Réjouissez-vous !

Bientôt Noël !!!

Bientôt Noël !!!

La crèche a vaincu le temporel car elle s’est faite croix d’infâmie pour nous sauver aussi de ce même temporel….

Par Pierre Legrand.

 

L’ange dit : Vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. » Et Luc poursuit  : « Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Et l’ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les entendirent furent émerveillés de ce que leur racontaient les bergers. »

 

« L’émerveillement de Noël ne prendra jamais fin, car il se rapporte au paradoxe inouï d’une théophanie qui se distingue des caractéristiques habituelles du sacré, qui produisent crainte et tremblement, ou encore fascination et terreur. À Noël, Dieu s’offre sous le signe du plus extrême dépouillement. On peut déjà parler, avec la théologie, de kénose au sens de Paul dans l’épître aux Philippiens : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. » Bien sûr, l’humiliation kénotique aboutit ultimement à la Croix du Vendredi Saint. Mais elle se révèle à Noël, selon une modalité qui transforme les représentations du divin. Et l’on peut penser, avec la plus profonde tradition patristique, que dans le projet trinitaire, l’Incarnation précède la Rédemption. Ce n’est pas seulement en vue de sauver les hommes du péché et de la mort que le Christ est venu en ce monde, mais pour affirmer la vocation suprême de l’homme. Dieu nous a faits pour Lui, le Verbe étant le Premier-né de la création avant d’être le Premier-né des morts, selon l’expression de saint Irénée.

Comment dire mieux que Noël est la source même de la lumière et que sa grâce continue à briller dans nos ténèbres ? Mais ce don des larmes ne signifie pas abandon à la fatalité. Il est protestation intime en faveur d’une vénération du petit enfant qui, dans la crèche, est salué par les anges, à l’enseigne du prince de la Paix. »

 

C’est ainsi qu’un journaliste d’un hebdomadaire « conciliaire conservateur » (!) s’exprimait récemment.

 

Le Père Noël, une idole divinisée...Certes Noël pour nous, catholiques qui nous efforçons d’être « semper idem », ne revêt pas le même sens que celui que lui donne le monde qui se vautre avec morosité ou petites joies surfaites voire malsaines dans les délices trompeurs d’un matérialisme hédoniste et d’un humanisme anglo-saxon à longue barbe blanche. À force de se prendre au jeu, à force de rêver et de régresser à la place de nos chers bambins, la génération de l’après-guerre a haussé le Père Noël au rang d’une idole divinisée aux mille et un avatars…

 

Noël est en effet un miracle permanent, mais un miracle double : l’incarnation pour les croyants et un moment festif pas comme les autres pour tous les autres…

 

Lorsque l’intelligence de nos contemporains cesse d’être informée par la grâce, Dieu se retire tout doucement des consciences et ses interventions providentielles de viennent de plus en plus obscures et incompréhensibles. Car en ce début de XXIème siècle, l’homme est roi, roi de lui-même et de ses créations. Du moins c’est ce qu’il croit, Dieu seul pouvant réellement être Créateur…

 

L’homme ne peut vraiment se connaître qu’à travers ce que Dieu lui en dit en informant sa conscience et son intelligence. La foi viendra ainsi éclairer nos jugements dans une densité intellectuelle telle qu’elle ne laisse aucune place à un enrichissement humain qui prétendrait distribuer la vérité de son propre fond.

 

Les capacités intellectuelles d’un incroyant peuvent être admirables, prodigieuses mêmes, seul l’enseignement du Christ pourra leur donner une dimension réellement spirituelle et capable de dépasser tous les rationalismes, tous les naturalismes et toutes les vanités de ce monde.

 

Nous sommes capables d’appréhender la précarité des choses terrestres grâce à notre raison mais seule notre foi nous permet d’apprécier irrésistiblement les biens qui ne sont pas de ce monde…

 

Un Dieu qui se fait homme……c’est déjà prodigieux…mais un Dieu qui se fait bébé, blotti sans défense dans une crèche…cela dépasse notre entendement de créatures blessées par le péché originel. Nous avons perdu l’intimité avec Dieu, celle qui baignait de ses milliards de grâces nos premiers parents. Et avec elle nous avons perdu notre innocence, celle qui caractérise précisément ces petits nourrissons que notre siècle tue par millions chaque année dans le monde…

 

Et pourtant, ces valeurs qui durent, ces valeurs qui nous retranscrivent dans l’intimité de Dieu, nous les côtoyons tous les jours, bien souvent sans les voir, captivés, accaparés, hypnotisés que nous sommes, par les biens de ce monde, ceux qui se corrompent et nous enfoncent chaque jour davantage dans la médiocrité de l’être et le désespoir de notre  finitude…

 

Voyez ces foules envahies par la tristesse de la perte de leur idole… Comme ces idoles trop humaines leur collent à la peau après en avoir été les malheureuses victimes durant leurs folles jeunesses !!! Ainsi va le monde…qui veut posséder toujours, jouir toujours davantage et se plaint de ne pas être immortel !

 

Jean Lefèvre d’Ormesson

Comme disait ce vieil aristocrate décadent et philocommuniste que tout le monde reconnaîtra dans la figure du « Comte » académicien Jean Lefèvre d’Ormesson : « si vous n’acceptez pas de mourir un jour, vous ne saurez jamais ce qu’il y a de l’autre côté….ou ce qu’il n’y a pas ! » Son agnosticisme était en perpétuelle tentation d’athéisme…

 

Alors vous comprendrez qu’il est impossible d’informer autrui des valeurs qui durent si l’on n’est pas soi-même capable de se faire pauvre, de se déposséder de tout ce qui flatte l’orgueil de l’homme, de tout ce qui honore les puissants, de dépouiller tout ce qui horizontalise les intelligences supérieures et temporalise les consciences…

 

Accepter et se servir des honneurs de ce monde, représente un obstacle de taille à la verticalité de la foi… Nous n’en sortirons pas : le choix fait partie de nos destinées éternelles. Dieu vomit les tièdes signifie que tous ceux qui s’abstiennent de choisir, de se compromettre pour Lui, de se vautrer dans le doute mortel et l’indécision commode, de se rallier par paresse intellectuelle à cette indifférence qui neutralise absolument tout, ceux là ne retrouveront pas l’intimité avec Dieu, celle qui permet la vision béatifique, la seule qui soit capable de nous rendre heureux pour…l’éternité.

 

Avoir une vision verticale des choses, ce n’est pas seulement en analyser l’utilité mais c’est se conformer à la forme qui va nous en livrer l’utilité.

 

Voyez ce que sont devenues la plupart de nos fêtes de la Nativité : l’horizontal a pris le pas sur le vertical…ce qui arrange sans doute bien le Père Noël !

 

Les âmes innocentes des très jeunes enfants sont privées de cette lumière de l’Enfant-Dieu, la seule à même de leur apporter la grâce de la foi !

 

Plus de recueillement, plus d’adoration mais une fascination pour les progrès techniques qu’incarnent tous ces jouets aux facettes électroniques, préfiguration d’un monde sans Dieu gouverné dans ses besoins élémentaires par des robots !

 

Ce faisant, nous avons délibérément écarté du voisinage de nos enfants la source même de toute information : celle réservée à Dieu. Nos enfants et surtout nos ados se transforment sous nos yeux incrédules en portables à deux jambes…

 

Si la communication entre les êtres en pâtit largement, comme nous le croyons et constatons ici sur ce blogue, c’est parce que nous avons d’abord rompu la communication avec Dieu !!! Nous avons remplacé Ses fraîcheurs spirituelles par l’aridité des modes d’emploi techniques quand ce n’est pas carrément par la violence pure et simple de notre animalité…

 

Regardez la Croix ! Horizontalité et verticalité se complètent admirablement, puisque Notre-Seigneur est vrai Dieu ET vrai Homme. Que se passe-t-il alors si vous ne gardez que la poutre horizontale ? L’appui divin disparait et l’homme est obligé pour se soutenir dans le vide d’avoir recours à de nombreux liens…qui vont venir blesser le haut de son corps sans même empêcher la lente asphyxie qui caractérise ce genre de supplice…

 

Tout ce qui élève vers Dieu est forcément vertical ! On ne peut vouloir à la fois organiser l’éternité sur terre et en appeler au Ciel ! Le Ciel n’est pas sur la terre ! Et tout ce que nous voyons, tout ce que notre courte vie aura connu et aimé, tout cela disparaîtra un jour lorsque l’heure de faire des « choses nouvelles » aura sonné pour Dieu.

 

Noël est la période rêvée pour nous informer et informer les autres ! En effet, le destin du monde eût été tout autre sans la naissance de cet enfant dans une étable… Modestie, pauvreté, innocence, charité dépassent, et de loin, comme présents spirituels ceux apportés par les rois mages ! Et c’est avec eux, ces présents spirituels, que nous devons retrouver le véritable esprit de Noël et ne pas partager avec les païens cette frénésie consumériste si éloignée de l’anéantissement propre à cette naissance divine.
Saint Grégoire de Nazianze
À Noël 380, l’évêque de Constantinople Grégoire de Nazianze, dans le discours Pour la Théophanie, qu’il a prononcé dans la basilique des Saints-Apôtres, invite les chrétiens à fêter Noël dans la joie.

 

« Le Christ naît, rendez gloire ; le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre ; le Christ est sur terre, élevez-vous. […] “Que se réjouissent les cieux et qu’exulte la terre” à cause de celui qui est “céleste” et ensuite “terrestre”. Le Christ est dans la chair : exultez ».

 

Il faut fêter Noël mais Grégoire invite les fidèles à la retenue, au calme et au recueillement :

« Célébrons la fête, non comme une solennité profane mais d’une manière divine » car « c’est la solennité de la Théophanie ou encore de la Nativité […] Dieu en effet est apparu aux hommes en naissant […] Le nom de Théophanie vient du fait qu’il est apparu, le nom de Nativité, du fait qu’il est né ».

 

« Le Christ est dans la chair » ! Mesurons avec tout notre cœur ce don divin tel qu’il n’y en aura jamais d’autre de toute éternité… Cette verticalité incarnée exige retenue, prière, calme et adoration. Remarquez bien que cela n’empêche nullement d’exulter comme nous y invite Grégoire, à cette seule condition que cela se fasse « à cause de celui qui est céleste ». Exaltation de l’esprit informé par la grâce, exaltation des consciences informées par la raison, exaltation des intelligences informées par la foi, exaltation des cœurs informés par l’adoration, exaltation des corps informés par la Sainte Humanité de Notre-Seigneur…

 

Tout cela est donc permis et même recommandé, à condition que notre âme soit tournée vers le Seigneur et que, dans toutes ces réjouissances l’on soit à même de Lui laisser toujours la première place. Si l’on fait cela, aucun débordement, aucun excès, aucune trahison n’est possible : nous renaissons à Ses côtés, nous partageons avec nos frères dans la foi ces mêmes bonheurs, ces mêmes plaisirs et nous sommes confiants car grâce à Dieu nous pouvons aussi tenter d’informer tous les autres…ceux qui ne croient pas, ceux qui vénèrent d’autres idoles ou même ceux qui ont fait de leur ventre leur seule joie de Noël…

 

« Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

 

La boucle est bouclée. Le ressuscité rejoint le nouveau-né dans la crèche dans une kénose tellement admirable qu’il n’y aura jamais de cesse pour la louer dans les siècles des siècles.
 

 

NOëL ! NOëL ! NOëL !

 

Pierre Legrand.