
2018 : L’ANNÉE des bonnes résolutions ?
Ou comment émettre véritablement des vœux en accord avec notre statut de chrétien.
Chers amis lecteurs,
Allons-nous encore formuler des vœux comme le monde en formule ?
Allons-nous encore nous vautrer dans le sensualisme de vœux trop humains, trop horizontaux, trop sentimentaux ou trop conformistes ?
N’allons-nous pas enfin nous comporter en chrétiens et aussi en catholiques…semper idem ?
Ce n’est en effet pas l’envie qui nous en manque !
Mais bien souvent faute de se remémorer sans cesse ce que doit être un chrétien, faute d’oublier trop souvent la finalité qui doit l’animer, nous donnons à nos vœux cette connotation d’alignement mondain, ce qui les rend fades, obligatoires et convenus.
Alors en ce début d’an de grâce 2018, je veux avec vous — car sans vous je ne peux rien faire qui puisse porter quelque fruit — décortiquer dans nos consciences désabusées ce qu’il convient d’être obligatoirement tout au long de cette année, étant entendu que notre position, ultra marginale au sein du monde catholique, nous permet paradoxalement d’accéder plus aisément à cette vision claire du particularisme d’un vrai chrétien.
Rappelez-vous, nous l’avons déjà vu ensemble : un chrétien est un être obligatoirement mis à part…j’allais ajouter…qu’il le veuille ou non !
Si nous reconnaissons l’Enfant de la Crèche comme le Messie, nous devons alors Le reconnaître comme l’être mis à part par excellence.
Mis à part dès sa conception, l’Enfant Jésus nous montre son parfait dédain du matériel et du temporel au sens large… Sa splendeur humaine, Sa perfection et Sa sainteté se moquent bien des conditions que beaucoup d’entre nous jugeraient inacceptables pour la dignité d’un grand personnage promis aux plus hautes destinées. Une étable…mais vous n’y pensez pas ! Quelle honte !
Le Nouveau-né de l’Esprit de Dieu nous montre ainsi, dans une magistrale leçon de choses, quelle est la primauté, la fécondité de l’esprit sur la matière et que sa naissance hors des sentiers battus des lois naturelles de la conception, en fait un être complètement à part dans le mystère de la création.
Alors ? Même si nous sommes bien incapables, bien impuissants avec nos propres forces, de ressembler à cet Homme complet, à cet Homme providentiel, à cet Homme que tous auraient dû attendre, ne sommes-nous pas tout de même un peu tentés de témoigner de Sa singularité, de Sa « mise à part » le commun des mortels ? Que serait un Messie s’il devait en tous points nous ressembler ? Que deviendrait la fureur du monde s’il n’avait pas cet éclair dans la nuit pour jeter un rayon mortel sur sa propre chute ?
Cette lumière capable de dissiper les éclipses les plus sombres, oserions-nous la mettre sous le boisseau en refusant de témoigner de son incroyable singularité ?
Ce Fils de Dieu, pensé de toute éternité à part des autres, est le lien précieux qui nous permet de faire la jonction entre le temps dans lequel nous sommes comme un peu prisonniers et l’éternité dont la résurrection est la « porte des étoiles »…
Et pourtant, voyez comme le fils Bien-Aimé de Dieu a pris soin de nos corps, de nos intérêts temporels, de nos plaisirs terrestres, de nos joies intimes et de nos pensées spirituelles !
Penser le monde comme Notre-Seigneur, c’est penser le monde avec les critères de l’éternité. Nous sommes des orfèvres qui s’ignorent… Nous pouvons, avec un peu d’entrainement et de sagesse, participer des énergies supérieures que Jésus nous a laissées comme remèdes à nos médiocrités…
Médiocrités de nos instincts, médiocrité de nos consciences avilies par ces mêmes instincts, médiocrité de nos excès temporels qui contrecarrent les vertus bienfaisantes à tous, médiocrité de nos manquements, de nos faiblesses à la pureté, à la justice et à la charité…médiocrité de nos envies qui, capables d’organiser le temporel jusqu’à la luxure, aspirent trop souvent et en vain à le désorganiser au profit du sacrifice…médiocrité de nos égoïsmes qui éloignent de nos vies intérieures la vérité et la certitude des lumières de l’éternité…
Aussi ne nous étonnons pas de cette évidence : si nous voulons être chrétiens nous ne pourrons plus jamais raisonner comme tout le monde, vivre comme tout le monde, approuver comme tout le monde, justifier le mal comme tout le monde et démissionner comme tout le monde… Car nous sommes déjà morts au monde de notre vivant de par notre baptême, et l’Esprit de Dieu, ce grand séparé de la matière, nous impose de vivre et d’espérer comme si nous étions déjà de l’autre côté de la barrière…
Si nous demeurons attachés à l’esprit du monde qui est temporel, charnel, matérialiste, scientiste, agité, inquiet du lendemain, égoïste et jouisseur, conciliant et démissionnaire, nous ne pourrons pas être véritablement chrétiens. Nous le serons de façade, de rites et de coutumes mais notre conscience sera vide et en permanence déchirée, car nul ne peut servir deux maîtres, encore moins plusieurs maîtres à la fois !!!
Alors bougeons ! Pas en actes désordonnés ou en professions de foi plus ou moins politisées. Bougeons pour faire tomber les scories de l’égoïsme qui nous paralysent encore… Bougeons mais pas comme ceux qui s’agitent alors qu’ils sont encore prisonniers de l’esprit matérialiste qui empêche d’avoir sur les âmes la moindre impression… Bougeons mais en prenant bien garde de ne pas affadir le sel qui est en nous car on nous l’a transmis par ce miracle qu’est la charité…
Notre foi, notre fidélité et notre loyauté ne seront véritablement opérantes pour nous sauver et sauver autrui que si nous acceptons d’être ce diamant qui brille de mille feux et qui force l’admiration de tous ceux qui ne sont pas encore chrétiens… Sinon à quoi bon être chrétien si nous ne donnons pas envie, d’une envie irrésistible, à nos frères de devenir eux aussi à leur tour chrétiens ? Mais au fait, avons-nous réussi nous-mêmes à nous persuader de cela ? Pas si sûr… Car l’instinct de l’homme qui est grégaire par nature, répugne à être séparé, à n’être pas comme les autres….peur de l’isolement, peur de cette perte d’équilibre dans une société conformiste, peur du manque d’harmonie avec nous –même, avec les autres, peur du « qu’en dira-t-on » et de la perte de l’estime des autres, peur du doute qu’on suscite, peur de l’étonnement qu’on cause, peur du mépris qu’on engendre et peur de l’exemple qui va en choquer plus d’un…
La notion de fusion par la division est difficile à comprendre sans la grâce d’une vérité libre, d’une tenue libre, d’une conscience libre et d’une obéissance libre. Diviser pour mieux réunir, n’est-ce pas un programme exaltant et qui sort de l’ordinaire ? Voulez-vous toute votre vie rester des gens ordinaires ? Croyez-vous aimer le Crucifié si, au moins en ce domaine là, vous ne voulez pas un peu Lui ressembler ?
Nous sommes en principe pleins de bonne volonté mais notre volonté est défaillante car nous n’avons pas pris soin de poser en principe que la clarté est la source de toute action et de toute volonté agissante ; si nous avons l’esprit rempli de doutes, d’indécisions, d’hésitations et de scrupules, nous n’aboutirons pas et nous serons déçus par la médiocrité des résultats auxquels nous voulions pourtant parvenir.
Être chrétien c’est donc avant tout avoir l’esprit clair ! Cette clarté de l’esprit nous fait analyser les obstacles qui se dressent devant nous selon des critères qui échappent à la logique purement humaine. Souvent nous voulons résoudre un problème spirituel avec un raisonnement teinté de matérialisme ou de naturalisme. Après cela étonnons-nous de ne pas réussir ! Étonnons-nous de ne pas convaincre ou impressionner notre prochain ! C’est impossible ! C’est comme si nous partions battus alors que nous voudrions être vainqueurs !
Cette obscurité qui nous paralyse tant, ce manque de foi en la clarté de Dieu, ce manque d’amour en une Parole d’éternité, tout cela nous empêche d’être nous-mêmes des canaux d’une « grâce explicative » qui seule peut toucher les cœurs endurcis et les âmes rebelles… Nous ne pourrons expliquer ce qu’Il a fait pour nous et accompli durant Sa vie terrestre si nous voulons expliquer avec notre propre logiciel de raisonnement ce qui par essence échappe à tout entendement humain non informé par la grâce…
Mais, me direz-vous, la grâce ça se demande !?… Oui vous avez tout à fait raison ! Encore faut-il pour la demander faire preuve de ce culot qui caractérise ceux qui veulent arracher au Ciel les secrets de Dieu et de cet esprit de décision informé par cette clarté indispensable à tout principe de volonté. Demander la grâce de la clarté sans savoir à quoi elle va bien pouvoir nous servir, serait en effet le meilleur moyen de ne pas l’obtenir !!!
Je devine que certains lecteurs, agacés par mon insistance, vont être tentés de me demander : mais cette clarté où peut-on la trouver…surtout de nos jours où tout est confusion à cause de l’éclipse de la Sainte Église ?
Bonne question !
Là tout semble en effet se compliquer car la clarté exige de prendre un seul chemin, une seule voie et non pas des chemins divers et contradictoires.
Choisir un chemin…entrevoyez-vous toute l’exquise liberté qui se dégage de ce choix forcément libre car non conditionné par des exigences temporelles, matérielles ou instinctives ? Cette liberté exquise est le propre du choix divin celui-là même qui est l’essence même de l’Esprit Saint qui ne peut se tromper et qui ne peut nous tromper. Si nous ratifions cela, nous nous incorporons à cette intelligence pleine de grâce qui a créé le monde… Nous participons à la vie divine en acceptant cette clarté que le Ciel requiert et attend de notre volonté libre… La clarté de nos intentions engendre alors le don de la qualité intrinsèque de notre certitude.
Armés de cette claire certitude, nous pouvons alors affronter tous les obstacles, écarter toutes les ambiguïtés, pourchasser les brouillards de nos sociétés démoncratiques, dénoncer la répugnance des consacrés pour la sainteté et apporter sinon des remèdes mais au moins des certitudes quant au diagnostic à produire pour faire reculer l’impuissance intellectuelle de responsables devenus les chefs des moutons pieux que l’on mène à l’abattoir…
L’intransigeance, qui oscillait alors entre deux écueils, celui d’un intégrisme sclérosé (qui n’est pas celui dont parlait ST Pie X !) et celui du progressisme pervers, devient alors une vertu car vous avez écarté de vos raisonnements et de vos décisions toute velléité de fausse mesure d’où qu’elle vienne…
D’aucuns me diront encore : tout cela est bien beau mais vous ne répondez pas à la question : où peut-on trouver cette clarté capable d’illuminer nos cœurs et de transfigurer nos intelligences ? Je vous réponds :
1/ dans la parole de Dieu, dans l’enseignement de Jésus dans l’Évangile dont chaque mot est un glaive tranchant capable d’évacuer nos doutes et d’apporter à nos âmes une luminosité toute empreinte d’une inépuisable fraîcheur capable de transcender toutes les générations, toutes les époques…
2/ dans les définitions de l’Église dont le dépôt sacré est parvenu jusqu’à nous dans une doctrine inchangée…
3/ dans les fruits, selon la promesse du Seigneur, qui nous a garanti que nous la reconnaitrions à ce signe certain car un mauvais arbre ne peut donner de bons fruits ou même ne pas en donner du tout !
Nous ne pouvons donc plus trouver cette clarté, au mieux qu’accidentellement, dans ce que nous enseignent les prêtres et les évêques car leur esprit partisan a obscurci leurs intelligences et brouillé la charité de leur cœur… Un consacré qui n’est pas, par les temps qui courent, parfaitement semper idem ne peut apporter la clarté suffisante à un chrétien digne de ce nom… Ne raisonnons pas en termes de groupes, de coteries, de chapelles ou de mouvement… Un vrai chrétien ignore tout cela : son seul cri de ralliement et de reconnaissance se bornera à celui de Jésus-Christ et à ses commandements. Tout le reste n’est que littérature ou ruse du diable !
Si vous ne pensez pas droit mais de travers, non seulement vous n’obéissez pas aux lois de l’intelligence et de la volonté, mais en outre vous n’êtes pas fidèle aux évangiles que vous interprétez ou laissez interpréter à votre guise… ! Vous êtes un arbre malade qui ne donnera pas de bons fruits !
Choisir un chemin et un seul exige de s’interdire, avec la grâce de Dieu, de prendre tous les autres ! Combien de catholiques, jusque dans nos rangs, et peut-être même nous-mêmes, se sont laissé tenter par ces dérives faciles et remplies des meilleures intentions ? Car l’homme pécheur est empli de faiblesses et croit qu’en les aimant cela les lui fera oublier… Ses fidélités de prestige sont alors un boulet avec lequel il se damne tout en croyant se sauver…
Nous devons réapprendre à choisir et à guider notre foi pour mieux exercer notre volonté à penser et à choisir dans la clarté de nos décisions. Oser se séparer de ce qui est laid, de ce qui est plat ,de ce qui est vulgaire, de ce qui est lâche, de ce qui est faux, de ce qui est rampant, de ce qui est politiquement correct, de ce qui est démagogique, de ce qui est plaisant à l’esprit du monde, de ce qui n’est pas conforme à ce qu’on pense ou pressent dans le plus secret recoin de son cœur, de ce qui n’est pas pris dans le silence et la prière en dehors de son temps de travail…faire cela c’est retrouver la vraie liberté des enfants de Dieu et accéder à cette liberté que Dieu réclame de ses créatures qui prétendent pouvoir L’aimer…et qui bien souvent de s’aiment pas elles-mêmes et ne se respectent pas dans leur intégrité de choix et de décision.
Notre vie personnelle est menacée en permanence : la foi et la grâce peuvent être avilies si l’on refuse de choisir et de se compromettre ! Il n’y aura pas de fruits même si subsiste une spiritualité qui ne fera que nous illusionner davantage !…
« Celui qui rougira de Moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père. »
Ces paroles doivent être claires pour nous si nous voulons être ou redevenir chrétiens… Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
Beaucoup ont déjà trop tardé ! Ce faisant, ils se sont désarmés eux-mêmes ! Ayant peur du bruit qu’allait faire le fusil, ils ont refusé de tirer sur l’ennemi…et parfois il arrive que l’ennemi ce soit nous-même ! Et l’ennemi a gagné, il a pris le pouvoir et le tient sans partage…avec une main de fer !
Alors en ce début 2018 si nous n’avions qu’un vœu à formuler, en chrétiens que nous sommes, nous devrions supplier le Ciel de nous accorder la grâce de choisir, choisir sans hésiter, choisir pour ne pas trahir, choisir pour pouvoir aimer, choisir pour participer au sacrifice rédempteur de Celui qui nous a tant aimé jusqu’à la mort sur la Croix…
C’est la grâce que je vous souhaite, chers amis lecteurs, c’est la grâce que je me souhaite aussi et pour bien commencer ce nouvel an souvenons-nous qu’aimer c’est vivre comme Dieu tout en restant un bien pauvre homme……
Dieu ne compte pas sur le nombre pour hâter le retour de Son Fils mais il compte uniquement sur la qualité des choix de ceux qui vont préparer le règne de Son Sacré-Cœur.
Que Notre-Dame de France vienne en aide « à ce peuple qui tombe mais cherche à se relever de ses chutes ».
Bonne et sainte année 2018, chers amis lecteurs !
Pierre Legrand.