Dans ce monde en désarroi, dans la confusion actuelle, appuyons-nous sur l’enseignement du grand Dom Guéranger, qui n’est autre que celui constant de l’église.

Dom Prosper Guéranger OSB

 

Le carême doit être pour nous le temps de Pénitence le plus intense pour nous mieux convertir, prier pour ceux qui nous sont chers, et obtenir les grâces de discernement, nécessaires dans ces temps troublés.

 

« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous ! » (Luc, xiii, 3). Nous voici avertis !

 

Aujourd’hui, il en est peu qui prêtent l’oreille à cette parole ; et c’est pourquoi beaucoup périssent. Mais ceux sur qui tombe cette parole doivent se souvenir des avertissements que nous donnait le Sauveur Lui-même, au Dimanche de la Sexagésime. Il nous disait qu’une partie de la semence est foulée sous les pieds des passants, ou dévorée par les oiseaux du ciel ; une autre desséchée par l’aridité de la pierre qui la reçoit ; une autre enfin étouffée par des épines. N’épargnons donc aucun soin, afin de devenir cette bonne terre dans laquelle la semence non seulement est reçue, mais fructifie au centuple pour la récolte du Seigneur qui approche.

Quelle est donc l’illusion de tant de chrétiens honnêtes qui se flattent d’être irréprochables, surtout lorsqu’ils oublient leur passé ou qu’ils se comparent à d’autres, et qui, parfaitement contents d’eux-mêmes, ne songent jamais aux dangers de la vie molle qu’ils comptent bien mener jusqu’au dernier jour ! Leurs péchés d’autrefois, ils n’y songent plus : ne les ont-ils pas sincèrement confessés ? La régularité selon laquelle ils vivent désormais n’est-elle pas la preuve de leur solide vertu ? Qu’ont-ils à démêler avec la justice de Dieu ? Aussi les voyons-nous solliciter régulièrement toutes les dispenses possibles dans le Carême. L’abstinence les incommoderait ; le jeûne n’est plus compatible avec la santé, les occupations, les habitudes d’aujourd’hui. On n’a pas la prétention d’être meilleur que tel ou tel qui ne jeûnent pas et ne font pas abstinence ; et comme on est incapable d’avoir même l’idée de suppléer par d’autres pratiques de pénitence à celles que l’Église prescrit, il en résulte que, sans s’en apercevoir et insensiblement, on arrive à n’être plus chrétien.

 

 

 

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Mais comme certains utilisent régulièrement toutes les dispenses possibles dans le Carême… nous rappelons qu’en 1949, le Pape Pie XII a accordé dans le décret “Cum Adversa” « la faculté aux Ordinaires de dispenser de l’abstinence et du jeûne », mais qu’elle soit limitée comme suit :

Décret 28 janvier 1949 :

“Cum Adversa” pour l’Église Latine

“Décret de la S.C. du Concile relatif au jeûne et à l’abstinence. Puisque les circonstances difficiles qui, en 1941, poussèrent à accorder la dispense de la loi d’abstinence et du jeûne se sont presque partout un peu améliorées, pour préparer l’Année Sainte qui approche et conformément aux vœux exprimés par beaucoup d’Ordinaires, il semble opportun que l’observance de ladite loi soit rétablie au moins en partie. Pour ce motif, Notre Très Saint Père le Pape Pie XII a daigné décider qu’à partir du premier jour du prochain Carême, jusqu’à nouvelle disposition, pour tous les fidèles de rite latin, même appartenant aux Ordres religieux ou aux Congrégations religieuses, la faculté accordée aux Ordinaires de dispenser de l’abstinence et du jeûne, soit limitée de la façon suivante :

a) l’abstinence doit être observée tous les vendredis de l’année,
b) l’abstinence et le jeûne doivent être observés le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, aux Vigiles des fêtes de l’Assomption et de Noël : pour tous ces jours de jeûne et d’abstinence, l’usage des œufs et du laitage est d’ailleurs partout autorisé dans les petits repas du matin et du soir.

Les Ordinaires qui se serviront de ce nouvel adoucissement du jeûne et de l’abstinence ne manqueront pas d’exhorter les fidèles, spécialement le clergé séculier, les religieux et les religieuses, à vouloir, dans ces temps très difficiles, ajouter des exercices de perfection chrétienne et des œuvres de charité, particulièrement à l’égard des pauvres et de ceux qui souffrent, et à prier selon les intentions du Souverain Pontife.
Rome, 28 janvier 1949.
Francesco Cardinal Marmaggi, F. Roberti, secrétaire.” (Cf. La Documentation Catholique, n° 1038, 13 mars 1949, col. 325)

 

Mais il nous semble aussi – en tant qu’Amis du Christ Roy de France – que ce relâchement est inadmissible, surtout à notre époque et pour les meilleurs, et pour ceux qui ont beaucoup de péchés à se faire pardonner

 

Le lecteur lira donc, avec profit, l’HISTORIQUE DU CARÊME du même Dom Guéranger dans son incomparable et indispensable ANNÉE LITURGIQUE :

 


 

Bon et saint Carême à tous ! et

 

« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous ! » (Luc, xiii, 3).

 

Nous voici avertis !