Our Lady of Walsingham ; Notre-Dame de Walsingham dans le Sanctuaire de Walsingham, le "Nazareth" de l'Angleterre
À mon ami Louis-Hubert qui, avec son épouse bien aimée, a traversé l'Angleterre sans voir une seule statue de Notre Bonne Mère...

Bien que les sanctuaires mariaux d’Angleterre aient été détruits lors de la Réforme au XVIe siècle, la dévotion à Notre Dame a été ravivée au cours du siècle dernier et est aujourd’hui remarquablement illustrée par Walsingham et ses deux sanctuaires.
L’apparition de la Vierge Marie
Walsingham est un joli petit village de moins de 1 000 habitants situé dans le comté de Norfolk, dans l’Est-Anglia, à environ 200 km au nord de Londres et à moins de 10 km de la mer du Nord. Un sanctuaire à Notre Dame a été établi ici au milieu du XIe siècle, juste avant la conquête normande (Guillaume le Conquérant en 1066), bien que la date précise soit obscure (peut-être en 1061). À l’origine de ce sanctuaire se trouve une apparition de la Bienheureuse Vierge Marie à une femme noble saxonne nommée Richeldis de Faverches qui reçut la demande de construire une réplique de la Sainte Maison à Nazareth en l’honneur de l’Annonciation de Notre Dame. Des recherches récentes ont suggéré que la fondatrice du sanctuaire était peut-être Edith the Fair, épouse du roi Harold. Au fil du temps, le sanctuaire a grandi et prospéré ; au siècle suivant, en 1153, un prieuré de chanoines augustins fut établi pour administrer le sanctuaire. Le sceau du prieuré présentait l’image d’une Vierge assise avec le Saint Enfant et le texte « Ave Maria Gratia Plena Dominus Tecum » (« Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous »).
Des visiteurs modestes et royaux
Les pèlerins venaient de toute la Grande-Bretagne au sanctuaire de Notre-Dame de Walsingham. Il y avait une route très fréquentée provenant de Londres et du Sud. Walsingham en vint à se classer aux côtés de Canterbury et de Glastonbury comme l’un des plus grands sanctuaires du pays (et l’un des plus grands sanctuaires mariaux d’Europe). Le pèlerinage à Walsingham était certainement plus facile que le long voyage à Saint-Jacques-de-Compostelle ou à Rome, sans parler de Jérusalem. À partir du règne d’Henri III (1216-1272), plusieurs rois d’Angleterre firent le pèlerinage à Walsingham, dont Edward Ier (une douzaine de fois !), Henry VI (largement vénéré en East Anglia après sa mort ; il fut proche de la canonisation) et enfin le célèbre Henri VIII avec sa première épouse Catherine d’Aragon. Pieux catholique au début de sa vie, Henri VIII avait une dévotion particulière à Notre Dame de Walsingham, on dit qu’il s’arrangeait pour qu’il y ait de sa part un cierge allumé en permanence devant l’image de Notre Dame à Walsingham et qu’il payait un prêtre au sanctuaire pour qu’une messe à son attention soit dite régulièrement. Il aurait même invoqué Notre Dame de Walsingham sur son lit de mort. Mais les événements politiques devaient se mêler à la religion. Le désir ardent d’Henri VIII d’avoir un héritier masculin en se remariant avec Anne Boleyn (et le besoin continu d’argent des Tudor) a conduit à la dissolution des monastères ainsi qu’à la Réforme anglicane en Angleterre autour de 1533.
La fin d’une ère
Le prieuré de Walsingham est supprimé en 1538, son sous-prieur Nicholas Mileham est reconnu coupable de trahison pour avoir conspiré pour se rebeller contre la suppression des monastères et pendu hors des murs du prieuré. L’or et l’argent du sanctuaire sont confisqués, tandis que l’image de Notre-Dame de Walsingham (les iconoclastes parlent de « la sorcière de Walsingham » !!!) est apportée à Londres en juillet 1538 et ensuite brûlée. Le sanctuaire cesse d’exister, le prieuré devient une ruine. Les pèlerinages organisés ont cessé, bien que des individus dévots aient sans doute continué à visiter le village. Une ballade de la fin du XVIe siècle, la Walsingham Lament (« la lamentation de Walsingham »), résume les sentiments de beaucoup :
Weep, weep, O Walsingham, (Pleure, pleure, ô Walsingham,)
Whose days are turned to nights, (Toi dont les jours sont maintenant des nuits,)
Blessings turned to blasphemies, (Les bénédictions changées en blasphèmes,)
Holy deeds to despites. (Les saintes actions en méfaits.)
Sin is where Our Lady sat, (Le péché s’est installé où se trouvait Notre Dame,)
Heaven is turned to hell ; (Le ciel est devenu l’enfer ; )
Satan sits where Our Lord did sway, (Satan s’est assis à la place de Notre Seigneur,)
Walsingham, O farewell! (Adieu, Ô Walsingham !)
Retour à la normale ?
Walsingham redevient un village typique et tranquille de campagne (« l’Angleterre profonde ») pendant trois siècles, jusqu’à ce que les événements conspirent de nouveau pour changer les choses. En 1893, le pape Léon XIII promet :
« Lorsque l’Angleterre reviendra à Walsingham, la Madone retournera en Angleterre. »
Dans les années 1890, Charlotte Boyd, une laïque anglicane dévouée, découvre une petite chapelle médiévale à la périphérie de Walsingham (dans le village voisin de Houghton Saint Giles) et comprend qu’il s’agit de la dernière des chapelles de la route des pèlerins, dans laquelle ils enlevaient leurs chaussures avant d’entrer dans Walsingham (pour cela, elle était connue comme « the Slipper Chapel », « la chapelle des sandales »). Charlotte Boyd achète cette chapelle sécularisée, la restaure puis en fait don à l’abbaye catholique de Downside (dans le comté de Somerset). Le 6 février 1897, le pape Léon XIII rétablit cette chapelle désaffectée comme un sanctuaire catholique en autorisant la vénération d’une image de Notre Dame.
Un haut lieu, deux sanctuaires
En 1921, Walsingham reçoit un nouveau curé anglican, le père Alfred Hope Patten, un pasteur très « High Church », partie de l’église Anglicane la plus proche du catholicisme, plus encline à la dévotion mariale que la « Low Church ». L’un de ses premiers actes est de restaurer la dévotion à Notre Dame de Walsingham en installant une nouvelle statue de la Vierge et l’enfant, copie de l’originale, basée sur le sceau du prieuré. Autant dire que cela ne plut pas à l’ « évêque » anglican de Norwich. En 1931, Hope Patten construit une petite chapelle à plusieurs centaines de mètres de là pour recevoir la statue. L’édifice est étendu en 1938 et forme le sanctuaire anglican de Notre-Dame de Walsingham. Il compte quinze chapelles, dédiées aux Mystères du Rosaire. Le style de l’ameublement est la Contre-Réforme, et c’est plutôt merveilleux. Quant à lui, le sanctuaire national catholique de Notre-Dame de Walsingham, à côté de la chapelle Slipper, se trouve en fait dans la paroisse voisine de Houghton Saint Giles. Depuis le 19 août 1934, date à laquelle le cardinal Francis Bourne de Westminster a dirigé un pèlerinage de 10 000 personnes pour transformer la chapelle Slipper en un sanctuaire national de Notre-Dame, un grand nombre de nouveaux bâtiments ont été construits sur le site, centrés sur l’église de la Réconciliation de 1982. Ce fut l’année de la visite de l’anti-pape Jean-Paul II en Angleterre. La statue de Notre-Dame de Walsingham fut apportée à Londres pour se tenir près de l’autel du stade de Wembley, où l’aposta célébra la « messe » et vénéra la statue. Depuis 1954, celle-ci est couronnée par autorisation du pape Pie XII. À cet égard, elle ressemble donc à de nombreuses statues mariales continentales. À la suite d’un décret pseudo-apostolique de 2015, le sanctuaire catholique obtint le titre de basilique mineure.
Les deux sanctuaires attirent les visiteurs tout au long de l’année et les relations entre eux sont « très cordiales ». L’ironie de l’histoire est que le village de Walsingham est lui-même issu de deux bourgs voisins (Great Walsingham et Little Walsingham) : beaucoup de choses sont en double à Walsingham… Le plus grand pèlerinage anglican – connu sous le nom de « pèlerinage national » – a lieu le lundi après la Pentecôte (qui est un jour férié en Angleterre). Le pèlerinage des étudiants de Londres, un pèlerinage œcuménique au cours duquel les étudiants marchent depuis Londres avec des croix, se termine à Walsingham le Vendredi Saint, regroupant des pèlerins convergeant de toutes directions. Les deux sanctuaires abritent également de grandes célébrations lors de la fête de l’Assomption.
Sanctuaire de Walsingham,
le « Nazareth » de l’Angleterre
Connaissez-vous le sanctuaire de Walsingham ? Savez-vous que Walsingham est, en Angleterre, un lieu de pèlerinage marial depuis les temps médiévaux. C’est maintenant un sanctuaire national, rassemblant les catholiques et les anglicans. Mais où est-il situé ? Dans le comté de Norfolk, dont la ville principale est Norwich, à l’est de l’Angleterre. Que s’est-il passé à Walsingham ?
Nous allons d’abord vous entretenir de ce que l’histoire ancienne rapporte. Un vieux manuscrit de la fin du XVe siècle raconte que Notre Dame serait apparue, en 1061, à deux reprises, à une noble veuve, Lady Richedis de Faverches, qui désirait l’honorer. Par trois fois, la Vierge aurait conduit Lady Richedis, « en esprit » à Nazareth pour lui montrer sa maison de Nazareth et l’emplacement où Elle se tenait lorsqu’Elle reçut l’ange Gabriel. Lady Richedis dut prendre les mesures de la maison pour qu’elle puisse la reproduire à Walsingham. La Vierge Marie voulait, en effet, que le peuple de Grande Bretagne célèbre l’Annonciation, source de la Rédemption de l’humanité.
Lady Richedis de Faverches entreprit donc de faire construire une chapelle mais rapidement une difficulté se manifesta : les dimensions de la construction parurent obscures aux constructeurs. Lady Richedis passa alors une nuit entière en prières et Notre-Dame fit en sorte que les anges finissent la construction, mais à l’emplacement qu’elle désirait, c’est-à-dire à environ 61 mètres de l’endroit où les ouvriers travaillaient. La Sainte Maison fut construite en bois et ornée d’une statue de la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus assis dans ses bras. Walsingham resta, durant tout le Moyen Âge, l’un des plus grands pèlerinages d’Europe du Nord.
Notons que Geoffroy, fils de Lady Richedis, fit également construire à Walsingham, près de la chapelle, un prieuré qu’il confia à des chanoines réguliers de Saint-Augustin. Nous sommes au temps d’Édouard le Confesseur qui régna de 1043 à 1066. Le vieux manuscrit rapporte également que plusieurs miracles furent attribués à Notre-Dame de Walsingham, dont celui qui sauva le roi Edouard 1er de la chute d’un pan de mur de maçonnerie. Édouard 1er régna de 1274 à 1307.
Nous avons déjà dit que le sanctuaire de Walsingham fut longtemps un lieu de pèlerinage renommé. Les fidèles y affluaient de toutes les régions d’Angleterre et du continent. Malheureusement, le 4 août 1538, le roi Henri VIII le fit détruire après avoir rompu avec Rome en 1533, parce que le pape refusait de bénir son nouveau mariage avec Anne Boleyn et d’annuler le précédant. De Walsingham il ne resta que des ruines. Mais les catholiques n’oublièrent jamais Walsingham ni la sainte maison, même lorsqu’elle fut transformée en forge et en étable… Heureusement, après 400 ans de ruines, le sanctuaire se releva, et, autour de la Maison de Nazareth, anglicans et catholiques se rassemblèrent.
Pour être complets, nous devons ajouter quelques informations peu glorieuses. En 1537, le dernier Prieur, Richard Vowell, prêta allégeance à Thomas Cromwell. Son adjoint, Nicholas Milcham fut accusé de conspiration et de rébellion contre le décret royal de suppression des monastères. Accusé de crime de haute trahison, il fut pendu à la muraille extérieure du prieuré. En juillet 1538, le Prieur Vowell procéda à la destruction du prieuré de Walsingham et participa même au pillage général du sanctuaire. Une fois le sanctuaire dépouillé et le prieuré détruit, le site fut vendu, sur ordre d’Henry VIII, à un certain Thomas Sidney pour la somme de 90 livres, et un manoir privé fut ensuite édifié à cet endroit. Onze personnes, qui refusaient ces destructions, dont Nicholas Milcham, furent pendues ou écartelées. La statue de Marie et de Jésus fut finalement brûlée.
La destruction du monastère inspira au XVIe siècle, une poésie, la lamentation de Walsingham, une ballade anonyme qui traduisait bien le chagrin du peuple. Cette ballade contient, entre autres, ces lignes célèbres :
« Pleure, pleure ô Walsingham Toi dont les jours sont maintenant des nuits,
Les bénédictions changées en blasphèmes, Les saintes actions en méfaits.
Le péché s’est installé où se trouvait notre Dame. Le ciel est devenu l’enfer.
Et Satan s’est assis à la place de notre Seigneur. Adieu Ô Walsingham! »
Nous pouvons nous poser une question : tout ce qui concerne l’origine du sanctuaire relève-t-il de la légende ou de la réalité ? Nous ne savons pas ; mais ce qui est sûr, c’est que ce sanctuaire fut longtemps cher au cœur des anglais, et qu’il l’est redevenu.
En 1897, la slipper chapel, chapelle des sandales, dédiée à sainte Catherine d’Alexandrie, dernière étape pour les pèlerins allant vers Walsingwam, fut restaurée et consacrée par le pape Léon XIII. La slipper Chapel est à un mile de Walsingham. Depuis 1922, à l’initiative du prêtre anglican Alfred Hope Patten, un sanctuaire anglican fut rétabli à Walsingham, et des pèlerinages organisés. Les pèlerins devinrent extrêmement nombreux et le sanctuaire retrouva toute sa magnificence. En 1922 une statue de la Vierge fut introduite dans la chapelle qui fut agrandie en 1938. De nombreux pèlerins orthodoxes viennent aussi à Walsingham.
Les catholiques vénèrent particulièrement Notre-Dame de Walsingham le 24 Septembre ; les anglicans la vénèrent le 15 octobre. En 1923 le premier pèlerinage anglican fut organisé, avec en plus, une marche entre la Slipper Chapel et Walsingham (distance d’environ un mile). Le 15 août 1934, le cardinal Bourne, catholique, accompagna 12 000 fidèles, désignant Walsingham comme sanctuaire national, et y célébrant une messe. En 1938 la Slipper chapel, et la chapelle de l’Esprit Saint étaient consacrées.
En 1950, le sanctuaire catholique de l’Annonciation fut consacré. En 1954 la nouvelle statue Notre Dame de Walsingham était couronnée. En 1968 le sanctuaire catholique fut confié aux pères maristes. Enfin, en 1973 un autel en plein air fut construit. En 1980, les foules étaient conduites par le « cardinal catholique » « Mgr » Hume et par l’ « archevêque anglican » « Mgr » Robert Runcie. Il y a donc actuellement deux sanctuaires à Walsingham ; cependant ils ne sont pas signes de division, mais de réconciliation. Ainsi, tout en ayant leurs activités propres, catholiques et anglicans créent des points communs : et ils offrent ensemble leurs chants de louanges.
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