PRÉSENTATION DE LA FRATERNITÉ SACERDOTALE SAINT-PIE X
Structure de la FSSPX
Officiellement dénommée « Fraternité des Cœurs de Jésus et Marie », la Fraternité Sacerdotale Saint- Pie X est une société de vie commune sans vœux, gouvernée par un supérieur général élu pour 12 ans. À la suite de Mgr Marcel Lefebvre (1970-1982) puis de l’abbé Franz Schmidberger (1982-1994), Mgr Bernard Fellay a entamé un second mandat en 2006.
Le supérieur général est assisté par les membres du Conseil général. Y siègent le secrétaire général et l’économe général, tous deux nommés par le supérieur général, ainsi que les deux assistants généraux, élus. En 2006, l’abbé Niklaus Pfluger (Suisse) a été élu premier assistant, l’abbé Alain-Marc Nély (Français) deuxième assistant et l’abbé Christian Thouvenot (Français) a été nommé secrétaire général.
C’est le chapitre général qui élit les deux assistants généraux et le supérieur général. Ce chapitre général se réunit de plein droit tous les douze ans et a pour tâche principale cette triple élection. Il est cependant devenu une habitude de le réunir tous les six ans, pour traiter des grands problèmes de la Fraternité, et le supérieur général peut convoquer des sessions supplémentaires. D’après le site officiel de la FSSPX, « le Chapitre Général est composé du supérieur général et ses deux assistants, des évêques membres de la Fraternité, des supérieurs généraux émérites, du secrétaire et de l’économe général, des supérieurs de séminaires, de districts et de maisons autonomes, et des membres prêtres les plus anciens dans la proportion d’un tiers des membres ex officio ». Point important à noter : les décisions du chapitre général ont force de loi pour tous, même pour le supérieur général.
Territorialement, la FSSPX est organisée en 14 « districts » et en 6 « maisons autonomes ». Ces zones géographiques sont chacune sous la responsabilité d’un « supérieur de district » ou « supérieur de maison autonome ».
La FSSPX revendique aujourd’hui plus de 600 prêtres (dont à peu près 20% en France), 200 séminaristes, 110 frères, 185 religieuses, et considère qu’elle représente quelque 600 000 fidèles dans le monde. Le nombre de prêtres ordonnés en ses rangs depuis sa fondation en 1970 est quasi impossible à connaître, notamment parce que, sur ces 45 ans, la Fraternité a vu plusieurs centaines de ses prêtres la quitter, peut-être jusqu’à la moitié de ceux qu’elle avait ordonnés. Obtenir des chiffres exacts relève du défi, notamment parce que la direction générale, consciente des problèmes de maturité et de formation qui sont à l’origine de départs aussi massifs, se garde bien de publier des statistiques complètes. La FSSPX assure la formation de ses futurs prêtres dans six séminaires. Le plus célèbre est celui d’Écône mais, parmi les 5 autres, mentionnons en particulier celui de La Reja (province de Buenos Aires), dont l’importance est évoquée dans le présent Livre Noir, dans le contexte des relations avec Mgr Bergoglio en Argentine, puis avec le pape François.
Historique de la FSSPX : quelques repères
La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (dite couramment Fraternité Saint-Pie X ou FSSPX) a pour but, selon ses propres statuts, « le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte ». Contrairement à une idée répandue, son siège n’est pas à Écône (Valais) : jusqu’en 1993 il était à Rickenbach (canton de Soleure) et, depuis 1993, il est à Menzingen (canton de Zoug).
À l’origine : une fondation au sein de l’Église
Fondée en 1970 à Fribourg (Suisse) par Mgr Marcel Lefebvre, cette fraternité voit ses statuts approuvés par l’ordinaire, Mgr Charrière, le jour de la Toussaint de la même année. Mgr Lefebvre fonde l’année suivante un séminaire à Écône (Riddes, Valais), également avec l’approbation de l’ordinaire du lieu, Mgr Adam. Dans ces années troublées de l’après-concile, l’épiscopat français critique vertement ce séminaire, trop traditionnel à son goût, et va jusqu’à le qualifier de « séminaire sauvage », alors qu’il est approuvé. Les évêques français usent alors de leur influence auprès du cardinal secrétaire d’État Villot, également Français, pour obtenir en 1974 une visite canonique de ce séminaire. Les visiteurs tiennent des propos qui, aux dires de Mgr Lefebvre, scandalisent les séminaristes. Mgr Lefebvre se raidit face à ce qu’il perçoit comme une persécution et, en mai 1975, sa Fraternité se voit retirer sa reconnaissance canonique.
Il serait fastidieux d’entrer dans le détail des relations agitées entre Rome et la FSSPX de 1975 à nos jours. Relevons simplement quelques grandes étapes entre 1975 et 2000, deux années tournant. En 1976 Mgr Lefebvre est suspendu a divinis par Paul VI mais, sûr de son bon droit, il continue à célébrer les sacrements et, en particulier, à conférer celui de l’ordre. En 1987, se sentant vieillir, il annonce son intention de se donner des successeurs dans l’épiscopat. Rome entame alors des tractations, qui aboutissent (le 5 mai 1988) sous l’égide du cardinal Ratzinger à un protocole d’accord dont le fondement doctrinal est une espèce d’herméneutique de la continuité avant la lettre. Toutefois, dès le lendemain, Mgr Lefebvre retire sa signature, en considérant que l’expression « interpréter le concile à la lumière de la tradition » ne recouvre pas le même concept pour ses interlocuteurs romains et pour lui, et en estimant ne pas pouvoir suffisamment faire confiance à Rome pour assurer la longévité de cet accord.
Le 30 juin, le Rubicon est franchi : invoquant l’état de nécessité, Mgr Lefebvre, assisté de son confrère brésilien Mgr Antônio de Castro Mayer, ordonne évêques quatre prêtres de la FSSPX. Rome déclare alors que les 6 évêques ont encouru ipso facto l’excommunication, en vertu du canon 1382. À noter en passant un fait peu connu : Mgr Gilles Wach, prieur général de l’Institut du Christ-Roi souverain prêtre, a fourni une partie du nécessaire liturgique pour la cérémonie de ces sacres épiscopaux.
Après 1988 : un schisme ?
Depuis lors, la FSSPX est souvent décrite comme en état de schisme mais la situation est plus nuancée. Tout excommunié n’est pas schismatique, loin s’en faut. Plus précisément, le canon 1382 concerne l’excommunication pour usurpation de pouvoirs et non l’excommunication pour schisme (CIC 1364). Plus encore, l’abbé Gerald Murray (archidiocèse de New York) a présenté à la Grégorienne un mémoire de maîtrise portant sur « Le statut canonique des fidèles de feu Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint- Pie X : sont-ils excommuniés en tant que schismatiques ? ». Son travail, reçu avec les félicitations du jury de cette université pontificale, arrive à une conclusion négative.
Il rappelle que l’excommunication déclarée par le motu proprio Ecclesia Dei ne portait que sur les deux évêques co-consécrateurs et les quatre évêques consacrés, et qu’elle était elle-même d’une validité douteuse en raison de l’applicabilité des canons 1323 et 1324 (causes d’excuses subjectives). Par ailleurs, on trouve depuis 1988 de multiples déclarations d’autorités compétentes qui nient que la FSSPX soit en état de schisme.
Par exemple, Mgr Perl, alors secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei (organe curial chargé ex professo des questions traditionalistes) déclarait au Matin du 12.X.1997 : « Personne ne nie que les membres de la Fraternité Saint-Pie X sont catholiques. […] Ils ne sont pas une autre religion ». Ou encore le cardinal Cassidy, alors président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens : « Le dicastère pour l’œcuménisme n’est pas concerné par la Fraternité Saint-Pie X. La situation des membres de cette fraternité est une affaire interne à l’Église catholique » (lettre du 3.V.1994).
Le 25 mars 1991, Mgr Lefebvre décède, à l’âge de 85 ans. L’abbé Franz Schmidberger, déjà supérieur général depuis 1982, assure la continuité. À noter en passant que Mgr Lefebvre avait résisté dans les années 70 à plusieurs demandes de parents qui le priaient d’ouvrir des écoles traditionnelles. Souhaitant conserver à sa Fraternité son qualificatif de sacerdotale, il avait décliné, avant de céder finalement. C’est ainsi que la FSSPX s’est constitué au fil des ans un réseau de plusieurs dizaines d’écoles à travers le monde. Cet aspect est important, puisque c’est dans ces écoles que se produisent la majorité des cas d’abus sexuels au sein de cette Fraternité.
Depuis 2000 : un rapprochement lent et peu remarqué mais réel
La situation de la FSSPX reste largement gelée jusqu’à ce que, en août 2000, elle organise à Rome un grand pèlerinage international à l’occasion du jubilé. Ce pèlerinage ad Petri cathedram suscite de l’intérêt dans la curie romaine. En particulier, le cardinal Darío Castrillón Hoyos, alors tout frais émoulu président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, invite les quatre évêques de la FSSPX à un repas informel. Trois acceptent et un certain dialogue est engagé, qui ne s’arrêtera jamais, en dépit d’un parcours parfois tortueux. Depuis cette rencontre de l’an 2000, la FSSPX a reçu du Saint Siège un nombre grandissant de marques de reconnaissance de catholicité, ce qui est particulièrement important dans la situation où les présentes lignes sont écrites.
Comme le cardinal Castrillón était également préfet de la S. Congrégation pour le clergé, il accepte rapidement que son dicastère traite des dossiers de réduction à l’état laïc de clercs de la FSSPX (aussi bien pour delicta graviora que pour d’autres motifs). Mgr Fellay désigne un prêtre chargé des rapports avec la Congrégation du clergé pour ces affaires : le canoniste Ramon Anglés. En 2002, le cardinal Ratzinger propose à la Fraternité Saint-Pie X d’entamer des conversations théologiques, pour exposer de façon détaillée et officielle ses difficultés par rapport au concile Vatican II. Mgr Fellay répond avec une logique difficile à saisir : tout en se plaignant que « à Rome on ne nous comprend pas », il repousse sine die cette occasion de s’expliquer, disant y voir « des manœuvres troubles de Rome contre la Fraternité » (revue Fideliter n°149).
Le 24 mai 2003, c’est la « messe de Sainte-Marie Majeure » : une célébration selon l’ancien rite par le cardinal Castrillón, qui transmet aux participants la bénédiction de Jean-Paul II et déclare dans l’homélie que cette forme liturgique conserve son « droit de cité » dans l’Église. En cette fin de pontificat de Jean-Paul II, l’ambiance est déjà celle qui donnera lieu au motu proprio de 2007 et des informations fiables indiquent qu’une libéralisation totale de la liturgie tridentine était en préparation dès fin 2002-début 2003.
Sous Benoît XVI : l’occasion manquée
Le 19 avril 2005, c’est l’élection au siège de Pierre du cardinal Ratzinger. Travaillé par la question traditionaliste depuis de longues années, il reçoit Mgr Fellay dès le mois d’août. À l’issue de cette rencontre, les deux parties conviennent d’« avancer par étapes ». La FSSPX demande en particulier la satisfaction de deux « préalables » avant l’ouverture des discussions doctrinales, en attente depuis 2002 : la levée des excommunications déclarées contre ses évêques en 1988 et une reconnaissance de la liberté générale de célébrer selon l’ancien rite. Dès 2006, se sentant « porté » par le nouveau pontificat, le cardinal Castrillón propose à Mgr Fellay d’accorder à sa Fraternité des « facultés provisoires », c’est-à-dire des pouvoirs sacramentels à titre transitoire, en attendant une régularisation totale. Le porporato colombien est en effet un des rares responsables curiaux à jouir de la confiance quasi totale du pape Ratzinger et à pouvoir le joindre pratiquement à toute heure. Mgr Fellay atermoie, en particulier parce que le cardinal lui fait comprendre que ces facultés, pour être accordées, devraient être demandées. Or Mgr Fellay rechigne à donner publiquement l’impression qu’il serait en position de demandeur vis-à-vis du Saint Siège. En juillet 2007, c’est la promulgation du motu proprio Summorum pontifi, qui avait été plusieurs fois reportée. Benoît XVI y reconnaît que le rite romain traditionnel n’a jamais été aboli.
En janvier 2009 arrive la levée des excommunications frappant les évêques FSSPX. Ainsi sont satisfaits les deux « préalables » que la FSSPX avait fixés pour toute reprise formelle des tractations avec Rome (les relations informelles n’avaient jamais cessé). Cette levée des excommunications s’accompagne toutefois de la fameuse « affaire Williamson », qui met le Saint Siège et Benoît XVI lui-même dans une position très délicate. Affaibli, le cardinal Castrillón réitère néanmoins son offre de facultés provisoires. Mgr Fellay atermoie à nouveau, alors même qu’il sait que le prélat colombien prendra définitivement sa retraite en juillet de la même année, pour ses 80 ans.
Le 26 octobre 2009, 7 ans après le « pas tout de suite » de Mgr Fellay, le processus de dialogue théologique est enfin lancé : la première réunion préparatoire a lieu. Les entretiens doctrinaux se tiennent au Palais du Saint Office jusqu’en juin 2011. Après une « phase d’évaluation » bilatérale qui constate l’absence de rapprochement notable, le cardinal Levada, président de la CDF et de la commission Ecclesia Dei, propose le 14 septembre 2011 à la FSSPX un « préambule doctrinal », sorte de base d’accord théologique a minima et amendable. La FSSPX le retravaille en une « déclaration doctrinale », renvoyée à Rome le 15 avril 2012. Le 13 juin, la CDF notifie son rejet de cette « déclaration doctrinale » et met sur la table un texte très proche du « préambule doctrinal » originel. Le dialogue est de nouveau à l’arrêt. Ensuite arrive la renonciation de Benoît XVI.
Retour en arrière : de 2000 à 2009, Mgr Fellay n’avait cessé de répéter au cardinal Castrillón que les plus belles offres canoniques ne serviraient à rien tant que les questions de fond ne seraient pas résolues, une solution pratique étant vouée à l’échec puisque les problèmes doctrinaux referaient nécessairement surface tôt ou tard. Cette ligne avait été confirmée par le chapitre général de 2006 (où Mgr Fellay avait été réélu supérieur général) : « pas d’accord pratique sans accord doctrinal ». Et pourtant, dès 2011, alors que les pourparlers théologiques sont encore en cours, la FSSPX négocie déjà secrètement un statut de prélature personnelle avec le Conseil pontifical pour les textes législatifs. Mgr Fellay poursuit une stratégie parallèle, malgré la ligne fixée par le chapitre général, dont les décisions s’imposent au supérieur général. Face à ce double jeu, un mouvement prend de l’ampleur dans la FSSPX à travers le monde : « la Résistance ». Mgr Williamson en est la figure de proue et il est expulsé en octobre 2012. En janvier 2014, plusieurs dizaines de prêtres de la FSSPX à travers le monde annoncent quitter la FSSPX et rejoindre « la Résistance », ce qui porte les rangs de cette dernière à une centaine de clercs.
Une reconnaissance de facto croissante
Au cours de ces années 2000-2012, certains dicastères romains ont multiplié les gestes de reconnaissance vis-à-vis de la FSSPX. Par exemple, les prêtres qui quittaient la Fraternité Saint-Pie X pouvaient rejoindre des diocèses sans autre forme de procès, alors qu’ils étaient censés être suspens a divinis. De même, la FSSPX adressait régulièrement à Rome des demandes de pouvoirs d’absolution pour les « péchés réservés au siège apostolique », et Rome accordait ces pouvoirs alors que les prêtres de la FSSPX sont réputés confesser invalidement.
Plus encore, à partir de 2004, Mgr Fellay a reçu plusieurs fois délégation pour être juge en première instance pour des affaires de gravioribus delictis internes à la FSSPX. Par ailleurs, pendant les colloques théologiques de 2010-2011, les prêtres et l’évêque (Mgr de Galarreta) de la FSSPX qui participaient à ces entretiens au Saint Office étaient autorisés à célébrer leur messe quotidienne « privée » à Sainte- Marthe et à Saint-Pierre. Ces gestes de Rome sont évidemment exploités par la FSSPX : elle en tire argument pour déclarer que, les actes pesant plus lourd que les paroles, Rome la reconnaît bel et bien de fait comme catholique.
Sous le pape François : une régularisation paradoxale
Avec l’avènement du pape François, beaucoup pensent que la FSSPX a définitivement gâché la chance qui s’offrait sous Benoît XVI. La réalité est plus subtile, puisque le cardinal Bergoglio nourrissait déjà de bons rapports avec la FSSPX en Argentine. Lors de l’affaire Williamson (2009), l’archevêque de Buenos Aires avait reçu un appel au secours de l’abbé Ch. Bouchacourt, alors supérieur FSSPX d’Amérique du Sud (actuellement supérieur de France). Le gouvernement argentin menaçait d’expulser tous les prêtres, séminaristes, frères et sœurs FSSPX de nationalités étrangères. Or la Fraternité possède une importante présence dans le pays, notamment un séminaire. L’intervention du cardinal Bergoglio a permis de limiter les expulsions à celle de Mgr Williamson. Le primat d’Argentine s’est alors engagé à faire reconnaître la FSSPX comme organisation catholique par le gouvernement. Le nonce s’y est opposé et ce fut « match nul ». Mais, une fois devenu le pape François, Jorge Mario Bergoglio a signalé à la FSSPX qu’il allait reprendre de plus belle ses efforts en leur faveur.
C’est ainsi que, le 17 mars 2015, le gouvernement argentin a publié un décret enregistrant la FSSPX comme organisation catholique… « en attendant qu’elle trouve un cadre juridique définitif dans l’Église universelle » (1). Ce « en attendant que » en dit long. Le 27 juin 2015, dans une interview au journal Présent, Mgr Fellay ne peut s’empêcher d’étaler ses cartes :
« Il n’y a aucun doute sur le fait que le pape François, alors cardinal Bergoglio, avait promis d’aider la Fraternité à obtenir la reconnaissance par l’État argentin de notre société comme catholique et qu’il a tenu sa promesse ».
Et pour ceux qui n’avaient pas encore compris, le prélat suisse ajoute :
« Cela oblige à penser qu’il nous considère bien comme catholiques ».
Si le pape considère la FSSPX comme catholique, la conclusion logique est que, tôt ou tard, il la déclarera telle.
C’est qu’en dépit des apparences, les contacts sont bons entre le pape François, connu à Buenos Aires pour son pragmatisme, et un Bernard Fellay plus tacticien que doctrinal. Mgr Fellay envoie à plusieurs reprises deux émissaires officieux qui, « en vacances à Rome », logent à Sainte-Marthe et y croisent fortuitement le pape. Ainsi les apparences sont sauves. Le processus doit apparaître comme unilatéral, puisque Mgr Fellay est lié par la décision du chapitre général de 2006 : « pas d’accord pratique avant un accord doctrinal ».
Ainsi, la reconnaissance arrivera de manière unilatérale et sera « imposée » par le pape à un Mgr Fellay qui sera bien « obligé » de l’accepter, sans avoir outrepassé la ligne du chapitre général.
Étape importante en ce sens : le 1er septembre 2015, dans la lettre accordant l’indulgence plénière pour l’année de la miséricorde, le pape ajoute « per mia propria disposizione » un paragraphe de sa propre plume :
« J’espère que [Confido che] dans un proche avenir, l’on pourra trouver les solutions pour retrouver une pleine communion avec les prêtres et les supérieurs de la Fraternité. Entre temps [c’est l’AVREF qui souligne], animé par l’exigence de répondre au bien de ces frères, j’établis par ma propre disposition que ceux qui, au cours de l’Année Sainte de la Miséricorde, s’approcheront, pour célébrer le Sacrement de la Réconciliation, des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X recevront une absolution valide et licite de leurs péchés » (2).
Ce paragraphe, écrit par le pape lui-même, surprend et Mgr Fisichella (le destinataire de cette lettre) et Mgr Pozzo (vice-président de la commission Ecclesia Dei). L’idée est claire : le pape prépare la régularisation de la FSSPX et, « entre-temps », leur donne comme acompte des pouvoirs d’absolution.
La régularisation est logiquement prévue pour l’année de la miséricorde, puisqu’on imagine mal qu’après leur avoir accordé ces pouvoirs, le pape les leur retire et que le soufflé retombe. Le scenario est donc clair et l’audience accordée par le pape à Mgr Fellay le 2 avril 2016 ne fait que le confirmer.
Vers une autonomie totale et à la carte ?
La structure canonique en cours de préparation en cette année 2016 est celle d’une prélature personnelle, un statut qui garantit une autonomie très poussée (le seul exemple de prélature personnelle à ce jour est celui de l’Opus Dei). La formule exacte sera toutefois sur mesure et reprendra vraisemblablement quelques traits des ordinariats militaires. C’est qu’une prélature personnelle, en dépit de sa très large autonomie, n’est pas totalement soustraite à l’autorité des ordinarii loci (évêques territoriaux). En revanche, les diocèses aux forces armées ne relèvent en aucune manière des évêques territoriaux locaux. En 2015-2016,
Mgr Fellay est ainsi en train de négocier un statut à la carte qui, tout en lui donnant un statut catholique, lui permettrait de conserver en fait la totale indépendance à laquelle la Fraternité Saint-Pie X s’est habituée depuis plus de 40 ans. Autrement dit : être reconnu comme catholique sans rien changer. Qui plus est, comme 22 ans de supériorat général ne semblent pas suffire à l’évêque valaisan, le statut en préparation à Rome prévoit que le prélat personnel détiendra son poste à vie. En outre, parmi les demandes de la FSSPX considérées avec bienveillance par Rome actuellement, relevons en particulier la création de tribunaux canoniques propres pour les affaires en première instance. Quand on voit, dans le reste du présent Livre Noir, la manière dont sont menés actuellement les procès « canoniques » au sein de cette Fraternité et les abus auxquels ils donnent lieu, cette perspective a de quoi inquiéter les plus optimistes.
[1] http://www.boletinoficial.gov.ar/Inicio/index.castle?s=1&fea=01/04/2015
(Le lien donné par le Livre Noir ne fonctionne plus ! …celui-ci non plus donné par Adelantelafe : http://adelantelafe.com/la-fsspx-reconocida-en-argentina-como-parte-de-la-iglesia-catolica-romana/
[2] http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/letters/2015/documents/papa-francesco_20150901_lettera-indulgenza-giubileo-misericordia.html
(L’orthographe « entre temps » se trouve dans la traduction vaticane officielle).
Il est évident qu’à l’AVREF, il ne sont pas conscient du problème de l’invalidité de la secte Conciliaire qui éclipse la sainte Église de Dieu depuis le 29 OCTOBRE 1963. Ils ne font donc aucune différence entre les deux entités qu’ils appellent « l’Église ».
Nous avons donc accentué et coloré les “lettres” et “Majuscules” blasphématoires pour l’Église de Dieu.
… À suivre avec « LE PORTRAIT du supérieur général Mgr Fellay et son mode de gouvernement ».
