Décomposition générale……

Notre monde moderne est déjà mort et il ne le sait pas…et pourtant « il sent déjà » !… (« jam foetet »)

Décomposition générale……

L’ange enterre un cadavre sans être gêné par la puanteur, mais se bouche le nez devant les hommes.

 

Bien chers amis lecteurs et pénitents,

 

Voici venir à grands pas la Sainte et Glorieuse Fête de Pâques et notre dernière course pénitentielle…

 

De partout, notre société moribonde répand les miasmes de la pourriture, de la puanteur et de l’infection.

 

Hélas ! Très peu de personnes sont capables d’en comprendre les causes et encore moins les remèdes. Beaucoup néanmoins ont un sentiment instinctif que notre monde est en voie de décomposition. Mais cela est loin de suffire car les « autorités » morales et religieuses de notre temps, vidées de leur substance propre, sont impuissantes à arrêter cette décomposition. Tout au plus, avec moult artifices, pourront-elles dissimuler aux yeux du vulgaire l’effroyable état de pourriture d’un système, d’une caste, d’une secte, d’une société tout entière… Les progrès techniques et matériels leur sont d’un concours plus qu’appréciable car, les yeux fixés sur une chimère, ces « autorités » mentent par omission, par calcul, par intention et ne peuvent en aucune façon constituer le moindre début de remède ou de garantie. Cette démission en creux de ces mêmes « autorités » est la compensation nécessaire que celles-ci apportent à la confiance et à l’admiration des fausses valeurs de notre temps.

 

Lorsqu’on prend les individus dans leur singularité propre, il va de soi qu’on trouvera souvent la bonne volonté d’untel, l’héroïsme d’un autre (ayons une pensée pour ce lieutenant-colonel de la gendarmerie qui a peut-être effacé au for interne son adhésion à la franc-maçonnerie en optant pour une conversion à la foi… encore faudrait-il savoir laquelle ?) , la générosité ou même la repentance…

 

Mais à quoi vont servir ces dons naturels, ces vertus trop humaines si elles s’exercent dans une société qui ne sait plus ce qu’elle veut, qui ignore ce qu’elle doit transmettre et surtout sur quelles valeurs elle fut fondée ?

 

On peut gloser pendant des jours sur les causes et les conséquences, si l’homme qui s’interroge ne commence pas par le commencement : se reconnaître misérable, ce qui relève de la dignité de chaque personne. Dans une société de désordre établi, nous allons au plus pressé, au plus immédiatement consommable. Le champ de nos aveuglements, de nos mensonges, est tellement en friche que la tâche peut paraître à beaucoup surhumaine ; et elle l’est sous un certain rapport !

 

Car il y a la théorie et il y a les faits : ces derniers ne trompent pas ; ce sont ces fameux fruits que Notre-Seigneur évoque dans l’Évangile. Happés tous tant que nous sommes dans ce processus infernal de la décadence, nous avons trop souvent tendance à prendre nos désirs pour des réalités accessibles, c’est-à-dire à croire que nos théories vont obligatoirement prendre corps et s’incarner dans les faits… Or, trop souvent rien ne se passe…nous assistons impuissants à la longue, très longue dégringolade et les faits finissent presque toujours par nous donner tort… Cette descente aux enfers elle-même, loin de nous réveiller, possède une puissance d’égarement telle, qu’on en vient à subir ce que je nomme une paralysie d’ordre mystique puisque notre théorie manque d’un cheveu de se réaliser… C’est sans compter avec la puissance des Ténèbres et la trahison des clercs ! Car la dégringolade est d’abord intérieure, comme le rappelait justement Marcel de Corte dans les années 65-70… Il y a dans cette décadence annoncée comme un parfum de négation préternaturelle (« Non serviam ») et d’auto-extermination qui s’apparente à un suicide spirituel collectif.

 

Cet écroulement sociétal doit non seulement nous alarmer mais nous faire rendre à l’évidence : il n’y a plus guère qu’une poignée de catholiques suffisamment consciente du problème !

 

Lorsque les âmes abandonnent, tout est perdu. L’enfer a gagné : il fera sa moisson lorsque les temps seront venus.

 

Ne pas abandonner, c’est notre obligation sacrée. Comment y parvenir ? C’est très simple : en gardant la Foi et en refusant toute compromission…jusqu’au martyr s’il le faut, en passant même par l’opprobre de nos propres « frères » dans la foi…

 

Mais réfléchissons un peu : qu’est-ce qu’une âme qui abandonne, qui démissionne, qui n’appelle plus le mal par son nom ? C’est une âme qui refuse sa liberté d’enfant de Dieu et qui la voue au démon. C’est alors que Dieu est obligé d’intervenir puisque l’âme a en quelque sorte divorcé d’avec Celui qui lui a donné l’être : le Créateur va ainsi prendre notre place, pour tenter de sauver ce qui reste encore à sauver. Et c’est là qu’il faut bien comprendre que la Miséricorde ne s’exerce que sur des âmes libres et repentantes, non sur des esclaves… Sinon Dieu agira avec la terrible Justice dont Il est capable… « Il est effrayant de tomber entre les mains du Dieu vivant »

 

Notre société et toutes ses fausses élites s’acheminent de plus en plus vers ce châtiment effroyable mais infiniment juste : ils n’ont pas fait bon usage de leur liberté et se sont ravalés au rang d’esclaves du péché, méprisant ainsi la Miséricorde Divine et foulant aux pieds ce que dit l’Écriture, à savoir que nous avons été créés à l’IMAGE de Dieu…

 

Et que croyez-vous de la distance infinie qu’il y a entre un esclave et l’Éternel ? Et que croyez-vous que cela entraîne comme traitement par Dieu de tels êtres, rebelles en tout ?

 

Toute la science humaine, pourtant si avancée, toute l’imagination humaine, déjà si débridée, ne pourra trouver les remèdes à notre décomposition. Elle est, comme notre Président, en marche…cette décomposition ! Rien ni personne ne s’y opposera durablement, car Dieu effacera de devant Sa Face, tous les efforts impies de l’homme qui croira pouvoir se passer de Lui.

 

Le refus de l’ordre chrétien et de l’autorité (royale en France) ne date pas d’hier ! Les élites et les peuples ont suffisamment été enseignés, avertis afin qu’ils ne puissant pas dire que c’est la faute à pas de chance… En réalité, leur cœur s’est endurci, s’est fermé à la grâce car ils n’ont pas cherché à aimer suffisamment les vérités éternelles de Dieu et de Son Église. Voyez le résultat : cette Église leur fut retirée, voilée, éclipsée…puisqu’ils ne l’aimaient plus ! Adorons la mystérieuse délicatesse de Dieu qui jusque dans nos refus nous laisse par une suprême Bonté d’Amour jouir pour un temps de notre petit orgueil de démiurge.

 

Mais combien en retireront de leçon pour le salut de leur âme ? Dieu seul le sait et ce combat est apocalyptique car il ne se livre pas seulement sur la terre mais aussi dans les airs et dans les cieux.

 

Une époque qui refuse le Dieu de la Révélation et même le Dieu de la loi naturelle est une époque qui est profondément en rupture avec les époques précédentes qui, si pécheurs qu’elles aient pu être, confessaient néanmoins le Père et le Fils.

 

Attention chers lecteurs ! L’Archange déchu est malin à tel point qu’il peut vous suggérer que, la décadence n’étant pas toujours linéaire, ce serait en fait une illusion d’affirmer la réalité de son existence ! De même que cet être angélique a pu faire croire pendant des lustres à la gent traditionaliste que parce qu’une soi-disant minorité de clercs agitateurs a compromis les belles éclosions du conciliabule, c’était en réalité Pie XII qui se trompait en étant prophète de malheur…

 

Tout renouveau qui ne s’accompagne pas d’une véritable conversion est un renouveau trompeur qui ne peut provenir que des anges déchus et de la malice de l’homme pécheur…

 

Avons-nous, depuis un demi-siècle, assisté à la conversion des hommes d’église ? Non ! Pour avoir négligé, ignoré ou nié les forces de subversion à l’œuvre notamment dans la Sainte Église, les hiérarques ont abandonné aux démons les peuples chrétiens. Il s’agit là d’une véritable trahison. Le peuple en question ne s’en est pas remis…à l’image de son « bas clergé » d’ailleurs…

 

Ces clercs de l’après-‘concile’, clercs de haut-rang, ont commis une telle impiété collective qu’elle en a conduit beaucoup à flirter avec le péché contre l’Esprit ! On ne laisse pas de subir une telle impiété sans avoir perdu une bonne part des grâces inhérentes à son état. Le ver était dans le fruit bien avant le conciliabule du Vatican². Le « cloaque d’impuretés » a tout simplement reçu son salaire pendant le conciliabule comme la récompense de ses trahisons.

 

« Ah ! Vous voulez vous passer de Moi ? » a dit notre-Seigneur « eh bien Venez Mère, retirons-nous et laissons-les à leurs prétentions… » a-t-Il sans doute ajouté…

 

Étonnons-nous après que les fruits furent si amers…

 

Vous me direz, tout ne dépend pas de nous et nous aurons beau prier, tout ce qui dépend de Dieu doit aussi faire partie de nos supplications. Toutefois, l’homme, le chrétien peut avoir prise sur un domaine restreint : celui que Dieu a mis sur son chemin providentiellement, à commencer par lui-même ! Alors même s’il est réduit de plus en plus, notre domaine d’action sera le lieu où s’exercera, où s’épanouira le mieux notre humilité sans laquelle nous serons tôt ou tard récupérés par l’Autre…

 

Nos pensées sont bien souvent source d’orgueil et de satisfaction de soi-même… L’action nous replace dans la réalité humiliante des possibilités limitées de notre être… Arrêtons de nous duper nous-mêmes en nous illusionnant sur la validité et l’efficacité de nos intentions pieuses … C’est Dieu qui rénove, c’est Dieu qui convertit, c’est Dieu qui accomplit des miracles là où Il le juge nécessaire…

 

Si nous ne pratiquons pas avec conviction le Nullam Partem avec tout ce qui décompose la société actuelle, alors nous ne parviendrons qu’à souffler sans le vouloir sur les braises encore chaudes de l’irrémédiable décadence qui ne tend rien moins qu’à ravir le maximum d’âmes au Rédempteur…

 

Tout inventaire personnel devra alors débuter par un examen de conscience rigoureux et mettre en seconde place, après la conservation de la foi (sans laquelle nul ne peut être sauvé) , l’obligation du Nullam Partem.

 

Car cela dépend de nous et de personne d’autre, n’en déplaise à certains lecteurs…

 

Nul ne pourra se sauver sans la foi et la charité !!! Voyez ce que dit Saint Paul à ce sujet : « Je pourrais donner tous mes biens aux pauvres, je pourrais me faire immoler par le feu, si je n’ai pas la charité, cela ne me servira de rien »

 

Le nullam partem fait partie intégrante de la charité en ACTE dans notre époque d’éclipse de l’Église. Dire le contraire est faire preuve d’un aveuglement crasse.

 

Jadis les bons auteurs des années 60-70 recommandaient aux fidèles de ne pas rester seul et de sélectionner avec rigueur leurs compagnons de route ou de combat. Dans le contexte de l’époque, ils avaient très certainement raison. Je serai aujourd’hui beaucoup plus prudent et nuancé ! Tout est à ce point contaminé que nous devons accepter, au moins comme une grâce de préservation, l’isolement voire la solitude terrible qui assaillent bon nombre d’entre nous et que Dieu permet pour notre salut. Chacun méditera, dans la situation actuelle, les bienfaits surnaturels et spirituels d’un isolement « nullam partem » bien compris. Personne n’oubliera que nous sommes de plus en plus dans l’économie d’un châtiment qui aura obligatoirement une fin, une conclusion…

 

Que cette Semaine Sainte qui commence, illumine nos âmes et nous donne avec la vertu de force, la sagesse d’affronter avec foi et charité le monde d’aujourd’hui.

 

Sursum corda !

 

Pierre Legrand.