Vous, hommes d’Angleterre, qui n’avez aucun droit en ce royaume, le roi des Cieux vous mande et ordonne, par moi, Jehanne la Pucelle, que vous quittiez vos bastilles et retourniez en votre pays…

 

Jehanne d’Arc entre triomphalement dans Orléans libérée

 

Il y a 590 ans, Jehanne d’Arc entrait triomphalement dans Orléans libérée…

 

Dimanche, nous fêterons La Fête Nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme qui est une fête nationale officielle en France, instituée en 1920 (1), célébrée chaque année lors du deuxième dimanche du mois de mai, jour anniversaire de la libération d’Orléans le 8 mai 1429 par l’armée royale française, sous le commandement de Jeanne d’Arc.

 

Lundi, le 13 mai, Charles VII entrait dans la ville d’Orléans, accueilli par Jeanne d’Arc. Au début du mois de juin, elle insista auprès du Gentil Dauphin afin que se dernier accepte de se rendre à Reims pour se faire sacrer roi.

 

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Pour l’occasion, je vous propose un beau texte – à diffuser – de L’abbé Jehan de Durat, descendant de la famille de La Rochejaquelein :
Jeanne d’Arc au combat

Chevalier ou maquignon

Abbé Jean de Durat

 

Une fille qui prend les armes… qui relance une guerre qui est quasi perdue pour son parti… qui prétend chasser des étrangers de France manu militari !

Une fille qui, au lieu de faire la promotion de la démocratie, sauve la Monarchie et pousse le Dauphin au sacre royal à Reims pour l’asseoir sur le trône.

Une fille qui ose dire que le Christ est le Roi de France et que le roi doit être son Lieutenant. Doctrine magnifiquement signifiée par le triple échange : du roi à Jehanne, de cette reine Jehanne à Jhesus, Roi du Ciel, et de Jhesus au roi de France. Pire encore !

Une fille, paysanne inculte, qui ose résister aux évêques et ecclésiastiques très instruits et savants, mais tout autant corrompus pour un bon nombre, et qui, par ses répliques les malmène, les couvrant de ridicule.

Ça ! une sainte !

 

Si Vatican II était passé plus tôt, on aurait évité cette bavure. En effet, il paraît que depuis ce concile, Dieu n’est pas pour les nations. Dieu est pacifiste. Dieu n’intervient aucunement dans la politique. Dieu veut que les chrétiens soient adultes, c’est à dire qu’ils suivent en troupeaux de moutons de Panurge bêlant, les pasteurs qui les égarent. Vous n’allez pas résister à moi, évêque de Beauvais, que diable ! Oui : que diable ! C’est bien la bonne expression. Avec le recul de l’Histoire, nous voyons que toutes ces hostilités contre la Sainte de la Patrie sont inspirées par le démon, ennemi de nos âmes. Ennemi acharné aussi de toute civilisation incarnée favorisant le Salut des âmes.

 

Bien sûr que Dieu n’est pas chauvin, mais Il approuve l’amour de la Patrie, Terre et trésors que nos pères nous ont légués et que nous devons transmettre à ceux qui nous suivent. Peu de gens saisissent la différence fondamentale entre le chauvinisme et le patriotisme. Le chauvinisme est un amour déréglé du clan qui entraîne la haine de ceux qui n’en font pas partie. Le patriotisme est un amour préférentiel du prochain, de sa terre, de son héritage spirituel, moral, culturel et même physique. Jésus est patriote : Quand Il a pleuré sur Jérusalem, Il a manifesté son amour de la Patrie.

 

Quand les juges demandent à Jehanne si Dieu n’aimait pas les Anglais, la réponse fuse : « Si ! mais chez eux ! » Chacun doit donc être à sa place sans chercher à s’emparer de celle du voisin. La vie sur terre est bien courte. Dans sa Providence toute puissante, le Bon Dieu a donné à chacun sa place et sa mission. Chaque Nation a aussi sa place et sa Mission dans le plan de la Providence. Les membres de ces Nations doivent connaître leur Mission, l’accepter et la remplir avec zèle.

 

Pour chacun de nous, notre mission personnelle commence par le renoncement. Dans son village retiré, Jehanne aurait pu couler des jours paisibles et heureux, fonder une famille, connaître une descendance nombreuse. La guerre ne la touchait que par les rumeurs. Mais, obéissant à Dieu qui lui parle par Monseigneur saint Michel et Madame sainte Catherine, elle renonce à tout ce qu’elle aimait et part accomplir sa Mission. Non seulement elle renonce à ce qu’elle avait et ce qu’elle aimait, mais elle va jusqu’au renoncement total et accepte le sacrifice suprême dans les flammes.

 

C’est un exemple sublime et unique de la politique chrétienne : elle a servi jusqu’au don suprême de soi. Nous mourrons aujourd’hui de cette absence universelle du renoncement. Plus personne ne veut vraiment se poser la question : là où je suis, où je travaille, où je vis, où je vais prier Dieu etc. Est-ce que je sers Dieu, ou bien est-ce que je me sers moi-même ?

 

La décadence actuelle vient de ce qu’on n’accepte plus de perdre sa vie. « Qui veut sauver sa vie, la perdra ; qui perd sa vie à cause de Moi, la retrouvera ». Ce qui fut l’Occident chrétien meurt aujourd’hui, parce que, au lieu d’accepter de perdre apparemment sa vie pour le Royaume de Dieu, chacun a pris l’esprit du monde, l’esprit révolutionnaire et fait passer son avidité et son « moi » avant tout le reste, avant Dieu-même. La grande règle c’est de gagner toujours plus ici-bas : plus d’argent, plus de pouvoir, plus d’honneurs, plus de plaisirs. Oui, l’exemple de sainte Jehanne d’Arc, cela fait bien dans le tableau, mais pas question de suivre un tel idéal ! Un pays bascule de la grandeur et du véritable rayonnement à la veulerie et au scandale quand le politique cède à l’économique ; quand les Chevaliers chrétiens sont chassés des commandes et que ce sont des banquiers et des maquignons qui prennent leur place ; quand on se désintéresse du Royaume de Dieu et de Sa justice pour ne considérer que les avantages à court terme.

 

Jehanne est le type-même de la chevalerie chrétienne, capable de renoncer à tout pour servir Dieu. La voilà, la grande, la vraie Noblesse. Pour y entrer, on ne vous demande pas un pédigrée mais votre sang, votre cœur, le don de vous-même.

 

Retenons pour nous la splendide leçon de Jehanne :

— leçon de pureté au milieu des soldats qui en sont édifiés ;

— leçon de fidélité : abandonnée de tous, elle ne reprend pas ses engagements, mais va jusqu’au bout ;

— leçon de droiture : dans ce monde de mensonges et de manœuvres torves, elle est limpide de franchise ;

— leçon de courage : elle n’a jamais fléchi, pas-même sous les pressions les plus abominables ;

— leçon enfin de charité, elle qui pleurait même la mort de ses ennemis.

Cette leçon traverse les siècles.

 

À Rouen, elle a déposé l’Étendard pour voler vers le Ciel. Elle nous invite à le reprendre pour pouvoir la rejoindre auprès du Roi du Ciel.

 

Dimanche après Pâques – Sainte Jehanne d’Arc Vierge & Patronne de la France

† Jehan de Durat.

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] Elle est instaurée par la loi du 10 juillet 1920, sous la présidence de Paul Deschanel, adoptée à l’unanimité par la Chambre des députés et le Sénat, sur proposition du député et écrivain Maurice Barrès, quelques semaines après la canonisation de Jeanne d’Arc. Ce jour n’est pas férié et ne doit pas être confondu avec la Sainte Jeanne d’Arc, célébrée par l’Église catholique le 30 mai.

 

La célébration de cette fête est toujours en vigueur et fait partie des douze journées nationales organisées chaque année par le ministère de la Défense. Une cérémonie militaire a lieu traditionnellement devant la statue équestre de Jeanne d’Arc sur la place des Pyramides, à Paris.