
Jusqu’à minuit : indulgence de la Portioncule
Tous les 2 août, à l’occasion de la fête liturgique de Notre-Dame des Anges célébrée dans la famille franciscaine, tous les fidèles peuvent obtenir une indulgence plénière particulière, dite indulgence de la Portioncule.
« François se fixa à la Portioncule à cause de son amour pour la mère du Christ. Il aima toujours cet endroit plus que tout autre au monde. »

La Portioncule au centre de la nef de la Basilique Sainte-Marie-des-Anges construite entre 1569 et 1679.
PÈRE MARIE-ANTOINE DE LAVAUR,
« LE SAINT DE TOULOUSE »
L’INDULGENCE DE LA PORTIONCULE
OBTENIR L’INDULGENCE DE LA PORTIONCULE
L’Indulgence de la Portioncule est encore appelée Indulgence du Pardon d’Assise, ou Indulgence du saint Pardon, ou encore Indulgence de Sainte-Marie des Anges.
L’Indulgence de la Portioncule peut être obtenue du 1er août midi jusqu’au 2 août à minuit.
En faveur de qui, sa portée
« Par les indulgences, les fidèles peuvent obtenir, pour eux-mêmes, et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission des peines temporelles, suite des péchés. L’indulgence est partielle ou plénière selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le péché ».
Les conditions pour l’obtenir
S’être confessé et avoir communié, la veille ou le jour, ou avoir l’intention de recevoir ces sacrements avant le 2 août minuit, l’église importe peu.
Se rendre, à la date prescrite, à l’église dotée du privilège, avec l’intention bien arrêtée de s’appliquer la sainte Indulgence. Commencer par une Adoration profonde au Saint-Sacrement et une sincère contrition. Rendre grâce au Seigneur.
Y prier aux intentions du Souverain Pontife (1) : 6 Pater, Ave, Gloria.
Églises dotées du privilège
Les églises des Ordres Franciscains (Conventuels, Frères Mineurs, Capucins, Clarisses ou TOR), mais également : les cathédrales, basiliques mineures et toutes les églises paroissiales.
Combien d’indulgences peut-on obtenir le même jour
Il n’est plus possible d’obtenir plusieurs indulgences plénières dans le temps imparti. Mais il est toujours possible d’obtenir, en plus d’une indulgence plénière, plusieurs indulgences partielles, autant qu’on entre de fois dans les églises qui la possèdent.
L’indulgence de la Portioncule peut être obtenue, dans les mêmes conditions, par tous ceux qui se rendent dans la Basilique Sainte-Marie-des-Anges d’Assise, quelque soit le jour de l’année.
« François, lui dit le Christ, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines » L’icône du Christ de Saint-Damien, 12e siècle, aujourd’hui dans la Basilique Sainte-Claire à Assise.
SAINT FRANÇOIS D’ASSISE
Dieu est admirable dans tous ses saints, mais, parmi eux, il en est de privilégiés. La grandeur de leur mission et les grâces extraordinaires pour la remplir, les mettent dans un ordre à part. Tel est le glorieux et séraphique François d’Assise.
Du premier coup, il s’élança comme un géant dans la voie de la perfection évangélique. Toute sa science fut son immense amour pour Dieu, pour Marie Mère de Dieu, pour les âmes rachetées du sang d’un Dieu, et pour la sainte pauvreté, glorieuse épouse de ce même Dieu fait homme pour nous. Aussi, Notre-Seigneur a-t-il voulu récompenser cet amour en accordant à saint François trois faveurs qui lui sont particulières et qui le distinguent entre tous les saints.
- La première, c’est cette grande et miraculeuse Indulgence dite de la Portioncule.
- La seconde, ce sont les sacrés stigmates que saint François a reçus sur les Monts Alverne, deux ans avant sa mort.
- La troisième, c’est de fonder trois Ordres, celui des Frères Mineurs – Conventuels, Observantins et Capucins -, celui de sainte Claire et celui du Tiers-Ordre.
Alors Dieu suscite un homme
« Le Libérateur du genre humain, Jésus-Christ, est la source intarissable et éternelle de tous les biens qui nous viennent de l’infinie bonté de Dieu. Et Celui qui, une fois déjà a sauvé le monde, est le même qui doit le sauver dans toute la suite des siècles. Car aucun autre nom, sous le ciel, n’a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés (saint François d’Assise). Si donc, il arrive que les passions ou la faiblesse des hommes jettent l’humanité dans la décadence, de telle sorte qu’un secours particulier semble nécessaire pour la relever, alors Dieu suscite un homme, non pas pris au hasard, mais un homme éminent et unique, singularem. Il lui confie la mission de procurer le salut de tous ». L’auteur de la citation et de celles qui vont suivre ? Sa Sainteté le Pape Léon XIII, dans son encyclique Auspicato Concessum sur saint François et le Tiers-Ordre franciscain.
Saint François, le premier saint de ce nom, naquit en 1182, à Assise, dans l’Ombrie, l’une des plus belles, des plus riches et des plus poétiques provinces d’Italie. Fils d’un riche négociant, il était le roi de la jeunesse et l’idole de sa ville natale, lorsque la voix du Christ, devant l’image duquel il priait, se fit entendre, impérieuse, à son oreille et à son âme. « Non, certes, ce n’était pas une voie humaine celle qui, dans l’église de Saint-Damien, fit entendre à François ces paroles : va et soutiens ma maison qui chancelle ». Elles signifiaient bien que François devait être « le ferme appui et la colonne de la chrétienté ».
Peu après, la lecture des conseils évangéliques (2) (Actes, IV, 12) le frappa tellement que le jeune homme renonça aux biens, aux plaisirs, aux honneurs, pour s’engager dans une vie toute d’humilité et de pauvreté. « Avec une simplicité non moins admirable que sa constance, il entreprit de présenter, dans ses paroles et dans ses actes, à une société qui se mourait, l’idéal achevé de la perfection chrétienne. Conduit par Dieu à de grandes choses, ad grandia, il recevait la mission de porter les fidèles à la vertu et de ramener à l’imitation de Jésus-Christ des hommes grandement et depuis longtemps égarés. Il avait embrassé la folie de la croix de Jésus-Christ, et il la considérait comme la sagesse absolue. Après en avoir pénétré et compris les augustes mystères, il vit et déclara qu’il ne pouvait nulle part ailleurs mieux placer sa gloire.
« Avec l’amour de la croix, une véhémente charité s’était emparée du cœur de François et le portait vivement à étendre les conquêtes de l’Évangile, dût-il, pour une telle entreprise, exposer sa vie à des périls certains. Cette charité embrassait tous les hommes. Les plus pauvres pourtant et les disgraciés étaient ses préférés. Et il semblait particulièrement se plaire avec ceux que le monde évite ou dont il se détourne avec dégoût. Aussi a-t-il bien mérité de cette fraternité par laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en la restaurant et en la perfectionnant, a fait de tout le genre humain une seule famille, sous l’autorité du Dieu unique, Père commun de tous.
« Par tant de vertus, par l’austérité de sa vie surtout, cet homme irréprochable s’appliqua à reproduire en lui, autant qu’il le pouvait, l’image de Jésus-Christ. Mais l’action de la divine Providence semble s’être montrée aussi en ce qu’il lui fut donné d’avoir certaines ressemblances particulières, même en les choses purement extérieures, avec le divin Rédempteur. Nous rappelons ici ce fait, admirable par le miracle qui l’a opéré et rendu célèbre au long des siècles. François était tout absorbé dans une contemplation ardente des souffrances du Christ, et il s’efforçait de les faire passer en lui et de boire en quelque sorte l’amère intensité de ces douleurs. Soudain, se présente à lui un ange descendu du ciel. Une vertu mystérieuse rayonne de l’apparition, et François sent ses pieds et ses mains comme percés de clous, et son côté comme traversé par une lance aiguë. A partir de ce moment, son âme fut embrasée d’une immense charité. Et, jusqu’à la fin de sa vie, son corps porta l’empreinte vive et profonde des plaies de Jésus-Christ.
« De tels prodiges, qui devraient être célébrés dans la langue des anges, nous disent assez combien grand était cet homme, et combien il était digne d’être envoyé par Dieu à ses contemporains pour les ramener aux mœurs chrétiennes ».
Comme le Christ
Aux fruits aussi on connaît l’arbre. Quels fruits merveilleux n’a pas produits l’arbre séraphique Quelle puissance d’attraction dans saint François ! Crucifié comme le Christ et par le Christ, il peut dire comme le Christ : « Lorsque j’ai été élevé de terre, j’ai attiré tout à moi ». Il a, en effet, attiré tout à lui. Géant de la pauvreté et géant de l’amour, avec ces deux bras il étreint le monde, il le soulève et le rend au Christ.
Rien n’est grand, rien n’est noble comme la pauvreté. Rien n’est beau, rien n’est fort, rien n’est puissant comme l’amour. François d’Assise a eu le génie de l’amour. Entendez son chant sublime :
« L’amour m’a mis dans une fournaise, dans une fournaise d’amour. Il m’a blessé au cœur, il m’y a fait une large et profonde blessure, et je brûle d’amour. Et je me meurs de délices, et aussi de douleur. Les coups que me porte l’amour me terrassent, et je suis comme mort. Mais bientôt je me relève, et la vie déborde. Et, brûlant d’amour, je m’élance à la poursuite de Jésus, mon vainqueur, et je me venge de ses coups, en l’étreignant avec plus d’amour. L’amour m’a mis dans une fournaise, il m’a mis dans une fournaise d’amour ».
Vous le voyez, ce n’est plus un homme, c’est un séraphin : Franciscus Seraphicus. Que dis-je, un Séraphin ? C’est le Christ lui-même, tant l’amour l’identifie avec celui qu’il aime : Franciscus alter Christus. Entre lui et le Christ, il y a conformité parfaite. Comme le Christ, François a eu son précurseur : un ange, sous la forme d’un pèlerin, est venu annoncer sa naissance. Comme le Christ, François a dû naître dans une étable : cet ange dit qu’il ne pourrait naître que là. Et, comme le Christ, des concerts angéliques ont salué sa naissance. Comme le Christ, il a eu, au commencement de son apostolat, douze compagnons pour apôtres et soixante-douze disciples. Parmi eux, un a été l’ami spécial de son cœur, comme Jean le fut de Jésus : c’est le frère Léon qu’il appelait « la petite brebis du bon Dieu ».
Comme le Christ, il n’eut pas où reposer sa tête, tant il aima la sainte pauvreté. Devenu, par cette pauvreté, roi de tous les biens qu’il méprise, il a reconquis tous les droits que le premier homme a perdus. Et, comme le Christ, le nouvel Adam, il a vu toute la création à ses pieds. Comme le Christ fut crucifié par l’amour, sur le Calvaire, ainsi François, sur l’Alverne, fut crucifié par l’amour.
Le Christ, avant de quitter ses chers apôtres, à la dernière cène, laissa tomber de son cœur des paroles d’un ineffable amour. Ainsi, François, avant sa mort, fit entendre à ses enfants des paroles pleines d’amour et leur laissa le cri de son cœur dans un testament sublime.
Le Christ, avant de mourir, donna à ses enfants Marie pour mère, ainsi François avant sa mort l’a donnée pour Mère à sa famille.
Le Christ voulut être enseveli sur la colline d’opprobre où l’on exécutait les criminels, ainsi François voulut être enseveli sur la colline d’Enfer. Mais, de même que le sépulcre du Christ fut bientôt glorieux, ainsi le sépulcre de François attire les foules et la colline d’Enfer est appelée par le Pape la colline du Paradis.
Le Christ a vu, du haut du ciel, son Église s’étendre merveilleusement par toute la terre. Saint François, du haut du ciel, a vu ses trois Ordres remplir tout l’univers et ses enfants briller comme des étoiles au firmament de l’Église. Tel est leur glorieux Fondateur : un nouveau Christ sur la terre.
Fondateur de trois Ordres
Le 18 décembre 1884, Léon XIII disait aux Frères-Mineurs Capucins, venus pour lui offrir la Vie de Saint François, publiée par eux et splendidement illustré : « Notre admiration pour ce saint dépasse celle que ce livre peut inspirer. Et tout ce que nous avons fait pour lui ne saurait la satisfaire. Nous sommes encore tout pénétrés de la suavité que nous avons éprouvée dans notre dernier pèlerinage à l’Alverne. Ayant voulu, avant de quitter ces lieux bénis, adresser quelques paroles aux religieux qui y demeurent, les larmes vinrent bientôt étouffer notre voix ». Et le Pape ajoutait que, « à cette impression venue d’en haut », ressembla le mouvement surnaturel qui le poussa fortement, élevé plus tard sur la chaire de saint Pierre, à recourir à la protection de saint François et à montrer dans son Tiers-Ordre le remède et le salut.
L’histoire confirme la conduite et la pensée de Léon XIII. La vie de notre séraphique Père nous apprend qu’il était venu à Rome demander au Souverain Pontife la confirmation de son Ordre. Innocent III hésitait. Mais voici qu’une vision céleste s’offre à ses regards : la basilique de Latran semble chanceler sur ses bases. Il aperçoit le pauvre François en soutenir, de ses épaules, les murailles inclinées. Et, parce que les évènements réalisèrent bientôt cette prédiction d’une manière éclatante, les Papes reconnaissants décrétèrent que l’oraison de saint François serait toujours chantée à la messe de leur couronnement.
Au début de sa vie évangélique, saint François fut traité de fou. Le monde le couvrit de son mépris et de ses railleries, son père le renia. Mais Dieu se plut à bénir sa générosité, et beaucoup vinrent à lui pour l’imiter. Les riches eux-mêmes et les seigneurs voulurent être ses disciples et trouvèrent, dans la pratique de l’Évangile, plus de joie et de bonheur qu’ils n’en avaient goûté dans l’opulence et les honneurs. L’Ordre des Frères-Mineurs, appelé aussi premier Ordre, était fondé (1208).
À la suite de François, une noble vierge, du nom de Claire, levait à son tour l’étendard de la pauvreté et de l’humilité. Elle recevait de lui une Règle semblable à celle du premier Ordre, et instituait le deuxième Ordre franciscain (1212) qui devait abriter dans son sein, à travers les siècles, une multitude d’âmes éprises de l’idéal le plus pur et le plus élevé.
Soulevé par le souffle puissant et régénérateur du Poverello, les foules ambitionnèrent, elles aussi, de marcher sur ses traces.
« On ne saurait dire avec quel attrait, quel entraînement, les masses se portaient vers François. Nombre de personnes mariées auraient voulu tout quitter pour le suivre. Cette considération amena le Saint à instituer l’Association du Tiers-Ordre, qui admettrait toutes les conditions, tous les âges, l’un et l’autre sexe, sans rompre pourtant les liens de la famille et de la société ». Il se retira sur la montagne pour prier et consulter le Seigneur, comme il l’avait fait lors de la fondation de ses deux premiers Ordres. Et, sous l’inspiration divine, il composa sa troisième Règle, que les Souverains Pontifes Honorius III et Nicolas IV, et deux Conciles généraux honorèrent successivement et fortifièrent de leur approbation la plus solennelle. C’est ainsi que, parmi tous les autres fondateurs, saint François a eu seul la gloire de fonder trois grands Ordres.
Dieu voulut opérer par lui dans le monde comme une rédemption nouvelle. L’Église elle-même l’affirme dans sa liturgie, « Deus qui frigescente mundo, etc. » Les trois vertus caractéristiques de saint François, l’humilité, la pauvreté, la mortification, directement opposées aux trois concupiscences du monde, le rendent manifeste. Et la grande et merveilleuse Indulgence de la Portioncule, unique dans son genre, le proclame hautement. Qu’est-elle en effet, si ce n’est une rédemption ? Aussi lui donne-t-on le nom de Grand Pardon.
HISTOIRE DE L’INDULGENCE DE LA PORTIONCULE
Avant de la raconter, expliquons le nom de Portioncule qu’elle porte. Portioncule, portiuncula, signifie : petite portion.
Les Pères bénédictins d’Italie avaient donné ce nom à une petite portion de terre qu’ils possédaient près d’Assise, dans la splendide vallée de l’Ombrie dont cette ville est la perle.
Afin que tous puissent comprendre ce qu’est cette grâce spirituelle et quelle est son origine, le lecteur trouvera aussi, publier ici dans son intégralité (et bien que tout n’y soit plus exactement « à jour ») un opuscule des PP. RÉCOLLETS DU COUVENT DE SAINT-FRANÇOIS D’AVIGNON dont voici la page de couverture :

[1] À notre époque, où il y a vacance du Siège, on prie aux intentions de la sainte Église Catholique.
[2] Conseils Évangéliques : « En se tournant vers Lui, le grand Maître de vie, l’Église a découvert trois caractéristiques qui ressortent dans l’attitude de fond de Jésus. Ces trois caractéristiques – nous les appelons avec la Tradition les « conseils évangéliques » – sont devenues les composantes déterminantes d’une vie engagée dans la suite radicale du Christ : pauvreté, chasteté et obéissance » (Benoît XVI). Ils constituent une Invitation à se rapprocher de ce que Jésus à lui-même vécu : amour, proximité des pauvres, justice, réconciliation, don total et obéissance au Père. Tout baptisé est appelé à vivre les conseils évangéliques puisque l’Évangile s’adresse à chacun de nous (Glossaire de l’Église catholique).