
NOS DEUILS

Louis-Hubert REMY (1943-2023)
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès le 8 mars à l’âge de 80 ans de Louis-Hubert Remy après dix mois d’un rude et douloureux combat contre la maladie. Né le 9 janvier 1943 à Poitiers, la ville du cardinal Pie et de saint Hilaire, élevé dans une famille de dix enfants admirablement chrétienne, Louis-Hubert Remy va être confronté, comme tous les catholiques de sa génération, à la révolution conciliaire, alors qu’il a à peine une vingtaine d’années. Orphelin de mère dès 1962, il voit peu à peu s’écrouler autour de lui la foi catholique. Dès ses débuts, il s’oppose à la révolution de Vatican II et mène un combat énergique contre le modernisme et le libéralisme. Il disposait dans le domaine religieux et historique d’une bibliothèque d’une très grande richesse qu’il ouvrait généreusement à tous les hommes de bonne volonté. On lui doit notamment la redécouverte de l’école antilibérale du XIXème et du début du XXème siècle avec des personnalités emblématiques comme Mgr Gaume, Mgr Delassus, le cardinal Pie qui donne une formation solide et une doctrine sûre aux combattants catholiques d’aujourd’hui.
Radicalement hostile à ce qu’il appelle « la secte conciliaire », Louis-Hubert Remy est également très critique envers la mouvance traditionaliste à laquelle pourtant il appartient mais dont il dénonce le plus souvent avec raison, parfois avec quelques excès ou maladresses, la tiédeur, les insuffisances, les contradictions, voire hélas les compromissions avec l’erreur, les accommodements avec l’ennemi. Cet « enfant terrible » du traditionalisme catholique hostile à Vatican II a une cible privilégiée, ceux qu’il appelle les catholiques BLM (bourgeois, libéraux, mondains) et n’est généralement pas tendre avec le clergé, fût-il traditionaliste, ce qui lui vaudra de solides inimitiés. Il recommandait tout particulièrement aux catholiques de notre temps la pratique régulière des Exercices spirituels de Saint Ignace dont il n’a eu de cesse de louer l’excellence et les fruits merveilleux sur le plan spirituel.
Hostile à la République, à la démocratie (à la “démoncratie” comme il la nomme dans ses écrits et dans ses conférences) et à l’élection (il se fait un devoir de ne pas voter depuis qu’il a compris, en participant activement à la campagne présidentielle de Jean Royer en 1974, que les dés sont pipés et le système complètement verrouillé), sévère envers le naturalisme et l’agnosticisme de Charles Maurras, il n’a jamais frayé avec le lepénisme en lequel il voit un leurre incapable de résoudre les maux du pays et ne défendant nullement les principes catholiques. Avec le recul, il est difficile de lui donner tort sur ce point.
Louis-Hubert Remy était un homme au tempérament de feu, peu porté sur la diplomatie, sincère, passionné, convaincu, généreux et volubile, brillant orateur et conférencier, amoureux de notre pays, de ses saints, de ses héros, de ses martyrs. Il avait une dilection particulière pour saint Michel, saint Louis et sainte Jeanne d’Arc. Il a défendu toute sa vie la messe et la doctrine traditionnelles de l’Église. Il s’est fait le héraut du Christ-Roi et avait même créé une association et un site des Amis du Christ Roi de France diffusant une littérature catholique antilibérale et antimoderniste. Il était ouvertement et intégralement sédévacantiste, même s’il préférait l’expression de « catholique semper idem », refusant de reconnaître comme vicaires du Christ depuis Jean XXIII des usurpateurs modernistes, hérétiques et apostats.
Qu’on soit ou non d’accord avec toutes ses positions et tous ses engagements, qu’on ait ou non aimé sa personnalité charismatique et quelque peu brute de décoffrage, sa voix forte, claire et courageuse qui n’hésitait pas à égratigner même des amis ou des alliés quand il l’estimait nécessaire (l’auteur de ces lignes en sait quelque chose !) manquera incontestablement au combat catholique intransigeant. Car, dans les ténèbres et les ruines actuelles, mieux vaut des militants catholiques turbulents et passionnés qui dérangent que des tièdes qui endorment ou des diplomates qui trahissent. Et aujourd’hui les âmes de feu font hélas cruellement défaut.
Les funérailles de Louis-Hubert Remy ont lieu le mardi 14 mars à 14h30 à la chapelle Saint-Étienne rue de la poste à Abbaretz (44170) en Loire-Atlantique.
L’équipe de RIVAROL présente ses sincères condoléances à tous ses proches et amis. Requiescat in pace.
Jérôme BOURBON.
RIVAROL 3557 du 15 mars 2023, page 6.
(photos de Louis-Hubert des ACRF)
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