LA POLITIQUE EST UN ART QUI DEMANDE DES ARTISTES ET NON DES CLOWNS !
Cave Ne Cadas
Publié le 9 juin 2017
Où il est encore question d’élections...
Le « moindre mal » et le « vote utile »
Je reviens, chers lecteurs, sur le sujet de la votation… Parce que d’une part l’immonde république (ripoublique) nous agresse de manière continue par sa surenchère d’élections, et parce que d’autre part les textes sur les élections et sur le moindre mal que nous avons précédemment publiés nous ont valu quelques remarques fort peu amènes, certaines allant jusqu’à accuser les Catholiques Semper Idem qui s’en tiennent strictement à la ligne de conduite établie par l’Église, de favoriser la défaite et l’instauration du mal, j’ai décidé d’en « remettre une couche », comme l’on dit familièrement à l’approche des “législatives” « en marche ». Pour votre méditation, je vous propose un texte du 19ème siècle.
Notre France entame, pendant ce siècle, une série de mutations tant politiques qu’économiques et sociales. L’Église, ciment traditionnel de la société française, perd petit-à-petit de son influence avec la laïcisation progressive de l’État voulue par des républicains anticléricaux face aux monarchistes soutiens de l’Église. Beaucoup de clercs de l’Église catholique romaine sous le conseil de Papes (Pie IX, syllabus) et dans la conduite des Cardinal Pie, abbé Augustin Barruel (S.J.), Mgr Gaume, Mgr de Ségur, Mgr Jouin et la Revue Internationale des Sociétés Secrètes vont prêcher une doctrine en opposition avec les principes révolutionnaires de 1789. C’est le siècle de « L’école antilibérale » à laquelle nous sommes attachés ici !
Le texte suivant proposé, garde toute son actualité à la différence près qu’au moment où il a été écrit, la société civile était encore catholique… alors que de nos jours nous vivons dans la grande apostasie !
Cave Ne Cadas
LA POLITIQUE EST UN ART QUI DEMANDE DES ARTISTES ET NON DES CLOWNS !
CETTE FARCE FINIRA TRÈS MAL
Un document vieux de 144 ans
Les intérêts politiques, comme les intérêts personnels, comptent parmi les causes du modérantisme (1). Bien compris, ils ne devraient porter préjudice ni à la vérité ni à l’ordre, mais bien plutôt les servir. Malheureusement on les comprend mal et très mal. L’ignorance contribue pour une large part à en obscurcir la saine notion ; les mauvais instincts font le reste.
D’où il suit que les vrais intérêts politiques sont nécessairement subordonnés aux intérêts religieux et qu’ils leur servent comme de point d’appui. Aujourd’hui cependant ce qu’on appelle intérêts politiques sont loin de répondre à l’idée chrétienne que ces mots réveillaient autrefois et qu’ils devraient encore exprimer.
Le profit le plus clair que la société actuelle a retiré de la belle invention moderne, que l’on nomme gouvernement constitutionnel et qui est aujourd’hui implantée partout, c’est de partager les législateurs en deux camps bien distincts, dont l’unique besogne, à vrai dire, consiste à se faire perpétuellement la guerre. L’un veut se maintenir dans la position qu’il occupe ; l’autre veut la lui ravir : tout est subordonné à ces deux volontés en conflit. Qu’une mesure de la plus haute importance leur soit imposée, ils ne s’en occuperont guère ou même point du tout, Elle n’est point de celles qui peuvent se transformer en armes offensive ou défensive. Il faut se battre, voilà qui est essentiel : tout le reste n’est que secondaire. Les mesures n’ont aucune raison d’être par elles-mêmes ; elles ne surgissent qu’accidentellement, c’est-à-dire parce qu’il a fallu combattre avec quelque chose et à propos de quelque chose.
Il est aisé de prévoir, quand même nous ne serions pas instruits par les faits, ce que peut produire un pareil système d’organisation gouvernementale. Rien ne s’y accomplit par pur amour de la justice et de la vérité ; tout y est marqué au coin des plus mesquins intérêts. Pour conserver les appuis dont on a besoin, il faut les ménager, et on les ménage en sacrifiant les principes en tout ou en partie.
S’agit-il, par exemple, d’une mesure ou d’une loi que réclame impérieusement la voix publique afin de sauvegarder les intérêts de la foi ou de la morale ? On commence par s’interroger d’un regard scrutateur, d’un œil défiant ; on se tâte, on hésite, on examine minutieusement les risques que fera courir à son parti la ligne de conduite à adopter. Bien qu’il soit clair comme le jour que la loi ou la mesure réclamée ne sera que la pure application d’une grande vérité de l’ordre moral ou religieux, on cherche à éluder les justes réclamations qui se font entendre par des atermoiements sans fin, si l’on prévoit que vouloir y faire droit indisposera quelques amis politiques et les déterminera à passer dans le camp ennemi.
C’est de la même manière à peu près que l’on procède dans tous les cas où il serait urgent d’affirmer carrément les principes, soit en combattant les mesures qui les contredisent, soit en soutenant celles qui impliquent nécessairement leur mise en pratique. Pour ménager des hommes dont le vote sera précieux si le parti vient à passer par une crise, on ferme les yeux sur leurs actes les plus iniques et leurs prétentions les plus condamnables. Parfois on garde le silence en présence de leurs attentats contre ce qu’on sait être vénérable et saint ; parfois on va même jusqu’à leur prêter son concours, prenant soin toutefois d’embrouiller les questions de manière à faire croire que sa coopération n’est pas illicite en pareil cas ; parfois enfin, s’il n’est pas possible de voiler ou de déguiser l’odieux qu’il y aurait à les appuyer purement et simplement, ou seulement à se réfugier dans un prudent mutisme, on proteste faiblement et on les engage, non pas à abandonner complètement des projets qui soulèvent l’indignation des hommes honnêtes et consciencieux, mais à les modifier tout juste assez pour qu’on ne puisse pas les qualifier d’évidemment injustes ou criminels.
Quant aux causes justes et saintes qu’on a mission de défendre et de faire respecter, on est disposé à faire toutes les concessions demandées, pourvu qu’elles ne portent point préjudice aux intérêts propres du parti, surtout aux désirs ambitieux de ses chefs. On s’abstient de faire valoir dans toute leur plénitude les droits de la conscience et de la foi, si l’on juge qu’en le faisant on soulèvera des colères et des haines. On est faible en face des réclamations des méchants, on ne sait pas leur résister ; on est encore plus faible lorsque le moment est venu de plaider en faveur de la justice et de la vérité, dont on a été constitué le défenseur.
Il n’y a pas à le nier, c’est dans cette ornière que se traîne aujourd’hui la politique. Elle n’est plus que le mépris formel et pratique de toute vérité, de toute justice, de toute morale. Savoir être souple et conciliant ; plaire à la majorité, aux masses, en immolant chaque jour sa conscience au profit de toutes les turpitudes ; intimider ceux qu’on n’espère point pouvoir tromper, afin qu’ils n’élèvent pas importunément la voix, voilà ce qui caractérise de nos jours le personnage réputé habile, grand politique, homme d’État consommé.
Et une fois au pouvoir, que ne met-on point en œuvre pour le conserver ? On vient de voir comment on s’y prend pour s’assurer des amis et des soutiens à l’intérieur, c’est-à-dire au sein même des assemblées législatives. Ces amis ne suffisent point ; il faut de plus en recruter à l’extérieur, car les élections ont lieu à des époques assez rapprochées et c’est avec elles qu’il faut surtout compter.
Plusieurs des hommes, à qui les politiques astucieux tiennent pareil langage, se laissent éblouir et surprendre, puis, malgré leurs lumières, en dépit même de leur caractère auguste, ils se déclarent pour les ménagements, les accommodements, la conciliation en fait de principes. Ils s’en vont, répétant à qui veut les entendre, qu’il y a beaucoup de petites erreurs qu’il ne faut pas combattre, afin d’éviter de plus grands maux.
S’il arrive que ce soit la voix de la chair et du sang qui descende des hautes sphères politiques et qui prêche la conciliation, quelle triste et funeste influence elle exerce sur ces hommes ! Ils n’entendent, ils ne voient que César ; ils lui sont dévoués jusqu’à la plus honteuse servilité. Ils pourraient, en bien des circonstances, lui vendre Dieu et Son Église. L’histoire ancienne, moderne et contemporaine confirme ce que j’avance ici.
À d’autres, les politiques présentent l’appât des places, des honneurs, des emplois lucratifs, des faveurs de toutes sortes. Ils les tiennent attachés au moyen de cette glu. Mais ceux-là surtout sont certains d’être comme criblés sous la pluie d’or de leurs faveurs, qui publient des journaux entièrement dévoués à leurs intérêts. Impossible de se faire une juste idée de la grandeur du mal causé par ces journaux à gages. Leur rôle presque exclusif consiste, on peut dire, à torturer les principes, à diminuer, à défigurer la vérité en entassant sophismes sur sophismes, malhonnêteté sur malhonnêteté ; tout cela, dans le but de démontrer que leurs patrons sont adorables dans tous leurs faits et gestes.
Et si quelqu’un, effrayé des funestes effets que peuvent produire les dangereuses doctrines qu’ils répandent partout, entreprend de les contredire, de rendre évidente la fausseté de leurs assertions et par là mettre un frein à leur audace, ils l’accablent d’injures et d’outrages, le poursuivent de leurs sarcasmes, fut-il le plus honnête homme du monde, fut-il même prêtre ou évêque.
Ce qu’il y a de singulièrement affreux dans cette hideuse comédie, c’est qu’elle se joue au nom de tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré. Ces journaux, qui ne vivent qu’au détriment de la justice et de la vérité, et qui, pour cacher leur jeu, s’adonnent à toutes les supercheries imaginables, ne cessent de répéter qu’ils crèvent de respect pour la religion et ses ministres, et que, s’ils élèvent la voix, c’est uniquement pour protester contre les exagérations des quelques fanatiques dominés par un zèle aveugle, exagérations qui ne peuvent aboutir, disent-ils, qu’à faire maudire une religion toute d’amour, de tendresse et de miséricorde. Ils parviennent si bien parfois à induire en erreur sur le but qu’ils poursuivent, qu’ils réussissent à faire bâillonner, de par autorité, les rares journaux qui osent se poser comme leurs contradicteurs.
Si donc aujourd’hui on a la douleur de constater que partout les principes sont faussés et la vérité amoindrie, il faut l’attribuer en grande partie à cette peste de publications quotidiennes, qui est au service des diverses coteries dites politiques. La plupart des lecteurs de ces feuilles, étant sans défiance et sans véritable savoir, se laissent prendre à toutes les fausses idées qu’elles émettent, les professent comme expression de la doctrine catholique et conséquemment finissent par y tenir comme à leurs propres entrailles.
Ceux que les politiques ne peuvent pas assouplir à leurs volontés par des faveurs ou de belles promesses, ils tentent de les réduire en les taquinant sournoisement, et surtout en leur refusant avec brutalité ce qu’ils devraient leur accorder en justice.
« Ah ! Vous nous avez combattus, vous nous combattez encore, disent-ils, eh bien ! Vous allez apprendre à le regretter. Vous n’aurez rien, absolument rien de nous, nous adresseriez-vous pétitions sur pétitions et vos demandes fussent-elles appuyées des meilleures raisons du monde ? Bien plus, nous mettrons toutes les entraves possibles à l’exercice des droits mêmes que vous reconnaissent les lois. Quand vous vous serez suffisamment repentis ; quand vous aurez avoué que nous avons bien agi en tout, et que notre raison est la seule autorité que nous devons consulter en fait de règlements à confectionner et de mesures administratives à mettre en vigueur, vous pourrez espérer qu’on vous rendra justice. »
Il en est malheureusement qui abaissent pavillon devant cette grossière arrogance et ce despotisme russe ; mais il en est d’autres aussi qui savent ne pas baisser le front et qui, malgré toutes les avanies et tous les dénis de justice, aiment mieux souffrir patiemment que de sacrifier un iota de cette vérité qui déplaît. Ayons en horreur la conduite des premiers, parce qu’elle est dictée par cette fausse modération que l’Esprit Saint appelle prudence de la chair ; mais imitons, courageusement la noble et sainte attitude des seconds, car elle est ce sel de la terre qui empêche que tout ne tombe dans la corruption.
En terminant cette question, je ferai remarquer que je l’ai traitée, comme le comporte le sujet, à un point de vue tout à fait général. Je n’entends point dire que tous les hommes politiques sont de l’espèce de ceux dont je viens d’esquisser le portrait. Non, il y a d’honorables et de très honorables exceptions. Il en est plusieurs parmi eux qui sont des catholiques très éclairés et très sincères, et qui en conséquence ont en horreur le modérantisme. Aussi travaillent-ils avec une énergie qu’on ne saurait assez admirer à faire triompher les bons principes sur toute la ligne. Plus est malsain le milieu ou vivent ces hommes, plus ils ont de mérites à redoubler d’efforts pour l’assainir.
[1]DU MODÉRANTISME ou DE LA FAUSSE MODÉRATION, LUIGY (abbé ALEXIS PELTIERB), de la rédaction du Franc-Parleur, MONTRÉAL, 1873
A http://www.a-c-r-f.com/documents/luigy-du_moderantisme.pdf. Un langage inhabituel !
Note de LHR. Nous avons Le libéralisme est un péché de Don Felix Sarda Y Salvani, vrai manuel du combattant chrétien. Cette brochure est destinée à l’élite de ces combattants, à ceux qui n’auront pas peur de lutter publiquement pour la Vérité. Don Sarda est pour tous les soldats, y compris les officiers, Luigi est le manuel des officiers.
B Biographie par le R.P. Charland, O. P. : UN GAUMISTE CANADIEN : L’abbé ALEXIS PELLETIER, dit LUIGY, Extrait de la Revue d’Histoire de l’Amérique française, septembre et décembre 1947. http://www.a-c-r-f.com/documents/R_P_CHARLAND_abbe-Pelletier_Luigy.pdf
ÉtiquetéAbbé Pelleyier, accommodements, Alexis Pelleyier, arrogance, atermoiements, but peu avouable, causes justes, causes saintes, concessions, conciliations, désirs ambitieux des chefs, despotisme, Don Felix Sarda Y Salvani, école antilibérale, foi, honteuse servilité, idée chrétienne, ignorance, immonde république, injures, intérêts personnels, intérêts politiques, intérêts propres du parti, intérêts religieux, intrigues, justice, la politique est un art, législateurs, Luigy, machinations, malhonnêteté, mauvais instincts, ménagements, mesquins intérêts, modérantisme, moindre mal, morale, obscurcir, opinion publique, ordre moral, ordre religieux, outrages, politique, politiques astucieux, R.P. Charland, ripoublique, ruses, saine notion, sauvegarder les intérêts, sophismes, supercheries, tromper, vérité, voies tortueuses, votation, vote utile