Une apparition à Sœur Lucie moins connue … et pourtant…

Sœur Lucie de Fátima

 
La date du 29 mai 1930 n’est pas très connue dans l’histoire de Fátima. Pourtant c’est une date importante, presque aussi importante que celles du 13 mai ou du 13 octobre 1917. En effet, quelques jours avant ce 29 mai, la Sainte Vierge apparut à Lucie, qui était alors novice chez les Sœurs de Sainte Dorothée (1) à Tui (Espagne) pour lui indiquer que le temps était venu de demander au Saint-Père la reconnaissance de la communion réparatrice des premiers samedis du mois.

 

Cette demande était l’aboutissement de différentes interventions célestes depuis 1917 :

 

1) Le 13 juillet 1917 à Fátima, Notre-Dame confia un secret aux petits voyants dans lequel elle annonçait :

« Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois »

Lúcia dos Santos (à droite) avec sa cousine Jacinta Marto, 1917.

Lúcia dos Santos (à droite) avec sa cousine Jacinta Marto, 1917.

 

2) Huit ans plus tard, le 10 décembre 1925 à Pontevedra, Notre-Dame, comme elle l’avait promis, apparut à Lucie, qui était alors postulante chez les Sœurs de Sainte Dorothée, pour lui donner les détails de la dévotion des premiers samedis du mois et lui demander de commencer à la propager. Immédiatement, Lucie confia tout à son confesseur, don Lino Garcia, mais sans révéler le lien avec les apparitions de Fátima. Sœur Lucie, Don Lino et la supérieure mère Magalhaès commencèrent alors à propager cette dévotion. Ils en informèrent l’évêque de Leiria, Mgr da Silva, ainsi que Mgr Pereira Lopès, le confesseur de Lucie lorsqu’elle était pensionnaire à l’Asilo de Vilar, devenu depuis vicaire général. Malheureusement ni l’un ni l’autre ne réagirent.

 

Le 15 février 1926, toujours à Pontevedra, l’Enfant-Jésus apparut à Lucie : à sa demande, Il assouplit les conditions qu’avait fixées la Sainte Vierge deux mois plus tôt et confirma la volonté du Ciel de voir se propager cette dévotion. Malheureusement, malgré de nouvelles tentatives pour la faire approuver, ni Mgr da Silva, ni Mgr Pereira Lopès ne bougèrent.

 

3) En juillet suivant, Lucie fut envoyée à Tuy, au noviciat des Sœurs de Sainte Dorothée. Là, un de ses directeurs spirituels, le père Aparicio, convaincu de l’intérêt des apparitions de Pontevedra, lui demanda d’en mettre par écrit un récit, en précisant la relation avec les apparitions de Fatima. Cette demande plongea Lucie dans l’embarras, car elle n’avait toujours pas reçu l’autorisation de révéler le secret du 13 juillet 1917. Le 17 décembre 1927, alors qu’elle était à la chapelle, elle entendit Jésus d’une voix très claire lui donner l’autorisation de révéler le lien entre les apparitions de Fatima et de Pontevedra, mais de garder le secret sur tout le reste. Aussi ne parla-t-elle que de l’apparition du 13 juin au père Aparicio. (Voir la lettre au père Aparicio en annexe)

 

Dès lors, le père Aparicio s’efforça lui aussi de répandre la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois. En octobre 1928, sœur Lucie et lui tentèrent une nouvelle démarche auprès de l’évêque de Leiria, mais elle n’eut pas plus de succès que les précédentes.

 

4) Enfin en mai 1930, le ciel fit savoir à Lucie que le temps était venu de demander au Saint-Père de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie et d’approuver la dévotion des premiers samedis du mois. Immédiatement elle en fit part à son confesseur du moment, le père Gonçalvès, dans une lettre datée du 29 mai.

 

Il me semble que le bon Dieu, au fond de mon cœur, agit sur moi pour que je demande au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice, que Dieu lui-même et la Très Sainte Vierge ont daigné demander en 1925, pour, au moyen de cette petite dévotion, donner la grâce du pardon aux âmes qui ont eu le malheur d’offenser le Cœur Immaculé de Marie, la Très Sainte Vierge promettant aux âmes qui chercheront à lui faire réparation de cette manière, de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour qu’elles se sauvent.

 

La dévotion consiste, durant cinq mois consécutifs, le premier samedi, à recevoir la sainte communion, à dire un chapelet et à tenir compagnie à Notre-Dame durant quinze minutes, en méditant les mystères du Rosaire, et à se confesser, avec la même intention. Cette confession peut être faite un autre jour. Si je ne me trompe, le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Sa Sainteté promettant, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice, indiquée ci-dessus. (Voir la lettre au père Gonçalvès en annexe)

Cette lettre est particulièrement importante, car elle marque la date à laquelle le Ciel a formellement demandé au pape de reconnaître la dévotion des premiers samedis du mois.

 

Le jour-même, le père Gonçalvès fit remettre un billet à sœur Lucie lui demandant de répondre à cinq questions sur la dévotion. Le soir, sœur Lucie se rendit à la chapelle et reçut les réponses de Notre-Seigneur. Le 12 juin suivant, elle écrivit au père Gonçalvès pour l’informer des réponses du Ciel.

Or, dans une des réponses, Notre-Seigneur affirme que c’est Lui qui demande cette dévotion :

« … le Cœur Immaculé de Marie M’a inspiré de demander cette petite réparation et, en considération de celle-ci, d’émouvoir Ma miséricorde »

Nous sommes donc en présence d’une volonté de Notre-Seigneur Lui-même ! Certes Notre-Dame l’avait déjà demandé en juillet 1917, puis en décembre 1925, mais en réalité elle ne faisait que transmettre une demande de son Fils. Car dès le 13 juin 1917, elle avait dit que cette dévotion était une volonté de son Fils :

« Jésus veut établir dans le monde la dévotion à Mon Cœur Immaculé »

 

Il y a donc 86 ans que le Ciel a demandé l’approbation par le Saint-Père de la communion réparatrice des premiers samedis du mois. En toute rigueur, cette reconnaissance n’a été demandée qu’après la fin des persécutions de la Russie. Mais, rien n’empêchaient les Saint-Pères de le faire avant dès lors qu’il s’agit d’une volonté de Dieu clairement exprimée. Aujourd’hui, pour le Vatican, la Russie est convertie… Or le Clown Blanc n’a toujours pas reconnu la dévotion des premiers samedis du mois. Pourquoi ? Qu’est-ce qui l’empêche de le faire ?

 

C’est qu’il N’EST PAS DU TOUT CATHOLIQUE !!!

 

Il est bien triste de voir que cette demande de Notre-Seigneur n’a pas été honorée par les vrais Papes jusqu’à Pie XII.

Quant à nous, répondons généreusement à la volonté de Notre-Seigneur et de Notre-Dame, et pratiquons dès maintenant les premiers samedis du mois.

 

 

 

 


 

 

LES APPARITIONS À TUY

Jeudi 29 mai 1930

La dévotion réparatrice
des cinq premiers samedis du mois

 

Ce jour là, sœur Lucie se trouvait à la Maison-Mère du couvent, à Tuy. Elle devait répondre par écrit à une série de questions posées par son confesseur au sujet de la dévotion réparatrice les cinq premiers samedis du mois. L’une d’entre-elles était :

« Pourquoi cinq samedis et non neuf, ou sept, en l’honneur de Notre-Dame ? »

 

Le soir, à la chapelle, la voyante faisait comme à l’accoutumé une heure sainte, de 23 heures à minuit, selon les demandes du Sacré-Cœur à Parray-le-Monial.

Une présence divine lui révéla qu’il y a cinq espèces d’offenses et de blasphèmes proférés contre le Cœur Immaculé de Marie :

  1. Les blasphèmes contre l’Immaculé Conception.
  2. Les blasphèmes contre Sa virginité.
  3. Les blasphèmes contre Sa maternité divine, en refusant en même temps de la reconnaître comme Mère des hommes.
  4. Les blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de Notre Mère Immaculée.
  5. Les offenses de ceux qui l’outragent directement dans les saintes images.

 

Hélas, force est de constater que des millions d’hommes et des milliers de gens d’église ont à travers le monde ces cinq blasphèmes sur la conscience !

 

Voilà pourquoi, en réparation de ces cinq blasphèmes contre Sa Très Sainte Mère, Notre Seigneur Jésus-Christ nous demande la dévotion réparatrice les cinq premiers samedis du mois.

 

 


 

 

Lucie de Fátima, dans l’Asile Vilar, 1921

 

Soeur Lucie à 13 ans

Sœur Lucie à 13 ans

 

Lúcia Santos (2) s’installe à Porto en 1921 à 14 ans, et est admise comme pensionnaire à l’école des Sœurs de Sainte Dorothée de Vilar, à la périphérie de la ville.

En arrivant à Vilar, l’aumônier et le directeur lui-même, ont changé son nom, l’appelant María de los Dolores (Marie des Douleurs). Ils voulaient cacher son identité de témoin de l’apparition de Notre-Dame de Fátima, et que les questions des gens dans ce nouvel environnement, ne les mettent pas mal à l’aise.

 

Ils lui ont mis l’uniforme de l’école, fais d’une robe à carreaux noir et blanc, comme les autres filles.

 

Bien entendu, il y avait des questions des autres filles :

 

— Comment t’appelles-tu ?

Maria de los Dolores

— Et ton nom ?

rien

— D’où est-tu ?

De près de Lisbonne

— Mais près de Lisbonne il y a beaucoup de régions ! Es-tu de Cascais ?

Sans répondre, Lúcia restait silencieuse

Ensuite, — tu ne connais pas le nom de ta ville ? Est-ce Sintra ?

NON

— Est- ce Santarém ?

NON

— Est-ce Parede ? Et ainsi de suite

— Et tes parents comment sont-ils appelés ?

 

Elle se tut. Bien entendu, elle était prise pour une folle.

— Quelle affaire ! a commenté, une petite fille de 14 ans, elle ne sait pas de quelle région elle vient ou connaître le nom de ses parents ou son nom de famille !

 

« Ce que je ressentais, vous le savez, ô Mère chérie, et le Bon Dieu sait ce que je ressentais ! Mais mon souvenir oui, je le répétais tranquillement, jour après jour, à votre autel au pied du tabernacle. »

 

Cette première réunion, qui avait commencé éclairée par les sourires francs des autres filles acclimatés à l’internat, s’était chargé de nuages noirs. La bergère, caché dans le silence, goûtait des larmes amères au cœur, mais avait réaffirmé son oui inconditionnel, malgré la tentation de renoncer à se faire du mal comme avec un poignard. Et elle se rappela la promesse du 13 mai 1917 :

 

« Vous aurez beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. »

 

Elle versait son cœur, a reçu le courage de continuer le voyage avec l’amour et l’élégance, sans révéler la souffrance, comme elle avoue:

 

Lúcia embrassa tous les sacrifices avec ses yeux sur Marie, Elle qui avait tout donné à Dieu. Chaque fois qu’elle pouvait se réfugier dans la chapelle, l’endroit qui l’attirait le plus, elle se sentait bien. Là elle soulageait son cœur pour recevoir le courage de continuer le chemin avec amour et grâce, sans révéler sa souffrance, comme elle l’avoua :

 

« J’ai toujours essayé de cacher mes souffrances, mes déceptions et mes luttes intestines, surtout à ma mère pour qu’elle ne souffrit pas à cause de moi ou ait la pensée de venir me chercher.

 

Je voulais donner à Dieu mon holocauste si possible avec joie, et ce fut que du bonheur dont j’ai parlé dans mes lettres. Immolation par amour, pour les âmes, dans l’accomplissement de mon oui. »

 

 

(Dialogues et textes puisés dans « Un chemin sous le regard de Marie » du Carmel de Coimbra)

 

 

 

 

 


 

 

Annexes

 

Toute première lettre de sœur Lucie sur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie

 

Le 13 juin 1921, deux ans après la mort de François et un an après celle de Jacinthe, Lucie rencontra pour la première fois Monseigneur José Alvès Correia da Silva, le nouvel évêque de Leiria dont dépendait Fátima, qui avait été consacré évêque le 5 août de l’année précédente. Monseigneur da Silva lui demanda de conserver son secret, sans chercher à en connaître le contenu.

 

Le 10 décembre 1925, six semaines après son arrivée au postulat des Sœurs de Sainte Dorothée, à Pontevedra, la Sainte Vierge apparut à sœur Lucie, comme elle l’avait promis en 1917, pour lui demander de propager la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Immédiatement, sœur Lucie révéla tout à son directeur spirituel, don Lino Garcia, sans toutefois révéler le lien avec le secret reçu à Fátima. La rédaction qu’elle fit de cette apparition a malheureusement été perdue.

 

Après neuf mois de postulat, sœur Lucie fut envoyée à la maison provinciale de Tuy pour y faire son noviciat. Elle eut alors pour confesseur le père Aparicio. Au bout d’un an et demi, le père Aparicio, convaincu de l’intérêt des apparitions de Pontevedra, lui demanda d’en mettre par écrit un récit, en précisant la relation entre la dévotion au Cœur Immaculé et les apparitions de Fátima. Cette dernière demande plongea sœur Lucie dans la perplexité, car obéir la conduisait à révéler une partie du secret de Fatima. Les apparitions de Pontevedra ne faisaient pas une référence explicite à ce secret : elle pouvait donc en parler librement. Mais, la question du père Aparicio l’obligeait à révéler que la dévotion au Cœur Immaculé de Marie était également un des points du secret.

 

Le 17 décembre 1927, alors qu’elle priait devant le tabernacle, Jésus lui donna l’autorisation de révéler à son confesseur la partie du secret concernant la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Comme elle montrait une certaine répugnance à écrire à la première personne, le père Aparicio lui proposa d’écrire à la troisième personne.

 

Cette lettre est particulièrement importante, car c’est le tout premier écrit que nous ayons de sœur Lucie sur les apparitions dont elle fut gratifiée et du message que lui fut confié. Dans cette lettre, sœur Lucie ne fait le lien qu’avec les révélations du 13 juin et ne dit rien de celles du 13 juillet que la Sainte Vierge lui avait formellement demandé de tenir secrètes.

 

Voici ce qu’elle écrivit à la demande du père Aparicio :

Le 17- 12-1927, elle se rendit auprès du tabernacle pour demander à Jésus comment satisfaire la demande qui lui était faite, si l’origine de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie était incluse dans le secret que la Très Sainte Vierge lui avait confié. Jésus, d’une voix claire, lui fit entendre ces paroles : « Ma fille, écris ce qu’on te demande ; et tout ce que t’a révélé la Très Sainte Vierge dans l’apparition où elle parla de cette dévotion, écris-le aussi. Quant au reste du secret, continue à garder le silence ». Ce qui, en 1917, fut confié à ce sujet est ce qui suit : elle [Lucie] demanda pour eux [ses deux cousins] d’être emportés au Ciel. La Très Sainte Vierge répondit : « Oui, pour Jacinthe et François, je les prendrai au Ciel dans peu de temps ; mais toi, tu resteras ici-bas pour plus longtemps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui l’embrasse, je promets le salut. Ces âmes seront aimées de Dieu comme des fleurs placées par moi pour orner son trône ». « Je vais rester ici toute seule ? » dit-elle avec tristesse. « Non, ma fille. Je ne t’abandonnerai jamais ; mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu ».

 

Le 10-12-1925, la Très Sainte Vierge lui apparut et, à côté d’elle, porté par une nuée lumineuse, l’Enfant-Jésus.

La Très Sainte Vierge mit la main sur son épaule et lui montra, en même temps, un cœur entouré d’épines qu’elle tenait dans l’autre main.

Au même moment, l’Enfant-Jésus lui dit : « Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire un acte de réparation afin de les en retirer. »

Ensuite la Très Sainte Vierge lui dit : « Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes m’enfoncent à chaque instant, par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler et dis que tous ceux qui, pendant 5 mois, le 1er samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront un chapelet et me tiendront compagnie pendant 15 minutes, en méditant sur les 15 mystères du Rosaire avec l’intention de m’enlever ces épines, je promets de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme. »

 

Le 15-2-1926

L’Enfant-Jésus lui apparut de nouveau. Il demanda si elle avait déjà répandu la dévotion à sa Très Sainte Mère. Elle lui fit part des difficultés qu’avait le confesseur [Don Lino Garcia] et que la Mère Supérieure était prête à la propager, mais que le confesseur avait dit qu’elle seule ne pouvait rien. Jésus répondit : « C’est vrai que ta supérieure, seule, ne peut rien ; mais avec ma grâce, elle peut tout. »

Elle présenta la difficulté que plusieurs âmes avaient à se confesser le samedi et elle demanda que la confession dans les 8 jours soit valable. Jésus répondit : « Oui. Et cela pourra être plus encore pourvu que, lorsqu’on Me recevra, on soit en état de grâce et que l’on ait l’intention d’enlever les épines du Cœur Immaculé de Marie. » Elle demanda : « Mon Jésus ! Et ceux qui oublieront de formuler cette intention ? » Jésus répondit : « Ils pourront la formuler à la confession suivante, profitant de la première occasion qu’ils auront pour se confesser. »

 

Lettre du 17 décembre 1927

Lettre du 17 décembre 1927

 

Ainsi, à la fin de 1927, dix ans après les apparitions, pour la première fois dans l’histoire de Fátima, sur demande de son confesseur et avec l’autorisation du Ciel, sœur Lucie dévoilait un des points du message de Fátima : la volonté de Dieu d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et en quoi consistait cette dévotions. Elle l’aurait probablement fait plus tôt si Monseigneur da Silva ne lui avait pas demandé de conserver son secret lorsqu’il la vit pour la première fois en 1921. Par contre, le reste du secret restera caché encore plusieurs années.

 

* * * * *

 

Deux autres lettres de sœur Lucie sur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie

 

En mai 1930, Notre-Seigneur fit savoir à sœur Lucie que les demandes concernant la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et la consécration de la Russie devaient être adressées au Saint-Père lui-même. Sœur Lucie mit rapidement au courant son directeur de conscience, le père Gonçalvès, qui lui ordonna de mettre par écrit ce qu’elle avait appris. Elle lui écrivit la lettre suivante :

 

JMJ Tuy, 29/V/1930

 

Révérend Père,

Ce qui me paraît s’être passé entre Dieu et mon âme au sujet de la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie et de la persécution de la Russie.

Il me semble que le bon Dieu, au fond de mon cœur, agit sur moi pour que je demande au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice, que Dieu lui-même et la Très Sainte Vierge ont daigné demander en 1925, pour, au moyen de cette petite dévotion, donner la grâce du pardon aux âmes qui ont eu le malheur d’offenser le Cœur Immaculé de Marie, la Très Sainte Vierge promettant aux âmes qui chercheront à lui faire réparation de cette manière, de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour qu’elles se sauvent.

La dévotion consiste, durant cinq mois consécutifs, le premier samedi, à recevoir la sainte communion, à dire un chapelet et à tenir compagnie à Notre-Dame durant quinze minutes, en méditant les mystères du Rosaire, et à se confesser, avec la même intention. Cette confession peut être faite un autre jour. Si je ne me trompe, le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Sa Sainteté promettant, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice, indiquée ci-dessus.

Je déclare que je crains beaucoup de me tromper, et le motif de cette crainte est que je n’ai pas vu personnellement Notre-Seigneur, mais j’ai seulement senti sa divine présence.

Quant à la répugnance que je sens d’aller dire cela à la Révérende Mère Supérieure, je ne sais pas bien d’où elle vient. Ce peut être en partie la crainte que j’ai que la Révérende Mère désapprouve tout cela, ou dise que c’est une illusion, une suggestion du démon, et des choses de ce genre.

 

Je baise respectueusement la main de votre Révérence.

 

Fac simile 1ère lettre de Sœur Lucie au père Gonçalvès

 

En recevant cette lettre, le père Gonçalvès fit immédiatement remettre à sœur Lucie une note lui demandant de répondre par écrit à six questions :

« Veuillez répondre, comme vous pourrez, sur une feuille de papier à lettres, aux questions suivantes :

1. Quand, comment et où, c’est-à-dire, la date (si vous la savez), l’occasion et la manière selon laquelle vous avez éprouvé la manifestation de la dévotion des samedis ?
2. Les conditions requises, c’est-à-dire, ce qui est demandé pour l’accomplissement de cette dévotion ?
3. Les avantages : quelles grâces sont promises à ceux qui la pratiqueront au moins une fois ?
4. Pourquoi cinq samedis, et non neuf, ou sept, en l’honneur des Douleurs de Notre-Dame ?
5. Si l’on ne peut accomplir toutes les conditions le samedi, ne peut-on y satisfaire le dimanche ? Les gens de la campagne, par exemple, ne le pourront pas, bien souvent, parce qu’ils habitent loin…
6. En relation au salut de la pauvre Russie, que désirez-vous ou que voulez-vous ? »

 

Le soir même, au cours de l’heure sainte que sœur Lucie faisait chaque jeudi de onze heures à minuit, Notre-Seigneur lui fit connaître les réponses. Quelques jours après, le 12 juin 1930, elle remit au père Gonçalvès la réponse suivante :

JMJ 12/6/1930

 

Révérend Père,

Après avoir imploré l’assistance des Très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, je vais, autant que possible, répondre aux questions de votre Révérence.

 

Pour ce qui touche à la dévotion des cinq samedis :

1. Quand ? Le 10 décembre 1925.

Comment ? Par une apparition de Notre-Seigneur et de la Très Sainte Vierge qui me montra son Cœur Immaculé entouré d’épines et demandant réparation.

Où ? À Pontevedra [Passage Isabelle II]. La première apparition [eut lieu] dans ma chambre, la seconde près du portail du jardin où je travaillais.

 

2. Les conditions requises ?

Durant cinq mois, le premier samedi, recevoir la Sainte Communion, dire le chapelet, tenir compagnie quinze minutes à Notre-Dame en méditant les mystères du Rosaire, et se confesser avec la même intention. La confession peut se faire un autre jour, pourvu qu’on soit en état de grâce en recevant la Sainte Communion.

 

3. Avantages ou promesses.

« Aux âmes qui chercheront à me faire réparation de cette manière [dit Notre-Dame], je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires au salut. »

 

4. Pourquoi cinq samedis et non neuf, ou sept en l’honneur des douleurs de Notre-Dame ?

Me trouvant dans la chapelle avec Notre-Seigneur une partie de la nuit du 29 au 30 de ce mois de mai 1930, et parlant à Notre-Seigneur des questions quatre et cinq, je me sentis soudain possédée plus intimement par la divine présence et, si je ne me trompe, voici ce qui m’a été révélé :

« Ma fille, le motif en est simple. Il y a cinq espèces d’offenses et de blasphèmes proférés contre le Cœur Immaculé de Marie :

1) les blasphèmes contre l’Immaculée Conception,

2) les blasphèmes contre sa virginité,

3) les blasphèmes contre sa maternité divine, en refusant en même temps de la reconnaître comme Mère des hommes,

4) les blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de cette Mère Immaculée,

5) les offenses de ceux qui l’outragent directement dans ses saintes images.

Voilà, ma fille, le motif pour lequel le Cœur Immaculé de Marie m’a inspiré de demander cette petite réparation, et, en considération de celle-ci, d’émouvoir ma miséricorde pour pardonner aux âmes qui ont eu le malheur de l’offenser. Quant à toi, cherche sans cesse, par tes prières et tes sacrifices, à émouvoir ma miséricorde à l’égard de ces pauvres âmes. »

 

5. Ceux qui ne pourront accomplir les conditions le samedi, ne peuvent-ils y satisfaire le dimanche ?

« La pratique de cette dévotion sera également acceptée le dimanche qui suit le premier samedi, quand mes prêtres, pour de justes motifs, le permettront aux âmes. »

6. En relation avec la Russie, si je ne me trompe, le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux Évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux Saints Cœurs de Jésus et de Marie, et si sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice indiquée ci-dessus.

 

 

 

 

Nota : Les expressions « je crains beaucoup de me tromper » ou « si je ne me trompe » que l’on trouve également dans d’autres lettres, ne sont pas des expressions exprimant un doute : ici, ces expressions sont des formules d’humilité et d’obéissance par lesquelles sœur Lucie veut montrer qu’elle s’en remet entièrement au jugement de son directeur de conscience.

En effet, la voyante dit : « J’ai seulement senti sa divine présence », mais elle ne peut être absolument certaine que c’est bien Dieu qui s’est manifesté à elle. Cette réserve n’est pas surprenante de la part d’une vraie mystique catholique. Avant elle, d’autres mystiques, dont sainte Marguerite-Marie, faisaient part des mêmes incertitudes. Toutefois, malgré l’humble réserve de Lucie, l’analyse de ces révélations prouve sa bonne foi.

 

Fac simile 2ème lettre de Sœur Lucie au père Gonçalvès

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] Lúcia fait ses premiers vœux le 3 octobre 1928, et ses vœux perpétuels le 3 octobre 1934, elle reçoit le nom de Sœur Maria das Dores (Marie des Douleurs).

 

[2] Alors que la plupart des récits historiques bien documentés dénomment Lúcia comme Lúcia Santos, certains récits plus modernes font référence à Lúcia en tant que Lúcia dos Santos. Cette confusion provient sans doute de la publication de son premier livre de mémoires, dans laquelle les éditeurs ont indiqué que dans le registre paroissial le nom de son père était António dos Santos. Lúcia a confirmé, dans ses cinquième et sixième mémoires, que son nom de famille est Santos.