AVANT-PROPOS
L’AVREF avait été mise au courant par divers organismes de faits problématiques liés à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (faits de pédophilie dans des écoles de la Fraternité, avec jugements en cours, prescription dans certains cas). Puis des victimes se sont directement adressées à nous. D’abord des victimes d’actes présumés de pédophilie, puis d’autres sortes de témoignages décrivant les pratiques coercitives d’un milieu très fermé sur lui-même, où les familles en viennent quelquefois à préférer la position de la communauté à l’écoute des leurs (puisque autour de la Fraternité, ce sont des familles et une petite société qui s’identifie sous le nom qu’on leur donne de traditionalistes, voire d’intégristes).
Pour nous, il ne s’agit pas de parler d’un épiphénomène ni de discuter d’un credo, il s’agit de dénoncer des pratiques que l’on peut qualifier de déviantes.
Dans nos précédents Livres Noirs, nous pouvions qualifier ces déviances en rapport à des normes : celles du droit civil et celles données par le droit ecclésiastique. Ici, on pourrait dire que les normes ne changent pas, puisque, comme l’historique que nous faisons le trace, la Fraternité, en tant qu’institution de l’Église, même si elle s’en est fortement dissociée, n’a jamais en pratique perdu un lien juridictionnel, et que tout porte à croire (les annonces sont maintenant officielles) qu’une prochaine reconnaissance canonique sera donnée par le pape François, sous un habit que beaucoup convoitent pour l’autonomie qu’il offre et l’a-territorialité (possibilité d’extension et donc de présence dans le monde) : une prélature personnelle. Le seul exemple connu est celui de l’Opus Dei. Forme qui serait d’ailleurs adaptée en plus avantageux encore pour la FSSPX.
Il est donc urgent de faire savoir les pratiques financières, d’emprise sur les personnes et la gestion des crimes personnels à l’intérieur de cette fraternité sacerdotale avant qu’elle n’obtienne, gardant son autonomie la plus souveraine, la protection et bénédiction officielle de l’Église. Il ne faudrait pas se presser à abriter sans révision profonde préalable un cheval de Troie annoncé. Des cas internes à l’Église comme Saint-Jean, les Légionnaires et d’autres dont nous faisons état ne suffisent-ils pas ?
Le présent Livre Noir ne s’est pas suffi des témoignages directs, mais profite aussi de documents et témoignages transmis par d’autres sites, après vérification, afin de donner un tableau plus complet des situations. Nous citons nos sources, comme de droit.
Il est fait état d’un cas touchant une personne fort médiatisée pour d’autres raisons. Dans la mesure où ce cas nous est confié et que la personne auteur nous donne son aval, dans la mesure aussi où il apporte au dossier, nous le publions.
Il apparaît une institution où le financier a autant d’importance que la doctrine, ce qui peut être commun. Mais sachant l’attachement à la doctrine, cela peut faire peur. Et où, comme dans tout milieu fermé et jugeant de haut le reste du monde (dont du reste le reste de l’Église), les affaires de mœurs ou même criminelles, toujours critiquées quand elles sont à l’extérieur, sont étouffées quand elles sont en interne. Et où les victimes, évidemment ignorées, se trouvent exclues de ce qui a été toute leur vie leur société, leur famille, leur milieu identitaire.
Aymeri Suarez-Pazos
Président de l’AVREF.
AVREF Livre Noir FSSPX 12.05.2016