
L’INCERTITUDE DU SILENCE DE DIEU…
Votre paix sera dans une grande patience…. (…) …
N’ayez d’autre intention que celle de plaire à moi seul.
Ne désirez, ne recherchez rien hors de moi.
(Imit. Livre III Chap.XXV)
Chers amis confinés,
Ces paroles de Notre-Seigneur sont très claires, très éclairantes. Elles sont également tranchantes comme un glaive ! Nous sommes extrêmement contrariés par ce qui nous arrive…un peu comme le voleur qui pénètre sans prévenir dans notre maison !… Et cependant notre contrariété a de bonnes mais aussi de très mauvaises raisons de se faire entendre !
L’homme pécheur est fait de mille et une contradictions : il veut souvent l’argent du beurre mais aussi le sourire de la crémière ! Dans cette vallée de larmes nous n’aurons jamais tout ce que nous convoitons. C’est ainsi. Une certaine paix, un manque de souffrance, une absence de peine de cœur… tout cela est réservé à l’éternel repos ! Et nous n’y sommes pas encore… Il faut faire partie des élus, de ceux qui ont gagné le Ciel par les mérites de leurs vertus ou par l’expiation au Purgatoire de leurs nombreux péchés. Il en faut du mépris de soi-même pour parvenir à la joie du repos dans la paix du Seigneur ! Celui qui se croit encore quelque chose fait fausse route et ne connaîtra point la paix.
Il existe pourtant un remède, que tout notre contexte viral repousse avec horreur : l’abandon, l’abandon total à la volonté sainte de Dieu.
Lors se pose une question cruciale en ces temps de semi-calamités : Dieu est-il vraiment silencieux ou nous parle-t-Il par l’entremise de ce fameux virus qui nous fait si peur ?
Je ne suis pas, chers lecteurs, entièrement normand ! Seulement par mon grand-père maternel… Aussi vais-je vous faire une réponse de normand !
Oui notre Dieu est dans le silence, oui notre Dieu se tait aujourd’hui bien qu’Il ait pas mal parlé depuis des millénaires dans le passé. Bien après, il a passé le relais, si j’ose m’exprimer ainsi, à Son Fils Bien-Aimé… Nous avons écouté ce dernier, nous avons admiré Ses miracles, nous avons même cru un temps à Sa divinité, puis nous Lui avons préféré un vulgaire repris de justice ! Inconstance du cœur humain…car Ses Voies ne sont pas les nôtres et nos voies ne sont pas les Siennes !
Dans une lettre adressée aux « fidèles en ce temps d’épidémie » le Supérieur Général de la FSSPX donne, en guise de « réflexions » (sic !) quelques pieuses recommandations…qu’on est en droit d’attendre de tout prêtre de Jésus-Christ ! Je renvoie nos lecteurs à la lettre en question.
L’angoisse humaine se caractérise par différents critères qui ont tous un ciment commun : celui de l’INCERTITUDE !
ET cette incertitude génère ce qu’il faut bien appeler des …tentations !
« Et ne nous laisse pas succomber à la tentation » nous dit le Seigneur dans le Pater Noster !
La première tentation est temporelle : l’homme veut connaître l’avenir – son avenir – et ne supporte pas de s’en remettre pour cela à la Divine Providence : L’homme dieu est ainsi déchu de son piédestal et doit reconnaître que sa destinée est entre des mains bien plus expertes que ses propres mains ou celles de son prochain, tout savant que puisse être ce dernier !
La crise va-t-elle durer ? ce confinement insupportable va-t-il se prolonger ? Ce covid19 va-t-on enfin en venir à bout ?
Pour toute réponse, le silence de Dieu – qui est déjà une réponse – nous plonge dans l’incertitude et dans la confusion, comme nous l’explique le Supérieur Général ! Nous oublions trop souvent que nous sommes tous des descendants de Babel et que la confusion des langues ajoute à notre désarroi. L’homme, livré à toutes les hypothèses, à toutes les explications, à tous les commentaires – et Dieu sait si nous en sommes gavés sur la toile ! – à toutes les contradictions, à toutes les expertises, ne sait plus à quel saint se vouer et en perd le sens en attendant d’en perdre la raison !
La seconde tentation est spirituelle car l’homme qui n’obtient pas de réponses sombre dans la désespérance, le mal-être, et même la dépression.
Cette boulimie de réponses, cette fringale d’explications, cette faim d’expertises et cette soif de commentaires pertinents rend notre caractère morose et nos volontés languissantes. Nous en voulons toujours plus car il n’y a plus dans notre âme de repos tant que nous n’aurons pas assouvi nos désirs de connaissances et de compréhensions ! Notre petit orgueil se refuse à admettre qu’il y a des choses qui nous dépassent et qu’il faut s’en remettre à Dieu pour mieux les comprendre…si c’est sa sainte Volonté ! Certes, la soif de connaissance peut en soi être une bonne chose afin de répondre à l’injonction divine du « croissez et multipliez ! ».
La troisième tentation est d’ordre mystique en ce sens que nous n’admettons pas qu’une partie de la création de Dieu nous montre notre faiblesse, notre impuissance et notre petitesse. Eh quoi ! ce virus si petit, ce déchet infinitésimal dicte sa loi aux humains que nous sommes !? Allons donc ! Ne sommes-nous pas les maîtres sur cette terre ?
Et là encore le silence de Dieu nous répond en laissant faire cet infiniment petit car c’est son domaine à Lui et Il est jaloux de Ses œuvres !
Sans doute, le seul et unique remède, que nous rappelle fort opportunément le Supérieur Général, c’est d’implorer le Seigneur et d’attendre de Lui et uniquement de Lui la solution à tous nos maux ! Si le silence se prolonge et avec lui cette mortelle incertitude, c’est que nous ne méritons plus une solution à la hauteur de nos ambitions et de nos requêtes…et même de nos prières !
À terme, l’incertitude risque alors de se transformer rapidement en châtiment des nations. Car, entités collectives, elles doivent être châtiées sur terre, afin de sauver la partie encore saine des peuples qui les composent…
La quatrième tentation est d’ordre clérical en ce sens que les prêtres, les bons et vrais prêtres validement ordonnés, vont, pour bon nombre d’entre eux, plier le genou devant le César républicain ! Plus de messes ? plus de sacrements ? plus de confessions ? Sont-ce là les martyrs des derniers temps ? Sont-ce là les réfractaires de notre temps ? L’incertitude des fidèles et leur refus de se livrer corps et âmes à l’abandon divin, renforcera chez tous les prêtres pusillanimes le désir de se conformer strictement aux injonctions gouvernementales. La vertu de prudence elle-même passera sous les fourches caudines de l’incertitude pieusement invoquée…
Un prêtre a le devoir sacré, quoiqu’il puisse lui en coûter, de visiter les malades et d’assister les mourants ! C’est ainsi qu’il donnera la fameuse priorité aux biens spirituels !
Ne doit-on pas être plus rusé, et encore davantage, que ne le sont les enfants des ténèbres ?
Réjouissons-nous de voir abolies – pour un temps au moins – les synaxes blasphématoires et invalides de la secte conciliaire ! Elles sont là les grâces du Seigneur qui ne peuvent revenir que si l’action démoniaque bat en retraite devant un simple virus ! Foi et confiance en Dieu marchent de pair : où est la confiance en Dieu chez ces soi-disant chrétiens qui n’osent plus communier au pain eucharistique sous le prétexte inouï que le virus peut le contaminer !? Notre-Seigneur serait-il moins puissant qu’un coronavirus ? Ces assemblées, même restreintes, ne le sont-elles pas en Son Nom trois fois saint ? Que redoute l’homme ? En qui met-il sa confiance ? en la République maçonnique et luciférienne ou en Celui qui a dit « Je suis la Voie… » ? La peur est toujours mauvaise conseillère et dans certaines officines du régime on s’y entend pour la cultiver tout en laissant nos joyeuses « chances pour la France » s’esbaudir et piaffer dans leurs cités respectives…
La cinquième tentation est d’ordre sociologique et politique, en ce sens qu’il ne suffit pas de se confiner chez soi et de se réfugier quasi-névrotiquement dans une prière régressive car non exaucée, et continuer ainsi dans le confinement familial à cultiver toutes les idoles conservatrices d’une tradition à bout de souffle et dans un non-dit perpétuel.
L’incertitude n’aime tant que nos doutes, nos approximations, nos petites hérésies, nos schismes consentis à mi-mots, nos célébrations valides mais non agréées par un Dieu qui ne veut pas de nos oblations truquées et mesquines, de nos offertoires en contradiction avec nos positions officielles, de nos ignorances coupables, de nos aveuglements volontaires, de notre spiritualité au service d’une gloriole tout humaine, de nos rêves de conversion impossible, de nos illusions sur l’état réel de l’Église éclipsée ou des mythes que nous impose un clergé avide de pouvoir et d’influence.
Le Saint Rosaire fera certes des miracles, à condition que nous le récitions en harmonie avec la vraie foi de l’Église ! Semper idem !
Non ! L’homme n’est pas condamné à l’impuissance et à l’inaction pourvu qu’il s’en remette dans un total abandon à Notre-seigneur Jésus-Christ qui Lui a véritablement la puissance et la gloire en partage.
Le confinement et toutes ses restrictions intervient pendant le Carême chrétien. Cela n’a guère de signification pour l’immense majorité de nos concitoyens.
La queue dans les supermarchés et les razzias opérées dans certains rayons alimentaires, montre à l’envie qu’une bonne partie de l’humanité ne se nourrit que de « pain » !
Quant aux catholiques pratiquants, il faut distinguer ceux pour lesquels toute restriction, toute gêne, tout renoncement à leurs petits plaisirs légitimes, toute limite à leurs libertés individuelles, toute contrainte dans leur volonté d’aller et venir à leur guise, constituent en soi des sacrifices. « Sacrifices » qu’ils ne manqueront pas d’offrir à Dieu, en croyant s’en tirer à bon compte et offrir au monde le visage hypocrite de celui qui est dans les liens et même, pourquoi pas, la persécution !
Ils se trompent lourdement ces catholiques qui penseraient qu’avec un Rosaire ou un chapelet ils feront avaler à Dieu leurs petites volontés propres et leurs états d’âme si contrariés !
Les vrais catholiques eux savent que tout commence par l’acceptation pure et simple de la souffrance, juste peine due au péché, et par le total abandon aux desseins de la Providence.
Ils savent aussi que le remède ou la réponse à leurs interrogations viendront de Dieu seul… ou pas ! Ils contempleront ainsi le mystère de la Miséricorde et de la Justice de Dieu. Leur abandon ne sera pas conditionnel… et ils se contenteront de ce que Dieu leur accorde…………ou pas !
N’a-t-on pas malgré tout un certain sentiment d’abandon de la part de pasteurs qui devraient tout affronter pour sauver une seule âme ? Chacun me citera peut-être l’exemple édifiant de tel prêtre dans tel coin reculé qui maintient sa messe quotidienne et offre le Saint Sacrifice pour notre malheureux pays en perdition… Oui, les vrais prêtres sont toujours admirables car ils sont en conformité de cœur, de foi et de raison avec leur divin maître. Ceux-là seuls offrent une oblation pure et un sacrifice sans tache, seul capable de faire reculer les forces des ténèbres qui sautent sur toutes les occasions pour faire de nouvelles recrues ! Ceux-là nous font véritablement la guerre et sont les fameux « ennemis invisibles » que notre infortuné Président a nommés, confondant (et pour cause !) les maîtres infernaux avec l’agent d’exécution de la divine providence !
Ne cherchons pas de remèdes terrestres, matériels ou politiques ! Si Dieu le veut, ils nous seront donnés par surcroît.
Cherchons plutôt, à travers les bons auteurs libéraux et la sainte Écriture, la parole de Dieu, gage de notre salut.
Et souvenons-nous qu’en absence des sacrements et du Saint Sacrifice de la Messe, la communion spirituelle peut nous apporter de grandes grâces, pour notre propre salut et pour celui des âmes de bonne volonté à travers le monde.
N’oublions pas aussi les sacramentaux, si chers aux âmes du Purgatoire.
Bonne fin de Carême, chers lecteurs, et ne vous laissez pas abattre car Il a vaincu le Monde !
Pierre Legrand.
Étiquetéabbé Pagliarani, Carême, COVID-19, FSSPX, Silence de Dieu