Dans ses Exercices Spirituels, lorsqu’il arrive au mystère de la Résurrection, saint Ignace de Loyola conseille de méditer sur le fait que Jésus apparut à la Vierge Marie : même si l’Écriture ne le mentionne pas, c’est évident lorsqu’il est écrit qu’il apparut à beaucoup d’autres. À la même époque, sainte Thérèse d’Avila eut une révélation privée :

Jésus me dit qu’étant ressuscité, il était allé voir Notre Dame, parce qu’elle en avait grand besoin : la peine qu’elle avait la tenait toute absorbée et transpercée, et qu’elle ne rentrait pas encore en elle-même pour jouir de cette joie [de la foi] ; et qu’il avait été longtemps avec elle, parce que c’était nécessaire pour la consoler.

Apparition de Jésus à Sa Mère

 

Nous sommes alors invités à imaginer la disposition du Saint Sépulcre, ainsi que la Maison de Notre-Dame avec ses appartements, sa chambre et son oratoire. La disposition d’esprit doit être celle de l’allégresse et de la joie à l’annonce de la Résurrection. La divinité qui « semblait se cacher dans la Passion se manifeste dans la Résurrection par des effets de puissance et de sainteté qui n’appartiennent qu’à elle. » (§223)

 

Ignace de Loyola précise au lecteur au § 299 que l’apparition à la Vierge Marie n’est pas mentionnée par l’Écriture. La source littéraire d’Ignace est l’ouvrage du moine dominicain Jacques de Voragine (1230-1300), La Légende dorée, Vie des Saints et des Pères, lu lors de sa convalescence à Loyola :

« On croit que Jésus-Christ apparut avant tous les autres à la Vierge Marie, quoique les évangélistes gardent le silence sur ce point. L’Église romaine paraît approuver cette opinion puisque, au jour de Pâques, la station a lieu à Sainte-Marie-Majeure. Or, si on ne le croit pas en raison qu’aucun des évangélistes n’en fait mention, il est évident qu’il n’apparut jamais à la sainte Vierge après être ressuscité, parce qu’aucun évangéliste n’indique ni le lieu ni le temps de cette apparition. Mais écartons cette idée qu’une telle mère ait reçu un pareil affront d’un tel Fils.

Peut-être cependant les évangélistes ont-ils passé cela sous silence parce que leur but était seulement de produire des témoins de la Résurrection ; or, il n’était pas convenable qu’une mère fût appelée pour rendre témoignage à son Fils : car si les paroles des autres femmes, à leur retour du sépulcre, parurent des rêveries, combien plus aurait-on cru que sa mère était dans le délire par amour pour son fils. Ils ne l’ont point écrit, il est vrai, mais ils l’ont laissé pour certain : car Jésus-Christ a dû procurer à sa mère la première joie de sa résurrection ; il est clair qu’elle a souffert plus que personne de la mort de son Fils ; il ne devait donc pas oublier sa mère, lui qui se hâte de consoler d’autres personnes. C’est l’opinion de saint Ambroise dans son troisième livre des Vierges : « La mère, dit-il, a vu la résurrection ; et ce fut la première qui vit et qui crut. »

 

Ignace admet comme Voragine que le Christ est bien apparu à la Mère de Dieu, qui est Mère de L’Église. Il nous fait alors parcourir le récit de douze autres apparitions (§300 à 311).

 

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Antienne: « Réjouissez-vous Reine du Ciel »

Durant le temps pascal, l’antienne la plus connue et le plus chantée en l’honneur de la Vierge Marie, a pour titre le « Regina Cœli », dont voici les paroles :


Regina Cœli, laetare, alleluia :
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du ciel, réjouissez-vous, alleluia,
car Celui que vous avez mérité de porter, alléluia,
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.