
...en redécouvrant un article écrit il y a 33 ans et qui est toujours d'actualité !
Un article, légèrement actualisé, que j’avais écrit sous mon pseudonyme de l’époque et qui a paru dans « Sous la Bannière », novembre-décembre 1986. Depuis, je suis resté ferme dans mes idées.
PHOTOCOPIEZ ET DIFFUSEZ
QUI EST ROI DE FRANCE ?

Le Roi, la Monarchie, la légitimité, la Survivance, le Comte de Paris, Louis XX, le Grand Monarque, les prophéties… ?
Ce n’est plus dans quelques petits bulletins que l’on en parle ; c’est la radio, la télévision, les grands magasins, qui en font de plus en plus leur sujet de débats, d’enquêtes et de sondages…
Pour qui sait par quels canaux passent les informations des médias, et par quelles puissances ils sont contrôlés, il est évident que quelque chose se prépare dans les officines qui gouvernent actuellement le monde. Pour ne pas tomber dans les pièges qui nous sont « mijotés » ainsi de longue main, il est utile de remonter aux sources historiques et aux principes de la véritable constitution de la France.
§ 1. La Révolution.
Elle est essentiellement la haine de l’ordre de Dieu. Elle n’est pas le remplacement d’une monarchie par une république, mais d’un ordre social chrétien par un ordre social athée. Elle est la mise en place d’un système politique favorisant la damnation du plus grand nombre aux lieu et place d’un système favorisant le salut du plus grand nombre. Qui n’a pas compris cela n’a rien compris, et je déplore fortement les louanges excessives faites à certains livres pendant qu’on oublie des auteurs autrement formateurs que sont un Monseigneur Gaume ou un Monseigneur Delassus. Ces deux derniers expliquent avec moult documents ce qu’est la véritable histoire : former des élus ou des damnés. On pourra lire des centaines de livres et ne rien comprendre si on ne sait pas intégrer le sens surnaturel de l’histoire.
Personne ne devrait enseigner celle-ci sans commencer par la plaquette de Dom Guéranger : Le Sens chrétien de l’histoire. Personne ne devrait parler de la Révolution sans s’appuyer sur Monseigneur Gaume ou Monseigneur Delassus. Faute de la connaissance de ces deux grands maîtres, on ne possède pas la clefs des faits et l’intelligence du colossal combat qui est engagé. Il ne faudrait cependant pas oublier l’abbé Barruel, le Père Deschamps, Crétineau-Joly, Monseigneur de Ségur, le cardinal Pie, l’abbé Barbier, Monseigneur Jouin, le Père de Clorivière et tant d’autres maîtres de la Contre-Révolution.
Oubliant cette clef : la damnation du plus grand nombre, on oublie la méthode : la Révolution croit à la force de tout et ne croit à la vérité de rien. Pour perdurer demain, la Révolution est prête à se faire monarchiste. À nous de ne pas nous y tromper.
§ 2. Méditation sur un triple événement historique.
La cérémonie du Sacre de nos Rois.
Tout chrétien sait combien la liturgie enseigne les âmes, les cœurs, les intelligences. Le combat de ces trente dernières années le prouve. Et tout chrétien devrait avoir longuement médité la cérémonie du sacre car dans les prières proposées par l’Église, on trouve l’expression parfaite du rôle de la monarchie et de la fonction du roi. Il faudrait tout citer. Je renvoie à l’Almanach de l’Action Française de 1926 qui en donne tous les textes et en retiens ces passages essentiels. (1)
Le Roi « ne doit jamais s’écarter de la justice et de la vérité », « doit servir Dieu et Son Église », « bannir les hérétiques dénoncés par l’Église », « vivre et mourir dans la sainte foi de la religion catholique, apostolique et romaine » et plutôt mourir que défaillir.
S’il trahissait, saint Remy, autre Samuel, père de la monarchie française, dicte dans son testament le châtiment qui en résulte : « qu’un autre reçoive la royauté », et confie aux évêques consécrateurs ce jugement et cette initiative. Malheureusement, des évêques de la trempe d’un Remy sont rares.
Mais Dieu, se substituant à leur lâcheté, a Lui-Même assuré par trois fois cette justice, et de manière pratiquement identique.
Il suffit de se limiter aux exemples suivants, choisis dans les derniers siècles de notre monarchie, les mieux connus. Ils éclairent assez notre propos. Mais d’intéressantes analyses pourraient être conduites dans le même esprit sur les dynasties qui ont précédé, de Clovis jusqu’aux Capétiens…
A. Philippe le Bel
Relisez dans La Mission Posthume de Sainte Jeanne d’Arc de Monseigneur Delassus pp. 192 à 209, sa faute et son châtiment. Ce fut l’antagonisme entre l’indépendance des princes dans leurs États et ce pouvoir modérateur exercé depuis des siècles par les Papes, pour retenir ou ramener le gouvernement des souverains aux principes de la justice.
« Mane, Thecel, Phares » : ses trois fils régnèrent brièvement : Louis X, Philippe V, Charles IV, et la Royauté passa à une autre branche.
B. Henri II
Rohrbacher (livre 85 § 2) résume son action dans les termes suivants :
« Ainsi nous voyons Henri II, comme son père, punir les hérétiques de France et faire alliance avec les hérétiques d’Allemagne contre leur souverain légitime et catholique ; nous le voyons, comme son père, faire alliance avec les Turcs contre les chrétiens, joindre les flottes françaises aux flottes du sultan de Stamboul et des corsaires d’Afrique, pour ravager les côtes de la Sicile, de l’Italie, de la Sardaigne et de la Corse, incendier les églises et les cités, et livrer à l’esclavage des Turcs et des corsaires barbaresques les populations chrétiennes ; nous le voyons, sans scrupule, fomenter des révoltes, des trahisons, des meurtres, en Italie et ailleurs ; prendre lui-même en trahison les villes de Metz, Toul et Verdun ; faire la guerre aux peuples chrétiens de Flandre avec une cruauté de Vandale, égorgeant tout ce qui lui résiste, incendiant les maisons, rasant les villes , nous le voyons, comme son père, outre sa femme légitime, avoir une concubine en titre, qui passait même pour avoir été celle de son père. »
Rohrbacher aurait dû ajouter abomination, nouveauté en France chrétienne, qu’il ne vivait qu’entouré d’astrologues, d’alchimistes, de sorcières. Sans héritier légitime, il conjura la stérilité par le port de talismans et l’absorption de philtres (2).
« Mane, Thecel, Phares » : ses trois fils régnèrent brièvement : François II, Charles IX, Henri III, et la royauté passa à une autre branche.
C. Louis XV
Deux trahisons à son sacre.
La première, la plus grave : ne pas avoir combattu la Franc-Maçonnerie et le philosophisme. Malgré les enseignements pontificaux de l’époque, il ne prit pas au sérieux cette nouvelle attaque contre l’Église et la monarchie chrétienne, attaque qui en deux siècles détruisait tous les trônes pour les remplacer par des monarques soumis à des constitutions révolutionnaires ou par des républiques maçonniques.
La seconde, liée à la première : il laissa faire la condamnation des Jésuites et, malgré les conseils de son fils le grand Dauphin et les prières de sa sainte fille la Vénérable Mère Thérèse de Saint-Augustin, née Louise de France, carmélite, il ne combattit pas Choiseul, Madame de Pompadour, les philosophes, les Parlements. Comble de l’ignominie : voir l’injustice, pouvoir l’empêcher et la laisser s’accomplir (3).
« Mane, Thecel, Phares » : le Grand Dauphin, un saint et qui aurait été un très grand roi, mourut. Les trois petits-fils régnèrent : Louis XVI, Louis XVIII, Charles X, et la royauté disparut. Le crime était trop grand. Les Bourbons avaient trahi. Ils furent condamnés par un juste jugement de Dieu. (Même s’il en découla pour Louis XVI la gloire du martyre, et malgré les efforts tardifs de Charles X pour abolir la Charte)
§ 3. Les deux lois fondamentales.
Car il y en a deux, l’une plus importante que l’autre. Si actuellement on nous parle partout de légitimité, on oublie généralement la principale : La catholicité.
Au départ de la Monarchie, Dieu montra Sa Volonté par le grand miracle d’une grande Victoire : Tolbiac, et le 25 décembre 496, la Monarchie chrétienne se fondait sur le baptême et le sacre de son premier Roi.
Une seule fois, en treize siècles, il y eut doute sur la légitimité d’un descendant. Charles VII, fils d’une reine aux mœurs dissolues, ne se savait pas sûrement le fils de son père. Après une enquête canonique (à laquelle participait notamment Cauchon), enquête concluant à un doute sérieux sur la paternité de Charles VI, Henri V, roi d’Angleterre se crut Roi de France.
Dieu, maître de cette monarchie, sachant ce qu’il en était de cette paternité, envoyait Jeanne d’Arc pour confirmer le Dauphin dans son ascendance et l’amener au sacre par le chemin des victoires miraculeuses de la Vierge guerrière.
La future monarchie protestante ne devait pas régner sur la France. L’intervention de la sainte de Domremy a préservé la catholicité du royaume de France,bien plus encore que la légitimité de sa succession.

Jeanne d’Arc à Reims lors du sacre de Charles VII, par Jules Eugène Lenepveu (1819-1898), 1886, Panthéon, Paris
Plus tard, rappelons aussi que le peuple de France ne permit pas qu’un protestant régnât sur lui, quoiqu’il fut légitime ! Il fallut qu’Henri IV abjurât pour entrer à Paris, « au prix d’une messe ».
C’est à cette application première du principe de Catholicité, que notre pays a du le retour de la Paix, et les règnes de Louis XIII et de Louis XIV…
§ 4. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Trois prétendants nous sont présentés.
1° Un d’Orléans.
Si l’on applique le principe de légitimité, le problème est vite résolu. Ce ne peut être un Orléans. Si l’on applique le principe de catholicité, ce descendant du régicide, ce Vénérable de loge, ce descendant d’un Louis-Philippe, ennemi des fleurs de lys, ennemi du drapeau blanc, ennemi du vœu de Louis XIII, est plus ami de la Révolution que de tout autre chose.
2° La survivance : Naundorff ou autres ?
J’ai lu en son temps avec beaucoup d’attention le livre de Monsieur de Roche, livre de toute une vie. Son seul thème là encore : la légitimité. Cet énorme travail peut sembler prouver la survivance de Louis XVII , mais l’auteur est obligé de conclure en précisant qu’il ne connaît pas la filiation de l’aîné des descendants, nous laissant donc dans l’inconnu total, et finit par la seule phrase importante du livre, p.856 : « En conclusion, le comte de Chambord avait raison : la solution est entre les mains de Dieu Seul« .
L’histoire est là pour le prouver et la suite de notre étude le confirmera. Lire en particulier ce que pensait Madame Royale, la sœur de Louis XVII sur sa mort au Temple.
3° Louis XX.
Si l’on applique le principe de légitimité, hors une survivance de Louis XVII (peu probable), il est bien en droit de régner.
Si l’on applique le principe de catholicité, le personnage semble douteux. Il lui arrive de faire quelques déclarations à peu près orthodoxes, mais ne précise-t-il pas souvent qu’il y a un apport positif de la révolution, en particulier dans la Déclaration des droits de l’homme , que s’il règne il aura à gouverner un royaume peuplé de plus de musulmans que de catholiques traditionalistes, et que par conséquent il faut rester large d’esprit ; que le problème de la Messe de saint Pie V n’est pas primordial, qu’il accepterait le drapeau bleu-blanc-rouge car la nation n’est pas prête à accepter les armes du Sacré-Cœur ?
Un peu dur à avaler quand même de la part d’un futur roi très chrétien. Nous n’aurions alors qu’un Juan Carlos bis.
§ 5. Qui met en place le Roi de France ?
Là encore, il y a deux solutions : ou Dieu ou la Révolution.
Si C’est Dieu, il faut, comme à Tolbiac, comme à Orléans, un grand miracle pour qu’il n’y ait pas de doute.
S’il ne le doit pas à Dieu, ce roi devra son trône à la Révolution, et donc à ses chefs les judéo-maçons.
« Qui n’est pas avec moi est contre moi » (Matt XII, 30).
Qui n’est pas pour l’ordre établi par Dieu, est ipso facto contre cet ordre.
« Qui n’amasse pas avec moi dissipe » (Matt XII 30).
Qui ne travaille pas à refaire l’ordre coopère, nolens volens, à le dégrader.
Qui capitule devant la maladie est déjà mort.
Car depuis le péché originel, la voie facile et large consiste à déserter l’ordre ; et c’est vers cette voie que porte la nature déchue.
Il y a trente ans que l’on voit apparaître un peu partout les revues monarchistes. Nous les suivons à la loupe depuis le début. Il y a de tout là-dedans ; du bon, du médiocre et du très douteux. Surtout, des animateurs, des chefs très discutables, jusqu’à Borella, ce qui n’est pas peu dire.
Il y a quelques années, le frère d’un des nos amis lui a confié avoir étudié en loge « la monarchie de droit divin ». Enfin, depuis longtemps la « télé » et la grande presse en parlent. Non pas après les études et les articles remarquables d’un certain nombre d’universitaires, mais après l’apparition du livre d’un Thierry Ardisson par exemple, moitié pour une publicité tapageuse, et qui est d’une telle vulgarité dans certains de ses passages, que l’auteur doit appartenir à cette race de gens qui ne peuvent rien faire sans salir. Le fait que le déclic de cette information « grands inédits » soit en rapport avec la date de la parution de ce livre devrait nous faire réfléchir. Ce n’est pas un hasard.
§ 6. « Solve et coagula »
La révolution a tout dissous. Elle se prépare à tout coaguler autour d’un roi du style monarchie anglaise, danoise, suédoise, belge et maintenant espagnole. Un roi libéral et constitutionnel dont la fausse autorité consacrera les droits de l’homme, dans la négation des droits de Dieu.
De ce Roi, nous ne voulons pas.
§ 7. Qui est roi de France ?

Mosaïque du transept de la Basilique nationale Sainte Jeanne-d’Arc du Bois-Chenu à Domrémy du Christ Roi de France
Il m’arrive parfois de poser cette question à d’anciens ou jeunes monarchistes.
Certains, méfiants, tournent leur langue une ou deux fois dans leur bouche et me donnent le nom d’un prétendant, enchaînant de suite : « Et pour vous ? »
Abasourdis, confus, pitoyables, ils s’entendent répondre ce qu’ils auraient dû dire : « Mais c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
N’ont-ils jamais lu les enseignements et les messages de Sainte Jeanne d’Arc, de Sainte Marguerite-Marie, du cardinal Pie ?
Chers lecteurs, vous connaissez tous ces messages. De bons principes permettent d’éviter de grandes erreurs. N’en sortons pas !
Oui le Roi de France est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Lui Seul sauvera son apanage et y assurera le salut du plus grand nombre. Seul un LieuTenant dont le souci sera d’appliquer Son programme, peut mériter notre amour et nos suffrages. Pour Lui seul nous combattrons.
Notre Seigneur veut régner sur la France. Il est maître de ce royaume. Il veut que Ses armes soient sur nos drapeaux, sachant que sans Lui nous ne pouvons rien faire. La royauté Sociale et politique de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de Sa Sainte Mère qui est Reine de France, sont les conditions même de l’existence de notre nation fille aînée de l’Église.
Un roi libéral et constitutionnel ne serait là que pour continuer la Révolution. Nous serions peut-être obligés de le subir, mais que nos cœurs, notre labeur, nos initiatives, notre dévouement ne soient pas pour lui.
Ce serait le faux grand monarque. Il sera entouré, loué par tous ces faux aristocrates libéraux qui nous sont parfois proches, mais qui sont plus attachés aux apparences qu’aux volontés divines. Signe de contradiction, il regroupera ceux qui sont prêts à tout au nom du moindre mal. Ne le laissons pas tromper ceux qui veulent avant tout Notre Seigneur Jésus-Christ et sa Sainte Mère.
Oui, VIVE LE CHRIST ROI DE FRANCE. Oui à un lieutenant choisi par Lui. Gesta Dei par Francos.
de Saint-Hilaire (Louis-Hubert Remy)
[1] Cf. le livre de M. André LAVEDAN de l’Action Française : « LA LITURGIE DU SACRE » 9 € +port : http://boutiqueacrf.com/brochures/158-la-liturgie-du-sacre-9782377520855.html
Les Éditions ACRF vous propose une nouvelle édition (en couleurs) de cette brochure Primordiale pour comprendre :
L’erreur commune à la plupart des manuels d’histoire destinés à l’enseignement primaire est de représenter le roi de France ainsi qu’un soldat élevé dans un esprit essentiellement militaire et pour des fins guerrières. Une erreur aussi grossière a son explication dans une volonté bien déterminée de fausser le jugement des petits Français et de leur inspirer la haine et l’horreur de la monarchie.
Au contraire, il ressort de la cérémonie du sacre que le roi est, avant tout, une personne religieuse, une manière de prêtre. Aussi bien, nous verrons qu’au jour du sacre, le roi revêt un costume non point militaire, mais ecclésiastique, une tunique, une dalmatique, une chape qui sont proprement les ornements du sous-diacre et du diacre. Le roi reçoit des onctions, comme les prêtres, il communie sous les deux espèces, il est investi d’une mission sacrée dont toutes les prières du sacre lui rappellent les grands devoirs.
Ce jour-là, il n’est pas question de guerre ni de conquêtes, mais de paix et de charité. Pasteur dans son royaume à la façon de l’évêque dans son diocèse, le prince accomplira les fonctions dont le successeur de saint Remy est chargé de l’instruire : il fera le bien de son peuple, maintiendra les frontières de l’État, assurera à l’Église catholique la place privilégiée à quoi elle a droit, il sera le juge équitable, le défenseur de la vérité.
[2] Henri II, roi très peu étudié et pourtant très important. Voir le livre d’Ivan Cloulas, Fayard 1985 p. 119 et 544 : influence du sataniste Nostradamus, usage de la magie et de la sorcellerie. Nostradamus ne lui a-t-il pas dédié les Centuries ?
[3] Bernard Lazare : « Sans l’abolition des Jésuites, la Révolution n’eût pas été possible ». RISS du 16-6-1929, p. 582.
Voltaire à Helvétius, 1761 : « Une fois que nous aurons détruit les Jésuites, nous aurons beau jeu de cet infâme régime de ces gardes du Pape » RISS du 16-6-1929, p. 581.