Newman était-il moderniste ?

 

Le Pape Saint Pie X au sujet du Cardinal John Henry Newman

 
Le Pape Saint Pie X et le Cardinal John Henry Newman

En ce 13 octobre 2019, — 102è anniversaire du Miracle du soleil dit aussi la danse du soleil à Fátima — l’antipape François à fait mine de canoniser le Cardinal John Henry Newman (1801-1890) sur la place Saint-Pierre, à Rome. Or, il ne peut absolument pas le faire, car ce privilège est réservé au Pape, et s’il est une chose que cet infect moderniste de Jorge Bergoglio n’est pas du tout, c’est bien le Pape de l’Église catholique.
Le portrait du cardinal John-Henry Newman sur la place Saint-Pierre, à Rome

Le portrait du cardinal John-Henry Newman que l’antipape François à fait mine de canoniser sur la place Saint-Pierre, à Rome le dimanche 13 octobre 2019

 

Quoi qu’il en soi, il y a longtemps que les modernistes de l’église Conciliaire cherchent à accaparer le Cardinal Newman dans leurs détestables intentions en prétendant faire de lui un précurseur du deuxième “concile” du Vatican, et ils n’ont donc aucune objection à sa canonisation. Longtemps avant le “concile”, les modernistes initiaux disaient déjà avoir pour ami le Cardinal Newman, ainsi que nous le verrons dans un instant.

 

La canonisation invalide de Newman par la secte conciliaire représente donc une occasion en or de démontrer que ce célèbre converti de l’anglicanisme était assurément catholique. Or, point n’est besoin d’étudier longuement sa pensée pour s’en persuader, car il est loisible de se tourner à cette fin vers l’homme qui, plus que quiconque dans l’histoire de l’Église, possédait l’autorité, la compétence et la crédibilité nécessaires pour s’exprimer à ce sujet. Nous voulons parler du Pape Pie X (qui a régné de 1903 à 1914), le puissant ancêtre de la campagne antimoderniste de l’Église, lui-même canonisé le 29 mai 1954 par le Pape Pie XII.

 

Le 8 septembre 1907, saint Pie X a publié sa retentissante encyclique Pascendi Dominici Gregis contre les doctrines des modernistes. L’année suivante, l’ordinaire de Limerick, Irlande, Mgr Edward Thomas O’Dwyer (1842-1917), a publié un opuscule de quarante-quatre pages intitulé « Cardinal Newman and the Encyclical Pascendi Dominici Gregis ». Ce qui avait occasionné la publication de cette brochure était le fait que certains partisans du modernisme que le Pape venait de condamner en appelaient, pour leur défense, au nom célèbre du Cardinal Newman.

 

Mgr O’Dwyer écrit ceci :

          « … J’observe que certains personnages qui ressentent la sévérité de la condamnation du Pape tentent de s’abriter derrière le nom vénérable de Newman. Ils tendent à faire croire que dans ses écrits, ils peuvent trouver – si ce n’est en termes explicites, du moins en germe et de manière embryonnaire – les doctrines pour lesquelles ils sont à présent condamnés, et ils semblent espérer qu’en Angleterre, le nom de Newman fera davantage autorité en matière de doctrine catholique que les enseignements du Saint-Siège. Or, cette position, non catholique par excellence, est également contraire aux faits et infondée au regard de la foi. On ne trouve rien dans Newman qui permette de soutenir, d’atténuer ou de suggérer la moindre parcelle de leurs théories aussi absurdes qu’inorthodoxes. Newman était catholique jusqu’au bout des ongles. »

 

(Mgr Edward T. O’Dwyer, « Cardinal Newman and the Encyclical Pascendi Dominici Gregis : An Essay [London : Longmans, Green, and Co., 1908], p. 5 : coupes de paragraphe supprimées.)

 

Le reste de l’ouvrage est consacré à la défense par l’auteur de l’illustre converti et montre que les modernistes ne peuvent en aucun cas se réclamer de Newman.

 

Le 10 mars 1908, le Pape saint Pie X écrivit à Mgr O’Dwyer une lettre le félicitant de la manière dont il avait su défendre l’excellent cardinal et l’en approuvant pleinement. Le document pontifical fut publié dans les Acta Sanctae Sedis, et nous en reproduisons ci-dessous à l’attention de nos lecteurs une traduction (tirée du livre de Michael Davies « Lead Kindly Light ») :

 

 

 

LETTRE par laquelle le Pape Pie X approuve le travail de l’évêque de Limerick sur les écrits du Cardinal Newman :

 

« À Notre Vénérable Frère Edward Thomas, évêque de Limerick

« Vénérable Frère, vous adressant Nos salutations et Notre bénédiction apostolique, Nous vous informons par la présente que votre essai, dans lequel vous démontrez que les écrits du Cardinal Newman, loin d’être en désaccord avec Notre lettre encyclique Pascendi, sont au contraire en parfaite harmonie avec elle, a été emphatiquement approuvé par Nous : en effet, vous n’auriez pu mieux servir à la fois la vérité et la dignité de l’homme.

« Il est clair que ces gens dont Nous avons condamné les erreurs dans ce document, ont décidé entre eux de tirer de leur propre invention quelque chose qui les autorise à se recommander d’un personnage éminent. Ainsi affirment-ils partout avec confiance qu’ils ont tiré cela de la source et du sommet mêmes de l’autorité, et que non seulement Nous ne pouvions donc censurer leurs enseignements, mais que Nous étions même allés jusqu’à condamner ce qu’avait enseigné un si grand auteur.

« Aussi incroyable que cela puisse paraître, bien que l’on ne s’en rende pas toujours compte, il se trouve des individus gonflés d’un orgueil assez étourdissant pour assombrir leur esprit et les persuader d’être catholiques comme de pouvoir se faire passer pour tels, alors qu’en ce qui concerne la discipline interne de la religion, ils donnent à l’autorité de leur propre enseignement privé la préférence sur l’autorité pourtant prééminente du Magistère du Siège Apostolique. Non seulement vous démontrez parfaitement leur pertinacité, mais vous exposez en toute clarté leur duplicité. Car si dans ce que l’intéressé a écrit avant sa profession de la foi catholique, on peut certes trouver des choses présentant une manière d’analogie avec certaines formules modernistes, vous avez raison de dire que cela ne vaut en aucun cas pour ses travaux ultérieurs. De plus, pour ce qui nous préoccupe ici, son mode de pensée s’est exprimé de plusieurs manières différentes, tant dans ce qu’il a déclaré de vive voix que dans ses œuvres écrites, et l’auteur lui-même, en entrant dans l’Église catholique, a soumis tous ses écrits à l’autorité de celle-ci afin qu’y puissent être apportées toutes corrections jugées appropriées.

« Quant aux très nombreux livres d’une grande importance et d’une grande influence qu’il a écrits en tant que catholique, il est parfaitement superflu de les exonérer de tout lien avec l’hérésie présente. D’ailleurs, chacun sait que pour ce qui concerne l’Angleterre, Henry Newman a plaidé la cause de la foi catholique dans son abondante production littéraire avec une telle efficacité que ses œuvres ont été à la fois hautement bénéfiques à ses compatriotes et grandement appréciées de Nos prédécesseurs : c’est pourquoi il fut considéré par Léon XIII — assurément un juge avisé des hommes et des situations — comme digne d’être nommé cardinal ; il bénéficia du reste de la haute estime de ce Pontife à chaque stade de sa carrière, et il la méritait.

« Il est vrai qu’une telle quantité de travail et d’aussi longues heures d’étude jusque tard dans la nuit peuvent sembler étrangères à la méthode de travail ordinaire des théologiens : rien ne saurait cependant être invoqué pour jeter la moindre suspicion sur sa foi. Vous indiquez à juste titre, d’une part qu’il faut penser que bien qu’il n’y ait eu aucun signe d’hérésie de sa part, il a peut-être été pris au dépourvu en s’exprimant devant certaines personnes et en certains endroits, mais que ce que les modernistes font là consiste à tirer faussement et trompeusement ses paroles du contexte de ce qu’il voulait dire et à les déformer pour les mettre au service de leurs intérêts. Nous vous félicitons donc d’avoir, grâce à votre connaissance de tous ses écrits, brillamment défendu la mémoire de cet homme éminemment droit et sage contre l’injustice, et aussi d’avoir, au mieux de vos capacités, usé de votre influence sur vos compatriotes, et particulièrement sur le peuple anglais, de telle sorte que ceux qui avaient coutume d’abuser de son nom et de tromper les ignorants devront dorénavant cesser de le faire.

« Nous aimerions qu’ils suivent fidèlement la pensée de l’auteur Newman en étudiant ses livres sans se laisser aveugler par leurs propres préjugés et qu’ils s’abstiennent de recourir à des ruses mauvaises pour les tirer dans leur sens ou de prétendre y trouver une confirmation de leurs propres convictions ; au lieu de cela, qu’ils comprennent ses principes purs et sains, ainsi que ses leçons et les inspirations qu’elles contiennent. Ils apprendront beaucoup d’excellents choses d’un si grand maître : en premier lieu, à considérer le Magistère de l’Église comme sacré, à défendre la doctrine transmise de manière inviolable par les Pères et, ce qui est d’une suprême importance, à sauvegarder la vérité catholique, à suivre le Successeur de Pierre et à lui obéir avec la plus grande foi.

« À vous, par conséquent, Vénérable Frère, ainsi qu’à votre clergé et à vos ouailles, Nous adressons nos chaleureux remerciements pour avoir pris la peine de Nous aider dans Notre situation pécuniaire difficile en nous fournissant l’assistance de vos dons communautaires ; et afin de vous obtenir à tous, mais en premier lieu à vous-même, les dons de la bonté divine, ainsi qu’en gage de Notre bienveillance, Nous vous donnons affectueusement Notre bénédiction apostolique.

 

« Fait à Saint-Pierre de Rome le 10 mars 1908, en la cinquième année de Notre pontificat.

Pape Pie X »

(Pape saint Pie X, lettre apostolique Tuum Illud ; original figurant dans les Acta Sanctae Sedis XLI [1908], pp. 200-202 ; soulignements et coupes de paragraphe ajoutés.)

 

Voilà qui devrait en finir définitivement avec le soupçon selon lequel Newman aurait avancé des idées modernistes. Il a manifestement entretenu de nombreuses erreurs avant sa conversion, quand il était anglican, mais elles ne sauraient être imputées au catholique Newman. Le Cardinal Henry Edward Manning (1808-1892), lui-même converti de l’anglicanisme, mais si différent de Newman, a déclaré lors du décès de celui-ci : « Nous avons perdu notre plus grand témoin de la Foi ».

 

Newman se convertit en 1845. Il fut ordonné prêtre catholique le 30 mai 1847. Il ne devint jamais évêque, mais le Pape Léon XIII l’éleva au cardinalat le 12 mai 1879. (La règle selon laquelle tous les cardinaux devaient être évêques fut introduite par l’antipape Jean XXIII au début des années 1960). L’une des raisons pour lesquelles Newman était parfois déroutant tient au fait que n’étant ni un théologien systématique, ni un thomiste, ni un scolastique, il usait volontiers d’un vocabulaire personnel. Rien de tout cela n’a cependant de quoi surprendre, dans la mesure où la grande renaissance néo-thomiste du dix-neuvième siècle n’avait commencé que relativement peu de temps après sa conversion, avec l’encyclique du Pape Léon XIII Aeterni Patris, publiée en 1879.

 

Les personnes qui voudraient étudier en profondeur la théologie de Newman et constater la justification de son orthodoxie sont encouragées à consulter l’ouvrage de l’abbé Edmond D. Benard intitulé « A Preface to Newman’s Theology » (St. Louis, MO : B. Herder Book Co., 1945). Nous comptions rendre cet ouvrage disponible à la consultation en téléchargement PDF gratuit, mais nous n’avons pu obtenir le copyright, car l’éditeur va en publier prochainement une nouvelle édition.

 

Un avant-goût succinct de ce que le lecteur pourra y trouver figure en deuxième de couverture de la jaquette de l’édition originale de 1945 : « A PREFACE TO NEWMAN’S THEOLOGY » est une étude au plus près de l’orthodoxie catholique du grand homme. Newman était-il moderniste ou avait-il une culture moderniste ? Si tel fut le cas, il serait un guide bien peu sûr. Cette question est traitée ci-après sous l’angle académique. Certains auteurs ont critiqué les enseignements de Newman relatifs à l’évolution de la doctrine chrétienne. Les arguments en la matière sont, eux aussi, passés au crible et examinés avec le plus grand soin… »

 

L’auteur, l’abbé Benard, était un jeune prêtre incroyablement doué qui venait de se hisser au premier plan en tant que spécialiste de Newman. Il est décédé prématurément dans son bureau de l’Université Catholique d’Amérique, sans doute par asphyxie, à la suite d’un incendie qui s’était déclaré le 4 février 1961. Néanmoins, connaissant tous les maux qui allaient affliger bientôt l’Église et la société, on peut voir avec quelle miséricorde le Dieu Tout-Puissant le rappela à Lui au moment où Il le fit. L’abbé Benard est mort à l’âge précoce de quarante-six ans, mais il a vécu assez longtemps pour laisser à la postérité cette magnifique justification de l’orthodoxie de Newman.

Un catholique de tradition ne doit donc pas laisser les modernistes prétendre que Newman était des leurs, car tel ne fut assurément pas le cas. Non seulement nous devons en croire des autorités aussi bien informées que Mgr O’Dwyer et l’abbé Benard, mais le Pape saint Pie X lui-même nous donne toute garantie à ce sujet.

 

 

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D’après le : Novus Ordo Watch : https://novusordowatch.org/2019/10/pope-pius10-on-cardinal-newman/

 

Traduction : le CatholicaPedia.net

(Que notre traducteur soit encore une fois et toujours remercié pour son travail professionnel)