L’ARCHEVÊQUE NGO-DINH-THUC,

MARTYR DE LA FOI

par

L’ Évêque Louis Vezelis O.F.M. † (1)

Le 25 février 1982, l’Archevêque Nog-Dinh-Thuc (frère aîné de Ngo-Dinh-Diem, le Président assassiné du Vietnam du Sud) a fait une déclaration publique retentissante. Il parlait en tant qu’évêque de l’Église catholique romaine, successeur des Apôtres, et en pleine conscience de son autorité épiscopale.

Mgr Ngo était haï de beaucoup de gens, y compris de ses propres compatriotes, parmi lesquels ceux qu’il avait vu officier comme prêtres à l’autel de Dieu. Il posait un vrai problème aux modernistes conciliaires, parce qu’il était bien plus qu’un archevêque ordinaire : c’était le frère aîné du Président du Vietnam. Son importance a été minimisée par des clercs aussi ambitieux que mesquins et insignifiants, qui avaient été frustrés de leurs aspirations secrètes à l’épiscopat. Elle l’a été aussi par beaucoup de laïcs craignant de voir d’authentiques évêques les remettre à leur place, pour dire les choses franchement. Jusqu’à l’Archevêque Ngo, c’était l’anarchie. Et si l’anarchie règne toujours, c’est seulement parce que les anarchistes profitent de la confusion qu’ils ont créée. L’ordre établi par Dieu n’en continue pas moins, de même que la crucifixion n’a nullement mis fin à l’Église.

Pour comprendre la haine que le Vatican et tout ce qui lui est associé vouent à l’Archevêque, il suffit de lire attentivement le passage des Actes des Apôtres dans lequel saint Étienne, le proto-martyr, reproche aux usurpateurs du Temple leurs erreurs religieuses et leur immoralité (Actes, 7, 1-59).

L’Archevêque a condamné l’invalidité de la nouvelle “messe” et des nouveaux “sacrements”. Il a condamné le modernisme qui règne sans partage au Vatican. Il a condamné l’adoration de l’homme (le culte de l’homme), la liberté religieuse étendue à toutes les religions sans exception, ainsi que le refus des autorités de l’Église de condamner les hérésies et d’exclure les hérétiques.

En guise de conclusion logique et nécessaire de toutes les accusations qu’il formulait — et qui n’avaient pas vraiment besoin de preuves dans la mesure où leurs objets étaient connus de tous —, l’Archevêque a déclaré :

« Ideo, quatenus episcopus Ecclesiae Catholicae Romanae, judico sedem Ecclesiae Catholicae Romanae vacantem esse, et opportet me, uti episcopus, omnia facere ut Ecclesia Catholica Romae perduret ad salutem aeternam animarum. » (2)

Ce que signifie cette déclaration, c’est que Mgr Ngo, ayant soupesé tout ce qui transpirait à Rome et ailleurs, fut contraint d’émettre la conclusion suivante : Tous les maux qui empoisonnent le Corps Mystique de Jésus-Christ ne peuvent avoir qu’une seule source : le Vatican ! Le sang du Corps Mystique est empoisonné par le modernisme, comme le Pape saint Pie X l’a écrit dans son encyclique Pascendi contre le Modernisme. Mgr Ngo avait la même perception des choses et, en tant que fidèle et courageux évêque de l’Église catholique, savait qu’il lui fallait agir.

Beaucoup d’autres ont vu ce qu’il voyait, mais tous, sans exception, ont été des lâches ! L’Archevêque Ngo est allé au cœur et à l’essence mêmes de la question : il percevait la mutilation des rites sacramentels comme une perversion délibérément conçue pour éliminer la saint Sacerdoce et l’épiscopat. C’est pourquoi il s’en est pris aux sacrements invalides, cette bête démoniaque qui allait séparer les gens de la source de la grâce !

Lorsque Mgr Ngo a voulu retourner auprès des siens, Paul VI l’en a empêché (3). Il a même tenté de le soudoyer pour l’amener à se retirer de son siège épiscopal de Hué. Il lui a offert pour cela une grosse somme d’argent. Il fallait absolument que l’Archevêque ne retournât pas au Vietnam à cause de l’accord entre le Vatican et Moscou.

Je ne sais quelle logique peuvent bien suivre ceux qui ignorent complètement l’importance de sacrements valides et fructueux. Il semble que pour la plupart d’entre eux, la seule question qui compte est celle de la messe. Quelque recommandable que ce souci puisse paraître à première vue, quiconque possède une connaissance élémentaire de l’Église catholique sait que même valide, la Messe est stérile quand elle est célébrée par des hérétiques. Et puis, il y a un autre problème : quel est l’intérêt d’avoir la « Messe tridentine en latin » si elle ne peut être célébrée que par des prêtres invalides ? Il va de soi que de tels prêtres ne sont pas prêtres du tout. La tragédie créée par Marcel Lefebvre doit être rappelée à l’attention des milliers de fidèles que l’on désinforme au péril de leur âme immortelle. Les « prêtres et évêques » lefebvristes n’en sont tout simplement pas (4). Cela ne change rien à la vérité, disons-le, que l’on ne croie pas à elle. Et ce ne sera pas la première fois que des aveugles sont menés par des aveugles.

Il y a là quelque chose que les « dirigeants catholiques » réputés conservateurs ne sont pas prêts à envisager, de sorte qu’ils se bornent à ignorer le problème. On a l’impression de voir des paons se transformer en autruches, à supposer que les autruches enfouissent vraiment leur tête dans le sable en présence d’un danger. Il y a peu d’espoir que ces « dirigeants catholiques », qui se sont arrogé une autorité que seul l’argent peut acheter, se rendent compte de la folie de leurs agissements.

Une fois encore, il faut rappeler les paroles par lesquelles le Pape Pie XII a dénoncé et fustigé les clercs scandaleux s’engraissant de la chair de ceux qui les suivent :

« Et de fait, les vérités qui concernent Dieu et qui ont rapport aux relations qui existent entre Dieu et les hommes ne transcendent-elles pas absolument l’ordre du sensible ? Et, passées dans le domaine de la vie pratique qu’elles doivent informer, ne commandent-elles pas le don de soi et l’abnégation ? Or, l’intelligence humaine, dans la recherche de si hautes vérités, souffre d’une grave difficulté en raison d’abord de l’impulsion des sens et de l’imagination et en raison aussi des passions vicieuses nées du péché originel. Voilà comment les hommes en sont venus à se pénétrer si facilement eux-mêmes de ce principe que, dans ce domaine, est faux ou pour le moins douteux tout ce qu’ils ne veulent pas être vrai. » (Humani Generis, 12 août 1950).

Néanmoins, il est gravement et fondamentalement nécessaire de déterminer au-delà du moindre doute possible si quelqu’un est validement ordonné ou consacré ; or, c’est là une chose que les continuateurs de feu Marcel Lefebvre s’abstiennent soigneusement de faire vis-à-vis d’eux-mêmes. Seuls quelques-uns ont cherché à se faire ordonner par des évêques valides.

C’est justement pour cette raison que l’Archevêque Ngo a pris sur lui le grand risque et la lourde charge de consacrer des évêques. Là encore, il faut dire ceci : ses efforts ont été contrecarrés pour l’essentiel. Mais si l’on place la situation de Mgr Ngo dans la perspective de l’éternité, il devient aussitôt évident qu’un seul évêque valide et orthodoxe vaudra toujours mieux qu’une demi-douzaine d’évêques invalides et non orthodoxes comme ceux que Marcel Lefebvre a essayé de créer. […] Or, pour autant que je puisse le déterminer en tant que prêtre catholique romain connaissant parfaitement les enseignements de l’Église en matière de théologie sacramentelle, il est de l’essence même de l’Église d’avoir des sacrements valides. Et il est carrément insensé de croire que seul reste le rosaire, comme certains voudraient le faire croire en s’appuyant sur des rêves de visionnaires. […]

De tous les évêques de l’Église catholique romaine, UN SEUL a trouvé en lui le courage de se lever et de faire pour l’Église ce que tout catholique vraiment intelligent sait d’instinct devoir être fait : consacrer des évêques valides ! […]

L’Archevêque Ngo n’était pas un fanatique. Il défendait l’Église dans la sainte tradition de saint Pie X. […]

Il nous faut remercier Mgr Ngo d’avoir accompli l’effort héroïque de donner à l’Église des évêques authentiques, valides et orthodoxes. Il n’avait nulle intention de lancer le moindre schisme ou de propager la moindre hérésie. Ses efforts tendaient à sauvegarder l’Église catholique romaine, comme il l’a dit lui-même à Munich le 25 février 1982.

Pierre Martin Ngo-Dinh Thuc célébrant la Messe Pontificale en 1982

Sept ans ont passé depuis sa mort en tant que prisonnier parmi des hérétiques. On ne peut qu’imaginer les sentiments qui furent les siens parmi les apostats vietnamiens de Carthage, dans le Missouri. Je fêterai cette année les dix ans de ma propre consécration épiscopale : c’était le 24 août 1982. Nous avons reçu du Christ la promesse que les portes de l’enfer ne prévaudraient pas contre Son Église. Et il en sera ainsi.

* * *

L’annonce publique de la Déclaration par Mgr. Ngô-dinh-Thuc
le dimanche « Laetare », le 21 Mars 1982, à St. Michael, Munich Baaderstraße, au cours de la Messe Pontificale solennelles, avec les Diacres & Sous-Diacres les Abbés Michael Pniok et Joseph Leutenegger

DECLARATIO

Petri Martini Ngo-dinh-Thuc
quondam Archiepiscopì Huensis in Vietnam,
nunc Archiepiscopi titularis Buliae Regiae

À quoi l’Église catholique ressemble-t-elle aujourd’hui à nos yeux ? À Rome règne le « Pape » Jean-Paul II, entouré de cardinaux et de nombreux évêques et prélats. Hors de Rome, l’Église semble florissante avec ses évêques et ses prêtres. La multitude des catholiques est immense. Chaque jour la messe est célébrée dans d’innombrables églises. Le dimanche, les églises reçoivent de nombreux fidèles venus entendre la messe et recevoir la sainte Communion.

Mais aux yeux de Notre Seigneur, à quoi ressemble l’Église d’aujourd’hui ? Ces messes — celle des dimanches et de la férie — Lui plaisent-elles ? Pas du tout : parce que cette messe-là est la même pour les catholiques et les protestants ; c’est pourquoi elle est invalide et ne plaît pas à Notre Seigneur. La seule Messe qui plaise à Notre Seigneur est celle de saint Pie V, qui n’est célébrée que par quelques prêtres et évêques, dont je fais moi-même partie.

C’est pourquoi je désire — si possible — ouvrir pour les candidats au sacerdoce un séminaire qui soit agréable à Notre Seigneur.

Outre cette « messe » qui ne plaît pas à Notre Seigneur, il y a beaucoup d’autres choses rejetées de Dieu, par exemple dans les nouveaux rites d’ordination des prêtres, de consécration des évêques, de confirmation et d’extrême onction.

De plus, ces « prêtres » s’adonnent :

au modernisme ;
au faux œcuménisme ;
à l’adoration de l’homme ;
à la liberté de religion ;
au refus de condamner les auteurs d’hérésies et de les exclure.

En tant qu’évêque de l’Église catholique romaine, je déclare que le Siège de Rome est vacant, et il est de mon devoir de tout faire en vue d’assurer la sauvegarde de l’Église catholique romaine pour le salut éternel des âmes.

Munich, le 25 février 1982

( signé : ) Petrus Martinus Ngo-Dinh-Thuc

Archiepiscopus

DÉCLARATION AU SUJET DE PALMAR

Je certifie avoir procédé aux ordinations de Palmar en complète lucidité.

Je n’ai plus aucune relation avec Palmar depuis que son chef s’est nommé Pape.

Je désapprouve tout ce qui se fait à Palmar.

La déclaration de Paul VI a été faite sans moi ; je n’en ai entendu parler qu’après coup.

Donné le 19 décembre 1981 à Toulon en complète possession de toutes mes facultés.

( signé : ) Pierre Martin Ngo-Dinh-Thuc

Archevêque titulaire de Bulla Regia

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Source : EINSICHT : http://www.einsicht-aktuell.de

Traduction : le CatholicaPedia.net

(Que notre traducteur soit encore une fois et toujours remercié pour son travail professionnel)

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Documents manuscrits de Mgr Pierre Martin Ngo-Dinh-Thuc :

Sa lettre à Mgr Marcel Lefebvre :

[1] Mgr Vezelis est décédé le 1er janvier 2013 : http://wordpress.catholicapedia.net/un-eveque-catholique-vient-de-nous-quitter-rip/

[2] Remarque de l’éditeur de la revue EINSICHT :

On trouvera ci après le texte intégral de la DÉCLARATION de S.E. Mgr Dinh-Thuc du 25 février 1982, ainsi que sa déclaration au sujet de Palmar.

[3] Paul VI avait une haine contre lui et contre sa famille (les Ngô), lire ce que Mgr Thuc a écrit sur PAUL VI pendant le conciliabule Vatican d’Eux : http://blog.catholicapedia.net/…Mgr-Thuc_QUELQUES-OBSERVATIONS-SUR-PAUL-VI-PENDANT-LE-CONCILE-VATICAN-II.pdf

[4] En ce qui concerne les « prêtres ordonnés et les évêques consacrés par Mgr Lefebvre »… une polémique était né en 1976~80 sur la validité de l’ordination et du sacre de Marcel Lefebvre par le Franc-Maçon Achile Liénart… Mgr Thuc a même proposer à M.L. de le réordonner et re-sacrer « sous condition »… ce que Lefebvre a refusé !!! Mgr Louis Vezelis était apparemment convaincu de l’invalidité de l’ordination et du sacre de Marcel Lefebvre.

Voir les documents de la revue EINSICHT de l’époque :