Réconciliation entre la F$$PX et Rome :

« Le Saint-Père veut qu’on aille de l’avant », selon un prélat

 

Feuilleton mélo épisode n° 889 …

 

Le pseudo-« archevêque » du Vatican Guido Posso déclare : « le Saint-Père veut qu’on aille de l’avant ». Il ne se passe guère de jours, en ce moment, sans que quelqu’un du Vatican ne se plie à une forme quelconque d’interview. Aujourd’hui, c’est encore au tour du laïc déguisé en archevêque Mr.Guido Pozzo.

 

Guido PossoPozzo est le secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, dicastère du Vatican traitant exclusivement des questions relatives à la Fraternité lefebvriste Saint-Pie X (F$$PX). Le nom Ecclesia Dei est dérivé du document ayant porté création de ladite commission, à savoir le motu proprio éponyme de Jean-Paul II daté du 2 juillet 1988, dans lequel la fracture définitive avec la F$$PX fut officialisée deux jours après que l’archevêque Marcel Lefebvre et l’évêque Antonio de Castro Mayer eurent consacré quatre évêques au mépris de l’interdiction expresse de Jean-Paul II. Les évêques en question sont Bernard Fellay, Richard Williamson, Alfonso de Galarreta et Bernard Tissier de Mallerais.

 

Au sein de la Commission Ecclesia Dei, le supérieur direct de Pozzo est le « cardinal » moderniste Gerhard Ludwig Muller, ennemi de longue date des lefebvristes, qui a déclaré récemment — selon Mgr Fellay, supérieur de la F$$PX — qu’il voulait que la F$$PX monte à bord de l’église de Vatican II (d’Eux) pour aider celle-ci à combattre le modernisme ! Les propos qu’il aurait tenus là sont aussi crédibles que le cas d’un incendiaire qui recruterait pour le compte de la caserne locale de pompiers, mais c’est une autre histoire.

 

Dans l’interview publiée aujourd’hui par le quotidien allemand Die Tagespost, dont nous donnons des extraits ci-dessous en anglais, Pozzo redit que la F$$PX devra marquer son accord avec une déclaration doctrinale que le Vatican lui a soumise il y a quelque temps. Il ne dit rien, en revanche, du moment où le « cardinal » Muller sera requis de faire sa propre profession de foi et de renier explicitement ses hérésies (il nie en effet les dogmes de la Transsubstantiation, de la Virginité perpétuelle de la Bienheureuse Vierge Marie et de la Résurrection corporelle du Christ), mais nous vous suggérons vivement de ne pas attendre trop de bonnes nouvelles de ce côté-là…

 

Le texte intégral de l’interview (sans doute donnée en italien) figure en traduction allemande dans l’article intitulé « Der Heilige Vater drängt » (Die Tagesport).

Comme la traduction complète du texte n’est pas encore disponible, nous en avons traduit les passages suivants, que nous trouvons les plus marquants (le temps ne nous permet malheureusement pas de traduire dès à présent l’intégralité du texte, mais une grande partie de ce que dit Posso n’a rien de nouveau ou d’extraordinaire.

 

* * *

 

Die Tagespost – Êtes-vous optimiste quant aux chances de voir se réduire la fracture entre la F$$PX et le Saint-Siège ?

Guido Posso

Monsieur Guido Posso
…le laïc déguisé en Cardinal !

 

Pozzo – On peut dire aujourd’hui que le rapprochement [entre la F$$PX et le Vatican] est très avancé, et l’on peut se montrer optimiste quand à la perspective de voir bientôt la rupture surmontée par une reconnaissance canonique de la F$$PX sous la forme légale d’une prélature personnelle. Afin que ce but puisse être atteint, la F$$PX est invitée pour sa part à accepter la « déclaration doctrinale » formulée par le Saint-Siège. En même temps, [le Saint-Siège] garantit — au moyen d’une loi spéciale énonçant des statuts appropriés — la préservation de l’identité spirituelle, théologique, liturgique, disciplinaire et pastorale de la F$$PX. Aucun délai n’a cependant été fixé pour cela…

 

Die Tagespost – Le Pape s’est-il donné pour mission spéciale d’obtenir la réconciliation avec la F$$PX ?

 

Pozzo – Le Saint-Père s’est toujours préoccupé de l’unité de l’Église, et il [nous] a toujours encouragés à rechercher avec magnanimité et empressement la rencontre [avec l’autre] ainsi qu’à nous écouter les uns les autres. Cela ne veut pas dire que l’on doive toujours être d’accord avec l’autre partie au dialogue, mais le Saint-Père veut qu’on adopte une attitude positive et constructive en matière de dialogue…

 

Die Tagespost – À votre avis, quelles questions doctrinales doivent être résolues en premier avec la F$$PX ?

 

Pozzo – Dans une interview qu’il accordait l’an dernier, Mgr Fellay a déclaré que la F$$PX se réservait le droit de signaler les ambiguïtés et les erreurs que la F$$PX pensait voir [dans le libellé des documents conciliaires et de la pratique postconciliaire], mais que c’était Rome qui possédait l’autorité nécessaire pour clarifier et dissiper les points critiques. Je crois que même après la réconciliation, les réserves et les difficultés signalées par la F$$PX devront être prises en considération pour parvenir à une clarification, à un approfondissement et à une explication rétrospective de ces points. Je signale en passant que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est intervenue à de multiples reprises au cours des quarante dernières années pour expliquer, clarifier et même corriger certaines interprétations erronées ou certains malentendus concernant les doctrines du Concile [Vatican II (d’Eux)]. Je ne vois pas pourquoi il ne faudrait pas poursuivre ce travail consistant à réagir par des éclaircissements et des réponses à des doutes et à des réserves, pour peu que ces derniers soient émis dans un esprit ecclésiastique et non pas polémique.

 

Die Tagespost – Quelle sorte d’accord [doctrinal] existe déjà, peut-on dire ?

 

Pozzo – Il existe un accord complet avec la F$$PX sur un point absolument fondamental : le Magistère de l’Église n’est pas au-dessus de la Parole écrite ou transmise de Dieu, mais il se tient au service de celle-ci en n’enseignant rien d’autre que ce qui a été transmis (cf. Dei Verbum 10 [de Vatican II (d’Eux)]… Cela signifie que si l’on parle d’une interprétation, d’une compréhension ou d’une pratique de Vatican II représentant une discontinuité ou une rupture avec la doctrine catholique [telle que celle-ci a été] enseignée, une telle interprétation doit [alors] être rejetée comme fausse ou inappropriée. Le problème, dans ce cas, ne tient pas au deuxième Concile du Vatican en tant que tel ; il tient à une certaine manière de comprendre, d’appliquer et de pratiquer le Concile, autrement dit l’« esprit du Concile ». Le Pape Benoît XVI a parlé d’un « concile authentique » et d’un « concile virtuel », bien que ce dernier soit le fruit des médias, ainsi que des courants théologiques modernistes, c’est-à-dire de l’« idéologie conciliaire » qui a éclipsé le « mens » [en latin, « intention » ou « compréhension] des pères du Concile.

……………

(Regina Einig, « Der Heilige Vater drängt », Die Tagespost, 17 mars 2017 ; il s’agit là de notre traduction en anglais.)

 

Il semble donc que l’on en revienne à cet antique argument selon lequel le problème tiendrait non pas à Vatican II lui-même, mais seulement à de mauvaises interprétations qui — bien entendu ! — s’opposent à la parfaite orthodoxie du magistère Novus Ordo. Telle est, pour l’essentiel, la thèse défendue par Ralph McInerny dans son livre si terne (1) intitulé « What Went Wrong with Vatican II » [qu’est-ce qui est allé de travers avec Vatican II ?] (1998), et cet auteur n’est pas le premier à l’avoir avancée.

 

Bien entendu, cette thèse nie la réalité : Vatican II (d’Eux) a été mis en œuvre, interprété et appliqué par toute la secte conciliaire, du haut en bas de la hiérarchie. La « nouvelle messe », le nouveau Code de droit canonique, le Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme, les réunions de prière d’Assise, les simagrées œcuméniques, etc. — toutes ces choses sont venues du « Saint-Siège ». C’est un mensonge éhonté de prétendre que la contradiction avec la doctrine et la pratique catholiques traditionnelles n’est qu’un vaste malentendu qui n’a jamais été vraiment autorisé, imposé ou accentué par le Vatican (d’Eux) et dirigé par lui. Mgr Fellay va-t-il tomber dans un tel panneau ?

 

Il semble que ce feuilleton sans fin soit à court d’idées et commence à tourner en rond. Quoi qu’il en soit, « à suivre »…

 

 

***

Novus Ordo Watch

D’après le Novus Ordo Watch du 17 mars 2017 : http://novusordowatch.org/2017/03/sspx-vatican-pozzo-holy-father-pressing-forward/

 

Traduction : le CatholicaPedia.net

(Que notre traducteur soit encore une fois et toujours remercié pour son travail professionnel)

 

 

Sede Vacante

 

 


 

[1] NdT : l’auteur fait ici un jeu de mots intraduisible reposant sur l’opposition suggérée entre « blockbuster » (« bestseller » pour un livre ou « superproduction » pour un film) et « lackluster » : œuvre terne, sans relief, sans intérêt).