
De la joie d’une bonne conscience…
- La gloire d’un homme de bien est témoignage que lui rend sa conscience. (II Cor. I, 12.) Ayez cette bonne conscience, et vous aurez une joie continuelle. La bonne conscience peut supporter beaucoup de choses, et goûter une grande joie au milieu des adversités. La mauvaise conscience est toujours timide et inquiète. Vous jouirez d’un agréable repos, si votre intérieur ne vous reproche rien. Ne vous réjouissez jamais sauf quand vous aurez bien fait.
Les méchants n’ont jamais de joie véritable, et ne sentent point la paix intérieure, parce qu’il n’y a point de paix, pour les impies, dit le Seigneur. (Is. lvii 21.) Quand ils diraient : Nous somme, en paix, les maux ne viendront point sur nous : qui est-ce qui osera nous nuire ? Ne les croyez pas ; car la colère de Dieu s’élèvera tout d’un coup, et leurs actions seront anéanties, et leurs pensées se dissiperont.
- Il n’est pas difficile à celui qui aime de se glorifier dans la tribulation, parce que se glorifier de la sorte, c’est se glorifier dans la croix du Seigneur. (Rom. v, 3. Gai. vi, 4.)
La gloire que les hommes se donnent réciproquement passe vite ; elle est toujours accompagnée de tristesse. La gloire des bons est dans leur conscience même et non dans la bouche des hommes. La joie des justes est de Dieu et en Dieu leur joie est dans la vérité.
Celui qui aspire à la gloire véritable et éternelle ne se soucie pas de la gloire temporelle ; et celui qui cherche la gloire du siècle, ou qui ne la méprise pas sincèrement, fait bien voir qu’il n’aime pas assez l’éternelle. Celui qui est indifférent aux louanges ou au blâme jouit d’une grande tranquillité d’esprit.
- L’homme qui a la conscience pure sera aisément content et paisible. La louange des hommes ne vous rend pas plus saint, et leur blâme ne vous rend pas moins estimable. Vous êtes ce que vous êtes; et ce que les hommes peuvent dire de vous ne vous rendra pas aux yeux de Dieu plus grand que vous ne l’êtes.
Si vous considérez ce que vous êtes au dedans de vous, vous ne vous mettrez pas en peine de ce que l’on dira de vous.
L’homme ne voit que le dehors ; mais Dieu voit jusqu’au cœur. (I Reg. xvi, 7.) L’homme regarde les œuvres ; mais Dieu considère l’intention. Faire toujours bien et s’estimer peu, c’est la marque d’une âme humble. Ne vouloir recevoir de consolation d’aucune créature, c’est le signe d’une grande pureté et d’une confiance intérieure en Dieu.
- Celui-là fait bien voir qu’il s’est entièrement abandonné à Dieu, qui ne cherche au dehors aucun témoignage en sa faveur. Car, comme dit saint Paul : Ce n’est pas celui qui se rend témoignage à soi-même qui mérite d’être estimé, mais celui à qui Dieu rend témoignage. (II Cor. x, 18.) Marcher avec Dieu au dedans, et n’être lié d’aucune affection au dehors, c’est la disposition d’un homme intérieur.
PRATIQUE
La paix d’une bonne conscience n’exclut pas toujours les troubles que les tentations et les peines intérieures forment dans l’esprit ; mais elle fait que parmi tous les orages qui s’y élèvent, le cœur est soumis et fidèle à Dieu : soumis à souffrir la peine, et fidèle à ne pas succomber, mais à résister, à combattre, et à ne rien négliger par découragement. C’est ainsi qu’une âme peinée et soumise est, dit le Prophète — Roi —, un sacrifice agréable à Dieu, qui ne rebute jamais un cœur contrit et humilié : humilié de se voir assujetti au sentiment de ses misères, et contrit du sujet qu’il a donné à Dieu de les lui faire sentir. Prenons là-dessus une résolution ferme et constante de ne nous laisser abattre ni par nos chutes, ni par nos peines, ni par le sentiment et l’expérience de nos misères, mais de nous humilier devant Dieu de nous voir si misérables, et lui demander pardon des fautes que nous avons faites en ne résistant pas comme nous le devons aux attaques de l’ennemi de notre salut ; de nous en punir sur l’heure, en nous privant de quelque satisfaction ; et après cela demeurons en repos, car la bonne conscience est celle qui est exempte de péché par la fidélité, ou qui en est épurée par la pénitence.
PRIÈRE
Vous savez, Seigneur, à combien de tentations, de peines intérieures et de périls du salut nous sommes exposés, et par le penchant naturel et violent que nous avons pour le mal, et par la répugnance continuelle que nous avons au bien, et par les assauts des tentations. Comment pourrions-nous résister à tant d’ennemis si puissants et si animés à notre perte, si vous n’aviez la bonté de nous secourir ?
C’est donc à vous que nous élevons nos cœurs, nos esprits et nos yeux, pour vous supplier de ne nous pas laisser périr, et de ne pas permettre que nous succombions à la tentation, mais de nous délivrer du plus grand et du seul mal à craindre, qui est le péché. Ainsi soit-il.
Extrait de : IMITATION DE JÉSUS-CHRIST
CHAPITRE VI Édition 1899
Chers amis lecteurs et pénitents de ce Saint Carême,
Dans mes précédents articles je tentais de vous donner deux recettes infaillibles.
La première consistait à savoir si vous étiez véritablement chrétien : souvenez-vous un vrai chrétien est tout sauf un insatisfait car il met toute son espérance en Dieu. Êtes-vous insatisfait au plus profond repli de votre âme ? Alors vous n’êtes pas encore tout à fait chrétien ! Mais ne désespérez pas car Dieu donne cette grâce à qui le Lui demande humblement… En effet, l’une des plus grandes grâces que l’on puisse obtenir de son vivant sur terre, c’est la paix de la conscience qui ne prend son repos qu’en Dieu et qui ne prête plus attention aux louanges ou aux blâmes de ses semblables. Fort peu de chrétiens jouissent de ce privilège qui est comme le petit présent insigne que Dieu prodigue à ceux qu’Il aime d’un amour tout particulier…
La seconde recette consistait, en ce temps béni du Carême, à faire en sorte de passer de l’état de victime à l’état de donateur… Vous n’aurez pas trop de tout le Carême pour commencer à assimiler cela.
Eh bien aujourd’hui la Providence a placé sur le chemin de mes pauvres lectures un ouvrage déjà ancien dont je suis bien entendu certain que certains d’entre vous le connaissent déjà ! Mais de la même manière que Notre-Seigneur n’est pas venu sur terre uniquement pour les bien-portants, moi je n’écris pas ici pour les savants, ceux qui ont presque tout lu, pour les grands intellectuels ou les grands mystiques… non…j’écris pour ceux qui me ressemblent peu ou prou et qui savent découvrir avec des yeux d’enfants ce que Dieu met sur leur chemin pour leur montrer et faciliter la voie du salut. Tout malade a besoin d’un remède pour guérir… Et nous sommes tous malades………
C’est pourquoi en ce jour, qui nous fait approcher à grands pas de la mi-carême (je me souviens que dans ma petite enfance, les enfants se grimaient à cette occasion) je veux enrichir vos journées et vos nuits de veille d’un opuscule dont on m’a dit qu’il avait servi à illuminer l’âme du saint Curé d’Ars.
Il n’en fallait pas moins pour raviver le zèle de l’humble catholique que je suis et brûler d’envie de faire partager cet ouvrage de piété à un maximum d’âmes, assoiffées — en principe — d’un amour dévorant pour Notre-Seigneur.
Le titre est à lui seul une affectueuse invitation :
CONFIANCE en la Divine Providence
Secret de Paix et de Bonheur
Religieux Jésuites du XVIIe siècle, le Père Jean-Baptiste Saint Jure est l’auteur du célèbre ouvrage : De la connaissance et de l’Amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1656), dont est extrait la Confiance en la Divine Providence. En quelques pages, remplies d’amour de Dieu, le lecteur y trouvera une doctrine sûre, pour trouver ou retrouver le chemin de l’abandon qui conduit à la véritable enfance spirituelle.
SOMMAIRE :
I— La volonté de Dieu a fait et gouverne toutes choses
II— Grands avantages que l’homme retire d’une entière conformité à la volonté divine
III— Pratique de la conformité à la volonté de Dieu
IV— (par le Bienheureux Père de la Colombière) L’abandon confiant à la Providence Divine ; Exercice particulier de conformité à la Divine Providence
Puisse l’Esprit Saint illuminer vos âmes et vos cœurs de la bonne compréhension, celle qui nous incorpore de plus en plus au visage du Christ et à Son Cœur Sacré.
Pierre Legrand.
La considération de soi-même…
- Nous ne devons pas trop nous fier à nous-mêmes, parce que souvent nous manquons d’intelligence et de grâce. Nous avons peu de lumière, et ce peu même se perd bientôt par notre négligence. Souvent aussi nous ne nous apercevons pas de l’aveuglement de notre âme. Souvent nous faisons mal, et nous nous en excusons encore plus mal. C’est quelquefois la passion qui nous fait agir et nous croyons que c’est le zèle.
Nous reprenons de petites fautes chez les autres, et nous nous en passons de beaucoup plus grandes. Nous sommes assez prompts à ressentir et à peser ce que nous endurons des autres ; mais nous ne prenons pas garde à ce que les autres souffrent de nous. Quiconque examinerait avec droiture ses propres défauts n’aurait pas sujet de juger désavantageusement autrui.
- L’homme intérieur préfère le soin de lui-même à tout autre soin ; et celui qui est appliqué à veiller sur soi s’abstient aisément de parler des autres. Vous ne serez jamais intérieur et dévot si vous ne gardez le silence sur tout ce qui regarde votre prochain, pour n’avoir d’autre attention que sur vous-même. Si vous ne vous occupez que de Dieu et de vous-même, vous serez peu touché de tout ce qui vous vient d’ailleurs.
Où êtes-vous quand vous n’êtes pas présent à vous ? Et quand vous aurez couru tout le reste, qu’en retirerez-vous, si vous vous négligez vous-même ? Pour jouir de la paix et d’une véritable union avec Dieu, il faut que vous vous regardiez seul, et que vous comptiez pour rien tout le reste.
- Ainsi vous avancerez beaucoup si vous tenez désoccupé de tout soin temporel ; vous reculerez beaucoup, au contraire, si vous faites quelque cas des choses de la terre.
Qu’il n’y ait rien pour vous de grand, d’élevé, d’agréable ou d’avantageux, si ce n’est purement Dieu, ou ce qui est de Dieu. Regardez comme vaines toutes les consolations que vous présenteront les créatures. Une âme qui aime Dieu méprise tout ce qui est au-dessous de Dieu. Dieu seul est éternel et immense ; il remplit toutes choses, et il est la consolation de l’âme et la vraie joie du cœur.
PRATIQUE
Les réflexions inutiles sur soi-même et sur les objets extérieurs nous font perdre beaucoup de temps, de grâces et de mérites. Si nous tâchions de substituer le souvenir respectueux de Dieu à la place du souvenir vain ou incommode de nous et des créatures, nous serions toujours saintement occupés. Regarder Dieu en nous et nous regarder en Dieu : vivre sous les yeux de Jésus-Christ par le recueillement, entre ses mains par la résignation, à ses pieds par l’humilité et le sincère aveu de nos misères : voilà ce que nous devons faire pour vivre comme de vrais Chrétiens, qui ne sont tout ce qu’ils sont que par l’attachement à Jésus-Christ. Pourquoi donc s’occuper si fort et si souvent de nouvelles, des curiosités, des vanités, et s’appliquer si peu et si rarement à son Dieu, à ses devoirs et à son salut ? C’est qu’on est indifférent pour les choses de l’éternité et trop attaché aux choses du temps. Commençons donc d’être ce que nous serons un jour, c’est-à-dire occupés uniquement de Dieu, pour Dieu et en Dieu.
PRIÈRE
Ôtez-moi, Seigneur, ces oisivetés d’un esprit qui perd son temps et qui ne s’occupe de rien et cette inutilité de pensées qui me dérobent et le bonheur de votre présence, et l’attention à mes prières ; ou, si je ne puis, en priant, toujours penser à vous, faites que mes distractions, étant involontaires, en détournant de vous mon esprit, n’en détournent point mon cœur.
Comme ce qui me rend distrait en vous priant est que mon cœur n’applique point mon esprit à la prière, je vous prie, ô mon Dieu, de toucher et de remplir mon cœur d’un mouvement vif et ardent de vous plaire, afin que, durant ma prière dans le jour, je pense plus à vous qu’à moi-même. Ainsi soit-il.
Extrait de : IMITATION DE JÉSUS-CHRIST
CHAPITRE V Édition 1899
Étiquetéattaques de l’ennemi, Bienheureux Père de la Colombière, bonne conscience, chrétiens, Confiance en la Divine Providence, considération de soi-même, De la joie d’une bonne conscience, demander pardon, état de donateur, état de victime, grande pureté, intention, Jean-Baptiste Saint Jure, joie est dans la vérité, L'Imitation de Jésus-Christ, mauvaise conscience, penchant naturel, pénitence, R.P. de la Colombière, R.P. Saint Jure, sacrifice agréable à Dieu, saint Carême, Secret de Paix et de Bonheur, temps béni du Carême, Tentations