Ce n’est pas chez nous qu’on ment, …c’est chez les autres !

Plus ils sont diplômés, plus ils racontent des mensonges.

Jusqu’à Vaticand’Eux, la chaire de vérité était l’Église, et non l’Université.

 


 

Cher amis lecteurs, nous vous avons donné une première partie, le 16 octobre courant, des deux textes fondamentaux « Pour en finir avec les ennemis de nos traditions », aujourd’hui voyons le texte de Mgr Jean-Joseph Gaume.
 

 

Pour en finir avec

les ennemis de

la Sainte Ampoule

et du Sacre de Clovis

par le Chanoine Cerf

Histoire et description de Notre-Dame de Reims

1841

 

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pour en finir avec

les imposteurs

par Monseigneur Gaume

L’ÉVANGÉLISATION APOSTOLIQUE DES GAULES

2è partie de

L’Évangélisation Apostolique du globe

1879

 

 


 

 

 

Monseigneur Gaume

 

Mgr Jean-Joseph Gaume

 

Pour en finir avec les Imposteurs

1879

L’Évangélisation Apostolique des Gaules

 

 

 

 

CHAPITRE XV – ÉVANGÉLISATION APOSTOLIQUE DES GAULES EN PARTICULIER.

 

Oppositions de quelques critiques modernes, insensées et malsaines. – La Gaule chrétienne, fille des Apôtres. – La France, une des premières à connaître le Christianisme. – Preuves de raison. – Paroles de Tertullien. Témoignage de Taraud. – Nullité des Textes de Grégoire de Tours et de Sulpice Sévère. – Le Bref de Paris. – Note de Baronius.

 

Après les preuves de l’évangélisation apostolique du globe tout entier : in universo orbe, il peut bon droit, paraître superflu de produire des raisons particulières, pour assurer la même gloire aux églises des Gaules : il n’en est pas ainsi. Sous prétextes, que nous examinerons bientôt, des critiques modernes et des critiques français s’obstinent à nier l’évangélisation de la France par les apôtres en personne, ou par les compagnons de leur apostolat.

Insensées et malsaines sont leurs prétentions.

Insensées : elles ne reposent sur aucun fondement solide, et nous leur opposons une négation radicale.

La vérité est 1° qu’en France, la foi remonte aux premiers jours de l’Église naissante. À l’exemple de ses sœurs de l’Orient et de l’Occident, la Gaule peut dire en toute assurance : Et moi aussi; je suis fille des apôtres. Je ne suis pas un enfant posthume, je connais ma généalogie. Comme celui de mes sœurs, mon acte de baptême date de l’époque écoulée entre la croix du Calvaire et la ruine de Jérusalem.

La vérité est 2° qu’après la Palestine, la France la première peut-être, a connu le christianisme je veux dire a été sérieusement informée de la naissance de Notre-Seigneur et des miracles qui éclatèrent autour de Son berceau : venons aux preuves.

Nous demandons d’abord à nos critiques jansénistes et gallicans : Où avez-vous vu qu’en annonçant la prédication de l’évangile par toute la terre, avant la ruine de Jérusalem, Notre-Seigneur ait dit : Cet évangile sera prêché dans tout l’univers, in universo orbe, excepté dans les Gaules ?

Où avez-vous vu que saint Paul, annonçant à deux reprises différentes, l’an 58 et l’an 60, que l’évangile avait fait le tour du monde, ait placé cette restriction : excepté dans les Gaules ?

De quel droit mettez-vous aux paroles du Fils de Dieu et des apôtres une limite qui n’existe pas, et que ni l’Écriture ni les Pères n’y ont jamais trouvée ?

Sur quelle autorité vous permettez-vous d’exclure les Gaules du bienfait de l’évangélisation apostolique ? Les Gaules étaient-elles un coin de terre inconnu ? N’étaient-elles pas, au contraire, une des parties les plus considérables et les plus florissantes de l’ancien monde ? Ne formaient-elles pas un assemblage de nations très connues et très redoutées ? N’étaient-elles pas aux portes de Rome, demeure de saint Pierre, spécialement chargé de former l’immense bercail dont il était le chef ?

Et pendant vingt-cinq ans, saint Pierre serait demeuré à Rome, les bras croisés, en face des Gaules, journellement fréquentées par les Romains, sans y venir lui-même, ou sans y envoyer un seul missionnaire ! Et parmi les autres apôtres ou les soixante-douze disciples, qui visitèrent les peuples les plus obscurs, les plus reculés de l’Afrique, de l’Europe et de l’Asie, pas un n’aurait eu la pensée d’évangéliser les Gaules!

Poser de pareilles questions, n’est-ce pas les résoudre ?

D’ailleurs, est-ce que dans les témoignages des Pères, notamment saint Irénée et Tertullien, les Gaules et toutes les Gaules ne sont pas nommées, parmi les nations appelées primitivement à la foi ? Enfin, nos anciennes traditions ne sont-elles pas unanimes à faire remonter l’origine de nos grandes églises jusqu’aux apôtres !

Pour fermer la bouche à ses détracteurs, la France peut donc leur dire ce que l’Église elle-même dit aux hérétiques :

« Qui êtes-vous ? quand et d’où êtes-vous venus ? que faites-vous chez moi n’étant pas miens ? de quel droit, Marcion, coupez-vous ma forêt ? qui vous autorise, Valentin, à détourner mes canaux ? qui vous donne le pouvoir, Apelles, de déplacer mes bornes ? La possession est à moi : pourquoi venez-vous ici, tous tant que vous êtes, semer et brouter dans mon champ ?

« La possession est à moi ; je possède depuis longtemps ; je possède la première ; j’ai des titres certains, signés de la main des premiers possesseurs : je suis héritière des apôtres » (De præscript., ch. XXXVII.)

Cette glorieuse prétention est bien fondée. Écoutons d’abord un vénérable organe de nos anciennes traditions.

« Nous ne trouvons pas un des anciens évêchés des Gaules, qui n’ait eu pour fondateur quelque disciple de Jésus-Christ ou des apôtres. Saint Paul passant en Espagne laissa Trophime à Arles ; saint Pierre envoya à Bourges saint Ursin, qui avait été lecteur en la dernière cène, où Notre-Seigneur institua le Très Saint Sacrement ; saint Martial à Limoges, qui prêcha aussi à ceux de Bordeaux, de Toulouse, de Cahors et d’Aquitaine.

« On croit que c’est de lui que saint André dit à Notre-Seigneur, dans le désert, qu’il y avait un enfant qui portait cinq pains et deux poissons, et qui ressuscita un mort avec le bâton que saint Pierre lui avait donné.

« À Cologne, saint Materne, le fils unique de la veuve de Naïm, ressuscité par Notre-Seigneur. À Trèves, saint Euchaire ; à Châlons, en Champagne saint Memmius ; à Reims, saint Sixte ; à Orléans, saint Aubin, un des soixante-douze disciples.

« Le christianisme fit de grands accroissements en Gaule sous les empereurs Galba, Othon, Vittelius, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva, Trajan, par les soins des prédicateurs que saint Pierre y avait envoyés.

« Saint Clément, son successeur en la chaire, continua l’ouvrage que son maître avait commencé, et envoya en ces provinces plusieurs disciples de Notre-Seigneur, et presque tous les grands hommes qui faisaient profession de christianisme, pour travailler à l’instruction du peuple, le plus docile qui soit dans le monde.

« À Lyon, saint Pothin ; à Tours, saint Gatien ; à Rouen, saint Nicaise ; au Mans, saint Julien avec Simon le Lépreux. Saint Denys, Aréopagite, était venu d’Athènes avec ses compagnons : Eutrope, Regulus, Jonas, Rustique, et Éleuthère. Saint Clément l’envoya dans les Gaules et lui donna quatre autres compagnons : Sanctinus, Tautinus, Lucianus et Eugenius, autrement Marcellus, la plupart citoyens Romains.

« Saint Denys arrive en Provence avec sa chère troupe qui venait de Rome, d’Asie, de Grèce et de Palestine, pour déraciner l’idolâtrie et prêcher l’évangile en Gaule. À Arles, il apprit l’état de l’Église, les mœurs et les enseignements que son maître saint Paul avait donnés aux habitants de cette ville. Il y laissa Regulus ou Rieul pour gouverner cette église qui n’avait point de pasteur, Trophime étant déjà décédé. Lui-même continua son chemin et dispersa ses disciples selon le besoin » (1).

Cependant, après une possession paisible de plus de quatorze siècles, des hommes, qui se croyaient d’autant plus habiles qu’ils étaient plus dédaigneux, vinrent contester aux églises des Gaules, à celle de Paris en particulier, leurs titres originaires et bafouer leurs traditions. Grâce à l’esprit de dénigrement qui soufflait alors sur l’Europe, ils réussirent à former une école de négateurs. Recrutée tour à tour parmi les protestants, les jansénistes, les gallicans, les rationalistes, tous fils de leur éducation païenne, cette triste école comptait encore, dans ces derniers temps, quelques représentants attardés (2).

Voués au noble métier de dénicheurs de saints, maîtres et disciples ont trouvé bon de décapiter nos églises et de laisser les Gaules ensevelies, jusqu’au milieu du troisième siècle, dans les ténèbres du paganisme, tandis que le reste du monde jouissait depuis longtemps de la lumière de l’évangile. Sur quoi appuyaient-ils cette prétention, assez peu patriotique ? sur deux textes isolés : l’un de Sulpice Sévère, l’autre de Grégoire de Tours.

Nous arrêter à discuter ces textes et à les réfuter, serait recommencer un travail fait par vingt auteurs et bien fait (3). Il nous suffira de dire :

1° que le texte de Sulpice Sévère a été mal traduit ; cela sciemment et dans l’intérêt de la cause ;

2° que le texte de Grégoire de Tours a été interpolé ;

3° qu’en les supposant bien traduits et non interpolés, ces textes prouvent rien contre l’apostolicité immédiate de nos églises, attendu qu’ils sont en contradiction avec le sens commun, l’autorité des Pères, les faits les plus éclatants de l’histoire et le témoignage de toutes nos traditions. Voilà ce qu’ont démontré avec une incontestable évidence les auteurs que nous venons de nommer et les savants compagnons de leurs travaux (4).

Il y a trois cents ans, Baronius fermait, par ces paroles bonnes à rappeler, la discussion sur l’autorité de Grégoire de Tours en particulier, par conséquent de Sulpice Sévère et des hypercritiques, tous à cheval sur ces deux auteurs :

« Quant au texte de Grégoire de Tours, qui met au troisième siècle la mission de saint Denys à Paris, et qu’on oppose à toute la tradition : ce texte est aussi vrai que ceux, où cet auteur recule à la même époque la mission de saint Trophime à Arles, de saint Paul à Narbonne, de saint Martial à Limoges, qui tous furent envoyés par les apôtres, comme l’attestent clairement les actes et les anciens martyrologes. Que Grégoire me pardonne : il ne s’est pas trompé seulement sur les temps anciens, mais encore sur les choses de son époque, comme je l’ai souvent démontré. » (Annot. ad Martyrol., 9 novembre)

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