de la grande année de Dieu (84), composée de quatre mille trois cent vingt années de la terre, et à la fin d’une année simple de la terre. Cette année sacrée et sacerdotale n’était donc qu’un symbole du temps bien plus sacré encore où le Fils de Dieu se manifesta dans la chair. La terre, en effet, avait parcouru cinq mille six cent vingt-cinq de ces années, ou quatre mille cent quatre-vingt-douze années solaires, lorsqu’à la fin de l’année qui terminait ce cycle mystérieux elle enfanta le Sauveur. […] L’Église a toujours considéré l’année sainte qui s’écoule du 20 mars au 20 décembre comme le temps de l’Incarnation et de la Naissance du Fils de Dieu. » (85)
Le deuxième fait est cette phrase de Saint Jean Baptiste parlant de Jésus : « Il faut qu’il croisse et que moi je décroisse. » (86) Puisque Saint Jean Baptiste est né six mois avant son cousin comme l’attestent les Saints Évangiles, sa naissance remonte au 24 juin comme le fête la Sainte Église. Or le solstice d’été à partir duquel les jours diminuent est précisément à cette date tandis que le solstice d’hiver à partir duquel les jours augmentent est à la date de la naissance de Notre Sauveur, le véritable et unique soleil (sol justitiae (87)) qui éclaire et réchauffe tout homme venant en ce monde. Ainsi quand Jean-Baptiste dit « Il faut qu’il croisse et que moi je décroisse », il indique en quelque sorte le jour de leurs naissances respectives (88). Nous voyons donc à notre grand émerveillement l’ordre naturel s’accorder avec l’ordre surnaturel et la nature, loin de contredire les merveilles divines, s’y soumettre et leur servir d’écrin. Seul le Dieu Tout-Puissant peut si admirablement plier l’ordre inflexible de la nature à sa grandeur et la faire servir à sa plus grande gloire. Oui, vraiment, Seigneur, Vous êtes le solum Sanctum, solum Dominum et solum Altissimum, Jesu Christe cum Sancto Spiritu in gloria Dei Patris.
La Tradition si vénérable de l’Église est encore plus précise. Elle place l’Annonciation à Marie et donc l’Incarnation du Sauveur au vendredi 25 mars. D’où il suit que la Naissance de Jésus-Christ eût lieu le dimanche 25 décembre (89).
Mais comment expliqué que les Grecs aient fixé la date de Noël au 6 janvier ? On peut remarquer tout d’abord que le pape Saint Télesphore n’établit pas précisément la date de la fête dans le décret cité précédemment. De plus, il est certain que l’Épiphanie ait eu lieu le 6 janvier (90). Or on a toujours célébré le Baptême de Notre Seigneur le jour de l’Épiphanie (91). C’est pourquoi, comme nous l’apprend Cosmas l’Égyptien « les fidèles de Jérusalem, s’appuyant sur l’autorité de ces paroles de Luc que le Christ avait trente ans lorsqu’il fut baptisé, célèbrent le jour de sa naissance le jour même de l’Épiphanie » (92). Cependant, Saint Luc ne dit pas que Jésus fut baptisé le jour de sa naissance mais que « Jésus avait environ trente ans commencés, incipiens quasi annorum triginta. » (93) « Pour nous, nous affirmons [donc] que le Christ est né […] le 25 décembre, et qu’il a été baptisé quelques jours plus tard à l’Épiphanie. » (94)
Nous avons cité précédemment le témoignage de Clément d’Alexandrie affirmant que des chrétiens avaient déterminés le jour exact de la naissance du Sauveur. Le résultat de leurs recherches fut que Notre-Seigneur était né le 25 du mois de pachon (95). Or le mois de pachon correspond au mois de mai. Il semble donc qu’il y ait désaccord entre la tradition égyptienne et la tradition romaine. Cependant, dans l’année égyptienne, le mois de pachon correspond au neuvième mois de l’année qui était, selon le calendrier hébreu, le mois de la naissance du Christ. Ainsi s’explique cette divergence apparente qui en réalité concourt à prouver le fondement de la date du 25 décembre. Car pourquoi avoir confondu le neuvième mois de l’année hébreu et le neuvième mois de l’année égyptienne sinon parce que ces derniers sont allés sur les lieux mêmes des événements interroger les traditions locales qui leur ont affirmées que Notre-Seigneur était né le 25 du neuvième mois. Les égyptiens ont donc ensuite pensé que le neuvième mois juif était le même que leur propre neuvième mois. D’où cette erreur (96).
Nous finirons cette question par une magnifique citation qui corrobore tout ce qu’on a pu voir au sujet du Christ, dominateur de la Nature tout entière.
« Dans l’année de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Uranus, qui est la plus élevée et la plus éloignée des planètes et dont le temps de rotation autour du soleil embrasse et contient celui de toutes les autres planètes, accomplissait sa cinquantième révolution. Or, on peut regarder avec raison l’année d’Uranus comme la seule année réelle et complète du système planétaire, puisque c’est alors que tous les astres, même les plus éloignés, recommencent leur cours.
« Eh bien ! ce fut précisément à cette époque où tout le système planétaire réuni célébra sa première année de réparation et de réconciliation que toutes les prophéties s’accomplissaient, que les Anges du Ciel et les habitants de la terre chantaient en mêlant leurs voix aux concerts harmonieux des sphères : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».
« Cette époque coïncidait avec la fin de la semaine de l’année sabbatique, dans laquelle, suivant une ancienne prédiction, Dieu devait affermir son alliance avec les siens.
« Ainsi, dans cette grande horloge de l’univers dont la destination primitive était de marquer le temps, tous les rouages, tous les ressorts particuliers avaient été, dès le principe, tellement placés et disposés par le Créateur lui-même, qu’ils se rapportaient tous à la grande heure où Dieu devait faire luire le jour déterminé de toute éternité et célébrer la grande année de renouvellement et de pardon. Tout l’univers, dans les grandes proportions de son ordonnance et de ses dispositions intérieures, annonçait donc, comme le livre de la révélation, celui par qui et pour qui le Ciel étoilé a été fait. » (97)
Ainsi, c’est donc bien une véritable et « ancienne tradition consacrée par l’usage de l’Église » (98) et qui se vérifie jusque dans la nature elle-même que Notre-Seigneur est né le 25 décembre. De plus, puisque cette tradition a été sanctionnée par l’Église, on ne peut maintenant la rejeter sans témérité.

L’année de la naissance du Sauveur
Selon l’évangile de Saint Luc (99), Saint Jean-Baptiste commença son ministère « l’an quinzième de l’empire de César Tibère. » L’an 15 du règne de Tibère peut s’entendre de deux manières différentes : soit on compte à partir du moment où Auguste l’associa au gouvernement (août 764 de Rome) (100) ; soit on compte à partir de la mort d’Auguste, date à laquelle Tibère règne seul (août 767 de Rome). Le plus communément, c’est de la deuxième méthode que l’on se sert et c’est celle que le texte latin présente (imperium : gouvernement impérial, souveraineté ; souveraineté : autorité suprême) (101). Il résulte donc que Saint Jean-Baptiste commença son ministère entre août 781 et août 782 de Rome, et il prît fin après la Pâque 783 comme il résulte des Concordances.
Ce ministère, même s’il n’eût qu’une courte durée, dût cependant être suffisamment long au vu de la tâche à accomplir et de ses résultats. Quelle est cette tâche ? Il « vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui » (102) à celui qui allait venir, car « toute la doctrine et toutes les œuvres de Jean devaient aboutir au Christ » (103). Que fit-il pour cela ? Jean parcouru toute la région du Jourdain (omnem regionem Jordanis) (105), prêchant la conversion des cœurs et la venue prochaine du Messie. Quelle furent les résultats de la prédication de Jean ? Tous les habitants de Jérusalem (Jerosolymitæ universi)[105], de Judée (omnis Judææ regio) (106) et du Jourdain (omnis regio circa Jordanem) (107) vinrent à lui, tout le peuple d’Israël (108) le considéra comme un prophète et fut baptisé (omnis populus) (109), beaucoup de pharisiens et de sadducéens, et des prêtres et des lévites allèrent le voir (110), et des disciples s’attachèrent à Saint Jean-Baptiste (111). Sa réputation fut telle que d’Éphèse même, des Juifs venaient à lui pour se faire baptiser (112). Ce fait confirme ce que nous venons de dire : d’assez courte durée, le ministère de Jean-Baptiste dura pourtant assez longtemps pour que des éphésiens fussent informés de ce qui se passait en Israël et vinssent sur place.
Or Notre-Seigneur Jésus ne fût baptisé, le 6 janvier, que vers la fin de la prédication de Saint Jean Batpsite (113), lorsque tout le peuple fut allé écouter sa prédication et se fût fait baptiser afin de remplir en toutes choses sont rôle de Précurseur (114). En effet, l’évangéliste, après avoir raconté l’évangélisation (115) de Jean, nous dit : « Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain. » (116) Alors (tunc), c’est-à-dire après cela, enfin le Messie parût car tous les Juifs l’attendaient et les voies avaient été préparées (117). Cependant il ne faut pas croire non plus que le Christ fut baptisé le dernier (118), même si la mission de Jean touchait désormais à son terme : « C’est en raison de l’économie divine que Jean ne baptisa ni ne prêcha plus longtemps à partir du moment où le Christ lui-même commença à baptiser, cela pour éviter qu’un schisme ne se fît dans le peuple. » (119)
Beaucoup pensent que Jésus fût baptisé l’année du début de la mission de Jean, la 15e de Tibère. Cependant l’évangéliste ne dit pas que cette date est celle du baptême de Jésus, mais qu’à cette date commença la prédication de Jean. Or au vu de la grandeur de la tâche impartie à Jean, et même s’il commença son ministère dès le début de la 15e année (120), Notre-Seigneur ne fut baptisé que l’année suivante, soit le 6 janvier de la 16e année de Tibère, l’an de Rome 783. Or Saint Luc nous donne l’âge de Notre-Seigneur à cette date : « Jésus commençait environ sa trentième année, Jesus erat incipiens quasi annorum triginta » (121). Donc Jésus était dans sa 30e année en 783 (122). Il avait eu ses 29 ans révolus au 25 décembre 782 (123). D’où on en déduit qu’il est né le 25 décembre 754 de Rome. Or l’année 754 correspond précisément à l’an 1 de notre ère. Donc Jésus est né le 25 décembre 1 et il a été baptisé le 6 janvier 30.
Ce calcul se vérifie par rapport à la mort de Jésus. En effet, saint Jean mentionne quatre fêtes de Pâque durant la vie publique de Notre-Seigneur, la première ayant lieu l’année même du baptême, après celui-ci ; elle est mentionnée au chapitre II : « La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem » (124) ; la deuxième au chapitre V : « La fête des Juifs étant arrivée, Jésus monta à Jérusalem » (125) ; la troisième au chapitre VI : « La Pâque, la fête des Juifs, étaient proche » (126) ; et la dernière, celle de la mort de Jésus : « La Pâque se fera dans deux jours, et le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. » (127) Cependant certains doutent que « la fête des Juifs, dies festus Judæorum » du chapitre V soient une Pâque. Pourtant au chapitre VI, saint Jean parle de la Pâque comme « la fête des Juifs » par excellence, de même au chapitre XI (128). Saint Irénée témoigne aussi que cette fête des Juifs est la Pâque (129). Nous avons donc quatre Pâques qui encadrent trois années : le ministère de Jésus-Christ dura donc trois années et il mourut au mois de mars 786 de Rome, la 19e année de Tibère (130). Rappelons de plus que lorsque Jésus était en croix, « les ténèbres couvrirent toute la terre (universam terram) de la sixième jusqu’à la neuvième heure et le soleil s’obscurcit (obscuratus est sol) » (131) ; « la terre trembla et les rochers se fendirent » (132). Or ces ténèbres à la sixième heure et ce tremblement de terre sont attestés par des auteurs païens. Eusèbe dans sa Chronique cite le grec Phlégon qui, au XIIIe livre de ses Olympiades, rapporte qu’il y eût une éclipse (133) si grande qu’à la sixième heure (début des ténèbres selon les évangiles : les témoignages concordent ; la sixième heure correspond à l’heure de midi) le jour était aussi sombre que la nuit et qu’on voyait les étoiles dans le ciel. Il ajoute aussi qu’il y eût des tremblements de terre en Bithynie (dans l’actuelle Turquie, au nord) (134). Or Phlégon nous donne la date de ces événements : c’était dans la 4e année de la 202e Olympiade. De plus nous savons que ce fut au 25 mars : donc à la fin de cette Olympiade. Cela nous donne donc l’année 786 de Rome. Nous vérifions alors tout ce que nous avons dit précédemment.
Maintenant, à quoi correspondent ces dates ? D’après la formule de conversion des Olympiades en année commune (135), le 25 mars de la 4e année de la 202e Olympiade tombe en 33. Donc, d’après ce que nous avons dit précédemment, Notre-Seigneur est réellement né l’an 1 de notre ère.
Il nous faut maintenant examiner la question du recensement : « Il arriva en ces jours-là qu’il parut un édit de César Auguste pour qu’on fit le dénombrement des habitants de toute la terre. Ce premier dénombrement fut fait par Cyrinus, gouverneur de Syrie ; et tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville » (136). Flavius Josèphe nous parle pour la première fois de Cyrinus ou Quirinus lorsque celui-ci vient, envoyé par Auguste, pour liquider les propriétés d’Archélaüs et recenser les biens. (137) Saint Luc parle de ce recensement dans les Actes des Apôtres (138). Il se fit entre 759 et 760 de Rome. Cependant ce n’est pas de ce recensement dont il est question lors de la naissance de Jésus-Christ puisqu’il ne concerne que les biens et se limite à la Judée. Cela explique donc pourquoi Saint Luc écrit : « le premier dénombrement fut fait par Cyrinus, gouverneur de Syrie », le deuxième datant de 759-760.
Cependant, Flavius Josèphe ne mentionne pas d’autres recensement, ni que Cyrinus fut gouverneur de Syrie avant 759. Alors ?
Selon le Res Gestæ Divi Augusti (139), Auguste fit trois recensements de citoyens romains, mais outre que les dates ne correspondent pas à la naissance de Jésus (726, 746, 767), ces recensements concernaient seulement les citoyens romains, ce que n’étaient évidemment pas Joseph et Marie. Quel est donc ce recensement dont nous parle Saint Luc ?
Suétone nous parle d’un « breviarium totius imperii, un inventaire de tout l’empire » (140), « un tableau de la puissance publique dans lequel on y voyait combien de citoyens et d’alliés étaient en armes, le nombre des flottes, des royaumes, des provinces, l’état des tributs et des revenus, l’aperçu des dépenses nécessaires et des gratifications. Auguste avait écrit tout cela de sa main » (141). On est donc bien en présence d’un « recensement des personnes et des biens dans toutes les parties du monde soumise à l’empire » (142). Cette description correspond à ce que dit Saint Luc : ce recensement fut décrété et rédigé par Auguste seul (Saint Luc ne mentionne personne d’autres, ce qui exclue les recensements de 726 et 767) ; il fut fait sur tout le territoire de l’empire romain ; il ne se limite pas aux citoyens romains : on a donc bien un dénombrement de toute la terre. Cependant nous n’en connaissons pas la date mais nous pouvons la déduire.
Une inscription découverte à Venise (143), nous parle d’un recensement effectué sous les ordres de Quirinus à Apamée. Voici l’extrait qui nous intéresse :
« Q[uintus] Aemilius Secundus f[ils] de Q[uintus], de la tribu Pal[atina] (qui a servi) dans les camps du divin Aug[uste] sous P. Sulpicius Quirinius, légat de César en Syrie, décoré des distinctions honorifiques, préfet de la cohorte 1er Aug[usta], préfet de la cohorte II Classica. En outre, par ordre de Quirinius j’ai fait le recensement de 117 mille citoyens d’Apamée. […] » (144)
Cette inscription nous apprend donc que, conformément à ce que dit Saint Luc, Quirinus fit ce recensement en tant que gouverneur de Syrie. De plus la ville d’Apamée, située en Syrie, montre que ce recensement ne s’étendait pas exclusivement à Israël mais concernait très probablement tout l’empire romain. Or une autre inscription, celle de Tibur (145) (ou dite aussi de Tivoli), postérieure à 767, nous apprend que Quirinus fût gouverneur de Syrie entre 750 et 755 après avoir été gouverneur de Galatie entre 749 et 750 et avant d’être recteur de Caïus (755-757) dans un premier temps puis proconsul d’Asie (757-759) et enfin à nouveau gouverneur de Syrie de 759 à 763.
Il y eût donc bien un recensement de tout l’empire romain, décrété par Auguste, exécuté sous Quirinus, gouverneur de Syrie. Ce recensement se situe entre 750 et 755, ce qui concorde avec l’évangile selon Saint Luc et justifie la date que nous avons donnée plus haut pour la naissance du Christ.
Enfin, la date de naissance de Notre-Seigneur en 1 réalise la prophétie de Daniel sur les 70 semaines. Voici le texte de Daniel, texte révélé par l’archange Gabriel (146) :
« Soixante-dix semaines abrégées ont été décrétées pour ton peuple et pour ta ville sainte afin que soit consommée la prévarication, et que prenne fin le péché, et que soit effacée l’iniquité, et que vienne la justice éternelle, et que soient accomplies la vision et la prophétie, et que soit oint le Saint des saints. Sache donc et remarque bien : depuis que sortira la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines, et de nouveau sera bâtie la place publique et les murailles dans les temps difficiles. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort ; et il ne sera plus son peuple, le peuple qui doit le renier. Et un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la cité et le sanctuaire ; et sa fin sera la dévastation, et après la fin de la guerre, la désolation décrétée. Mais il confirmera son alliance avec un grand nombre dans une semaine ; et au milieu de la semaine cesseront l’oblation et le sacrifice ; et l’abomination de la désolation sera dans le temple et la désolation continuera jusqu’à la consommation et à la fin. » (147)
Pour comprendre cette prophétie, il faut d’abord expliquer ce que sont ces semaines. En effet, les hébreux comptaient, en plus des semaines normales de sept jours, des semaines d’années : « Tu compteras aussi sept semaines d’années, c’est-à-dire sept fois sept, qui ensemble font quarante-neuf ans. » (148) Une semaine d’années correspond donc à sept ans. Donc soixante-dix semaines d’années font 490 années ou 122 Olympiades plus deux ans (la 2e année de la 123e Olympiade).
Tout d’abord, il nous faut fixer le moment où cette prophétie prend effet. Le texte dit : « depuis que sortira la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem. » Cette phrase ne doit pas s’entendre de l’édit de Cyrus, roi des Perses, publié la première année de son règne car cet édit a pour objet de « bâtir une maison dans Jérusalem » au « Seigneur Dieu du ciel » (149) et non de rebâtir la ville de Jérusalem. Il en va de même pour le décret de Darius (150). Ensuite, le texte sacré nous parle d’une lettre d’Artaxerxès Longuemain à Esdras ayant pour objet de rassembler « tout ce qui appartient au culte du Dieu du ciel » (151). Cependant, la 20e année du règne d’Artaxerxès, les murailles de Jérusalem étaient toujours à terre, ses portes calcinées et la ville presque déserte (152), preuve que Jérusalem n’avait toujours pas été reconstruite. Mais en cette même année, 20e d’Artaxerxès, au mois de Nisan, le roi envoya Néhémie avec des lettres l’autorisant à reconstruire la ville elle-même de Jérusalem (153). C’est donc de cette 20e année du règne d’Artaxerxès que débute les 70 semaines d’années de Daniel. Or d’après les historiens (154), la 20e année d’Artaxerxès correspond à la 2e année de la 81e Olympiade : donc la 80e Olympiade entière plus deux ans.
Désormais, le calcul pour obtenir le terme de la prophétie de Daniel est simple :
Donc la prophétie de Daniel sera accomplie à la fin de la 203e Olympiade.
Voyons maintenant comment tout cela s’accorde avec ce que nous avons pu déjà démontrer. Daniel dit : « depuis que sortira la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines. » (155) Or sept semaines plus soixante-deux semaines font soixante-neuf semaines, soit 483 années ou 120 Olympiades entières plus 3 années. Donc les soixante-neuf semaines s’achèveront et la soixantième commencera en la 1e année de la 202e Olympiade. Or cette date correspond à la période allant de l’été 29 à l’été 30, période qui comprend le baptême de Notre-Seigneur comme nous l’avons dit plus haut : nos calculs concordent.
Ensuite, Daniel dit que le Christ sera mis à mort au milieu de la dernière semaine. Le milieu d’une semaine d’année correspond à trois ans et demi. Cependant Daniel dit que cette période a été abrégée. Par conséquent, il résulte, en partant de la fin de la 203e Olympiade qui clora la prophétie, qu’il nous faut retrancher plus de 3 années et demie : on arrive donc à la 4e année de la 202e Olympiade, année que nous avons indiquée plus haut pour la mort de Notre-Sauveur. Ainsi à cette date, toute la prophétie se trouve réalisée : les soixante-dix semaines se sont écoulées depuis qu’est sortie la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem ; la prévarication est consommée par un peuple qui a renié son Sauveur et qui désormais n’est plus son peuple ; toute les prophéties et toutes les visions de l’Ancien Testament se sont accomplies en la personne du Christ ; celui-ci a été oint Saint des saints, c’est-à-dire qu’il a acquis un nouveau titre à sa Royauté éternelle : il n’est plus seulement notre Roi de droit, mais, parce qu’il a été mis à mort, il a été oint notre Roi par conquête puisqu’il a effacé toute iniquité et racheté tout péché par son sang rédempteur (156) ; par ce même sang, il a établi une nouvelle alliance avec un grand nombre, rendant inutile l’ancienne et mettant fin aux oblations et sacrifices figuratifs ; désormais le Christ-chef est notre pasteur et il nous conduit à lui, la justice éternelle ; désormais le peuple qui continuera à le renier sera dans l’abomination et la désolation, et sa cité et son sanctuaire seront dévasté et détruit (157).
Ainsi, en plaçant à l’année 1 la naissance de Notre-Seigneur, la prophétie de Daniel se trouve parfaitement réalisée.
D’autres témoignages démontrent la justesse de cette date. Le premier est la relation que Pilate fit à Tibère de la passion de Notre-Seigneur (158) : on le voit, personne n’était plus à même que lui d’en connaître la date. Or il la place le 8 des calendes d’Avril, dans la 4e année de la 202e Olympiade la mort de Jésus-Christ. Les juifs eux-mêmes nous démontrent que notre Sauveur évangélisait pendant cette période. En effet il est écrit dans le Talmud : « alors que le Sanhédrin siégeait à Yabna [ou Japhna, Japhné] où il fut transféré de Jérusalem l’an 40 avant la ruine du second Temple, la bénédiction contre les mécréants fut composée, à Yabna. » (159) Et le rabbin Salomon Jarki commente dans sa Glose : « Longtemps après la composition de l’ordinaire de l’office, vers le temps de l’inconduite du Nazaréen qui enseignait une doctrine contraire aux paroles du Dieu vivant, cette prière a été composée par la Synagogue » (160). On aura reconnu sous l’épithète injurieuse du Nazaréen notre divin Maître. Or l’an 40 avant la ruine du second Temple correspond à l’année 30 de notre ère, début de la prédication de Jésus. Ainsi même les ennemis les plus acharnés du christianisme nous démontrent la véritable date de la naissance du Christ.
Notre-Seigneur est donc réellement né le 25 décembre de l’an 1, inaugurant une nouvelle ère : l’ère chrétienne (161). Quelle est donc grande cette date qui inaugure la défaite de Satan, l’ennemi ! Mais désormais, à partir de cette date, « il n’y a pas de question plus capitale que celle de la Royauté sociale du Christ. C’est pour le monde une question de vie ou de mort. » (162) Car à partir de cette date, le royaume de Satan est détruit. Pour nous donc, le choix est obligatoire : pour ou contre le Christ, il n’y a pas d’autres alternatives, et les deux étendards, les deux camps sont irréconciliables : c’est une lutte à mort. Mais nous savons que la victoire finale appartiendra au Christ-Roi, car il règnera et triomphera malgré ses ennemis. Soyons les instruments de ses combats afin de participer à sa Victoire. Christus vincit ! Christus regnat ! Christus imperat !
Annexe I : Sur une opinion de Dom Botte
Ce nous est maintenant un devoir en tant que catholique français (la France étant si liée à la fête de Noël (163)) de discuter l’opinion formulée par Dom Botte (164), de si funeste mémoire, et aujourd’hui très en vogue, que la fête de Noël ne serait apparue et n’aurait été placée au 25 décembre que pour remplacer la fête païenne du Sol invictus. Cette hypothèse s’effondre d’elle-même quand on considère que Noël fut instituée bien avant la fête païenne d’Aurélien ; mais admettons un instant que Noël ne soit pas une fête si ancienne qu’elle l’est en réalité.
Tout d’abord Dom Botte oublie de considérer que ce ne sont pas les hommes qui ont choisi la date de Noël, mais Dieu lui-même. Voici ce qu’en dit Saint Augustin :
« Du sein de son Père où il était avant de naître de sa Mère, Jésus Notre-Seigneur a choisi non-seulement la Vierge qui devait le mettre au monde, mais encore le jour où il y devait entrer. Des hommes égarés préfèrent souvent un jour à l’autre soit pour planter ou pour bâtir, soit pour se mettre en route et quelquefois même pour contracter mariage, et cela dans l’espoir d’obtenir de plus heureux résultats. Nul cependant ne fixe le jour même de sa naissance. Quant au Sauveur, il a pu le choisir comme il a pu choisir sa Mère, attendu que la création de l’une et de l’autre dépendait de lui. Or, en préférant un jour à l’autre, il n’est pas entré dans les vaines idées de ces esprits superficiels qui attachent les destinées des hommes à la disposition des astres. Est-ce le jour de sa naissance qui a fait le bonheur du Christ ? N’est-ce pas le Christ plutôt qui a béni le jour où il a daigné naître parmi nous ? Aussi le jour de sa naissance est-il l’emblème mystérieux de la lumière qu’il vient répandre. « La nuit s’achève et le jour approche, dit l’Apôtre ; rejetons par conséquent les œuvres de ténèbres et revêtons-nous des armes de lumière ; comme en plein jour vivons avec honnêteté. » (165) Distinguons le jour et soyons jour nous-mêmes, car nous étions la nuit en vivant dans l’infidélité. Or, cette infidélité qui s’était abattue sur le monde entier comme une nuit épaisse devant diminuer à mesure que grandirait la foi, c’est pour cette raison qu’au jour de la naissance de Jésus-Christ la nuit commence à décroître et la lumière à croître. Que ce jour, mes frères, soit donc pour nous un jour solennel ; célébrons-le, non pas comme les infidèles en considération du soleil, mais en considération de Celui qui a créé le soleil même. Car si le Verbe s’est fait chair (166), c’était afin de vivre pour l’amour de nous sous le soleil. Son corps n’était-il pas éclairé par cet astre, pendant que sa majesté l’élevait au-dessus de tout cet univers où il l’a placé ? Et ce même corps ne domine-t-il pas aujourd’hui ce soleil à qui rendent des honneurs divins les aveugles qui ne sauraient contempler le vrai Soleil de justice ? » (167)
Et encore :
« Le Christ est né : de son Père, comme Dieu, ordonnant tous les jours ; de sa Mère, comme homme, consacrant ce jour. » (168)
Et enfin :
« Celui qui est à la fois Fils de Dieu et fils de l’homme, Jésus-Christ Notre-Seigneur, comme Fils de Dieu n’a point de Mère et il a créé tous les jours ; comme fils de l’homme il n’a point de Père et il a consacré ce jour. » (169)
Et saint Thomas pour finir :
« Il y a cette différence entre le Christ et les autres hommes que ceux-ci naissent entièrement soumis aux nécessités du temps et que le Christ, souverain maître et créateur de tous les temps, a choisi celui de sa naissance, tout comme il a choisi sa mère et sa patrie ; et comme les choses qui viennent de Dieu sont bien ordonnées et disposées d’une manière parfaite, il faut en conclure que le Christ a dû naitre dans le temps le plus convenable. » (170)
Et aussi :
« Selon ce qui est dit dans le livre des Questions sur l’ancien et le nouveau Testament (171), le Christ a voulu naitre au moment où la lumière du jour commence à croître, pour montrer qu’il était lui-même venu dans le but de conduire les hommes à la clarté de la lumière divine, conformément à cette parole : « Pour illuminer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. » (172) De plus il a voulu naitre au milieu de l’hiver, le 8 des calendes de janvier, pour commencer déjà dans sa naissance à souffrir pour nous. » (173)
Ainsi donc c’est Dieu lui-même qui, dans sa sagesse éternelle, a choisi de naître le 25 décembre. Ce ne sont donc pas les hommes qui ont décidé de fixer la fête de Noël à cette date.
Maintenant, pour expliquer la fête païenne du Sol invictus de laquelle Dom Botte prétend tirer l’origine de la fête de Noël, il nous faut nous plonger dans les turpides du paganisme romain. Un grand pontife syrien du nom de Bassien (Varius Avitus Bassianus) était chargé du culte d’une divinité révélatrice de jusqu’où peut s’abaisser l’homme guidé par le démon : un aérolithe pyramidal noir (174) tombé dans les plaines de Syrie et honoré comme une idole (bétyle (175)) dans le temple d’Émèse (176) sous le nom d’ « El Gebal » (El qui veut dire dieu et baal qui signifie seigneur (177)). Toute sa fonction consistait à offrir chaque matin des sacrifices à son aérolithe et à le couronner de fleurs au son d’une musique efféminée et accompagné de danseuses consacrées à Astarté, la Vénus carthaginoise.
Ce prêtre circoncis (178) du soleil (Sacerdox Dei Solis Alagabali) avait quatorze ans quand, en 218, il fut proclamé empereur romain par une légion stationnée dans cette ville d’Émèse. Il changea alors de nom pour s’adapter aux lèvres difficiles des romains : il devint Héliogabale, du nom latinisé de son idole, et exigea d’être adoré au même titre (179). Après sa proclamation, il vint jusqu’à Rome, accompagné de son cher aérolithe (invoqué sous le titre de deus sol invictus : dieu soleil invincible) qu’un char de six chevaux blancs devait transporter sur une route parsemée de poudre d’or. Arrivé au pouvoir, il n’eût, en digne grand prêtre de la Cité de Satan, que deux préoccupations : ses plaisirs et l’organisation de la religion solaire par toute la terre. L’aérolithe fut donc déposé dans un temple magnifique du mont Palatin spécialement construit pour lui. « Héliogabale avait aussi l’intention de réunir dans son temple du Palatin les cultes juif, samaritain et chrétien afin, disait-il, que les mystères de toutes les croyances fussent réunis dans le sacerdoce d’Héliogabale et que le monde entier adora l’unique dieu, l’aérolithe Héliogabale » (180). Toujours Satan a voulu du sang humain pour son culte, et le culte du bétyle ne dérogea pas à la règle : sacrifices humains et aruspicine étaient fréquents (181). Nous ne détaillerons pas les mœurs infâmes de ce débauché qui fut massacré dans ses écuries par la garde prétorienne (222) et ses restes jetés dans le Tibre après avoir été trainés dans toute la ville, et jusque dans les égouts (182).
Avec le pontife, disparurent les sacrifices humains et l’aérolithe fût renvoyé en Syrie. Cependant cet épisode de l’histoire de la religion païenne « va être déterminant dans la maturation des nouvelles perspectives religieuses du troisième siècle. » (183) En effet, le culte du soleil perdura et même s’étendit : il devint la religion d’État et fut invoqué sous le titre de Dominus Imperi Romani.
Un empereur s’en fit l’ardent propagateur : Aurélien. Sa mère était prêtresse du Soleil et « entendait assez la divination » (184) (qui vient bien sûr du démon). C’est lui qui fût à l’origine de la fête du Sol invictus.
Au contraire de ce que prétend Dom Botte, il semble que cette disposition d’Aurélien sert à prouver l’antiquité de notre fête de Noël. Le but principal de l’empereur en instituant le culte du Sol invictus était de souder un empire en déliquescence autour d’une même croyance religieuse afin de lutter contre l’influence grandissante du christianisme. Empire en déliquescence, ou plutôt paganisme en déliquescence car n’oublions jamais que l’empire s’identifiait essentiellement au paganisme, la religion d’État. Ainsi s’opposer aux folies païennes, c’était s’opposer directement à toute l’institution politique et à l’autorité personnelle de l’empereur-dieu. C’est pourquoi les païens ne pouvaient croire que l’empire survivrait à la destruction du paganisme. Dans le même temps, celui-ci était menacé d’effondrement par tous les désordres moraux dont les empereurs et l’armée donnaient l’exemple : plus de famille, plus d’autorité, plus de morale (si tenté qu’il y en ait eu une dans le paganisme), bref effondrement complet des vertus naturelles. Les honnêtes païens sentaient donc le besoin imminent à la fois d’opposer un barrage au christianisme et de raviver un culte qui redonnerait quelque splendeur à la virtus romana et par le même fait à tout l’Empire.
« Ce lien moral, ciment de l’unité, fut la réorganisation et l’affermissement du culte en l’honneur de Sol, désigné sous le titre de Deus Sol Invictus, qui devait exprimer l’unité religieuse de l’empire. Cette réforme constituait le couronnement du règne [d’Aurélien] : c’était en effet la rénovation religieuse la plus importante du troisième siècle, Aurélien institutionnalisait et consacrait ainsi les convergences spirituelles d’un grand siècle solaire. […] Il voulait, par l’intermédiaire [de ce culte], vivifier et unifier, dans la mesure du possible, le paganisme. Dans ces temps difficiles où l’empire était menacé sur toutes les frontières, l’unité morale du monde romain était plus nécessaire que jamais. » (185)
Ce culte, construit dans une perspective qu’on pourrait appeler plus petit dénominateur commun du paganisme, était donc universel à tout l’Empire romain et obligeait tous ses habitants. Il devait ainsi souder tous les païens dans un même culte (y compris les hérétiques qui ont toujours eu une certaine vénération pour le Soleil) et donc les rendre plus à même de faire front commun contre le christianisme. C’est l’aboutissement plus policé du projet d’Héliogabale (il suffit seulement de remplacer Héliogabale par Soleil) : « Que les mystères de toutes les croyances [soient] réunis dans le sacerdoce d’Héliogabale et que le monde entier adore l’unique dieu, l’aérolithe Héliogabale » (186).
« En 274 après Jésus-Christ, l’empereur Aurélien publia le décret proclamant Deus Sol Invictus dieu officiel de l’empire romain dont le culte occuperait dorénavant le premier rang. Le Soleil, sous sa forme la plus abstraite et la plus générale, Sol, fut reconnu comme dieu suprême, et l’Empire fut placé sous sa protection. Aurélien mit en place un culte solaire officiel. Il convenait de lui conférer un statut particulièrement clair, une position dominante dans le paysage religieux de l’Empire, de le transformer en assise idéologique de la stratégie politique impériale en général, enfin de le présenter comme un culte universel, qui ne devait plus faire montre, d’une façon ostensible, des connotations orientales. Ce culte solaire était en train de devenir le centre de gravitation d’un paganisme revivifié et unifié, pour garantir la loyauté à l’égard de l’empereur. Il était destiné à se convertir, sinon en unique religion de l’Empire, du moins en culte principal auquel devaient se subordonner tous les autres. Tous les habitants de l’Empire devaient servir un Sol qui n’était pas uniquement le compagnon et le protecteur d’un empereur pourvu d’un charisme surhumain, mais le maître de l’Empire : Sol Dominus Imperii Romani. Les monnaies frappées à cette occasion ne laissent subsister aucun doute sur ce point, et depuis ce moment les monnaies impériales portent presque toutes le signe de la primauté du dieu Soleil. Deus Sol Invictus fut reconnu comme divinité principale de l’État et son culte l’emporta sur les autres religions païennes. Les monnaies mentionnées ci-dessus en l’honneur du Soleil maître de l’empire et d’Aurélien, étroitement associés, rendent compte des implications de cette phase initiale. Le titre de Dominus Imperi Romani donné au Soleil, et le fait que l’empereur cède au Soleil le droit de la monnaie, sont également caractéristiques. » (187)
En complément de cette réforme, Aurélien fit bâtir à Rome et consacra lui-même, en 274, un temple au Soleil qu’il dota richement. L’idée de ce nouveau temple lui était venue lorsque, après une victoire remportée sur la reine de Palmyre, Zénobie, et attribuée à une apparition du Soleil, il était venu en remerciement au temple d’Émèse, celui où précisément était adoré l’aérolithe Héliogabale (188).
Par la même occasion, il institua des jeux quadriennaux en l’honneur de cette divinité : les Agones Solis (189). La date de ces jeux coïnciderait avec celle de la dédicace du temple (190). Cependant le calendrier philocalien de 336 mentionne deux jeux différents : l’un du 19 au 22 octobre et l’autre le 25 décembre (Dies natalis invicti) (191).
D’après Dom Botte (et d’autres auteurs), c’est donc pour faire concurrence (« une sorte de guerre de propagande » (192) !) aux jeux du 25 décembre que Noël fut institué à ce jour ; et cette institution serait postérieure à la réforme religieuse d’Aurélien.
Or, « dans la stratégie politique et religieuse d’Aurélien, les jeux [du mois d’octobre] étaient destinés à devenir l’agôn romain le plus important. » (193) D’ailleurs, ils s’inscrivaient directement avec sa réforme puisqu’ils en étaient la commémoration. De plus, ils étaient particulièrement luxueux : le nombre de Circenses Missus était le plus élevé de toute l’année (36 contre 30 au 25 décembre) (194). Ils sont donc plus importants que celui du 25 décembre et ne peuvent être confondus avec celui-ci (195).
Si donc les chrétiens avaient voulu faire concurrence au nouveau culte du soleil en instituant la fête du Noël, il est évident qu’ils n’auraient pas choisi le 25 décembre mais une date entre le 19 et le 22 octobre. La thèse de Dom Botte et consorts s’effondre donc.
Au contraire, il s’agit en réalité d’un processus inverse. En effet, Aurélien, qui le premier se fit appeler Dominus deusque noster (196) de son vivant, décide de placer une fête importante du soleil le 25 décembre afin de contrecarrer la religion catholique qui avait déjà instituée une fête majeure à cette date.
La date du 25 décembre correspondait parfaitement à ce but : c’est le moment où le soleil l’emporte sur les ténèbres, symbolisant par-là l’objet de la fête : la naissance du soleil ; cette date a toujours été dans l’antiquité l’objet d’une vénération particulière (197) : cela permettait donc de réaffirmer et de raffermir les cultes antiques (Mithra, par exemple) ; et enfin donc, ce jour est fêté par les chrétiens, ce qui permet donc de contrecarrer leur influence. Mais peut-être mettra-t-on en doute qu’Aurélien connut que le 25 décembre était le jour d’une grande fête chrétienne. Et pourquoi pas : il savait bien que pour être chrétien il fallait être en communion avec l’évêque de Rome (198).
En outre, ce perfide procédé n’étonne pas de la part d’un empereur qui se signala par sa haine des chrétiens. Il promulgua en effet un édit de persécution en 275 mais la mort (assassiné) le frappa avant son exécution dans tout l’empire (199). Cependant sa haine des fidèles adorateurs du Christ n’avait pas attendu la promulgation d’un décret pour massacrer en masse. Dès 273, son passage en Gaule est marqué d’une longue trace sanglante.
Pour comprendre toute la violence de ces persécutions, il nous suffira de citer ces vers populaires qui étaient en vogue de son temps : « Personne n’a autant de vin qu’il a versé de sang » (200) et de se rappeler les châtiments dont ils punissaient ses soldats : « aux sommets de deux arbres, violemment rapprochés, on lia les jambes du coupable, et les deux arbres, en reprenant leur position naturelle, emportèrent chacun une moitié de son cadavre palpitant. » (201)
Voici ce que nous lisons dans les actes de sainte Restitute (29 mai) au sujet de cette persécution :
« Aurélien gouvernait la république romaine, lorsqu’il s’éleva une horrible tempête de persécution contre les chrétiens, ce qui doit d’autant moins surprendre que cet empereur avait, dit-on, une telle haine pour le nom du Christ, qu’il s’emportait en paroles d’exécration lorsqu’il l’entendait prononcer. Les adorateurs du Christ étaient donc journellement mis à mort en mille manières différentes en vertu des lois qu’il avait fait publier partout : les uns furent condamnés aux bêtes, les autres aux mines ; d’autres furent livrés aux flammes, quelques-uns furent lapidés. Et c’est ainsi que les impies rivalisaient de cruauté, quelques-uns même par motif de religion car, selon l’oracle divin, ils pensaient servir le Seigneur en s’efforçant d’abolir le nom chrétien. » (202)
Et d’après une ancienne chronique :
« L’empereur voulant honorer ses dieux, s’était enflammé d’une telle ardeur de persécution contre les chrétiens, qu’après avoir livré à une mort cruelle un grand nombre de martyrs dans la ville de Rome, il vint aussi dans les Gaules pour travailler par lui-même à la destruction du nom de chrétien. » (203)
La terreur était si grande, qu’au passage d’Aurélien les chrétiens se cachaient dans les forêts, comme on le voit près d’Auxerre.
Ce ne sont donc pas les chrétiens qui ont entrepris « une sorte de guerre de propagande » (204) comme nous avons pu le lire, mais les païens aveuglés, jaloux de la gloire de la religion chrétienne et de son influence croissante dans la société qu’elle christianisait peu à peu, et, bien plus que les païens, le démon lui-même qui voulait souiller le jour qui avait vu naître celui qui le vaincrait sur la croix. La fête de Noël n’a donc pas été fixée au 25 décembre pour concurrencer et s’opposer à la fête païenne, mais parce qu’elle est le jour précis de la naissance du Sauveur, jour où la Lumière qui est la vraie vie a commencé à luire dans les ténèbres et à illuminer tout homme venant en ce monde (205).
Certes, en considérant la faiblesse et l’inconstance de l’homme, il est possible que certains chrétiens se soit fait abuser en confondant le Sol justitiæ, dont parle le prophète Malachie (206), avec le Sol invictus (207). Et c’est ce qui expliquerait ces mots de saint Augustin : « Ce n’est pas ce soleil visible qui a fait pour nous de ce jour un jour sacré, mais son invisible Créateur. » (208) Il est également possible que des hérétiques influencés ou même guidés par des courants pré-kabbalistiques aient profités de la proximité entre les deux fêtes pour corrompre la dévotion des fidèles (les manichéens par exemple). C’est ce qui ressort du deuxième sermon de Saint Léon pour la Nativité : « Les petites gens sont trompées par ceux qui défendent l’idée pernicieuse que notre célébration en ce jour semble devoir sa grandeur, non pas à la naissance du Christ, mais, comme ils disent, à la naissance du « nouveau soleil ». » (209)
Nous ne nions pas non plus que l’Église avait coutume de christianiser certaines fêtes païennes, comme on le voit pour la bénédiction des cierges de la Chandeleur (210). Cependant en aucun cas une fête chrétienne ne tire son origine d’une fête païenne (211), contrairement à ce que veut nous faire croire Dom Botte (212).
À travers cette hypothèse sur les origines de la fête de Noël, nous voyons s’appliquer la machiavélique manœuvre de destruction de la liturgie catholique : « Vulgariser les idées [subversives du Centre de Pastorale Liturgique (C.P.L.) (213)] par des études historiques » (ou plutôt à caractère historique) qui « prépareront éventuellement les esprits à une évolution ultérieure » (214), évolution qui se fera à partir de Vatican II. Ce livre de Dom Botte s’inscrit donc dans la droite ligne de l’objectif fixé par le C.P.L. : « Influencer le Saint-Siège par la publication d’ouvrages d’une prétendue érudition historique » (215). Ce que dénonçait déjà Léon XIII se vérifie: « L’art de l’historien semble être une conspiration contre la Vérité » (216).
Annexe II : L’heure de la naissance
C’est à minuit que la Tradition fixe la naissance du Sauveur. Cette heure réalise la prophétie de David :
« In splendoribus Sanctorum ante luciferum genui te » ou bien « ante auroram tibi ros nativitatis » (217) ce qui veut dire : « Je vous ai engendré avant le lever de l’Étoile du matin ; ou bien, votre naissance précédera le lever de l’Aurore ou de l’Étoile du matin. Ce qui indique qu’elle aura lieu vers le milieu de la nuit. Ces paroles : ante luciferum, avant l’Aurore, ont deux sens littéraux, tous deux véritables : elles marquent, comme l’enseignent Saint Paul (218) et les Saints Pères (219), la Génération éternelle du Christ, avant la création de l’Aurore ; et sa génération humaine, avant le lever de l’Aurore. Car c’est ainsi que l’entendent le même Saint Paul (220), Tertullien (221), Saint Augustin, Saint Justin : « Ne comprenez-vous pas, dit ce dernier, que Dieu annonce qu’il avait résolu de faire naître un jour le Christ du sein d’une femme, lorsqu’il a dit par David : Je vous ai engendré par ma pensée d’un sein mortel avant l’aurore dans les splendeurs des cieux ? » (222) » (223)
Cette heure se trouve aussi prédite dans la Sagesse :
Lorsque tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit était au milieu de sa course, et nox in suo cursu medium iter haberet, Votre Verbe Tout-Puissant, ô Dieu, vint du ciel, de votre Trône Royal, et extermina les ennemis de votre peuple. » (224)
« Cette descente du Verbe sur la terre pour racheter Israël de la servitude de l’Égypte, est, aux yeux de l’Église, comme la figure de cette autre descente du même Verbe sur la terre où il doit opérer la Rédemption Universelle. Le milieu de la nuit est l’instant qu’il choisit pour venir sur la terre. » (225)
« Saint Luc nous apprend que l’enfantement de Marie arriva durant la nuit. Il n’y avait aux alentours de Bethléem que des pasteurs qui veillaient à la garde de leur troupeau, et qui passaient la nuit dans les champs (226). Il arrive très-souvent dans les pays chauds, que les bergers passent ainsi les nuits, même les nuits d’hiver, dans des campagnes fertiles en pâturages. (Tirinus, Menochius). » (227)
C’est en souvenir de cette heure que l’Église, dans sa maternelle sagesse, convoque ses enfants à minuit pour chanter les louanges du Sauveur qui vient de naître : mais ce n’est pas seulement à l’office des Matines qu’Elle les appelle ; c’est au sacrifice de la victime qui vient de naitre à l’heure même dans la crèche qu’elle les convie (228). Nous avons cité tout à l’heure le document pontifical qui est à l’origine de cette messe nocturne qui, hormis Pâques, n’existe nulle part ailleurs. C’est également à Saint Télesphore que l’on doit la permission de célébrer plusieurs messes le jour de Noël (229).
Laissons Saint Thomas conclure en nous donnant la signification si belle de ces trois messes :
« Le jour de Noël on célèbre trois messes pour honorer les trois naissances de Jésus-Christ. D’abord la naissance éternelle qui se dérobe à nos yeux : d’où la messe qui se célèbre dans la nuit et dont l’Introït renferme ces paroles : « Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui ». Ensuite la naissance spirituelle, qui se fait dans le temps et par laquelle Jésus-Christ « s’élève comme l’étoile du matin dans nos cœurs » (230) : d’où la messe qui se dit à l’aurore et dont l’Introït contient ces mots : « En ce jour la lumière brillera sur nous ». Enfin la naissance corporelle qui s’est faite aussi dans le temps et par laquelle Jésus-Christ est venu visiblement dans ce monde, sortant du sein virginal revêtu d’une chair humaine : d’où la messe qui se chante en plein jour et dont l’Introït dit : « Un enfant nous est né ». On peut dire aussi que la naissance éternelle, considérée en elle-même, s’est faite en pleine lumière, et voilà pourquoi l’évangile de la dernière messe mentionne cette naissance du Verbe. De plus le Christ est né dans le sens propre, par sa naissance corporelle, pendant la nuit, pour signifier qu’il venait dissiper les ténèbres de notre ignorance, et c’est pour cela que l’évangile de la messe de minuit raconte sa naissance corporelle. » (231)

Annexe III : À propos du bœuf et de l’âne
Aucun des évangélistes ne parle de la présence d’un âne et d’un bœuf dans la crèche aux côté de Jésus-Christ. Cependant n’oublions pas qu’il se trouve beaucoup de choses qui ne sont pas rapportés dans les Évangiles (232) et qui sont pour autant parfaitement véridiques et respectables : on a trop souvent tendance, particulièrement de nos jours, a accusé la naïve piété des fidèles des premiers siècles et des temps féodaux (que l’on trouve souvent peu éclairée, alors qu’elle possédait un sensum ecclesiæ beaucoup plus sûr et profond que le nôtre) d’avoir introduit dans l’Église des usages, des coutumes qui s’écarteraient de la rigoureuse vérité historique. Dire cela, c’est oublier la vigilance infatigable de l’Église sur tous ses enfants. Mais c’est surtout un moyen habile pour dénigrer les Traditions les plus respectables du christianisme.
En l’occurrence, c’est une tradition parfaitement authentique que l’Enfant Jésus fut entouré d’un bœuf et d’un âne. Origène, Saint Ambroise (233), Saint Épiphane, Saint Augustin (234), Saint Jérôme (235), Saint Grégoire de Nazianze, Saint Grégoire de Nysse, Saint Cyrille de Jérusalem et Prudence atteste le fait et d’autres encore (236). Baronius le défend (237), de même que Benoit XIV (238). Preuve de cela, on peut voir dans la crypte de la cathédrale d’Ancône le sarcophage d’un certain Corconius datant de 366 représentant l’Enfant Jésus dans sa crèche, entouré d’un âne et d’un bœuf. L’illustre chevalier de Rossi a découvert ces deux animaux sur un fragment de sculpture datant de 343 (239). Cette pièce est intéressante à plusieurs points de vue : outre le bœuf et l’âne, elle montre deux bergers entourant Notre-Seigneur et, fait plus surprenant, un croissant de lune qui, par sa symbolique, témoigne de l’heure de la naissance du Sauveur : la lune nous montre qu’elle se fit la nuit et la moitié de lune que c’était au milieu de celle-ci, à minuit. « Du reste, la même circonstance [la présence du bœuf et de l’âne] est reproduite sur des verres des catacombes beaucoup plus anciens, en sorte qu’il faut aller jusqu’au berceau de la foi pour trouver le commencement de cette tradition, contemporaine de l’événement. » (240)
Ce fait est d’autant plus authentique qu’il était prédit par Isaïe :
« Le bœuf reconnait son propriétaire et l’âne la crèche de son Maître mais Israël ne m’a pas connu » (241) ; « Vous avez envoyé le bœuf et l’âne. » (242)
Et par Habacuc :
« Vous serez reconnu au milieu de deux animaux » (243).
Il n’est pas jusqu’aux Juifs qui ne témoignent de la vérité de ce fait :
« Les Juifs (244) nous ont rapporté l’extrait suivant du livre d’Alexandre : « Lorsque Marie eut mis au monde son fils Jésus à Bethléem, dans une grotte ténébreuse et privée de lumière, Joseph, fils de Pandéra, vint, prit l’enfant, et le coucha dans une crèche d’animaux où avaient mangé un bœuf et un âne. Ensuite vinrent trois rois, etc… » » (245)
Voici maintenant une preuve définitive de la présence de ces deux animaux dans la crèche. C’est une chose incontestable que la Liturgie possède une autorité dogmatique : elle constitue un lieu théologique. Le pape saint Célestin, au cinquième siècle, l’affirme : « Legem credendi statuat lex supplicandi : la loi de la prière établit celle de la foi » (246). De plus, « la valeur du témoignage liturgique dans l’Église de Rome est en proportion de l’autorité de l’Église de Rome elle-même en matière de doctrine ; or, c’est un point de la croyance catholique que l’Église de Rome ne peut errer, puisque cette proposition de Pierre d’Osma, Ecclesia urbis Romæ errare potest, a été condamnée, il y a quatre siècles, par Sixte IV. » (247) Donc lorsque la liturgie romaine chante dans son Office de la Nativité : « Ô grand mystère ! admirable merveille ! Des animaux ont vu, couché dans une crèche, le Seigneur nouveau-né » (248) et dans son Office de la Circoncision : « Entre deux animaux, il était couché » (249), elle affirme sa croyance et l’authenticité de la Tradition qui rapporte qu’un âne et un bœuf se trouvaient aux côtés de Notre-Seigneur dans la crèche.
Cependant, certains repoussent le fait de la présence du bœuf et de l’âne pour la raison qu’on en trouve la mention dans des évangiles apocryphes (250), récits qui ont été condamnés dans le décret du pape Gélase Ier (251). Cependant l’Église elle-même a reconnu que dans ces récits se trouvaient un fond de vérité : les noms des parents de la Sainte Vierge se trouve dans ces évangiles et l’Église les célèbre sur toute la terre sous ces mêmes noms. Il en est de même pour l’âne et le bœuf : ils font parties de ce fond de vérité, et l’Église atteste par son autorité de leur présence aux côtés de l’Enfant-Jésus.
Ludolphe le Chartreux (252) émet l’hypothèse que ces deux animaux appartenaient à la Sainte Famille : l’âne portait Marie et le bœuf devait être vendu pour « subvenir aux frais du voyage et au payement de l’impôt » (253). Cependant il en existe d’autres, également plausible.
Conclusion
Pour résumer, on peut affirmer avec certitude que Notre-Seigneur naquit le 25 décembre de l’an 1, à minuit, entouré d’un bœuf et d’un âne. De plus, cette fête remonte dans l’Église à la plus haute et vénérable antiquité : sans doute avant 129 à Rome et à partir de cette date pour le reste du monde.
Et à ceux qui voudraient ridiculiser l’Église, nous répondons et répondrons toujours fermement :
Non l’Église n’a pas à rougir de son passé, elle n’a pas à rougir d’elle-même ; toujours elle a été, est et sera l’unique épouse du Christ, la Vierge sans taches, la mère de tous les croyants qu’elle enfante à son divin Chef. Toujours elle a chanté et chantera parfaitement à l’unique vrai Dieu les louanges qu’elle lui doit. Ainsi nous apparait-elle, pour la fête de Noël, dans son immuable beauté, célébrant dès son origine, avec la naissance temporelle de son Époux, sa propre naissance. Oui, par son Église, « il a été glorifié le Roi pacifique, au-dessus de tous les rois du monde entier » (254) et par elle, « il règnera sur nous, le Sauveur du monde » (255), lui qui, « aujourd’hui, a daigné naître pour nous d’une Vierge afin de ramener au royaume céleste l’homme qui en était déchu » (256). Ainsi, en cette fête, l’Église fait-elle briller la lumière de l’Emmanuel sur le monde, de même que lui fait resplendir en elle sa lumière divine, car la gloire du Seigneur s’est levée en ce jour sur l’Église : désormais toutes les Nations devront marcher à sa lumière (257).
Nous terminerons avec cette belle exhortation de Saint Augustin :
« Le Christ Notre-Seigneur est de toute éternité, sans commencement, dans le sein de son Père ; mais maintenant, il a son jour de naissance. Le Verbe qui était au commencement, s’il n’avait point eu de génération humaine, jamais nous ne serions parvenus à la régénération divine : il est né pour que nous renaissions. Le Christ est né : que personne ne doute donc de sa propre renaissance, […] mais que la miséricorde de Dieu agisse maintenant dans nos cœurs. Marie a porté le Christ dans son sein : nous, portons-le dans nos âmes. Une Vierge est devenue enceinte par l’Incarnation du Christ : nous, remplissons nos cœurs de la foi du Christ. Une Vierge a enfanté le Sauveur : que notre âme à son tour enfante le salut, et faisons naître la louange. Ne soyons point stériles, et que nos âmes soient fécondes de Dieu. » (258)
Paul Fides
[1] Invitatoire, 1e répons du IIIe Nocturne des Matines de Noël et hymne de Sédulius pour les Laudes de Noël.
[2] Mgr Gaume, Catéchisme de Persévérance, Paris, 1860, T. VII, p. 429 et note 2.
[3] Le Liber Pontificalis contient une notice sur chaque Pape de Saint Pierre jusqu’au IXe siècle. On ne peut l’attribuer à un auteur particulier puisqu’il se base sur les archives de l’Église, institution dont Saint Clément (3e pape, 68-76) est à l’origine. C’est lui en effet qui créa les notarii (ancêtres des protonotaires apostoliques) chargés de noter tous les faits importants du gouvernement de l’Église ainsi que les Actes des Martyrs. C’est en dire quelle mine de renseignements il présente.
[4] Liber pontificalis : « Hic fecit, ut in natali domini nostri Jesu Christi noctu missa celebraretur » ; traduction de l’abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1877, T. VII, p. 76.
[5] Luc II 8-14. On remarquera que la citation de Saint Luc est en tout point conforme au texte que nous avons aujourd’hui, preuve de l’antiquité de nos Saints Évangiles et de leur intégrité.
[6] Saint Télesphore, Épître (PG, T. V, col. 1081-1084 et Labbe, Sacrosancta Concilia, Paris, 1671, T. I, col. 560), cité par l’abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1877, T. VII, pp. 77-78.
[7] Cardinal Schuster, Liber sacramentorum, Bruxelles, 1929, T. II, p. 178. Cf. aussi T. I, p. 45.
[8] « Le bienheureux Pierre, à qui Notre-Seigneur avait confié la chaire apostolique, avait laissé l’ordre [à Saint Clément] d’accepter le gouvernement de l’Église et le pontificat. » Liber pontificalis (cité par l’abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1875, T. VI, p. 246). Ce témoignage est confirmé par Tertullien (Les prescriptions contre les hérétiques, II 32) et par Saint Épiphane (Contre les hérésies, XXVII) qui précise qu’il refusa de succéder immédiatement à Saint Pierre par égard envers Saint Lin, coadjuteur de Pierre. De ce fait, il n’est pas impossible que Saint Pierre donna des instructions plus précises à Saint Clément. Au reste, Saint Irénée témoigne que « Clément avait vu les bienheureux apôtres et avait conversé avec eux ; il avait encore dans l’oreille la prédication des apôtres et leur tradition devant les yeux. » (Contre les hérésies, III 3, PGL, T. V, col. 764 et rapporté par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, V 6) et Origène le nomme « le disciple des Apôtres, Apostolorum discipulus » (Des principes, II 3, 6).
[9] Sur le neuvième mois, voir plus loin.
[10] Constitutions apostoliques, V 13 : « Dies festos observate, fratres ; ac primum quidem diem Domini Natalem, qui a vobis celebretur vigesima quinta noni mensis. Post hunc diem, dies Epiphaniæ sit vobis maxime honorabilis, in quo Dominus nobis divinitatem suam patefecit ; is autem agatur sexta decimi mensis. » (PG, T. I, col. 857-860).
[11] Constitutions apostoliques, VIII 33 ; PG, T. I, col. 1135-1136.
[12] L’Abbé Maistre le pense : Les Monuments authentiques du premier siècle, Paris, 1878, p. 498.
[13] Peut-être nous objectera-t-on encore que les Constitutions Apostoliques ont été interpolées par Paul de Samosate. Mais quoi ! il ne put accomplir son méfait que lorsqu’il fut évêque d’Antioche, soit entre 260 et 268. Cependant quel eût été l’intérêt de créer de toutes pièces la fête de Noël qui célèbre la naissance du Fils de Dieu fait homme, lui qui professait que Jésus-Christ n’était qu’un homme investi d’une mission de prophète lors de son baptême ? Si on fêtait sa naissance, bien qu’il n’était qu’un homme, on tombait alors dans les mêmes débordements que Pharaon et Hérode (« Nous ne voyons à célébrer les jours de leur naissance qu’Hérode et Pharaon, unis dans cette pensée de fête, ainsi qu’ils l’étaient dans l’impiété. » Saint Jérôme, Commentaire sur Saint Matthieu (XIV 6). Cf. Genèse XL 20 ; Marc VI 21). De plus, selon le principe de Saint Thomas, « tout faux est fondé sur quelque vrai » (Somme Théologique, Ia q.17 a.4 ad.2), par conséquent tout n’a pu être interpolé (sous peine d’être trop facilement démasqué) et parmi l’erreur se trouve cachée du vrai.
[14] Dom Guéranger, L’année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, pp. 3-4. Les plus anciens Martyrologes et calendriers occidentaux mentionnent cette fête sous le nom qu’elle a aujourd’hui. (Dom Guéranger, L’année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1859, T. II, p. 576).
[15] Joseph Wilpert, Roma Sotterranea. Le pitture delle catacombe romane, Rome, 1903, T. I, p. 188
[16] Marco Bussagli (dir.), L’art de Rome, Paris, 1999, T. I, p. 186. Voir la thèse de doctorat soutenue en 2012 par Séverine Ferraro : Les images de la vie terrestre de la Vierge dans l’art mural (peintures et mosaïques) en France et en Italie des origines de l’iconographie chrétienne jusqu’au Concile de Trente. (Disponible sur theses.fr).
[17] Une preuve de ce que Noël fut célébré avant l’Annonciation se trouve dans ce raisonnement de Saint Augustin qui part de la date de Noël pour fixer le temps de l’Annonciation : « La conception et la passion du Christ ont eu lieu dans le même mois, comme l’attestent la célébration de la Pâque et le grand jour, si connu dans les églises, consacré à la fête de sa Nativité. Venu au monde au terme des neuf mois, le huit des calendes de Janvier, il a été conçu nécessairement vers le huit des calendes d’Avril. » (Questions sur l’Exode, q.90).
[18] Constitutions Apostoliques, V 8 (PG, T. I, col. 853-854) ; VIII 33 (PG, T. I, col. 1135-1136). Cf. aussi Cardinal Baronius, Annales ecclésiastiques, année 34, n. 296-297, 304 ; Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, p. 449 ; Abbé Maistre, Histoire de chacun des soixante-douze disciples de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 1868, pp. 102-104. Les Constitutions Apostoliques précisent que la fête de Saint Étienne avait été instituée par Saint Pierre et Saint Paul. En voici une preuve dans les Gaules. D’après Saint Grégoire de Tours, à Metz, un oratoire Saint-Étienne avait été établi par Saint Clément, premier évêque de cette ville (différent du pape homonyme). Cet oratoire, qui deviendra la cathédrale de Metz, était un des plus antiques de la Gaule. Il était doté de très précieuses reliques de Saint Étienne : un caillou de la lapidation teint de son sang et une fiole de ce sang victorieux qui, au témoignage de Paul Diacre (VIIIe siècle), était vif, vermeille et sans corruption. Mais d’où viennent ces reliques si précieuses ? De Saint Pierre lui-même qui les donna à un de ses disciples qu’il envoyait en mission : Saint Clément, l’évangélisateur de Metz. On reconnait ainsi la dévotion de Saint Pierre pour Saint Étienne, dévotion qu’il communiqua à Saint Clément qui, à son tour, la diffusa dans les Gaules. (Cf. Mgr Guérin, Les petits Bollandistes, Paris, 1876, T. XIII, p. 563 et T. XIV, p. 480 ; voir aussi sur la dévotion en Gaule pour Saint Étienne Mgr Gaume, Biographies évangéliques).
[19] Sermon sur Saint Étienne.
[20] Sermon 3 sur Saint Étienne, leçons du IIe Nocturne du 26 décembre.
[21] Homélie III, de diversis. Cf. Cardinal Baronius, Annales ecclésiastiques, année 1, n. 51 ; Abbé Martigny, Dictionnaire des Antiquités Chrétiennes, Paris, 1877, p. 321 : article fêtes immobiles.
[22] Du libre arbitre, III 23, PL, T. XXXII, col. 1304.
[23] Stromates, I 21. Faisons remarquer au passage que Clément d’Alexandrie est l’auteur d’une hymne en l’honneur de Jésus-Enfant (Le Pédagogue, III 12 ; voyez-en le texte dans Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, pp. 350-351 et dans l’abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1877, T. VII, pp. 497-498), preuve de la dévotion qui existait dès cette époque pour cette période de la vie du Sauveur.
[24] Saint Jean Chrysostome, Homélie XXXI, sur la Nativité du Seigneur.
[25] P. Lebrun, Explication littérale de la Messe, Paris, 1860, T. I, pp. 334-335.
[26] Abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1876, T. XI, pp. 181-182. Cela est valable également pour les autres églises : Combien ne furent-elles pas pillées et brûlées Orient et en Afrique par les Ariens, les Eusébiens, etc. ? L’Abbé Darras prend ensuite appui sur le pontificat de Saint Anastase I (399-401) pour démontrer ce qu’il avance : d’un pontificat de deux ans, il ne nous reste que trois épîtres alors que l’on est en mesure de prouver que ce pape écrivit au moins douze autres lettres qui sont aujourd’hui perdues. (pp. 182-186 ; PL, T. XX col. 58-63).
[27] L’Office de Noël souligne cette connexion entre la Naissance de Jésus-Christ et notre rédemption (cf. 1e répons du Ie Nocturne, 4e leçon, 2e et 4e Antienne des IIe Vêpres).
[28] Dom Mohlberg, Sacramentarium Veronense, Rome, 1955, p. 158, n° 1241 ; cité dans l’article de Dom Jean Gaillard : « Noël, memoria ou mystère ? » publié dans la revue La Maison-Dieu, n° 59, 3e trimestre 1959, pp. 54-55. C’est à cet article que nous empruntons la grande partie des citations de Saint Léon qui suivront. Cependant il nous est nécessaire d’avertir de la très dangereuse hétérodoxie de cette revue, organe officiel du C.P.L. (Centre de Pastorale Liturgique) que l’abbé Bonneterre qualifie d’ « égout collecteur de toutes les hérésies anti-liturgiques » et de « puissant organisme de subversion liturgique » (Le Mouvement Liturgique, chapitre 3). Pour comprendre ce qu’était le C.P.L. , il nous suffira d’en donner le nom des principaux collaborateurs : Chenu, Congar, Beauduin, Botte, Doncœur, Daniélou, Gelineau, Bouyer, … et de dire que « chaque modification de rubrique [adoptée à partir de Vatican II] correspond à une erreur théologique grave élaborée dans [ses] officines » (Le Mouvement Liturgique, chapitre 5).
Le sacramentaire léonien constitue la forme la plus ancienne du missel romain. L’ensemble des pièces datent du temps de Saint Léon (pape de 440 à 461), même si certaines lui sont antérieures et d’autres postérieures.
[29] Dom Mohlberg, Sacramentarium Veronense, Rome, 1955, p. 161, n° 1259 ; cité dans l’article de Dom Jean Gaillard : « Noël, memoria ou mystère ? » publié dans la revue La Maison-Dieu, n° 59, 3e trimestre 1959, p. 55.
[30] Communicantes de Noël. Les quatre autres fêtes sont l’Épiphanie, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte.
[31] Sanctus : « Benedictus qui venit in nomine Domini ».
[32] « On peut dire que la Liturgie est l’expression la plus haute, la plus sainte de la pensée, de l’intelligence de l’Église, par cela seul qu’elle est exercée par l’Église en communication directe avec Dieu dans la Confession, la Prière et la Louange. CONFESSION, PRIÈRE, LOUANGE : tels sont les actes principaux de la religion ; telles sont aussi les formes principales de la Liturgie. La CONFESSION, par laquelle l’Église fait hommage à Dieu de la vérité qu’elle en a reçue, redisant mille fois en sa présence le triomphant symbole qui renferme écrites dans le langage de la terre des vérités qui sont du ciel. Ce symbole, […] elle le confesse en grand, dans l’ensemble de l’année chrétienne, au sein de laquelle il est représenté, mystère par mystère, avec toute la richesse des rites, toute la pompe du langage, toute la profondeur des adorations, tout l’enthousiasme de la foi. De là l’importance si grande pour l’intelligence du dogme, donnée dans tous les temps aux paroles et aux faits de la Liturgie. » Dom Guéranger, Institutions liturgiques, Paris, 1878, T. I, pp. 2-3.
[33] « Le culte qui est rendu par l’Église au Dieu très saint est, comme le dit de façon expressive Saint Augustin, une profession continue de foi catholique et un exercice d’espérance et de charité : Fide, spe, caritate colendum Deum (Enchiridion, 3). Dans la liturgie sacrée nous professons la foi catholique expressément et ouvertement. […] Toute la liturgie contient donc la foi catholique, en tant qu’elle atteste publiquement la foi de l’Église. » (Pie XII, Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947). Cependant il ne faut pas dire que « les sacrements n’ont été institués que pour nourrir la foi » (affirmation condamnée au Concile de Trente, 7e Session, Des sacrements en général, canon 5 ; Denz. 1605), ni même affirmer que la Liturgie a pour fonction première l’instruction, l’enseignement : la fonction première, comme nous l’avons-vu plus haut avec Dom Guéranger, c’est la Confession, la Prière et la Louange. « La Liturgie est culte avant d’être enseignement des fidèles. » Abbé Bonneterre, Le Mouvement Liturgique, chapitre 1.
[34] « Une fête est le monument d’un fait qui s’est accompli dans le temps et dont il est à propos de perpétuer le souvenir et l’influence. » Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Le temps après la Pentecôte, Paris, 1890, T. I, p. 128.
[35] Jean, I 14.
[36] Comment a-t-elle retenti ? par les lectures de la Liturgie.
[37] Luc, II 10-11.
[38] Luc, II 14.
[39] Saint Léon, Sermon XXIX, pour le jour de Noël (9e) ; PL, T. LIV, col. 226-227, Leçons du IIe Nocturne du Dimanche dans l’Octave de la Nativité. Pie XII exprime la même chose : « Quand revient le jour de la naissance du Rédempteur, l’Église semble nous ramener à la grotte de Bethléem. » (Encyclique Mediator Dei).
[40] Pie XII, Encyclique Mediator Dei. Cela ne veut pas dire pour autant que la prière privée et intérieure doit être négligée puisque « la sainte Liturgie requiert que ces deux éléments [prière publique et prière privée, culte extérieur et culte intérieur] soient intimement unis […] et que les âmes soient bien disposées pour avoir l’efficacité requise. […] En effet, cette supériorité ne veut nullement dire qu’il y ait, entre ces deux sortes de prière, contradiction ou opposition. Inspirées par un seul et même esprit, elles tendent, ensemble et d’accord, au même but, jusqu’à ce que le Christ soit formé en nous (Colossiens, III 11) et devienne « tout en tous » (Galates, IV 19). » (Mediator Dei).
[41] Luc, II 14.
[42] Saint Léon, Sermon XXVI, pour le jour de Noël (6e), PL, T. LIV, col. 213, Leçons du IIe Nocturne du 6e jour dans l’Octave de la Nativité.
[43] Saint Léon, Sermon XXVIII, pour le jour de Noël (8e), PL, T. LIV, col. 222.
[44] Saint Léon, Sermon XXVI, pour le jour de Noël (6e), PL, T. LIV, col. 213.
[45] Le Rouleau de Ravenne. Cf. Cardinal Schuster, Liber sacramentorum, Bruxelles, 1925, T. I, p. 12 et l’article de Dom Jean Gaillard : « Noël, memoria ou mystère ? » publié dans la revue La Maison-Dieu, n° 59, 3e trimestre 1959, pp. 55-57.
[46] Dom Cabrol, Le livre de la prière antique, Tours, 1929, pp. 276-277.
[47] Saint Libère, Oratio ad Marcellinam ; PL, T. VIII, col. 1345.
[48] Cf. Cardinal Schuster, Liber sacramentorum, Bruxelles, 1925, T. I, p. 162 ; Abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1876, T. X, p. 238.
[49] Dom Guéranger, Considérations sur la liturgie catholique, article paru dans Le Mémorial Catholique, 28 février 1830, T. I (nouvelle collection), p. 52. Cité par Dom Delatte, Dom Guéranger, Abbé de Solesmes, Paris, 1909, T. I, p. 57.
[50] Pie XII nous dit que les jours auxquels les fêtes sont célébrées ont été fixés « après mûre délibération » (Encyclique Mediator Dei) : l’Église ne fait rien en vain et chez elle, tout est parfait et ordonné.
[51] Saint Jean Chrysostome, Homélie XXXI, sur la Nativité du Seigneur.
[52] Voyez Saint Grégoire de Nazianze, Homélie LVIII et LIX, et Saint Isidore de Péluse.
[53] Voyez Cassien, Conférences, X 10 et Saint Épiphane, Exposition de la Foi, XXII ; Panarion, 51.
[54] Dom Cabrol, Le livre de la prière antique, Tours, 1929, p. 244. L’auteur fait, lui aussi, remonter l’institution de la fête de Noël à la plus haute antiquité (p. 237).
[55] Dom Guéranger, L’année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, p. 3 ; 1859, T. II, p. 139. Abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1869, T. IX, pp. 424-425. Voir le texte dans Mansi, Sacrorum Conciliorum, Florence, 1759, T. II, col. 1255-1260 ; PL, T. VIII, col. 964-968 ; PG, T. XXXIII, col. 1205-1210. Il est à remarquer en cette circonstance que c’est l’évêque de Jérusalem qui demande au Pape qu’elle est la date précise de la naissance du Christ : preuve de la primauté du Siège de Pierre et que ce Siège était mieux informé sur cette question.
[56] Tertullien, Contre Marcion, IV. Après cela, et d’autres témoignages (Eusèbe de Césarée, Saint Justin, …), comment peut-on nous dire qu’on « ne trouve nulle trace d’un recensement romain en Judée à cette époque » (Joseph Kelly, Les origines de Noël, Éditions de Solesmes, 2007, p. 35). D’ailleurs M. Kelly commet quantités d’erreurs en raison d’un parti pris rationaliste de repousser dédaigneusement l’autorité de la Tradition pour se fier aux modernes savants. De plus, il ne craint pas de refuser toute inspiration divine aux Saintes Écritures. C’est ainsi qu’on lit avec stupeur l’auteur affirmé que la Sainte Vierge ne serait pas l’auteur du Magnificat ! (p. 33). Vraiment, Solesmes est tombé bien bas à ce point de ne pas faire la différence entre vrai et fausse science. Auraient-ils oublié ce que disait Benoit XV : « Enflés et enorgueillis dans la haute opinion de l’esprit humain, certains, préférant leur propre jugement à l’autorité de l’Église, en sont venus, dans leur témérité, jusqu’à juger à la mesure de leur intelligence les divins mystères et toutes les vérités révélées, n’hésitant pas à les adapter au goût des temps actuels. » (Encyclique Ad beatissimi, 1er novembre 1914).
[57] Aggée, II 7-8, 10-11.
[58] Jean, II 21.
[59] Aggée II 21-24. L’application au Messie de ces deux passages se trouve dans Saint Augustin (La Cité de Dieu, XVIII 35) et dans la plupart des interprètes.
[60] Aggée II 19.
[61] Jean II 21. Saint Augustin, De la Trinité, IV 5 ; 29e sermon de la 2e section du 1e supplément (9e sur la fête de Pâques) ; Livre des 83 questions, q.56.
[62] Jean II 19, Marc XIV 58. Souvenons-nous de cette phrase de Saint Paul : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. » (I Corinthiens III 17 ; cf. Actes des Apôtres VI 14). À méditer…
[63] Éphésiens II 20-22, I Corinthiens III 16-17, VI 19, II Corinthiens VI 16.
[64] Commentaire sur Ezéchiel, I 1.
[65] Commentaire sur Saint Luc (I 26-27), cité in Saint Thomas d’Aquin, La Chaîne d’or, sur Saint Luc I 26-27.
[66] Somme théologique, IIIa q.35 a.8 ad.3.
[67] Annales ecclésiastiques, année 1, n. 18.
[68] Saint Augustin, Lettre LV à Januarius, PL, T. XXXIII, col. 205.
[69] Saint Augustin, Sermon CCIII, pour l’Épiphanie (5e). On peut appliquer le même raisonnement pour la fête de Noël.
[70] Jean, II 20.
[71] Saint Augustin, De la Trinité, IV 5. Voir aussi du même auteur : Questions sur l’Exode, q.90 ; 29e sermon de la 2e section du 1e supplément (9e sur la fête de Pâques) ; Sermon CCLXXXVII, pour la Nativité de Saint Jean-Baptiste (1e).
[72] PG, T. XXXIII, col. 1207-1208.
[73] Traité sur l’Évangile de Saint Luc, I.
[74] Homélie XXXI sur la Nativité du Seigneur.
[75] 1e Sermon pour la Naissance de Jean-Baptiste (4e sermon du 3e supplément). Cf. aussi le 4e Sermon pour la Naissance de Jean-Baptiste (7e sermon du 3e supplément).
[76] Commentaire sur Saint Luc (I 23), cité in Saint Thomas d’Aquin, La Chaîne d’or, sur Saint Luc I 23.
[77] L’Année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, pp. 2-3.
[78] Soit le 24e jour du sixième mois, jour où, dans la prophétie d’Aggée, le Seigneur suscita son esprit dans ses serviteurs pour qu’ils « travaillent à la maison de leur Dieu » (I 14, II 1). N’est-ce pas ce que fit Jean-Baptiste ?
[79] I 26.
[80] Docteur Sepp, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1861, T. I, p. 122.
[81] Voyez aussi la démonstration d’Antonio Ammassari dans la revue du CEP (n° 1, 4e trimestre 1997, pp. 58-63) qui, rejetant la tradition contestée du souverain pontificat de Zacharie, démontre toutefois, à partir du psautier hébreux du temps de Notre-Seigneur et le calendrier des tours de service des prêtres au Temple, que l’apparition de l’Ange à Zacharie se fit entre le 24 et le 30 du 8e mois. De là, par le même raisonnement on arrive à la naissance de Jésus au 25 décembre. L’auteur signale aussi une concordance révélatrice de la puissance divine qui, de toute éternité, a ordonné toutes choses pour sa gloire maximale : lors de l’Annonciation, (le 31 d’Adar, soit le 25 mars), l’Ange avait révélé à Marie le nom qu’elle devait donner à son fils : Jésus (Luc I 31, II 21). Or, précisément ce jour-là, les juifs lisaient le Psaume 17 dans lequel la racine Iashah d’où dérive le nom de Jésus (qui veut dire Sauveur) intervient avec une insistance toute particulière : à 6 reprises (versets 3, 4, 28, 36, 47, 51) !
[82] Cf. Saint Jérôme, De viris illustribus, 74.
[83] Saint Victor de Poetavio, Commentaire sur l’Apocalypse. Cité dans la revue du CEP (n° 2, 1e trimestre 1998, p. 69).
Un document du IVe siècle, De solstitiis et æquinoctiis, témoigne également de cette tradition que Notre-Seigneur est mort le jour de son Incarnation, le 25 mars : « Conceptus est ergo dominus noster octavo kal. Aprilis. […] In qua enim die conceptus est, in eadem et passus est : Notre-Seigneur a été conçu le 8 des calendes d’avril, 25 mars, et a souffert sa passion en ce même jour. » Saint Hippolyte, Tertullien, Saint Jean Chrysostome et bien d’autres encore témoignent aussi pour cette tradition. À ceux qui douteraient encore, on fera remarquer que la résurrection de Lazare se fit alors que « la Pâque des Juifs étaient proche » (Jean XI 55). Or Notre-Seigneur dit à cette occasion : « N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? » (Jean XI 9). Cette parole se vérifie en ce qu’aux approches de l’équinoxe, au mois de mars, les jours ont précisément douze heures. Le Saint-Suaire de Turin prouve également la date du 25 mars : on y trouve des pollens de fleurs provenant de Judée et fleurissant entre le mois de mars et d’avril. Pour finir le Grand Jubilé de Notre-Dame du Puy conserve cette tradition. Voyez d’autres nombreux témoignages dans Mgr Gaume, Histoire du Bon Larron, Paris, 1893, chapitre 7.
[84] « La naissance de Jésus-Christ coïncide avec cette période historique où, d’après le calcul de tous les peuples, s’est terminée l’année de Dieu, composée de quatre mille trois cent vingt de nos années lunaires. Elle coïncide avec l’époque où la grande étoile des Orientaux, promise depuis si longtemps, apparut au ciel, accompagnée d’une conjonction générale des planètes. » Docteur Sepp, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1861, T. I, p. 119.
[85] Docteur Sepp, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1861, T. I, pp. 122-123.
[86] Jean, III 30.
[87] Voir l’annexe I sur le Sol justitiæ et le Sol invictus.
[88] Ce passage a été interprété dans ce sens par Saint Augustin, Sermon CCLXXXVIII et CCXCIII, pour la Nativité de Saint Jean-Baptiste (2e et 7e) et Sermon CXCIV, pour le jour de Noël (11e), et aussi par Saint Thomas d’Aquin : « Que le Christ doive croître et Jean diminuer, cela est signifié aussi dans la naissance et la mort de Jean. Dans sa naissance, car il naquit à l’époque où les jours commencent à décroître, tandis que la naissance du Christ eut lieu le huitième jour des calendes de janvier, au moment où les jours commencent à croître. Et dans sa mort, car Jean mourut diminué par la décapitation, tandis que le Christ mourut grandi par l’élévation sur la croix. » (Commentaire sur Saint Jean (III 30), c. 3, §523).
Au sens moral, Saint Augustin explique ce fait ainsi : « Après avoir créé ce jour, il l’a choisi pour y être créé lui-même. Ce jour, d’ailleurs, à partir duquel le jour grandit, ne convient-il pas à la mission du Christ, par qui de jour en jour se renouvelle en nous l’homme intérieur (II Corinthiens IV 16) ? Et puisque l’éternel Créateur daignait dans le temps devenir créature, ne devait-il pas avoir pour jour de naissance un jour qui indiquât ce qu’il venait créer dans le temps ? » Sermon CLXXXVI, pour le jour de Noël (3e).
[89] Cf. Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, p. 137. Ludolphe le Chartreux découvre une magnifique profondeur dans cette opinion : « C’est dans cette espèce de grotte que l’heure de l’enfantement arriva, à minuit du Dimanche. En effet, pendant la nuit du jour même où il avait dit autrefois (Genèse I 3) : Que la lumière soit, le Verbe divin, descendant des demeures célestes, nous visita comme le soleil levant (Luc I 78). » Vie de Jésus-Christ, Paris, 1883, T. I, p. 146. Sur l’heure de la naissance, voir l’Annexe II.
[90] C’est l’opinion de Saint Thomas d’Aquin (Somme Théologique, IIIa q.36 a.6 corp. et spécialement ad.3), Baronius, Suarez, Benoit XIV, Melchior Cano, Dom Guéranger et de biens d’autres encore. La Bible de Vence fait remarquer que « la plupart [des auteurs ecclésiastiques] ont fixé l’arrivée [des Mages] à Bethléem le treizième jour après la naissance de Jésus-Christ », soit le 6 janvier. Son témoignage a d’autant plus d’importance puisqu’elle n’ose placer avec certitude l’Épiphanie au 6 janvier (Bible de Vence, Paris, 1822, T. XIX, Dissertation sur les Mages, pp. 231, 235). Et Mgr Gaume s’exprime ainsi à ce sujet : « Les circonstances de ce voyage [celui des Mages vers la crèche] nous sont inconnues. On sait seulement qu’il dura treize jours, et qu’ils arrivèrent à Bethléem le 6 janvier. Fixée à ce jour de toute antiquité, la fête de l’Épiphanie rend le fait incontestable. Sur ce point la tradition est unanime. » Mgr Gaume, Biographies évangéliques, Paris, 1881, T. I, p. 54, §29 (cf. aussi p. 55, §31). Ce passage démontre également que Mgr Gaume tient le 25 décembre pour la date historique de la Nativité.
[91] Même les gnostiques de Basilide, ce qui montre l’antiquité de cette fête : cf. Clément d’Alexandrie, Stromates, I 21. Les Noces de Cana également sont célébrées en ce jour. C’est pour cette raison qu’on ne disait pas l’Épiphanie mais les Épiphanies (Saint Maxime de Turin, De tribus apparitionibus ; 1e Homélie sur l’Épiphanie) : la première manifestation est celle opérée par la Nature (avec l’étoile qui guide les Mages et par eux tous les gentils au Sauveur) qui confesse que l’enfant est Dieu, la seconde est la manifestation par Dieu le Père et Dieu le Saint-Esprit que Jésus-Christ est le Fils de Dieu et la deuxième personne de la Trinité, et la troisième est opérée par Notre-Seigneur lui-même qui se montre comme Dieu par ses miracles.
[92] Cosmas l’Égyptien ou Indicopleustès, Topographie chrétienne, V (composé entre 547 et 549).
[93] Luc III 23.
[94] Saint Jérôme, cité in Dom Cabrol et Henri Leclercq, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1907-1953, T. XII, 1e partie, col. 919.
Saint Chrysostome témoigne aussi que le 6 janvier est le jour anniversaire du Baptême de Notre-Seigneur : « On appelle Épiphanie, non pas le jour où le Sauveur est né mais celui où il a été baptisé. C’est à pareil jour en effet qu’Il a reçu le baptême et qu’Il a sanctifié la nature de l’eau. » (Homélie XXIV, sur le baptême du Sauveur et sur l’Épiphanie).
Les melchites, dans leur plus ancien calendrier, rédigé par le musulman Abou Rîhân Mohammad al-Bîrouni (973 – 1048), marque à la date du 6 janvier : « Jour du baptême. En ce jour, Jean fils de Zacharie baptisa le Christ. » (Patrologia Orientalis, 1914, T. X, Fascicule 4, n° 49, XVI Les Fêtes des Melchites, p. 300 [14]). Mais on nous objectera que l’auteur musulman a pu falsifier des faits par opposition à la religion chrétienne. Cependant il est bon de remarquer deux choses : 1. N’étant pas chrétien, il n’a pas inventé ses informations : ou il les a puisées dans des livres plus anciens, ou il a été instruit de la tradition chrétienne par un chrétien ; et cela prouve l’antiquité de la tradition au sujet du baptême de Notre-Seigneur le 6 janvier. 2. S’il a falsifié des informations, ce ne peut être qu’en défaveur du christianisme ; or en quoi ce fait lui serait-il en défaveur ? Tout au contraire ce fait prouve que la Tradition a toujours été fidèlement gardée et qu’elle est une source fiable. (cf. aussi Patrologia Orientalis, 1914, T. X, Fascicule 4, n° 49, XVII Les Fêtes des Coptes, p. 323 [37]).
Enfin la liturgie de l’Église romaine, proclame que l’adoration des Mages, le baptême du Sauveur et les Noces de Cana eurent lieu le 6 janvier (Antienne de Magnificat des IIe Vêpres), et la liturgie romaine est infaillible.
[95] Stromates, I 21.
[96] Cf. Docteur Sepp, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1861, T. I, p. 121.
[97] Schuberr, Symbolique des Songes ; cité par Mgr Gaume, Catéchisme de Persévérance, Paris, 1889, T. III, p. 23, note 1.
[98] Bible de Vence, Paris, 1822, T. XIX, Dissertation sur les années de Jésus-Christ, p. 135.
[99] III 1-2.
[100] Velleius Paterculus, Histoire romaine, II 121.
[101] Flavius Josèphe l’entend ainsi : Antiquités Judaïques, XVIII 2 §2. Saint Siméon Métaphraste dit : « Depuis la mort du monarque Auguste, de qui les empereurs romains prirent le nom d’Auguste, Tibère, qui avait succédé à son pouvoir royal, était à la quinzième année de son règne. » (Cité in Saint Thomas, La Chaîne d’or, sur Saint Luc III 1).
[102] Jean, I 7, 8, 15. « On objectera sans doute que tous ne crurent pas par lui. Si donc il est venu “afin que tous crussent par lui”, il est venu en vain. À cela je réponds que, autant qu’il dépend de Dieu qui envoya et de Jean qui vint, tous eurent à leur portée un moyen suffisant pour parvenir à la foi ; mais que, si tous ne crurent pas, ce fut par la faute de ceux qui décidèrent de tenir leurs yeux baissés vers la terre (Psaume, XVI 11), et ne voulurent pas voir la lumière. » Saint Thomas, Commentaire sur Saint Jean (I 7), c. 1, §121.
[103] Saint Thomas, Somme Théologique, IIIa q.38 a.2 ad.2.
[104] Luc, III 3.
[105] Marc, I 5 ; Matthieu, III 5.
[106] Marc, I 5 ; Matthieu, III 5.
[107] Matthieu, III 5.
[108] Acte des Apôtres, XIII 24.
[109] Luc, III 21, VII 29, XX 6. Matthieu, XXI 26. Marc, XI 32.
[110] Matthieu, III 7 ; Jean, I 19.
[111] Matthieu, IX 14, XI 2-7, XIV 12. Marc, II 18, VI 29. Luc, V 33, VII 18-23, XI 1. Jean, I 35, 40 ; III 25. Flavius Josèphe témoigne de la considération dont faisait l’objet Saint Jean-Baptiste : Antiquités judaïques, XVIII 5 §2.
[112] Acte des Apôtres, XIX 1, 3.
[113] Acte des Apôtres, XIII 25 : « Comme Jean arrivait au terme de sa course… »
[114] « Jean baptisait pour remplir en tout son rôle de précurseur : en naissant il avait prévenu la naissance du Seigneur, en baptisant il prévenait son baptême. » Saint Grégoire le Grand, 7e Homélie sur les Évangiles.
[115] « Jean évangélisait (evangelizabat) le peuple. » Luc, III 18.
[116] Matthieu, III 13.
[117] Cependant, Saint Thomas nous apprend que Jésus ne fut pas baptisé aussitôt qu’il fut arrivé auprès de Jean : « avant d’être baptisé et de prêcher, le Christ avait coutume de venir souvent auprès de Jean. » (Commentaire sur Saint Jean (I 15), c. 1, §195).
[118] Jean, III 22-23, 26 ; voir Saint Thomas, Somme Théologique, IIIa q.38 a.5 ; q.39 a.3 ad.4.
[119] Saint Thomas, Commentaire sur Saint Thomas (III 24), c. 3, §504.
[120] Personnellement nous pensons que le ministère de Jean commença lors de la Pâque 782, au mois de mars.
[121] Luc, III 23.
[122] Voyez Saint Thomas nous expliquer admirablement pourquoi Notre-Seigneur voulu être baptisé dans sa trentième année : Somme Théologique, IIIa q.39 a.3.
[123] Saint Irénée, au sujet de l’âge de notre Sauveur à son baptême, dit : « Jésus-Christ vint au baptême de Jean n’ayant pas encore rempli le nombre de trente années, mais commençant d’avoir environ trente ans : c’est ainsi que Saint Luc a marqué son âge. » Contra hæreses, II 22, PGL, T. V, col. 701-702.
[124] Jean, II 13, 23.
[125] Jean, V 1. « Dies festus Judæorum ».
[126] Jean, VI 4. « Pascha, dies festus Judæorum ».
[127] Matthieu, XXVI 2 ; Luc, XXVII 7 ; Jean, XI 55, XIII 1, XVIII 28, 39, XIX 14.
[128] Jean, XI 55-56.
[129] Contra hæreses, II 22 §3, PG, T. VII, col. 782-783. Son témoignage a d’autant plus de poids que Saint Irénée ne compte que trois Pâques. Saint Augustin compte également cette fête des Juifs pour une Pâque : De l’accord des Évangélistes, II 45.
[130] Eusèbe de Césarée, Chronique, II, PG, T. XIX, col. 645-646.
[131] Luc, XXIII 44-46 ; Matthieu, XXVII 45 ; Marc, XV 33. Les ténèbres se firent parce que le Christ était notre Pâque (I Corinthiens, V 7) et que la Pâque ne devait être immolée qu’au soir, le soleil couché (Deutéronome, XVI 6).
[132] Matthieu, XXVII 51, 54 ; Hébreux, XII 26. Au témoignage de Pline l’Ancien, ce fut « le plus grand tremblement de terre dont on se souvienne » (Histoire naturelle, II 86).
[133] Ce païen ne pouvait savoir qu’il ne s’agissait pas d’une simple éclipse mais d’un miracle prodigieux. En effet, la Pâque juive se célèbre que lorsque la lune est pleine, rendant donc impossible une éclipse normale. En outre, d’après le témoignage de Phlégon, les étoiles étaient visibles : donc ce ne sont pas des nuages qui sont à l’origine de l’obscurcissement du Soleil. Ainsi fut réalisée la prophétie d’Amos : « Le Soleil se couchera à midi et je ferai que la terre se couvrira de ténèbres en un jour de lumière. » (Amos, VIII 9). Les ténèbres sur toute la terre est un fait inattaquable : Saint Lucien d’Antioche (cité par Ruffin, Histoire ecclésiastique, IX 6) et Tertullien (Apologie, XXI) atteste qu’il était consigné dans les archives romaines. Faisons donc comme le centurion qui était au pied de la Croix : glorifions Dieu (Luc, XXIII 47) parce que « vraiment il est le Fils de Dieu » (Matthieu, XXVII 54 ; Marc, XV 39). Voyez Saint Thomas, Somme Théologique, IIIa q.42 a.2.
[134] Eusèbe de Césarée, Chronique, II, PG, T. XIX, col. 535-536 ; Voir aussi Origène, Commentaire sur Saint Matthieu (XXVII 45), PGL, T. X, col. 1162 ; Jules Africain cité in Eusèbe, Démonstration Évangélique, VIII 2. Le témoignage de Phlégon est confirmé par ce que dit aussi Thallus, historien grec : cf. Eusèbe de Césarée, Démonstrations évangéliques, VIII 2 et Chronique, II, PG, T. XIX, col. 535-536.
[135] a=4x(n-1)+p-777, où n correspond à l’Olympiade et p au chiffre additionnel. Lorsque a ≥ 0, il faut ajouter 1 : ce qui est notre cas ; et lorsque l’événement est daté après janvier (comme c’est le cas), il faut encore ajouter 1.
[136] Luc, II 1-3. « Factum est autem in diebus illis, exiit edictum a Caesare Augusto ut describeretur universus orbis. Haec descriptio prima facta est a praeside Syriae Cyrino ; et ibant omnes ut profiterentur singuli in suam civitatem. »
[137] Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVII 13 §5 ; XVIII 1 §1, 2 §1.
[138] Acte des Apôtres, V 37 ; comparez avec Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII 1 §1 ; Guerre des Juifs, II 8 §1.
[139] Res Gestæ Divi Augusti, VIII ; texte datant de 14 : cf. Suétone, Auguste, 101 ; Dion Cassius, Histoire romaine, LVI 33.
[140] Suétone, Auguste, 101.
[141] Tacite, Annales, I 11 ; cf. aussi Dion Cassius, Histoire romaine, LVI 33.
[142] Suidas, Lexicon.
[143] CIL III 6687 ; ILS 2683 ; cité par Gérard Gertoux, « Datation des recensements de Quirinus et de sa carrière », in Enquêtes chronologiques, n° 2, novembre 2005.
[144] Idem
[145] CIL XIV 3613 ; ILS 918 ; cité par Gérard Gertoux, « Datation des recensements de Quirinus et de sa carrière », in Enquêtes chronologiques, n° 2, novembre 2005.
[146] Daniel, IX 21.
[147] Daniel, IX 24-27 ; comparez avec Jérémie, XXIX 10-14.
[148] Lévitique, XXV 8, cf. aussi 3-4.
[149] II Paralipomènes, XXXVI 22-23 ; I Esdras, I 1-2, V 17, VI 3.
[150] I Esdras, VI 7, 12.
[151] I Esdras, VII 8, 11-27.
[152] Néhémie, I 1, 3, II 3.
[153] Néhémie, II 1, 5-9.
[154] Voyez les témoignages dans Bible de Vence, Paris, 1822, T. XVI, Dissertation sur les septante semaines de Daniel, pp. 131-188 ; T. XIX, Dissertation sur les années de Jésus-Christ, pp. 123-165 ; Abbé Maistre, La grande Christologie, Paris, 1875, T. IV, pp. 138-139.
[155] Daniel, IX 25.
[156] Une autre interprétation : Il a été oint, « c’est-à-dire il a été glorifié et exalté » (Ménochio, sur le Psaume XLIV 8) car « son abaissement n’a point terni sa gloire ; au contraire, la sujétion, dit le prophète Isaïe (IX 6) « a mis la principauté sur ses épaules » et la mort lui a fait remporter le plus grand de tous les triomphes. » (Saint Thomas, Somme théologique, Ia q.20 a.4 ad.1). Pour plus de précision sur cette onction, voir https://blog.catholicapedia.net/2016/09/18/le-nouveau-rituel-conciliaire-anglais-du-bapteme/
[157] Ce dernier point sera réalisé après la soixante-dixième semaine : d’abord par Vespasien et Titus en 70 (plus de 1 200 000 morts) puis une nouvelle fois par Hadrien en 135 (environ 600 000 morts dans les combats, sans compter les victimes de la famine, de la peste et des incendies). Voyez Flavius Josèphe, Guerre des Juifs ; Abbé Darras, Histoire générale de l’Église, Paris, 1875, T. VI, pp. 260-275, 280-319 ; 1877, T. VII, pp. 86-97 ; Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Paris, 1883, La Pentecôte, T. II, pp. 218-226, 245-254, 261-281. Prions pour leur conversion car « les fils d’Israël et de Juda reviendront ; marchant et pleurant, ils chercheront le Seigneur leur Dieu ; ils s’informeront du chemin de Sion et tourneront leurs faces vers elle ; et ils viendront et s’uniront au Seigneur. » (Jérémie, L 4-5).
[158] Sur les Acta Pilatii, voyez l’abbé Maistre, Les Monuments authentiques du premier siècle, Paris, 1878, pp. 141, 276, 339-350.
[159] Talmud, traité Berakoth, folio 28 ; traité Méghilla, folio 28 ; cité par l’abbé Maistre, La Grande Christologie, Paris, 1875, T. IV, p. 195.
[160] Cité par l’abbé Maistre, La Grande Christologie, Paris, 1875, T. IV, p. 195.
[161] Rappelons que c’est un moine scythe, Denys le Petit, qui est à l’origine (vers 525) de cette manière de compter les années.
[162] P. Théotime de Saint Just, o.m.c., La Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ d’après le Cardinal Pie, Paris, 1931, p. 23.
[163] La France catholique, l’unique vraie France, est née et a reçu sa mission à Noël 496 avec le baptême et le sacre de Clovis qui devient le Lieutenant du Christ : ce jour-là un Pacte est établi entre Dieu et la France. Le but de cette mission, défendre les intérêts du Siège Romain et de toute la catholicité, fut explicité plus tard avec le couronnement de Charlemagne Empereur d’Occident par le Pape Léon III à la Noël 800. C’est donc en la fête de Noël que se fit « l’avènement du Règne du CHRIST-ROI, sur la France, et, par elle, sur les autres nations » (Claire Martigues, Le Pacte de Reims et la Vocation de la France, Éditions Téqui, 1962, p. 39). Crions donc notre foi et notre amour pour notre Sauveur à la manière de nos pères : Noël ! Noël !
[164] Dom Botte, Les Origines de la Noël et de l’Épiphanie, Louvain, Abbaye du Mont-César, 1932.
[165] Romains, XIII 12-13.
[166] Jean, I 14.
[167] Saint Augustin, Sermon CXC, pour le jour de Noël (7e), PL, T. XXXVIII, col. 1007.
[168] Saint Augustin, Sermon CXCIV, pour le jour de Noël (11e), PL, T. XXXVIII, col. 1015.
[169] Saint Augustin, Sermon CXCV, pour le jour de Noël (12e), PL, T. XXXVIII, col. 1017.
[170] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIIa q.35 a.8 corp.
[171] q.53 ; attribué à Saint Augustin.
[172] Luc, I 79.
[173] Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIIa q.35 a.8 ad.3.
[174] Hérodien, Histoire romaine, V 5.
[175] Sur la question des bétyles ou pierre-dieu, premières et infâmes manifestations du paganisme, voir le savant livre du chevalier Gougenot des Mousseaux : Dieu et les dieux, Paris, 1854.
[176] Émèse (l’actuelle Homs) était « le centre cultuel de la religion solaire. » David Romagnan, Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat, T. I, p. 233 (thèse de doctorat soutenue en 2014 consultable sur theses.fr).
[177] C’est le même Baal dont il est si souvent question dans l’Ancien Testament. Gougenot des Mousseaux proposent d’autres étymologies pour le nom grec dérivé Héliogabalos : celui que le soleil envoie à la terre et pour le nom latin dérivé Hélagabale : le Dieu créateur (Dieu et les dieux, Paris, 1854, pp. 115-116). Le même auteur établit plus loin (pp. 116-123) le lien entre le dieu Héliogabale et Mithra.
[178] Non seulement circoncis mais qui s’abstenait également de viande de porcs… ! (Dion Cassius, Histoire romaine, LXXIX 11 ; voir aussi le curieux détail rapporté par Lampridius : Vie d’Héliogabale, XXVIII).
[179] Lampridius, Vie d’Alexandre Sévère, XVIII.
[180] Lampridius, Vie d’Héliogabale, III (cf. aussi VII). Il est intéressant de remarquer que sur la fin de l’empire romain, plusieurs empereurs (Héliogabale, Alexandre Sévère) essayèrent, dans une dernière tentative démoniaque pour détruire l’unique vraie religion, d’associer le christianisme (tout en lui laissant son autonomie) au paganisme dans une religion universelle. Ce qui ne fut qu’un échec à l’époque, semble être en voie d’accomplissement de nos jours.
[181] Lampridius, Vie d’Héliogabale, VIII ; Dion Cassius, Histoire romaine, LXXIX 11 ; Comte de Mirville, Des esprits, de l’Esprit-Saint et du Miracle, T. VI, 3e mémoire, manifestations thaumaturgiques I, Paris, 1868, pp. 152-153.
[182] Hérodien, Histoire romaine, V 23 ; Lampridius, Vie d’Héliogabale, XXXIII. Toujours les peuples ont le gouvernement qu’ils méritent, et c’est là leur plus grand châtiment ou leur plus grande récompense. On peut citer à ce propos ce fait qui s’applique aussi bien à l’époque romaine qu’à notre temps : « Une bête cruelle, appelée Phocas, était assise sur le trône impérial de Rome. Par ses ordres le sang coulait à flots : et la bête le buvait avec délices. Révolté autant qu’affligé de ce spectacle, un solitaire de la Thébaïde s’adresse à Dieu et lui dit : « Pourquoi, mon Dieu, l’avez-vous fait empereur ? » Et Dieu lui répond : « Parce que je n’en ai pas trouvé un plus mauvais« . » (Anastase le Sinaïte, Questions sur les Saintes Écritures, q.15 ; cité par Mgr Gaume, Traité sur le Saint Esprit, Paris, 1865, T. I, p. 283 ; cf. Mgr Guérin, Les petits Bollandistes, Paris, 1876, T. IV, p. 566).
[183] David Romagnan, Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat, T. I, p. 233.
[184] Vopiscus, Vie d’Aurélien, IV.
[185] David Romagnan, Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat, T. I, p. 248.
[186] Lampridius, Vie d’Héliogabale, III. On peut en effet établir une certaine filiation entre le culte solaire d’Aurélien et celui d’Héliogabale, ce dernier en étant une des sources d’inspiration. En réalité, l’entreprise d’Aurélien apparaît surtout comme l’achèvement d’un siècle solaire dont le culte n’avait été qu’ébauché par Héliogabale. « La réforme religieuse d’Aurélien se traduisit par l’adaptation, le perfectionnement, le pétrissage et la refonte des éléments qu’il trouva dans le culte solaire existant. Il rejeta tout ce qui était inutilisable pour ne garder que ce qui pouvait servir, de telle sorte que le culte put survivre tout en étant une synthèse nouvelle. » David Romagnan, Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat, T. I, p. 253.
[187] David Romagnan, Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat, T. I, p. 250.
[188] Vopiscus, Vie d’Aurélien, XXV. Nouvelle trace de la filiation entre les deux empereurs.
[189] Julien l’Apostat, Sur le Roi Soleil, 19.
[190] Eusèbe de Césarée, Chronique, II, PG, T. XIX, col. 577-578 ; Julien l’Apostat, Sur le Roi Soleil, 19, 20. Cf. Léon Pol Homo, Essai sur le règne de l’empereur Aurélien (270-275), Paris, 1904, p. 186.
[191] PL, T. XIII col. 685, 687.
[192] Joseph Kelly, Les origines de Noël, Éditions de Solesmes, 2007, p. 78.
[193] David Romagnan, Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat, T. I, p. 256.
[194] Calendrier philocalien : PL, T. XIII col. 685, 687.
[195] Halsberghe, « Le culte de Deus Sol Invictus » in Aufstieg und Niedergang der romischen Welt, Berlin-New-York, 1984, vol. II, T. XVII-4, p. 2198 ; Cizek, L’empereur Aurélien et son temps, Paris, 1994, p. 271.
[196] Comte Franz de Champagny, Les Antonins, Paris, 1863, T. III, p. 352.
[197] Comme si elle sentait que ce jour avait une importance particulière, comme si elle pressentait la merveille qui s’accomplirait en ce jour, merveille qu’aucune langue ne peut décrire.
[198] Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VII 30 §19. L’empereur Alexandre Sévère (prédécesseur d’Aurélien), de son côté, savait que l’ordination des prêtres était précédée d’un appel au peuple leur demandant s’il connaissait de possibles empêchements obscurs concernant les candidats au sacerdoce (exhortation au peuple Quoniam fratres au début de l’ordination des prêtres) : cf. Lampridius, Vie d’Alexandre Sévère, XLV.
[199] Cependant, certains auteurs affirment qu’il eut le temps d’être à l’origine d’une 9e persécution (Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII 52 ; Orose, Histoire contre les païens, VII 27). Voir aussi Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VII 30 §20-21 ; Chronique, II, PG, T. XIX, col. 577-578 ; Lactance, De la mort des persécuteurs, VI ; Labbe, Sacrosancta Concilia, Paris, 1671, T. I, col. 903. Le Vénérable Holzhauser met cet empereur au rang de ceux qui « persécutèrent plus spécialement l’Église. » (Interprétation de l’Apocalypse (VI 11), III 1 §2). Il ne faut pas oublier qu’outre ces grandes persécutions générales, il y eût toujours ici ou là, au gré des passions et des circonstances, des persécutions localisées et intermittentes faisant que continuellement le nom de chrétien était persécuté sur la terre.
[200] Vopiscus, Vie d’Aurélien, VI.
[201] Vopiscus, Vie d’Aurélien, VII.
[202] Mgr Guérin, Les petits Bollandistes, Paris, 1876, T. VI, p. 283. Voici quelques noms de cette sainte phalange de martyrs immolés par Aurélien : Patrocle ou Parre en 273 (21 janvier), Irénée et Mustiole la même année (3 juillet), le pape Félix Ier en 274 (30 mai), 50 soldats en Italie la même année (8 juillet), Saint Savinien et 51 autres en 275 (29 janvier), sainte Marine ou Marguerite et une « multitude » d’autres en 275 (20 juillet), à Rome, toujours la même année, 165 soldats (10 août), …
[203] Gesta pontificum Autissiodorensium, I 1, PL, T. CXXXVIII, col. 219 ; cité par Mgr Guérin, Les petits Bollandistes, Paris, 1876, T. VI, p. 183.
[204] Joseph Kelly, Les origines de Noël, Éditions de Solesmes, 2007, p. 78.
[205] Jean, I 4-5, 9 ; VIII 12 ; XIV 6.
[206] III 20.
[207] Et il était d’autant plus facile d’être abusé puisque les chrétiens célébraient à l’office de Laudes le lever du Soleil, non dans le but d’honorer en quoi que ce soit cet astre créé, pâle reflet de la splendeur du Créateur, mais pour louer Dieu dès les premières heures du jour et le remercier de ce que, dans sa miséricorde infinie, il leur accordait un nouveau jour pour le servir. C’est ce que nous dit Dom Guéranger, parlant des premiers chrétiens : « Ils veillaient dans la psalmodie, et, tournés vers l’Orient, ils se tenaient prêts à saluer de leurs chants le divin Soleil de justice, dont le soleil visible a toujours été l’image dans les monuments de la Liturgie universelle. » (Institutions Liturgiques, Paris, 1878, T. I, p. 47).
[208] Saint Augustin, Sermon CLXXXVI, pour le jour de Noël (3e).
[209] Saint Léon le Grand, Sermon XXII, pour le jour de Noël (2e) ; cité par Joseph Kelly, Les origines de Noël, Éditions de Solesmes, 2007, p. 79. Voir aussi le Sermon XXVII, pour le jour de Noël (7e). Sur le 27e sermon, voir Mgr Gerbet, Esquisse de Rome chrétienne, Paris, 1866, T. I, pp. 383-385.
[210] Cf. Dom Guéranger, L’année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1859, T. II, pp. 581-582.
[211] Saint Augustin reproche aux manichéens de « célébrez les même fêtes que les Gentils, comme les Calendes et les Solstices par exemple » (Contre Fauste, XX 4).
[212] Dom Botte utilise un procédé similaire pour expliquer l’établissement de la fête du baptême de Notre-Seigneur et des Noces de Cana au 6 janvier : la croyance païenne fêtait la naissance de Dionysos à cette date et lui attribuait la transformation de certaines sources d’eau en vin. Pourquoi ne pas retourner au paganisme alors ? On reconnait bien ici, sous le masque du religieux savant, le moderniste qui « consacre comme vraie toute religion, sans en excepter la religion païenne », et pour qui le culte évolue en raison de « la nécessité d’adaptation aux coutumes et traditions populaires. » (Pie X, Encyclique Pascendi Dominici Gregis, 8 septembre 1907).
[213] Voici quelques-unes de ces idées (qui bien sûr ne resteront pas à l’état vague d’hypothèse mais seront très rapidement mises en application dès les années 1930) : œcuménisme (Dom Beauduin), archéologisme (courant de Maria-Laach et de Dom Casel), biblisme judaïsant (Dom Parsch), primat de la pastorale sur le culte. Sur toute cette subversion de la Liturgie au XXe siècle, étudiez Le Mouvement Liturgique de l’Abbé Bonneterre.
[214] Dom Lambert Beauduin, Normes pratiques pour les réformes liturgiques, article publié dans la revue La Maison-Dieu, n° 1, janvier 1945, pp. 20, 21.
[215] Abbé Bonneterre, Le Mouvement Liturgique, chapitre 5.
[216] Léon XIII, bref Saepenumero considerantes, 18 août 1883.
[217] Psaume, CIX 3.
[218] Hébreux, I.
[219] Contra Luciferianos.
[220] Hébreux, I 5.
[221] Contre Marcion, V 8.
[222] Dialogue avec Tryphon, 63.
[223] Abbé Maistre, La Grande Christologie, Paris, 1875, T. III, p. 10.
[224] Sagesse, XVIII 14-15. Introït du dimanche dans l’Octave de Noël.
[225] Abbé Maistre, La Grande Christologie, Paris, 1875, T. III, p. 16.
[226] Luc, II 8.
[227] Abbé Maistre, La Grande Christologie, Paris, 1875, T. III, p. 19.
[228] Cf. Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Le Temps de Noël, Paris, 1845, T. I, pp. 147-148, 387-389.
Saint Thomas nous dit : « Le jour de Noël, par une exception particulière, on célèbre la messe à minuit parce que le Christ est né dans ce temps-là, comme le dit le Droit Canon (De la consécration, dist. I, cap. Nuits saintes) » (Somme Théologique, IIIa q. 83 a.2 ad.4). Voici le texte indiqué par Saint Thomas : « Excepté le jour de Noël, on ne doit pas célébrer la messe avant tierce parce que le Seigneur fût crucifié et que le Saint-Esprit descendit sur les apôtres à cette heure-là. »
[229] En effet, il utilise le pluriel missas dans sa lettre. Innocent III, repris dans le Droit Canon, avait statué que « excepté le jour de Noël, à moins de nécessité, le prêtre doit se contenter de dire une seule messe par jour. » (Extra, de celebr. missæ, cap. Consuluisti ; cité par Saint Thomas, Somme Théologique, IIIa q.83 a.2 ad.5). Cette disposition se retrouve dans le canon 806, §1 du Code de droit canonique de 1917. Cf. Labbe, Sacrosancta Concilia, Paris, 1671, T. I, col. 563.
[230] II Pierre I 19.
[231] Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIIa q.83 a.2 ad.2.
[232] « Jésus a fait à la vue de ses disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. » (Jean XX 30) « Jésus a fait tant d’autres choses que si on les rapportait chacune en détail, je ne crois pas que le monde entier pût contenir les livres qu’on en écrirait. » (Jean XXI 25).
« Quant aux choses non écrites, que nous conservons par tradition, et qui sont pratiquées par toute la terre, on doit comprendre qu’elles nous ont été recommandées et prescrites soit par les apôtres eux-mêmes [« Nous avons été instruits par la langue des Apôtres. » (Saint Augustin, Sermon CC, pour l’Épiphanie (2e)], soit par les conciles généraux dont l’autorité est si profitable à l’Église. » (Saint Augustin, Lettre LIV à Januarius, PL, T. XXXIII, col. 200 ; Du Baptême, IV 24). Quant aux Apôtres, ils furent instruits des choses concernant la naissance de Jésus par Marie, sa mère et par les autre témoins des événements (Luc I 1-4, 66, II 19, 51 ; Jean XIX 27 ; Acte des Apôtres I 14) : « Si l’Esprit instruisait les Apôtres, on ne doit pas en conclure qu’ils n’eussent pas à recourir au très suave magistère de Marie. Bien plutôt, sa parole était pour eux la parole de l’Esprit lui-même ; elle complétait et confirmait les inspirations reçues par chacun de Celui qui divise ses dons comme il veut (I Corinthiens XII 11). » (Abbé Rupert de Deutz, Commentaire sur le Cantique des cantiques, I).
Beaucoup de nos modernes critiques, pseudo-scientifiques, s’acharnent à détruire nos Évangiles divinement inspirés. Cependant, dès qu’il s’agit d’un fait véritable qui ne s’y trouve pas consigné, aussitôt les voilà qui invoquent pour le repousser l’autorité des Écritures, séparant la Tradition de la Bible alors que la « Vérité, c’est-à-dire la doctrine du Fils de Dieu, nous est transmise par l’Église à qui le Seigneur a donné la puissance d’interprétation de l’Évangile. » (Saint Irénée, Contra hæreses, III proœmium, PGL, T. V, col. 759). Ainsi l’Évangile nous est transmis et interprété par l’autorité infaillible de « l’Église qui conserve sur tous les points de l’univers la Tradition apostolique » (Saint Irénée, Contra hæreses, III 3, PGL, T. V, col. 763-764). Il y aurait beaucoup à dire sur les rapports entre les Saintes Écritures, la Tradition et le Magistère de l’Église, mais ce serait nous éloigner de notre sujet (Voyez plutôt Abbé Augustin Aubry, Contre le Modernisme, Étude de la Tradition, le sens catholique et l’esprit des Pères, Éditions Téqui, 1927). Faisons remarquer encore que les Apôtres commencèrent d’abord par évangéliser avant d’écrire et que d’ailleurs la plupart n’écrivirent pas puisque Notre-Seigneur leur avait commandé de prêcher par toute la terre et non d’écrire (Marc, XVI 15, 20).
[233] Traité sur l’Évangile de Saint Luc, II.
[234] Sermon CXC, pour le jour de Noël (7e).
[235] Lettre LXXXVI à Eustochium.
[236] Voir par exemple le poème De Passione Domini (PL, T. VII, col. 284) qui suppose le fait.
[237] Annales ecclésiastiques, année 1, n. 3.
[238] « Pia et constans traditio est, bovem et asinum in stabulo fuisse. » (de Festis, XVII, n. 35 et suivants).
[239] Chevalier de Rossi, Inscriptiones christianæ urbis Romæ septimo sæculo antiquiores, 1857-1861, T. I, p. 51 ; cité par l’Abbé Martigny, Dictionnaire des Antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 104 : article le bœuf et l’âne, p. 495 : article Nativité de Notre-Seigneur.
[240] Mgr Gaume, Les Trois Rome, Paris, 1857, T. III, pp. 335-336.
[241] Isaïe, I 3.
[242] Isaïe, XXXII 20.
[243] Habacuc, III 2 : « In medio duorum animalium cognosceri. » (Septante).
[244] In veteri Nizzachon, p. 142.
[245] Abbé Maistre, La Grande Christologie, Paris, 1875, T. III, p. 32.
[246] Saint Célestin, Lettre Apostolici verba aux évêques de Gaule, mai 431, chapitre 8 (Denz. 246). Voici comment se doit entendre cet axiome : « La sainte Liturgie ne désigne et n’établit point la foi catholique absolument et par sa propre autorité, mais plutôt, étant une profession des vérités célestes soumises au suprême magistère de l’Église, elle peut fournir des arguments et des témoignages de grande valeur pour décider d’un point particulier de la doctrine chrétienne. Que si l’on veut discerner et déterminer d’une façon absolue et générale les rapports entre la foi et la liturgie, on peut appliquer à juste titre : Lex credendi legem statuat supplicandi ; la règle de la croyance fixe la règle de la prière. » Pie XII, Encyclique Mediator Dei.
[247] Dom Guéranger, Mémoire sur la question de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge, Paris, 1850, p. 41.
[248] 1e Répons du IIe nocturne.
[249] 3e Répons du IIe nocturne.
[250] Par exemple dans l’Évangile du Pseudo-Matthieu ou Évangile de la Nativité de Marie et de l’Enfance du Sauveur.
[251] Denz. 353-354.
[252] Il fut prieur de la Chartreuse de Strasbourg pendant la première moitié du XIVe siècle.
[253] Ludolphe le Chartreux, Vie de Jésus-Christ, Paris, 1883, T. I, p. 145. Voyez aussi Mgr Gaume, Biographies évangéliques, Paris, 1881, T. I, p. 24, §31.
[254] 2e Antienne des 1er Vêpres de Noël.
[255] Verset de Magnificat des 1er Vêpres de Noël.
[256] 1er répons du Ier Nocturne des Matines de Noël.
[257] Isaïe LX 1 ; 2e Antienne des Laudes de l’Épiphanie.
[258] Saint Augustin, Sermon CLXXXIX, pour le jour de Noël (6e), PL, T. XXXVIII, col. 1006.
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