Dévotion à Marie
Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur,
car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de la bienheureuse Vierge Marie.
Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu.
Ps. 44, 2.
Eructávit cor meum verbum bonum ; dico ego opéra mea Regi.
(De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi.)
La fête de Notre-Dame du Mont Carmel a été instaurée par les Carmes vers 1380, en mémoire de la fin des oppositions à leur ordre, et de la vision à saint Simon Stock (1) le 16 juillet 1251, vision au cours de laquelle la Très Sainte Vierge Marie remit le scapulaire à Simon Stock.
En 1587, le pape Sixte Quint étendit cette fête à l’ensemble du Carmel, branches féminine et masculine. En 1726, Benoît XIII l’étend au calendrier romain.
Quant aux apparitions de la Très Sainte Vierge à Lourdes, elles se sont conclues le 16 juillet 1858, fête de Notre-Dame du Mont Carmel. Ce jour-là, nous rapporte sainte Bernadette, l’apparition resta dans le silence et se montra plus belle que jamais. Celle qui est la Reine et la beauté du Carmel, la Vierge du silence et de la contemplation, couronnait la série des dix-huit apparitions dans le souvenir de sa présence auprès de l’Ordre du Carmel.
Pareillement, Marie choisit, lors de sa dernière apparition aux pastoureaux de Fátima, le jour du 13 octobre 1917, de se manifester sous l’aspect de Notre Dame du Mont Carmel, c’est-à-dire de la Vierge au scapulaire.
Le Scapulaire du Mont Carmel
Le Scapulaire est un vêtement, c’est l’habit de la Vierge. Dans la Sainte Écriture, le vêtement est signe d’une dualité : il symbolise la chute originelle de l’homme déchu de la grâce et la possibilité pour lui de revêtir une gloire perdue (cf. Gn 3). Par là même, le vêtement est le signe de la nature spirituelle de l’homme et de sa destinée surnaturelle. Le prophète Isaïe (61, 10) chante dans son action de grâce : « Je suis plein d’allégresse dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu, car il m’a revêtu de vêtements de salut, il m’a drapé d’un manteau de justice, comme l’époux qui se coiffe d’un diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux ». Le fils prodigue, à son retour, a été revêtu par son père de la plus belle robe, signe de pardon (Lc 15, 22).
L’apôtre saint Paul nous montre quels sont les vêtements du bon soldat du Christ : Mettez tous vos soins à vous revêtir de L’armure de Dieu… Ceignez vos reins de la ceinture de la chasteté… Revêtez la cuirasse de la justice… Prenez Le bouclier de la foi… Couvrez-vous la tête du casque du salut (Éph 6).
L’Apocalypse de saint Jean nous montre au jugement dernier une foule immense devant l’Agneau, vêtue de robes blanches (Ap 7, 14).
Le Scapulaire est lui aussi un vêtement de salut, une cuirasse et un bouclier spirituel, une robe d’innocence dont nous revêt la Mère de Dieu. L’habit est un signe d’appartenance de celui qui le porte à la personne de qui il l’a reçu, et, en retour, de la protection de cette personne.
Le Scapulaire manifeste donc, de la part de celui qui le porte, la consécration et l’appartenance volontaire à Marie, et de la part de Notre-Dame, l’engagement à secourir celui qui le porte en toute occasion, particulièrement à l’heure de la mort.

Notre-Dame du Mont-Carmel et les Saints du Carmel (Simon Stock, Ange de Jérusalem, Marie-Madeleine de Pazzi, Thérèse d’Avila) par Pietro Novelli, 1641.
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dans son « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge », donne aux dévots serviteurs de Marie (au nombre desquels ceux qui portent le Scapulaire auront à cœur d’être comptés) un programme de vie en l’honneur de la Mère de Dieu : « Faire toutes nos actions par Marie, avec Marie, en Marie et pour Marie, afin de les faire plus parfaitement par Jésus-Christ, avec Jésus-Christ, en Jésus et pour Jésus » (n. 43) . Un programme qui peut mener loin les âmes généreuses !
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qui recommandait beaucoup le Scapulaire du Mont-Carmel, insistait cependant sur la droiture nécessaire aux personnes qui le recevaient : le port du Scapulaire nécessite « que la personne soit dans la résolution de sortir de son péché », sinon « on se rendrait du nombre des faux dévots de la Sainte Vierge et dévots présomptueux et impénitents qui, sous le manteau de la Sainte Vierge, avec le Scapulaire sur leur corps ou le rosaire à la main, crient : « Sainte Vierge… » et cependant crucifient et déchirent cruellement Jésus-Christ par leurs péchés ».
Donc on peut poser en principe que l’hypocrite qui aurait revêtu le Scapulaire dans l’intention de continuer à pêcher en bravant à son aise la justice de Dieu, se trouverait exclu des promesses de la Sainte Vierge.
Mais on doit apprécier différemment le cas de celui qui, par faiblesse ou entraînement, se laisserait peu à peu aller à mener une vie désordonnée, tout en portant le Scapulaire carmélitain et en conservant le ferme espoir que la Sainte Vierge l’aidera un jour à changer de vie et à faire son salut. À l’égard de celui-là, il est parfaitement permis de croire que Marie s’arrangera pour le convertir, et qu’elle fera en sorte qu’il ne meure pas subitement sans les secours de la religion, ou du moins sans avoir pu se repentir. Dût-elle opérer un miracle, retarder la mort imminente, afin de donner au moribond le temps de se réconcilier avec Dieu, de recevoir les sacrements ou de faire au moins un acte de contrition parfaite, Marie poussera certainement jusque-là sa maternelle sollicitude ; car l’engagement qui la lie envers les confrères du Scapulaire est un de ces pactes sacrés dont la durée est sans limite et la teneur inviolable. La Bienheureuse Vierge du Carmel obtiendra surtout à ses fils des grâces prévenantes qui les préserveront du péché mortel, les protégeront dans les occasions dangereuses et les sanctifieront.
C’est en ce sens qu’elle a dit à saint Simon Stock que le Scapulaire serait un signe de salut, une sauvegarde dans les dangers, un gage de paix et d’éternelle alliance.
[1] Saint Simon Stock
Anglais d’origine, saint Simon Stock naquit d’une très illustre famille du Kent dont son père était gouverneur.
Lorsqu’elle le portait, sa mère le consacra à la Sainte Vierge.
On le voyait souvent tressaillir entre les bras de sa mère lorsqu’elle prononçait le doux nom de Marie.
Pour apaiser ses cris et ses pleurs, il suffisait de lui présenter une image de la très Sainte Vierge Marie.
Il n’avait pas encore un an qu’on l’entendit plusieurs fois articuler distinctement la salutation angélique.
Cette dévotion précoce ne peut provenir que d’un mouvement extraordinaire de l’Esprit-Saint.
À douze ans, Simon se retira au désert dans le creux d’un arbre, d’où lui vint le surnom de Stock qui signifie « tronc », en langue anglaise.
Sa nourriture consistait en herbes crues, quelques racines et pommes sauvages, un peu d’eau claire lui servait de breuvage.
Ses prières montaient sans interruption vers le ciel. Saint Simon Stock passa vingt ans dans la plus entière solitude, nourrissant son âme des célestes délices de la contemplation.
S’étant privé volontairement de la conversation des hommes, il jouissait de celle de la Très Sainte Vierge Marie et des anges qui l’exhortaient à persévérer dans sa vie de renoncement et d’amour. La Reine du Ciel l’avertit qu’il verrait bientôt débarquer en Angleterre des ermites de la Palestine. Elle ajouta qu’il devait s’associer à ces hommes qu’Elle considérait comme Ses serviteurs.
En effet, Jean lord Vesoy et Richard lord Gray de Codnor revinrent de Terre Sainte, ramenant en effet avec eux quelques ermites du Mont-Carmel. Docile aux directives de la Mère de Dieu, saint Simon Stock se joignit à ces Pères, en 1212.
Élu vicaire général de l’Ordre des Carmes en 1215, le Saint travailla de toutes ses forces à obtenir de Rome la confirmation de son Ordre pour l’Occident. Il ne manquait pas d’adversaires pour en empêcher l’extension en Europe. Mais Simon Stock supplia la Vierge Marie par d’instantes prières et beaucoup de larmes de défendre Elle-même cet Ordre qui Lui était consacré. Apparaissant en songe au pape Honorius III, la Mère de Dieu lui fit connaître Ses volontés, et en 1226, ce pape confirma la Règle des Carmes.
La Mère de miséricorde apparut un jour à Son serviteur, toute éclatante de lumière et accompagnée d’un grand nombre d’esprits bienheureux, Elle lui remit un scapulaire en disant :
« Reçois mon fils ce scapulaire, comme le signe d’une étroite alliance avec Moi. Je te le donne pour habit de ton ordre ; ce sera pour toi et pour tous les Carmes un excellent privilège et celui qui le portera ne souffrira jamais l’embrasement éternel. C’est la marque du salut dans les dangers et de l’heureuse possession de la vie qui n’aura jamais de fin. »
La dévotion au scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel se répandit non seulement parmi le peuple, mais aussi parmi les rois et les princes qui se trouvèrent fort honorés de porter cette marque des serviteurs de la Très Sainte Vierge.
Saint Simon Stock, présent au concile général de Lyon tenu sous le règne du pape Innocent IV, y prononça un éloquent discours contre les divisions qui agitaient alors l’Église. Il mourut dans la vingtième année de son généralat et la centième de son âge, après avoir laissé d’admirables exemples de vertu. La mort le cueillit dans la ville de Bordeaux, alors qu’il visitait ses monastères. L’Église ajouta ses dernières paroles à la salutation angélique :
« Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. »
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