COMMUNIQUÉ DE PIERRE LEGRAND
Chers amis lecteurs,
J’ai envie de vous parler ce soir de l’esprit du monde, sujet difficile et complexe comme la nature humaine…
Car il semble bien que cet esprit gouverne la mentalité contemporaine jusque dans ses plus légitimes cogitations et interrogations.
Que n’entend-on pas depuis une semaine au sujet de Notre-Dame !
Que de thèses, d’hypothèses et d’antithèses s’affrontent ou se jaugent sur la toile si bien nommée car la vie intellectuelle des créatures humaines est un réseau complexe dans lequel viennent comme se compénétrer réalités saines et réalités malsaines.
N’oublions pas que l’esprit du monde désigne pour un chrétien l’esprit du péché originel !
Ce qui émerge le plus dans cet esprit c’est l’imagination… Quelle merveille que cette capacité donnée à l’homme, capacité qu’il cautionne le plus souvent par des analyses scientifiques ou pseudo-scientifiques, quand elle n’est pas tout bonnement la projection des fantasmes et imaginaires de créatures en déroute coupées de la grâce sanctifiante.
De nos jours, nous avons perdu l’intimité de nos échanges avec Dieu. Et notre imagination passe sans le savoir dans le camp adverse, c’est-à-dire pour parler clair celui du démon !
La perte de l’esprit surnaturel, nourri par la grâce, nous rend aveugles à toute réalité qui dépasse nos sens ou nos connaissances intellectuelles. Nous ne sommes plus accordés sur les harmonies divines, dès lors que nous avons renoncé à cet esprit surnaturel et que nous laissons l’esprit du monde gouverner notre volonté.
Notre vie temporelle se juge par notre comportement en face des événements de ce monde. Plus l’événement est majeur et porteur de sens, plus notre comportement doit s’inscrire dans cette matrice qu’est l’Esprit du Christ.
Notre-Dame fut un événement majeur et porteur de sens ! Par une singulière inversion des choses, la plupart de nos contemporains, croyants et incroyants réunis, se sont dès le départ attachés à la source (encore) cachée du mal, à ses malheureuses manifestations matérielles et culturelles, et non, ou fort peu à mon goût, aux signes visibles que Dieu mettait instantanément à notre portée et perception.
La sidération des parisiens, renforçait, par une sorte de logique inversée, les conséquences émotionnelles dont on sait la propension à étouffer dans l’œuf tout esprit de contemplation et de créer une stérilité spirituelle dans les âmes qui ne savent plus de quel esprit elles sont. J’ai déjà dit que l’un des principaux vices de notre triste époque est la confusion, confusion des esprits, des cœurs, des genres et des sensibilités.
La santé intérieure de la vie spirituelle des chrétiens d’aujourd’hui est en danger de mort car l’Église vit sa passion et, étant éclipsée, ne remplit plus son rôle apostolique et séculaire. Nous sommes orphelins et ça se sent !
Ce qui m’a le plus inquiété, c’est de voir avec quel empressement d’aucuns optaient pour telle explication ou telle autre sur les origines (accidentel ? criminel ? autre ?) du départ de feu dans la « forêt de la cathédrale » et s’acharnaient à trouver des solutions, à inventer de nouvelles architectures, à analyser scientifiquement ce qui précisément surpasse infiniment le monde du phénomène qui, comme la plus belle fille du monde, ne peut nous donner que ce qu’elle a !
La plupart oubliaient un principe immuable sans lequel toute pensée humaine est factice, impropre, superficielle, inopérante, artificielle et trompeuse : Dieu est le maître absolu de Sa Création et rien de ce qui arrive n’arrive sans Sa Volonté et Permission. Car en Dieu tout est saint et donc tout est parfait ! Perdre le sens de Dieu c’est précisément perdre ce sens premier sans lequel toutes les divagations, illusions, vœux pieux ne sont que l’expression du néant généré par des créatures finies.
Ne penser qu’à la terre, qu’au matériel, qu’au culturel, voilà l’esprit du monde ! Or la grâce nous permet d’entrevoir ce qu’il y a de divin dans ce temporel qui nous obsède tant et de permettre à notre liberté de s’y fixer suffisamment afin de ne pas être complètement englués dans cet esprit du monde qui finit par anesthésier les meilleures consciences et les âmes les plus sincèrement chrétiennes…
L’esprit du monde aime paraître, aime se mettre en avant, aime échafauder des théories, des explications, s’acharne à trouver des preuves et parfois est prêt à en fabriquer si celles-ci viennent à manque à l’appel !
L’esprit du monde n’a pas des yeux pour comprendre mais uniquement pour voir et bien souvent il ne voit que ce qui brille, que ce qui l’émeut, que ce qui le met dans un état émotionnel profond.
Celui qui ne se sépare pas du monde, à un moment ou à un autre, refuse de laisser la grâce habiter dans son âme. Il y a mille façons de se séparer du monde, sans pour autant faire montre de mépris ou de dédain systématique pour les réalisations humaines. Nous sommes des êtres incarnés, avec une religion d’incarnation et à ce titre nous sommes dans ce monde sans y être vraiment et surtout ce qui doit nous caractériser c’est cette capacité à sortir à tout instant de cet esprit du monde par amour de celui qui a dit « Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et Mammon ».
Mammon connait l’enjeu colossal de la restauration, à l’identique ou pas, de la « forêt » de Notre-Dame.
Non seulement il le connait mais il le préside et y veille car en Enfer tout ce qui peut éveiller chez les chrétiens un regain d’esprit matérialiste est le bienvenu ! Très vite la somme est montée à plus de 800 millions d’euros !!! Et, comme en écho, d’autres régions infernales ont aussitôt crié leur jalouse indignation… car en enfer il n’y a pas d’ouvriers de la première heure ! Tout le monde se hait et tout le monde se jalouse !
Alors dans tout ça, que devient la cause première de cet incendie ? Vous comprendrez, chers lecteurs, que pour un esprit catholique donc obligatoirement surnaturel, cela n’a qu’une importance relative. Car ce qui compte avant tout c’est la Volonté de Dieu à travers les gestes de l’humanité de ce temps. Savoir si ce départ de feu est criminel ou accidentel, changera-t-il au plus profond de votre âme votre perception du sens divin à donner à cette destruction d’un édifice cultuel ? J’ose ici espérer que non !
Toute « explication » qui rendrait votre esprit inerte aux choses de Dieu, anxieux à appréhender le réel avec un esprit privé de ses qualités spirituelles, ou pire encore, qui provoquerait en vous un enracinement de cet état d’esprit de défaitisme spirituel pour aboutir en fin de compte à une déconnexion totale avec le monde la foi et de l’amour serait une victoire pour l’Adversaire, celui qui précisément veut à tout prix vous éviter de réfléchir, prier, méditer et contempler avec l’Esprit du Christ…
Un esprit fort est un esprit qui s’éloigne d’un monde éclairé par la proximité de Dieu. Ne soyons pas des esprits forts mais des esprits de foi éclairés par la grâce.
Or quelles informations nous donnent la foi sur ce triste événement ? Que dirait Notre-Seigneur s’il était dans ce monde ? Il nous redirait sûrement que tout ce qui ne sert pas ou plus la gloire de Son Père est voué à la destruction matérielle ou spirituelle. Il nous dirait aussi que le visible dépend des réalités non visibles qu’il annonce. Et qu’on ne saurait sans se méprendre faire l’impasse volontaire sur cet aspect du réel temporel. Le réel exact dépasse la vision du réel constaté. Ceux qui ne comprennent pas ça sont de bien mauvais chrétiens dont la cécité coupable impacte l’ensemble du troupeau.
Nous avons mis, tous ces derniers temps, notre légitime curiosité à rude épreuve ! Légitime certes, mais jusqu’à un certain point ! Lorsqu’elle occulte ou prend le pas sur l’éclairage prioritaire et surnaturel de la foi, alors elle devient dangereuse, voire peccamineuse. Nous en voyons tous les jours, dans les médias et les réseaux sociaux les effets bien prévisibles et souvent désastreux.
À travers le drame de Notre-Dame, au-delà de toutes les considérations mondaines, culturelles, historiques, etc… il y a une réalité qui n’est pas de ce monde. La percevoir comme telle c’est croire qu’elle possède l’existence et la vérité d’une manière différente que celle dont notre monde la perçoit, l’actualise et l’exprime dans son réel à lui. Cette réalité de l’au-delà dépasse infiniment par sa portée eschatologique nos courte-vues plus ou moins matérialistes même teintées d’émotions légitimes.
Chaque réalité doit s’expliquer l’une par l’autre et c’est à chacun de nous de faire la jonction en quelque sorte entre les deux mondes, en assumant les contradictions de l’un à la lumière des vérités de l’autre, dont nous sommes appelés à jouir de l’héritage que nous a promis le Seigneur.
Si nous ratons cette jonction en restant au niveau de l’esprit du monde, nous avons raté ce qui donne un sens au mystère de notre existence. Nous pourrons peut-être réussir à faire notre salut, mais nous arriverons cul-de-jatte, manchots ou borgnes devant Saint Pierre, qui ne manquera pas alors de nous demander quelques explications.
Et nous répondrons alors au Premier Pape, d’un air tout penaud : « J’ai trop aimé Notre-Dame, mais pas de la meilleure manière ! ».
C’est par ce petit sourire que, ne voulant pas trop vous lasser, chers lecteurs, je vous laisse et vous suggère de ne plus regarder l’illustre bâtiment nommé Notre-Dame comme au premier jour de votre sidération.
Bon mois de mai à tous, le mois de Marie, que nous implorerons afin de nous départir avec son aide de cet esprit du monde qui nous fait tant de mal.
Pierre Legrand.
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