La pratique du Carême

 

Ne reprends pas le sot, il te haïra

Reprends le sage, il t’aimera

Pv., IX, 8

 

En 2019, il semble que même les clercs les meilleurs, aient perdu le vrai sens catholique du carême, certains n’enseignant rien sur la question ou si peu, d’autres croyant former des vrais chrétiens avec le dernier texte du dernier vrai Pape, Pie XII, dans son décret du 28 janvier 1949, Cum adversa qui n’était écrit que pour les malades.

 

Dom Prosper Guéranger OSB

 

En lisant dom Guéranger, dans son maître-livre, L’année Liturgique, il nous explique au début du tome I, l’historique et la pratique du carême (1). Nous vous renvoyons tout de suite à la lecture de ces deux textes pour bien comprendre ce que l’Église enseigne pour cette période privilégiée consacrée à nous préparer à la semaine sainte, la semaine de la Rédemption, non pas comme spectateur, mais comme enfant privilégié, actif et participant, pendant 40 jours, par nos sacrifices et nos prières, à cet acte majeur de la Création que fut la Rédemption.

 

La Rédemption fut le rachat de nos péchés, un Dieu souffrant cette horrible passion pour chacun de nous. À nous de Lui prouver notre amour : « si quelqu’un m’aime, il garde mes commandements… » Et ces commandements passent par sa sainte Église. Ils furent les mêmes en tout temps, hier comme aujourd’hui, comme nous le rappelle dom Guéranger. Soyons précis, comme nous l’enseignaient Monseigneur Guérard ou l’abbé Vérité.

 

40 jours de jeûne, obligatoires pour les âges de 7 à 70 ans. Même au-delà on doit faire Carême si la santé le permet. Ces jours saupoudrés de multiples petites pénitences (sauf sur le sommeil).

2° Le matin, notre boisson habituelle, accompagnée de deux tranches de pain sec.

3° Le midi, un repas normal, sans vin, prenant une part du plat principal, sans en reprendre.

4° pas de collation dans l’après-midi.

5° Le dîner : une soupe et un fruit.

6° chaque soir deux examens de conscience plus fouillés : a) sur les grâces reçues ; b) sur les manquements.

 

7° une prière du matin, une prière du soir, l’angélus, le bénédicité, les grâces, un chapelet moins routiniers.

 

8° éviter toute distraction, pas de sortie, restaurant, cinéma l’esprit tout orienté vers Dieu, dans le silence et la paix. On évite les rires gras et la bouffonnerie.

 

9° Beaucoup de sacrifices à faire avec Internet, n’acceptant que l’indispensable.

 

10° Abstinence (c’est-à-dire pas de viande) le vendredi. Certains le conseillent aussi le samedi. De plus faire abstinence les mercredis, vendredis, samedis, des Quatre-temps.

 

11° Ni beurre, ni laitage pendant tout le carême. Petite anecdote : prenant une petite collation, après la messe de Mgr Guérard, un dimanche, la maîtresse de maison mis du beurre sur la table. J’entends encore Mgr Guérard : Madame, du beurre en carême ! La maîtresse de maison, rougissante, retira de suite le beurrier.

 

12° Le dimanche on ne fait pas carême, mais on s’abstient de reprendre de chaque plat. On conseille même le dimanche, de faire pénitence de vin.

13° Bien sûr, chaque vendredi, on fait le chemin de croix, en famille (2).

 

14° Comme l’enseignait l’abbé Vérité : pour les plus généreux et les plus grands pécheurs, continence pendant le carême, à l’exemple de saint Louis. La continence est peu enseignée malheureusement à notre époque. L’abbé Vérité était très exigeant sur ce sacrifice à vivre en ménage. Il rappelait que l’Église ne demande pas d’avoir un enfant chaque année. Elle nous demande de ne pas tricher dans l’acte conjugal et d’accepter tous les enfants que Dieu nous envoie. Le couple ne doit pas tricher, mais dans certains cas, l’état de santé de l’épouse (il disait qu’un accouchement demande beaucoup de repos à l’épouse) oblige le mari à respecter son épouse et ne pas exiger, en grand égoïste, le devoir conjugal. Combien de femmes débordées par les naissances et leurs enfants en bas âge, ne peuvent plus les élever comme il se doit. Il était très exigeant sur ce point.

 

15° Des économies faites sur les repas, on les distribue en aumône, troisième moyen après prières et pénitence, pour racheter les péchés. On les offre aux nécessiteux proches. Vous les avez dans vos chapelles : ce sont ceux qui portent toujours les mêmes vêtements.

 

16° Des confessions mieux préparées, des pénitences généreuses, des communions ferventes.

17° C’est le temps où l’on doit consacrer chaque jour, au moins un quart d’heure, à une lecture pieuse. Autrefois nous avions les sermons de Carême. Aujourd’hui on choisit un très bon livre. Je conseille de dom Sarda y Salvany, Le libéralisme est un péché, à lire et relire pour nous corriger du libéralisme qui nous envahit. C’est le manuel du combattant. Lire aussi de Luigy, Du modérantisme. C’est le manuel de l’officier dans la guerre qui nous est imposée.

https://boutiqueacrf.com https://boutiqueacrf.com

 

Le Carême oblige à revoir son emploi du temps. C’est le temps de l’orienter le plus possible et le mieux possible vers Dieu.

 

Et alors Pâques est une vraie Résurrection !

 

Il est normal de perdre cinq kilos pendant le carême. J’ai partagé et fait le ramadan au Sahara avec mes élèves pour leur faire comprendre la différence entre le Carême et le ramadan. C’est une moquerie par rapport au Carême. On attend tous le coup de canon annonçant le coucher du soleil et, alors, tous se précipitent sur la nourriture, sans aucune limite de quantité, y compris boisson. On ne perd aucun poids et même on grossit en ramadan.

 

On dira du Carême : c’est dur. Oui c’est dur. Cela en a été de tous temps. Mais cela est chrétien, est source de grandes grâces, et nous permet de dire à Dieu : Mon Dieu, je vous adore, je vous remercie, je vous demande pardon et je vous aime. Cela nous donne beaucoup de grâces de discernements et surtout de courage. Combien je suis désolé d’avoir vu le manque de courage des prêtres et des fidèles qui ont apostasié depuis 50 ans. Et ce n’est pas fini. Je pense que les adoucissements du Carême en sont la cause, surtout celui de Pie XII qui a précédé le châtiment de l’apostasie du ‘Concile’. Dom Guéranger souligne combien les grandes périodes de ferveur dans les siècles chrétiens étaient dues aux grandes générosités des clercs et des fidèles en Carême. Inversement les grands troubles étaient dus aux relâchements de Carême.

 

Merci à Mgr Guérard, qui nous a éclairés et qui priait pour chacun de nous (3).

 

À vous de choisir et d’agir. Bon Carême.

 

 

Louis-Hubert Remy

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] http://www.a-c-r-f.com/documents/Dom_GERANGER-Careme.pdf

 

http://www.a-c-r-f.com/documents/Dom_GERANGER_pratique-Careme.pdf

 

[2] MONSEIGNEUR GUÉRARDDES LAURIERS« Je vois encore ce père de famille, que la piété du Père Guérard avait plus fait pour ramener à la vraie messe que bien des discours, me disant : « Je ne m’en suis aperçu qu’à la fin, mais le chemin de croix que nous a fait le Père Guérard a duré près de trois heures ! Pendant tout ce temps, en dehors des quelques pas pour aller d’une station à l’autre, il a été sans cesse à genoux, sur le carrelage, et sans appui ! Comment fait-il ? Moi qui étais dans les bancs, et qui avais un appui, j’ai été obligé de m’asseoir ! » Or ce monsieur était un robuste paysan, dans la force de l’âge, rompu depuis son enfance au rude labeur des champs. Tandis que le Père Guérard, ce jour là, avait 85 ans ! »

 

http://www.a-c-r-f.com/documents/Mgr_GUERARD_des_LAURIERS-textes.pdf

 

[3] « Une équipe de jeunes filles de 14 à 18 ans suivaient les offices de la semaine sainte, célébrés par le Père Guérard il y a 5 ou 6 ans, dans une communauté de religieuses. Comme il est de coutume, elles se sont relayées pour l’adoration nocturne du Jeudi au Vendredi Saint. À la pique du jour, celles qui faisaient le dernier tour de garde, remarquèrent là bas, dans le chœur, une forme blanche qui se précisait avec la lueur grandissante du jour. C’était le père Guérard, à genoux, sans appui, sur la dernière marche de l’autel. Se questionnant les unes les autres, elles acquirent la certitude que depuis 22 ou 23 heures la veille personne ne l’avait vu rentrer. Or les seuls points de passage possible étaient éclairés, dans le fond de l’Église, là où se relayaient les veilleuses. Le Père Guérard avait donc passé le nuit entière en adoration, à genoux, sans appui, parfaitement immobile puisque seul le jour venait de révéler sa présence. Et ceci entre deux journées chargées en offices de toute sorte s’il en est ! Et il avait 84 ans, si je compte bien »

 

http://www.a-c-r-f.com/documents/Mgr_GUERARD_des_LAURIERS-textes.pdf