Vatican II & l’église Conciliaire, Une Énorme Escroquerie II

Préambule de Louis-Hubert REMY

 

J’avais envoyé à Avrillé le numéro du Bulletin du Grand-Orient qui suit, accompagné d’un post-it :

post-it LHR

(« voir p. 84 et surtout 87, Wojtyla ; un document “bombe” à faire connaître ; à renvoyer à L-H R ».)

 

Ils ne firent rien, et le frère Pierre-Marie me le renvoya avec un petit mot manuscrit :

« Cher Louis-Hubert, Nous vous restituons ce livre que nous avons trouvé en faisant les rangements.

Avec ma prière pour vous et votre épouse.

F Pierre Marie † »

 

* * *

 

Bulletin du Grand-Orient n° 48Écrit en 1964, le lecteur comprendra combien ce document maçonnique est d’une importance primordiale.                                      (Photo de droite)
 

D’abord il émane certainement d’un clerc franc-maçon. Dominicain ? Jésuite ? Bénédictin ? ou autre ?, mais dans l’analyse, la synthèse, quelqu’un très au fait de l’Église, de son histoire, de Vatican II, des débats théologiques, des personnes, et …des idées de la Franc-Maçonnerie. Aucun excès dans le langage, très consensuel. Quatre à six lignes pour chaque question ! et de qualité. Il ne se trompe pas.
 

Et surtout quel choix dans les évêques cités ! Qui en 1964 connaissait Mgr Wojtyla ? Il faut quand même être très au fait pour ne retenir que cette citation d’un évêque choisi parmi 2500 ! N’est-ce pas attirer l’attention sur ce jeune évêque et le faire connaître à la planète FM ? Ce bulletin n’est pas pour rien celui des “initiés”, initiés FM, …et ecclésiastiques. Ne soyons pas surpris de la carrière que fera dans la suite ce jeune évêque !

 

Et ce qui est le plus important c’est de constater que toutes les « suggestions » furent adoptées par Vatican II, ce qui nous permet de préciser que l’on a raison d’écrire Vatican d’Eux. Tout est fait pour donner mauvaise conscience au passé de l’Église, tout est fait pour leur faire croire en un avenir radieux s’ils se soumettent.
 

50 ans après on voit le résultat !
 

Vraiment, Vatican II et l’église [secte] Conciliaire sont une vaste escroquerie !

 

 

RP Pierre Marie de KergolayMais, que penser du silence du frère Pierre-Marie de Kergorlay ? N’avait-il pas un devoir express de faire connaître ce document et d’en faire des commentaires ?

Que penser du combat du Sel de la Terre en découvrant cette omission, suivie de tant d’omissions encore plus graves (je pense à Rore Sanctifica, à Benamozegh et la religion noachide, à Jacob Franck, à Albert Pike ; où sont leurs travaux sur l’école antilibérale, sur la vocation et la mission de la France, sur la connaissance de l’ennemi ?).

Qui sont ces clercs incapables de comprendre la gravité de certains aveux ? Certes il fallait découvrir ce document, mais une fois découvert, ne devaient-ils pas le faire connaître ? De quel camp sont-ils ? Défenseurs de la vérité ou voie de garage ? (Voie sans Issue)

Geoffroy de Kergorlay (Père Pierre-Marie) et le futur traître Dom Gérard

Geoffroy de Kergorlay (Père Pierre-Marie) et le futur traître Dom Gérard

 

Comment ne pas comparez ces souhaits de la loge avec ceux de la synagogue ?
Gerhart M. Riegner, Ne-jamais-désesperer, Soixante-années-au-service-du-peuple-juif-et-des-droits-de-l'homme
 

 

Dans « Ne jamais désespérer », un livre primordial dont Avrillé n’a jamais parlé, M. Gerhart M. Riegner, ancien secrétaire du Congrès Juif Mondial, consacre tout un chapitre à Vatican II (1). Il utilise 118 fois les qualificatifs de « nouveau », « nouvelles », « nouveautés » au sujet du Concile Vatican II. N’oublions jamais que ces “nouveautés” présentées comme “changements” furent surtout l’occasion de DESTRUCTIONS. Et on ose dire que la religion conciliaire est la religion catholique ?

 

À part une toute petite minorité de clercs et de laïcs, inspirés par qui on sait maintenant, personne ne demandait ces “nouveautés”. Ce fut une RÉVOLUTION imposée par l’ennemi. On en voit le bilan 50 ans après.

 

 

Relire ces 40 pages où sont soulignés en gras-rouge, tout ce qui les concerne et tout ce qui nous concerne.
 

 

Osez alors ne pas dire que Vatican II et l’église [secte] Conciliaire seraient une énorme escroquerie imposée par l’ennemi !

 

Maria Celli - Riegner - Beilin - Vatican-Israël-relations

Le dirigeant du Congrès juif mondial Gerhart Riegner (au centre) assiste à l’établissement officiel de relations diplomatiques entre le Saint-Siège, représenté par “Monseigneur” [l’abbé apostat] Claudio Maria Celli (à gauche), et l’État d’Israël, représenté par le vice-ministre des Affaires étrangères Yossi Beilin, en décembre 1993

 

Très Sainte Vierge Marie, en ce 8 septembre 2016, anniversaire de votre naissance, vous qui avez l’honneur de combattre et de détruire toutes les hérésies, nous vous supplions pour l’honneur du Dieu Tout-Puissant, pour l’honneur de votre divin Fils, pour l’honneur de votre époux, pour l’honneur de la sainte Église, en ce retour de sainte Jeanne d’Arc dont la mission posthume est de sauver la Foi et de sauver la France, permettez que ses fils, soient de dignes héritiers du Gesta Dei per Francos !

Louis-Hubert REMY

 


 

 

Bulletin A.C.R.F. n° 3, novembre 1999

 

LA GRANDE ESCROQUERIE DU
CONCILE VATICAN II

 
Le Bulletin du Grand Orient de France n° 48, novembre-décembre 1964, p. 87, cite comme référence de « positions constructives et nouvelles » cette intervention faite lors de la troisième session du concile par un jeune évêque qui fit ensuite une carrière remarquée :

« Il faut accepter le danger de l’erreur. On n’embrasse pas la vérité sans avoir une certaine expérience de l’erreur. Il faut donc parler du droit de chercher et d’errer. Je réclame la liberté pour conquérir la vérité. »

 

Cette déclaration plut tellement aux francs-maçons qu’ils la soulignèrent. Elle est très grave. Elle est de Mgr Karol Józef Wojtyła, évêque de Cracovie.

Wojtyla jeune évêque

Wojtyla jeune évêque

 

Pour un catholique, ce n’est pas la liberté qui engendre la vérité, c’est Notre-Seigneur. Ce n’est pas la liberté qui serait première et amènerait à la vérité, mais c’est la vérité qui rend libre :

« Si vous demeurez dans Ma parole, vous êtes vraiment Mes disciples ; vous connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous rendra libres ». Jean viii, 32.

« Mais nous, nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute point : c’est par là que nous connaissons l’esprit de la Vérité et l’esprit de l’erreur ». I Jean iv, 6.

 

L’ordre est :

1), Jésus-Christ, enseigné par l’Église Catholique ;
2), la Vérité sûre ;3), la Liberté.

 

Pour la secte Conciliaire l’enchaînement que l’on annonçait, était :

1), la liberté ; 2), la vérité ; 3), Jésus-Christ.

 

Là est l’Escroquerie.

 

Ce nouvel ordre est faux, car si l’on prend la liberté en premier, on n’a pas toujours en second la Vérité, mais la Vérité ET, OU l’erreur. C’est ce que les vrais initiés savaient. C’est avec cet artifice qu’ils imposèrent leur secte Conciliaire, destructrice de l’Église catholique.

 

On peut distinguer cinq phases dans leur processus :

  1. a) au début « le droit de chercher et d’errer » est demandé ;
  2. b) puis des erreurs sont enseignées en même temps que la vérité, les quelques combattants pour la Vérité sont marginalisés ;
  3. c) après on disqualifie la Vérité, on la dit dépassée, on la rend anodine et on fait passer l’erreur pour la Vérité ;
  4. d) ensuite la Vérité est persécutée jusqu’à sa disparition totale : les démons tueurs succèdent aux démons menteurs ;
  5. e) et finalement, le règne de l’erreur est imposé.

 

C’est ce que l’on a vécu depuis trente ans : avec la liberté, la secte Conciliaire a établi l’erreur, qui a éliminé le règne de Jésus-Christ, pour le remplacer par le pseudo règne de l’Homme qui est le véritable règne de Satan.

 

Mgr Wojtyła et la secte Conciliaire ont tout inversé : les ennemis des catholiques sont devenus leurs amis.

Karol Wojtyla au Concile Vatican II

Karol Wojtyla au Concile Vatican II, pendant une session

 

« La vérité est seule tolérante et ne persécute jamais personne, elle se borne à empêcher de faire le mal. L’erreur est essentiellement intolérante et dès qu’elle se sent en force, école, parti ou secte, elle tient à manifester sa puissance en supprimant ses adversaires, en les injuriant, surtout en les empêchant de parler. Le droit de parler, très préconisé des libéraux, au point qu’ils l’inscrivent dans la constitution et en font l’élément privilégié du parlementarisme, ne leur paraît acceptable que s’il leur assure les immunités de monologue et empêche toute critique. L’objet qui leur plaît le plus, c’est l’encensoir pour eux, et, pour leurs adversaires, des chaînes ou le bâillon ». Mgr Fèvre, Histoire critique du catholicisme libéral, p. 546.

 

C’est exactement la conduite de la secte Conciliaire contre le restant de catholiques. Comportement qui prouve que les catholiques (ceux qui veulent croire ce qui a toujours été cru et faire ce qui a toujours été fait) étant du camp de la vérité, les conciliaires sont dans le camp de l’erreur (2), avec comme conséquence que la secte Conciliaire n’est pas catholique et N’EST donc PAS l’Église Catholique.

 

Soyons vigilants à garder l’esprit de vérité. Un des critères qui nous assurera d’être dans le camp de la vérité est celui que souligne Mgr Fèvre : ne persécuter personne, mais empêcher de faire le mal.

 

Un des critères qui prouve que l’on est passé dans le camp de l’erreur est d’agir avec intolérance, supprimant les adversaires, les calomniant, les injuriant, les empêchant de parler (3).

 

Dans la précédente Lettre des Amis du Christ Roi De France, nous avons longuement souligné que le plan de Dieu était d’intervenir en Sauveur et donc de triompher quand tout semblerait perdu, c’est-à-dire, après que l’éclipse de l’Église catholique ait été totale. Mais comme Dieu ne reconstruit pas avec rien, mais avec des riens (4), à nous de mériter la grâce d’être de ce petit nombre. Et pour cela, il faut rester bons et vrais catholiques, comme l’enseigne la Vénérable Élisabeth Canori Mora.

 

L’épreuve du Concile a éliminé les 9/10è des catholiques. L’épreuve du N.O.M. et des révolutions liturgiques a encore éliminé les 9/10è de ceux qui tenaient. Les sacres faits par Mgr Lefebvre ont encore éliminé de très nombreux bulletins et chefs de file. Ce nombre est encore trop important.

 

Beaucoup trop de prêtres et de fidèles traditionalistes sont plus attachés au camp dira-t-on, c’est-à-dire à l’esprit du monde, qu’au camp dira Dieu. D’esprit matérialiste, médiocre, moderniste, mondain, ils seront éliminés lors des prochaines épreuves. Une seule solution : se convertir. Car il n’y a qu’une seule sanction : périr.

« Si vous ne vous repentez, vous périrez tous comme eux ». Luc, xiii, 3.

 

Réveillons-nous. La tiédeur nous guette. Une énorme lassitude, une immense torpeur nous envahit. Préparons nos lampes, l’Époux arrive. Ayons des réserves d’huile, c’est-à-dire de vérité, de charité, de prières, de méditations, de bonnes œuvres.

 

Le combat continue. Les ennemis du nom de catholique nous haïssent. Ils ont pour chef Satan qui est le prince de ce monde. Soyons attachés au Christ, Roi du Monde. De graves épreuves s’annoncent. Soyons prêts. N’ayons pas peur, Il vaincra.

« Courage, Confiance, Calme, Constance » (Jean Vaquié).

 


 

 

 

BULLETIN du CENTRE de DOCUMENTATION du GRAND ORIENT de FRANCE,

n° 48, novembre-décembre 1964

 

p.84

 

DU CÔTÉ DES ÉGLISES

La troisième session du Concile

Vatican d'Eux, panoramic
BIEN que la troisième session du Concile du Vatican, deuxième du nom, ne soit pas achevée à l’heure où nous écrivons ces lignes, il est intéressant d’examiner dans quelle mesure les débats actuels répondent à la volonté d’aggiornamento exprimée par le pape Jean XXIII, initiateur de ce Concile.

 

Certains schémas discutés semblent à première vue concerner surtout clercs et fidèles, ainsi les derniers chapitres du schéma sur la Constitution de l’Église, sur l’eschatologie et la place de la Vierge Marie dans l’Église, ainsi les schémas sur la fonction pastorale des évêques et ceux traitant des sources de la Révélation et de l’apostolat des laïcs.

 

Ce serait cependant une erreur de les négliger. Les débats auxquels ils ont donné lieu permettent également de savoir dans quelle mesure l’Église ressent réellement le besoin d’un renouvellement de l’expression de ses dogmes et d’un réexamen de ses sources, et témoigne par là d’une disposition au dialogue œcuménique.

 

Il va sans dire que ce sont le schéma sur l’œcuménisme, avec ses déclarations sur la liberté religieuse et les Juifs, et le schéma sur l’Église et le monde moderne qui retiennent surtout l’attention de l’ensemble des observateurs. Nous nous proposons, dans l’ordre de cette énumération, d’attirer l’attention de nos lecteurs sur les interventions d’évêques et de cardinaux qui, au cours des débats, ont paru le mieux manifester l’annonce d’un certain dégel de la pensée catholique.

 

À propos du schéma sur la Constitution de l’Église, et plus particulièrement du chapitre de l’eschatologie, on peut noter la volonté, même dans la perspective de l’accomplissement de la vie présente dans un au-delà, de ne plus minimiser la vie actuelle et les choses de la Terre. La croyance en l’au-delà ne doit pas conduire à mépriser la création. D’autre part, certains pères semblent interpréter le devenir du monde dans une optique plus évolutionniste et, réprouvant l’immobilisme intellectuel et social passé de l’Église, soulignent « l’aspect collectif, communautaire, cosmique et ontologique de l’eschatologie », ce qui n’est pas sans évoquer les théories du père Teilhard de Chardin. Il faut aussi noter la discrétion du schéma initial sur l’Enfer et le Purgatoire et même sur l’Esprit Saint ; cette dernière omission a soulevé les protestations des prélats orientaux.

 

p.85

 

Le débat concernant la Vierge Marie a révélé la gêne de l’Église à ce sujet. Il lui est sans doute difficile de revenir brutalement sur les positions dogmatiques avancées prises par elle à ce sujet dans un passé récent et qui ont du mal à s’intégrer dans les perspectives d’un débat œcuménique. Il semble que l’on puisse dire malgré tout que, sans minimiser franchement la place de la Vierge, Vatican II ait évité d’insister sur son rôle de médiatrice (le cardinal Alfrink, archevêque d’Utrecht, juge « le vocable Marie médiatrice équivoque et dangereux », le Christ étant le seul médiateur) et de corédemptrice, tout en lui conservant son titre de Mère de l’Église, bien que ce titre aussi lui soit contesté.

 

À propos du schéma sur la source de la Révélation, remarquons que la majorité de la commission compétente, dirigée par les cardinaux Béa et Ottaviani, ainsi que de nombreux pères conciliaires accordent une primauté certaine à l’Écriture, les vérités transmises de façon certaine par la tradition se retrouvant toujours de quelque façon. Il y a là incontestablement un rapprochement avec le point de vue protestant et un assouplissement d’une position de la Contre-Réforme. Au sein du Concile, la question reste cependant ouverte.

 

Le schéma sur la vocation pastorale des évêques a donné lieu à des prises de position intéressantes concernant les rapports de l’Église avec le pouvoir civil. D’une part, les pères conciliaires estiment que les évêques doivent jouir d’une pleine et parfaite indépendance à l’égard du pouvoir civil ; il est donc illicite d’empêcher l’exercice de leur office ecclésiastique et leur communication directe avec le siège apostolique, les autorités religieuses et les fidèles — cela semble s’adresser aux pays socialistes. D’autre part, leur office étant purement spirituel et surnaturel, il ne convient pas que soit concédée aux laïcs aucune espèce de droit ou privilège dans la nomination desdits évêques ; ce qui vise implicitement l’Espagne franquiste. Après en avoir trop longtemps goûté les avantages, l’Église deviendrait-elle plus consciente des inconvénients et même des dangers de la compromission avec César ?

 

À propos de la doctrine de la collégialité, on voit peut-être mieux encore que dans les chapitres précédents la difficulté que rencontre l’Église à articuler un certain désir de rénovation avec certains dogmes et principes arrêtés dans le passé. Pour la grande majorité des pères, il ne fait pas de doute que le collège des évêques doit hériter des pouvoirs conférés par le Christ au collège des apôtres. Cette attitude traduit certainement une opposition à la monarchie pontificale absolutiste vers laquelle semblaient conduire les conclusions de Vatican I. Elle répond aussi à une volonté de décentralisation de l’administration de l’Église.

 

Cependant une grave difficulté subsiste, celle de concilier la souveraineté collégiale avec la primauté confirmée du pape. Ainsi qu’en témoignent les prises de position opposées de Mgr Franic, qui juge le principe de la collégialité incompatible avec les décisions de Vatican I, et de Mgr Parente, qui estime conciliables primauté pontificale et collégialité. Quelle que soit l’évolution de ce problème, on peut penser que cette reconnaissance de deux pouvoirs à la tête de l’Église ne sera pas sans répercussions sur l’évolution future de la doctrine.

 

p.86

 

Le schéma sur l’œcuménisme a comporté deux déclarations primordiales sur la liberté religieuse et sur les Juifs. La déclaration sur les Juifs, déjà abordée pendant la seconde session, a continué de susciter de nombreuses réactions au cours de la troisième. Là encore, on discerne un certain embarras de l’Église devant ce qu’elle a laissé dire et faire à ce sujet par le passé. Ceci explique la nouvelle version, plus édulcorée, préparée pendant l’intersession dans laquelle le terme « nation déicide » a été remplacé par le terme « nation réprouvée », et le mot « persécution » par « mauvais traitements » (vexatio au lieu de persecutio). Cependant les nombreuses interventions montrent incontestablement la volonté d’une majorité de prélats d’extirper les racines de l’antisémitisme que l’Église a si bien contribué à implanter dans la conscience chrétienne. Des prélats, à la suite du cardinal Béa, ont violemment protesté contre l’édulcoration du second texte présenté, par rapport au premier. À propos de la question : « Le peuple juif fut-il déicide ? », le cardinal répond, en effet : La raison pour laquelle on voulait répondre non, c’est que beaucoup de ceux qui tombent dans l’antisémitisme prennent prétexte de cet argument […] L’immense majorité du peuple juif a tout ignoré de la décision de mettre à mort Jésus.

 

Le cardinal Koenig déclare de son côté : S’il y a parmi les fidèles de l’antisémitisme, c’est à cause d’une mauvaise interprétation de l’Écriture. […] Nous sommes tous fils d’Abraham ; les catholiques ont été souvent coupables d’indifférence et parfois de crimes à l’égard des Juifs. Il faut que nous sollicitions le pardon pour nos fautes.

 

Si la grande majorité des prélats demande une condamnation sans équivoque de l’antisémitisme et un retour à la première version, il n’en va pas de même des Orientaux, attentifs aux réactions arabes.

 

Le débat sur le projet de déclaration sur la liberté religieuse a été très animé, on s’en doute, puisque cette question touche aux fondements mêmes de l’attitude religieuse. Des pères se sont violemment opposés à toute modification de la doctrine en cette matière. Ainsi, selon Mgr Abassolo Y Legue (Inde) : On ne peut en aucune façon maintenir que la conscience religieuse erronée aurait les mêmes droits que l’autre : seule la vérité a des droits, seule l’Église catholique a des droits absolus. Mgr Canastri (Italie), prenant l’exemple du prêtre passant au protestantisme : A-t-il droit à la liberté religieuse ? En aucune façon, car il ne peut être de bonne foi et n’obéir qu’à des motifs d’argent, d’ambition et d’orgueil.

 

Cependant, d’autres pères, non moins nombreux, ont pris des positions constructives et nouvelles dans le cadre où elles ont été exprimées. Ils ne faisaient qu’appuyer le deuxième paragraphe de la déclaration qui dit : La liberté religieuse ne doit pas être observée seulement par les chrétiens et pour les chrétiens, mais par tous et pour tous les hommes et tous les groupes religieux de la société humaine. De même le R. P. Buckley, supérieur général des pères maristes, a déclaré : Fondons la liberté religieuse sur l’obligation pour chacun de suivre sa conscience.

 

p.87

 

Karol WojtylaMgr Alter (Cincinnati) reproche aux catholiques de réclamer la liberté pour eux lorsqu’ils sont en minorité et de ne pas la reconnaître aux autres lorsqu’ils sont en majorité. MGR WOJTILA (Cracovie) : IL FAUT ACCEPTER LE DANGER DE L’ERREUR. ON N’EMBRASSE PAS LA VÉRITÉ SANS AVOIR UNE CERTAINE EXPÉRIENCE DE L’ERREUR. IL FAUT DONC PARLER DU DROIT DE CHERCHER ET D’ERRER JE RÉCLAME LA LIBERTÉ POUR CONQUÉRIR LA VÉRITÉ.   

 

Mgr Colombo développe un point de vue que l’on dit être très proche de celui du pape. Il définit ainsi les fondements de la liberté religieuse : a) Il y a un droit naturel à la recherche de la vérité, surtout en matière religieuse ; b) Le droit et l’obligation de suivre sa conscience ; c) Il ne peut y avoir de véritable acte de foi s’il n’est pas libre. Un point important à noter encore à ce sujet est l’abandon par le Concile de la conception rétrograde de la tolérance qui faisait une distinction entre la règle de conduite idéale, abstraite et intangible, intitulée « thèse », et la règle de conduite adaptée aux circonstances (« hypothèse ») (5).

 

Mais c’est surtout le schéma XIII, l’Église et le monde moderne, qui a polarisé toute l’attention de l’ensemble des observateurs. C’est un peu, si l’on peut dire, au tournant de ce schéma que l’on attendait l’Église. Mgr Pogacnik (Yougoslavie) déclare à ce sujet : Il faut que Vatican II se demande à la face du monde pourquoi l’Église n’a pas compris jusqu’à présent les signes des temps. Procédons avec charité et largeur de vues. L’anxiété de l’autorité a engendré l’obéissance servile. Que Vatican II dise quelque chose sur le devoir des évêques de respecter l’esprit partout où il se manifeste. Et Mgr de Roo (Canada) d’ajouter : Le Christ n’a ni condamné ni méprisé le monde. Il l’a aimé et il a vécu en communion avec les hommes de son temps. Imitons-le. Mgr Goland (Brésil) : Que l’Église descende de ses palais et de ses trônes ; qu’elle se débarrasse de ses ornements.

 

La vigueur de ces interventions est révélatrice de l’intérêt que le thème de ce schéma, abordé pour la première fois par l’Église dans un Concile, a suscité auprès des pères conciliaires. L’Église a certainement conscience que, du contenu définitif qu’elle saura donner à ce schéma, dépend en grande partie la rupture de son isolement et l’ouverture d’un dialogue avec le monde en général. Il semble que les promoteurs du schéma XIII, et notamment le cardinal Suenens, aient voulu rappeler aux chrétiens qu’ils ont l’obligation de travailler à la construction d’un ordre humain : Aller dans le monde n’est pas sortir du sanctuaire, car Dieu y est également présent. Le schéma XIII entend poser les grands principes d’une théologie des valeurs humaines et reconnaître le bien-fondé de la loi naturelle et établir, en accord avec la foi, une règle morale et sociale adaptée au monde moderne. Alors que les débats sur ce schéma ne sont pas encore terminés, on peut déjà souligner un certain nombre d’interventions sur les plans concrets suivants :

 

— RÉADAPTATION DU LANGAGE DE L’ÉGLISE : Mgr Spulbeck (Allemagne orientale) : Les scientifiques regrettent amèrement de ne pouvoir

 

p.88

 

dialoguer avec l’Église ; notre enseignement ne tient pas un langage accessible aux hommes de science.

 

— L’ÉGLISE ET LA SCIENCE : Mgr Camara (Brésil) : La Science exige loyauté, humilité, patience ; nous autres sommes volontiers orgueilleux, nous comportant comme des détenteurs de la vérité, des juges et des censeurs. Mgr Cleven (République fédérale allemande) : L’Église ne doit plus apparaître comme l’adversaire de la Science. Les chrétiens n’ont rien à craindre de la Science et d’une grande liberté dans la recherche. Rappelons, certes, que le salut ne viendra jamais de la Science, mais rattrapons notre retard sur le plan scientifique.

 

LIBERTÉ D’EXPRESSION : Mgr Huyghe (Arras) : L’activité de l’Index est contraire à la dignité des enfants de Dieu. Maximos IV : Un des principaux signes des temps contemporains est la croissance des sens de la responsabilité et de la liberté.

 

— ENSEIGNEMENT DE LA MORALE : Mgr La Ravoir (Inde) : Ne parlons pas à tort et à travers de péché mortel. Comment les hommes et les femmes de notre temps pourraient-ils comprendre que Dieu est bon si nous continuons à leur enseigner que ceux qui font gras le vendredi vont en enfer. Il en résulte un mépris pour l’autorité de l’Église.

 

— LA CULTURE : Mgr Elchinger (Strasbourg) : Les valeurs de la culture ne sont pas assez prises au sérieux par l’Église. Le souvenir des réactions antimodernistes dans les domaines de la philosophie, de l’histoire et des sciences, constitue une plaie non cicatrisée, source de méfiance. Ces faits nous imposent un loyal examen de conscience. N’avons-nous pas tendance à vouloir régenter étroitement le domaine de la culture ? Ne pratiquons-nous pas un impérialisme dogmatique ? N’identifions-nous pas les affirmations théologiques d’une époque donnée avec la vérité chrétienne ? N’avons-nous pas minimisé la pastorale de l’intelligence humaine ? N’entretenons-nous pas une peur morbide du rationalisme et de l’esprit critique sans reconnaître ce qu’il comporte de sain ?
 

Quel réquisitoire !…

 

— LE MARIAGE ET LA RÉGULATION DES NAISSANCES : Dans ce domaine aussi semble s’amorcer une réévaluation fondamentale de la doctrine de l’Église. Cardinal Léger (Montréal) : Ce schéma entend mettre en relief l’amour avec ses fins : la fin de la procréation et la fin de l’épanouissement des époux, mais il néglige de présenter comme fin de l’amour les propres manifestations de cet amour. […] Il faut proposer l’amour humain (âme et corps) conjugal comme la véritable fin du mariage. L’amour est bon en soi et il a ses exigences et ses lois propres. Cardinal Suenens (Belgique) : N’a-t-on pas mis un accent trop exclusif sur la phrase de la Genèse : Croissez et multipliez, alors qu’il y a une autre phrase : Ils seront deux dans une même chair. Maximos IV : La régulation des naissances pose un problème énorme et urgent. Il y a un décalage entre la doctrine officielle de l’Église et la pratique contraire d’un très grand nombre de foyers chrétiens. […] Dans certains pays, il n’y a pas d’espoir d’élever le niveau de vie de façon à le rendre compatible avec l’augmentation de la population. C’est laisser dans une misère indigne et sans

 

p.89

 

espoir des peuples entiers. […] Ne faut-il pas revoir les positions de l’Église à la lumière des sciences et des découvertes modernes ?

 

— COMMUNISME ET ATHÉISME : Cardinal Alfrink (Utrecht) : Évitons toute condamnation du communisme marxiste. Cela ne changera rien à rien. […] N’oublions pas que c’est le matérialisme pratique et non théorique qui est le plus dangereux. […] Au contraire, le dialogue peut être payant. Ne gênons pas ce dialogue par des déclarations tonitruantes. Insistons sur la liberté religieuse qui doit être reconnue à tous les hommes. D’autre part, il est indispensable que les chrétiens fassent un effort pour un approfondissement doctrinal de leur foi. Réalisons la justice sociale au lieu de nous en tenir à des principes. Et le cardinal Suenens : Nous ne parlons pas assez de l’athéisme militant. Que l’on étudie et que l’on recherche quel est le Dieu que refusent les athées. Avons-nous, pour notre part, donné une idée exacte de la divinité ?

Nous arrêtons là cet aperçu sur un schéma qui aborde bien d’autres problèmes, notamment les relations internationales et les problèmes de la paix, de la vie économique et sociale. À l’heure où nous écrivons, les débats sont en cours et seront sans doute repris pendant la quatrième session.

 

 

Que penser de ces prises de position ? Des hommes intelligents, cultivés et avertis, — et il n’en manque pas au sein de l’Église — ne pouvaient rester insensibles plus longtemps au déphasage de plus en plus grand entre la forme d’enseignement de l’Église et le langage et les valeurs du monde moderne façonnés par plusieurs siècles de découvertes scientifiques et de libération progressive de la pensée. Ils ne pouvaient continuer à ignorer les grandes tensions économiques et sociales du monde moderne et les graves options qui se posent à la responsabilité de l’Homme. L’efficacité de la méthode scientifique, son rôle déterminant dans la structuration du monde moderne rendent ridicule le vieux procès fait à Galilée et à la science par l’Église. La condamnation du racisme à la suite des horreurs de la dernière guerre rend suspecte toute attitude intolérante. La circulation toujours plus aisée des hommes et des idées s’oppose à un dogmatisme trop rigoureux et étroit. La promotion sociale et culturelle des masses, qui s’est faite hors de l’Église, accuse sa trop grande compromission avec le pouvoir et l’argent. Il faut certainement se méfier de trop valoriser les interventions progressistes faites au Concile, d’autant plus qu’on ne sait dans quelle mesure elles seront reflétées par la nouvelle synthèse doctrinale qui conclura ce Concile. Mais il faut également se garder de trop les minimiser. Quand certains prélats se demandent si l’Église a bien été fidèle à l’esprit de sa mission, si elle a vraiment assumé tout le rôle civilisateur qu’elle aurait pu remplir, il est probable qu’ils expriment l’interrogation d’hommes sincères. Nous n’avons pas le droit, dans la mesure où nous-mêmes nous défions de toute forme de sclérose intellectuelle et de tout préjugé, de récuser a priori ce témoignage. Nous ne pouvons que nous réjouir de les voir s’efforcer de réhabiliter, dans le cadre de l’Église catholique, les notions qui nous sont chères de liberté de conscience et de pensée, pour lesquelles des hommes ont été persécutés et continuent à l’être. Nous ne pouvons qu’encourager par notre attitude tout ce qui peut être les prémices de dialogue et de compréhension entre hommes de bonne volonté.
 

 

 
V² ESCROQUERIE
 

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Le livre en images :
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[1] Gerhart Moritz Riegner (né le 12 septembre 1911 à Berlin ; décédé le 3 décembre 2001 à Genève) était le secrétaire général du Congrès Juif Mondial de 1965 à 1983. http://www.a-c-r-f.com/documents/RIEGNER-Ne_jamais_desesperer_ch4.pdf
 

[2] Comment croire une minute que les conciliaires puissent être dans le camp de la vérité ?

La secte Conciliaire est sans « la Vie », elle engendre la mort : 2% de pratiquants en France, et dans certains départements 1%. Et de quel âge ? Et avec quel Credo ?
 

[3] C’est le comportement des Fraternités contre ceux qu’ils ont appelé les sedevacantistes.
 

[4] Lire et diffuser La bataille préliminaire de Jean Vaquié et Le dénouement de la persécution d’Augustin Lémann, où ces enseignements sont les mieux développés. À imprimer sur le site ACRF.
 

[5] Au moment où nous mettons sous presse, la troisième session de Vatican II vient de s’achever. Elle a vu le rejet du vote sur la liberté religieuse à la session suivante, et ce en dépit du mécontentement de nombreux pères conciliaires.