Charles ou les réflexions amères d’un catholique qui se veut lucide

…et petit essai d’analyse par votre serviteur !

 

par Pierre Legrand

 

 

Chers amis lecteurs,

 

Dès que l’on quitte imprudemment les chemins semés de ronces de l’économie du châtiment, l’on arrive très vite dans l’un des cercles de l’enfer où la violence de la pensée donne la nausée même aux meilleurs.

 

Entre ceux qui ne peuvent contenir leur haine de l’autre à cause de leurs idées ou de leurs élucubrations, et ceux qui foncent têtes baissées dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à une explication plus ou moins rationnelle, il n’y a plus guère de place pour ceux que l’amour de la vérité et le respect de la divine Volonté et Providence animent encore d’un zèle sacré.

 

Beaucoup sont incapables de faire la différence entre le probable et l’avéré, entre l’hypothétique et le probant. La confusion des cœurs, des esprits et des intelligences remplit l’espace de notre temps comme le ferait un nuage toxique et radioactif en continuelle expansion.

 

J’ai trouvé ce court message, envoyé par un ami, d’une densité telle que je me suis résolu à vous en parler en me risquant modestement à une petite analyse. À n’en pas douter — il suffit pour cela de lire les différentes réactions des lecteurs — les réflexions de ce fameux Charles Giroud-Montessuis n’ont pas laissé indifférents la plupart de ceux qui ont lu son message.

 

Le problème principal que j’ai pu relever à une première lecture, c’est que ce genre de texte relève de plusieurs grilles de lectures. Or la plupart des réactions démontrent que l’immense majorité des lecteurs n’ont en fait utilisé qu’une seule grille de lecture, accordée à leurs préjugés et présupposés idéologiques, aussi respectables ou condamnables qu’ils soient.

Notre-Dame brûle !...

 

D’emblée notre Charles débute son message par un très court rappel historique sur le mode négatif pour mieux imputer le drame à une république dite macronienne, ce qui, à mon sens est en soi réducteur et n’embrasse pas comme cela devrait l’être le problème plus général de la vocation première de la France et du régime voulu par Dieu pour cette dernière… Mais ne soyons pas trop sévère pour Charles car il n’est pas facile d’accuser un régime qui transcende dans le temps tous ses méfaits et leur donne à chaque époque une matérialité en accord avec son idéologie profonde. D’emblée Notre-Dame est qualifiée de « merveille d’architecture et d’art sacré » (remarquez que j’ai inversé à dessein l’ordre des termes…) et son atteinte est qualifiée de crime sans pareil ! L’excès dans l’expression est bien sûr voulu et en accord avec la gravité de l’atteinte. Je note que le geste en question pour être symbolique n’en reste pas moins efficace et empreint de réalisme opératoire que chacun a pu constater de visu s’il était sur place ou devant son poste de télévision… Une partie de la cathédrale a brûlé et bien brûlé, faisant disparaître une « forêt » millénaire, ce qui fera dire à certains que le crime symbolique est avant toute chose temporel. D’aucuns ajouteront, à juste titre d’ailleurs, qu’on peut y voir là un signal fort de la disparition sous forme matérialisée des racines chrétiennes de la France ! En ce sens, Charles a tout à fait raison d’y voir un point de non-retour, même dans l’hypothèse d’une restauration dite « à l’identique ». De ce point de vue, y voir un châtiment, ou du moins une sévère privation matérielle, me paraît relever là du simple bon sens, quelle que soit la charge symbolique qu’on y mette…

 

Ensuite nous rentrons dans un domaine que je qualifierai d’hypothèse pieuse ; Charles ne croit pas un seul instant à la bonne volonté gouvernementale, ni à la compétence des experts, pour arrêter les coupables…si coupables il y a !!! Je sais que beaucoup d’entre vous, amis lecteurs, ne sont pas loin de partager cette opinion et, nonobstant la qualification de cette affaire « sans suite », faute de preuves ou par une volonté d’affirmer contre vents et marées la doxa officielle de l’« accident », il y a fort à parier que les conclusions des experts rejoindront ce sentiment général, faisant taire pour toujours tous ceux qui, sans preuves réelles et tangibles, se mettraient à se découvrir un amour sans faille pour toute doctrine quelque peu complotiste et qui viendrait comme étayer leur soif d’explication (plus ou moins) rationnelle.

 

Notre-Dame ou plutôt la « cathédrale » ne sera jamais rebâtie...Et là arrive soudain une assertion comme surgirait un cheveu sur la soupe d’un cuistot peu soucieux de l’ajustement de sa toque : « Nous n’avons pas besoin de preuves ». C’est admirable autant que c’est idiot, et cela suffit amplement à déclencher les foudres multiples et variées de tous les anti-complotistes de la terre… Charles a remisé les preuves dans un secteur où elles n’ont rien à y faire… Spirituel et temporel sont deux choses différentes et elles obéissent à des logiques qui semblent parfois opposées…

 

Charles, dans un lyrisme pétri de bonnes intentions, confond le passé et le présent, et même un peu l’avenir avec ce que nous vivons au présent avec toutes ses théories, ses présupposés, ses prospectives, ses intentions reconstructrices, tout cela pour aboutir à une affirmation encore négative : Notre-Dame ou plutôt la « cathédrale » ne sera jamais rebâtie. Nous sommes là dans le vœu pieux le plus ambigu. Chacun sait que la structure générale de l’édifice a tenu, du moins jusqu’à maintenant. Charles n’hésite pas à manier la contradiction en affirmant, toujours négativement, que la dite « restauration » sera un sacrilège dont on ne voit pas alors comment il pourrait s’accorder avec un constat de « non-reconstruction » énoncé quelques lignes plus haut… Le procès d’intention est donc patent et cela ne fait pas peur à Charles de l’énoncer puisqu’il sait que d’emblée les croyants de sa sensibilité abonderont dans son sens…maniant une grille de lecture bien spécifique. Seulement, chers amis, prenons garde car une grille de lecture peut en cacher une autre, voire plusieurs autres et donner du grain à moudre à tous les adversaires d’une vision spirituelle et providentielle du drame qui s’est joué en un acte au cœur de la capitale.

 

Rassurons-nous : Charles va se rattraper lorsqu’il nous dit que ces notions même de foi et de sacré n’ont aucun sens pour tous ceux qui seraient amenés à « reconstruire » un tel édifice. C’est vrai et je suis bien d’accord avec lui, si l’on parle des organes officiels de ce régime si funeste et si contraire à la mission divine de la France. Mais si l’on se place au niveau des personnes, en tant qu’individualités éclairées (ou non) par la grâce, l’on risque fort de se permettre une petite entorse à la charité, entorse peccamineuse d’autant qu’elle resterait bien cachée…dans cette forêt de pieuses intentions…

 

Alors parler de « but », ce qui suppose déclaration affichée et officielle, me paraît légèrement excessif et risque encore d’alimenter la propension de certains à voir le mal partout ou à se laisser gouverner par un esprit complotiste qui met constamment à l’affût nos ennemis de tous bords, en quête d’une anomalie de la part des « bien-pensants »…

 

Oui, Charles, le châtiment est en marche et nul phénix ne viendra troubler le lente descente aux enfers d’un peuple et d’une nation en apostasie générale et en lente décomposition intellectuelle et spirituelle. Tout simplement parce que nous avons perdu jusqu’au souvenir des outils nécessaires à notre « reconstruction » personnelle et collective.

 

S’il y a « ruine de l’empreinte céleste », Charles, c’est que Dieu a jugé que nous ne la méritons plus. Son jugement est saint, parfait et donc sans appel. Nous pourrions tout reconstruire à la perfection que sans Dieu nous ne pourrons jamais rien faire et surtout pas redonner à ce royaume cette empreinte céleste que vous évoquiez dans votre message…

 

Il y a donc du souci à se faire et l’atmosphère générale n’est certes pas à l’optimisme béat.

 

La prise de conscience brutale et régénératrice que vous évoquez si brillamment dans votre petit texte, Charles, ne pourra se faire qu’au prix du sang et il est à craindre qu’au point où nous en sommes ce seront des fleuves de sang qui seront nécessaires à une « divine surprise » ou une conversion en masse d’un peuple à la nuque raide (et je ne fais nullement allusion ici aux nobles descendants des anciens hébreux !) , peuple qui n’est pas prêt de renier sa foi laïque et républicaine et d’abdiquer la Souveraineté que le Prince de ce monde lui a généreusement octroyée à la place de celle des fils de Saint Louis… Nous sommes loin du « filial consentement » du peuple chrétien et catholique des anciens jours… Ce peuple a le pouvoir et il entend bien le conserver. Ce « non serviam » du peuple est en opposition radicale et complète avec le Fiat de la Très Sainte Vierge Marie, tant de fois contristée, vilipendée et blasphémée au sein de cet édifice qui fut jadis une « cathédrale catholique », et un catholique conçoit bien que Dieu soit très pointilleux sur ce qu’endure Sa Mère sous des cieux démocratiques…

 

Seul Dieu a le pouvoir de faire renaître de ses cendres un édifice à Sa Gloire… Pas l’homme ! Seul Notre-Seigneur est ressuscité d’entre les morts…

 

Enfants de la colère, notre choix est clair : nous revêtir de cilice, couvrir notre tête de cendres et attendre le jugement de Dieu. Plus il tarde, plus sévère sera la sanction.

 

Déjà beaucoup s’insurgent contre une compétition inévitable entre différents cabinets d’architectes et les pétitions commencent à fleurir ici et là… Mais ces malheureux sont dans leur rôle et il faut toujours rendre à César ce qui lui appartient ! Ne faisons pas l’autruche : la réalisation à l’identique est impossible matériellement parlant ! Ce qui est détruit l’est pour toujours. Dieu donne, Dieu reprend. Nous ne sommes pas propriétaires de la création, nous n’en sommes qu’usufruitiers, gestionnaires et locataires. Si le propriétaire décide un ravalement ou un changement radical dans la structure ou l’agencement de sa propriété, nul ne saurait l’en empêcher ou le contester ! Au Ciel, pas de vote mais que des (bonnes) décisions !!!

 

Les bâtisseurs de cathédrales ont insufflé à cet édifice son caractère sacré et harmonieux. Ne faisons pas de l’archaïsme à la petite semaine en prétendant que notre siècle, si doué soit-il, pourrait redonner à cette cathédrale le même caractère sacré. C’est impossible car ce siècle (et les précédents !) est celui des Lumières et du triomphe de Lucifer sur la Sainte Église douloureusement éclipsée. On ne vaincra pas le mal à coup de restaurations et à coup de milliards !

ON NE SE MOQUE PAS DE DIEU !

Pierre Legrand.

 

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Voici in extenso le message de Charles :

 

« Qui peut être suffisamment jobard pour croire à l’accident ?

Ce que les allemands n’ont pas fait, ce que les révolutionnaires de 1789 ont voulu mais n’ont pas osé faire, la république macronienne l’a fait. Que ce soit directement, ou par musulmans ou anarchistes interposés est secondaire, en renouvelant le geste d’Erostrate, la ruine d’une des plus grandes merveilles d’art et d’architecture sacrée est un crime sans pareil.

Avec ce geste symbolique, on a atteint le point de non retour. Bien sûr, on n’arrêtera jamais les coupables, l’affaire restera officiellement un accident et sera classée sans suite.

Nous n’avons pas besoin de preuves. Avec 200 ans de guerre maçonnique contre l’Église catholique, les attentats de Saint Sulpice, de Saint Denis, les profanations quotidiennes des églises et des cimetières dans toute la France, l’intensification du changement de peuple, on est passé à la vitesse supérieure. L’existence du gouvernement actuel et la colonisation en cours sont les preuves requises.

La cathédrale ne sera jamais rebâtie. Le but visé étant la désacralisation, la destruction de l’emblème catholique au cœur de Paris, la ruine des valeurs chrétiennes de la France blanche et millénaire, la restauration ne pourra être qu’un nouveau sacrilège, n’en doutons pas.

Et comment pourrait on la rebâtir avec les techniciens, les architectes et les moyens modernes ? Il faut la patine du temps, l’amour du travail bien fait, l’œuvre de la main, pas celle des machines et surtout la foi, la confiance en l’éternité, l’amour de la beauté, le respect des choses saintes, le sens du sacré. Ces notions n’ont aucun sens pour ceux qui nous gouvernent, comme pour une grande partie de la population, et ne parlons pas des millions de barbares qui nous colonisent.

Avec la ruine de l’empreinte céleste au cœur de la capitale, c’est tout le pays qui se trouve face au choix ultime entre l’effondrement définitif ou trouver comme le phénix la force d’une résurrection des cendres, ce qui ne peut se faire sans une prise de conscience brutale et régénératrice et des moyens qui ne sauraient en aucun cas être démocratiques. »

Charles Giroud-Montessuis.