FRANCE CATHOLIQUE ET ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
par Ythier de Nabrué
L’élection présidentielle de cette année 2017 donne lieu à entendre et à lire absolument n’importe quoi. Tout le monde nage dans la plus extrême confusion : « Quand il y a une éclipse, tout le monde est à l’ombre » (Charles Péguy). Il y a pourtant une « boussole » pour y voir clair : la théologie politique catholique sur la France. Voilà qui évitera les erreurs, les choix hasardeux ou sentimentaux ou le choix du « moindre mal »… qui demeure un mal.
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L’autorité, en tant que principe, toute autorité vient de Dieu : Nisi potestas a Deo (S. Paul, Rom, XIII, 1). C’est affirmé par Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, dans sa Passion, à Pilate, représentant du pouvoir impérial romain : « Tu n’aurais sur moi aucune puissance, si celle que tu possèdes ne t’avait été donnée d’en haut » (Jn, XVIII).
Dans l’histoire de l’Église et du monde, cette doctrine fut rappelée solennellement pour la première fois par le Magistère pontifical à… la France, dès le début de la Révolution dite française, dans le Bref Quod aliquantum (10 mars 1791) du pape Pie VI, à propos de la Constitution civile du clergé : « Car telle est la faiblesse de la nature, que les hommes, pour se conserver, ont besoin du secours mutuel les uns des autres ; et voilà pourquoi Dieu leur a donné la raison et l’usage de la parole, pour les mettre en état de réclamer l’assistance d’autrui, et de secourir à leur tour ceux qui imploreraient leur appui. C’est donc la nature elle-même qui a rapproché les hommes et les a réunis en société : en outre, puisque l’usage que l’homme doit faire de sa raison consiste essentiellement à reconnaître son souverain Auteur, à l’honorer, à l’admirer, à lui rapporter sa personne et tout son être ; puisque, dès son enfance, il faut qu’il soit soumis à ceux qui ont sur lui la supériorité de l’âge ; qu’il se laisse gouverner et instruire par leurs leçons ; qu’il apprenne d’eux à régler sa vie d’après les lois de la raison, de la société et de la religion : cette égalité, cette liberté si vantées, ne sont donc pour lui, dès le moment de sa naissance, que des chimères et des mots vides de sens. « Soyez soumis par la nécessité », dit l’apôtre S. Paul (Apost. Epist. ad Roman., cap. XIII, vers. 5) : ainsi les hommes n’ont pu se rassembler et former une association civile, sans établir un gouvernement, sans restreindre cette liberté, et sans l’assujettir aux lois et à l’autorité de leurs chefs. La société humaine, dit S. Augustin, n’est autre chose qu’une « convention générale d’obéir aux rois » (Lib. III Confessions, cap. VIII, tom. I, Oper. edit. Maurin., pag. 94), et CE N’EST PAS TANT DU CONTRAT SOCIAL QUE DE DIEU LUI-MÊME, AUTEUR DE TOUT BIEN ET DE TOUTE JUSTICE, QUE LA PUISSANCE DES ROIS TIRE SA FORCE. »
Cette doctrine infaillible de la Sainte Église romaine, est rappelée, un siècle plus tard, par Léon XIII, dans Diuturnum illud (29 juin 1881) : « Que si l’on veut déterminer la source du pouvoir dans l’État, l’Église enseigne avec raison qu’il la faut chercher en Dieu. C’est ce qu’elle a trouvé exprimé AVEC ÉVIDENCE dans les saintes Lettres et dans les monuments de l’antiquité chrétienne. On ne saurait d’ailleurs imaginer une doctrine plus conforme à la raison, plus favorable aux intérêts des souverains et des peuples. Cette ORIGINE DIVINE DE L’AUTORITÉ HUMAINE EST ATTESTÉE DE LA FAÇON LA PLUS CLAIRE en maints passages de l’ancien Testament : « C’est par moi que règnent les rois, par moi que les souverains commandent, que les arbitres des peuples rendent la justice » (Prov. VIII, 15-16).
En conséquence de quoi, l’autorité ne peut venir d’en-bas, le principe de l’autorité résider dans le peuple, selon le concept de prétendue souveraineté « nationale » ou « populaire », la masse votante, les mandants « démocratiques » déléguant leurs « pouvoirs » à des « représentants » ou les exerçant directement, par la voie du referendum, de la démocratie directe, de la démocratie « participative », etc. Léon XIII, dans Diuturnum illud fait un sort à la « souveraineté populaire » : « Nos contemporains, marchant sur les traces de ceux qui se sont décernés le titre de philosophes, prétendent que tout pouvoir vient du peuple ; que, par suite, l’autorité n’appartient pas en propre à ceux qui l’exercent, mais à titre de mandat populaire et, sous cette réserve, que la volonté du peuple peut toujours retirer à ses mandataires la puissance qu’elle leur a déléguée. C’EST EN QUOI LES CATHOLIQUES SE SÉPARENT DE CES NOUVEAUX MAITRES ; ils vont chercher en Dieu le droit de commander et le font dériver de là comme de sa source naturelle et de son nécessaire principe… L’erreur considérable de ces philosophes consiste à ne pas voir ce qui est pourtant évident ; c’est que les hommes ne constituent pas une race sauvage et solitaire ; c’est qu’avant toute résolution de leur volonté, leur condition naturelle est de vivre en société. Ajoutez à cela que le pacte dont on se prévaut est une invention et une chimère ; et que, fût-il réel, il ne donnerait jamais à la souveraineté politique la mesure de force, de dignité, de stabilité que réclament et la sûreté de l’État et les intérêts des citoyens. Le pouvoir n’aura cet éclat et cette solidité qu’autant que Dieu apparaîtra comme la source auguste et sacrée d’où il émane. »
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