Monseñor Andrés Morello : Dimanche de la Résurrection de l’an de grâce 2020
Cave Ne Cadas
Publié le 16 avril 2020

Homélie de Mgr Andrés Morello
(Dimanche de la Résurrection 2020)
Nous voici arrivés, par la grâce de Dieu, à ce Dimanche de Pâques au terme d’une Semaine Sainte atypique eu égard aux circonstances extérieures. Tous les pays se trouvent confrontés à une maladie qui ne doit rien à la nature, mais bien plutôt à une chimie dont l’origine est accidentelle ou due à la malice et qui s’en prend indifféremment aux personnes les plus faibles physiquement.
Les nations prennent des mesures, justes ou non, opportunes ou non, par amour pour leur peuple ou pour tout autre motif.
De son côté, l’église nouvelle, celle de la nouvelle “messe”, a suspendu le culte, les cérémonies, les “messes” et les “sacrements”.
Il n’est de mal qui n’aboutisse à un bien ; cesser de faire le mal est un bien, et ne pas faire un grand mal est un grand bien. Or, c’est un grand mal que cette nouvelle “messe” qui a semé le chaos dans les âmes, et c’est pourquoi il est excellent qu’elle ne soit plus célébrée, du moins pendant un temps.
Ce que perçoivent pourtant les pauvres âmes fourvoyées, c’est que « l’Église » leur a fermé ses portes ; elles ne savent où chercher Dieu, elles n’ont aucun lieu où se prosterner devant les images saintes afin d’implorer aide et pardon ; les « prêtres » ont disparu, et dans bien des pays, ils n’assistent même plus les mourants.
Aux yeux de ceux qui ne savent pas, le catholicisme s’est recouvert d’ombres à l’instar de la vieille cathédrale incendiée.
Il est logique que là où la Foi fait défaut, il n’y ait pas non plus de confiance, car avec la nouvelle religion de Vatican II, on a ôté à Dieu l’attribut de Son unicité ; on a arraché Son omnipotence à l’unique Créateur et Seigneur, de sorte que ces gens n’ont plus qu’à pleurer la perte de ce qu’ils n’ont su défendre.
Or, malgré cette situation exceptionnelle en laquelle ne se perçoivent avec clarté ni causes, ni motifs, ni intentions, nous autres poursuivons nos célébrations.
Il va de soi que nous ne célébrons nullement les souffrances d’autrui ni la détresse de ceux qui perdent les leurs et qui sont donc des victimes de l’état de choses actuel.
Ce que nous célébrons, c’est le Dieu Créateur, le Dieu Infini, le Dieu Rédempteur et, en toute logique, le Dieu Rémunérateur des bons et des méchants, car nous autres êtres humains sommes Son œuvre, et c’est pourquoi nous devons une fidélité particulière au destin qu’Il nous a assigné, de même qu’un suprême respect pour la nature dont Il nous a revêtu comme pour le bon usage de notre corps et de notre âme.
Dieu n’a fait que nous combler de biens dès le premier acte de la Création et jusqu’à ce jour : l’immense création qui nous environne, la beauté naturelle de l’univers et de la terre, notre intelligence, notre capacité de comprendre et d’aimer qui, d’une certaine manière, nous rend indépendants de la matière et peut nous mettre à l’abri de tout ce qui est mesquinerie et égoïsme.
Au-delà de cette Création, de l’univers, de notre nature et de nos capacités, Dieu nous a accordé le bien suprême d’être des êtres d’éternité faits pour le Ciel et la Grâce, pour vivre Sa Vie divine dès notre existence terrestre, pour être un jour à même de Le voir et de L’aimer dans l’éternité, de nous unir à Lui mieux que l’œil à la lumière qui permet à celui-ci de voir toutes choses ici-bas. C’est pourquoi saint Paul a écrit : « aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu » (I Cor. 13, 12) ; nous pourrons un jour voir Dieu et Le connaître comme Il nous connaît et nous voit.
Or, face à tous ces biens, face à cet océan de biens dont Dieu ne cesse de nous combler, qu’avons-nous fait ?
Puisque la Création, la nature et la grâce ne nous suffisaient pas, le Verbe de Dieu, Fils infini de Dieu le Père infini, se fit homme pour nous sauver. Et alors qu’Il aurait pu nous sauver par un acte de pure volonté, alors qu’il aurait pu le faire d’un seul sourire aimable, Il a choisi de mourir en Roi de tous les martyrs, c’est-à-dire de la mort la plus épouvantable qui se puisse concevoir ; d’une mort caractérisée par les inimaginables souffrances de Sa Passion, toutes réunies en l’espace de quelques heures, parmi les humiliations et les moqueries, trahi par Ses propres prêtres, par Son peuple, par ceux qui avaient bénéficié de Ses miracles et de Ses guérisons, et jusque par Ses disciples eux-mêmes.
Si, de la part de Dieu, toute l’histoire est un gigantesque acte d’amour inachevé et continu, de la part de l’homme, c’est un Golgotha, un Lithostrôtos, un Gethsémani fait d’ingratitudes de de trahisons.
Combien se justifie cette lamentation de Jésus-Christ dans les impropères du Vendredi Saint face à la conduite des hommes :
- Ô mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je contristé ?
- Qu’aurais-je dû faire pour toi que je n’ai point fait ?
- Moi-même je t’ai planté comme une très belle vigne élue, et tu ne m’as donné que de l’amertume.
- Par amour pour toi, j’ai frappé l’Égypte dans ses premiers-nés ; toi, tu m’as livré à la mort après m’avoir flagellé.
- Je t’ai tiré d’Égypte et j’ai submergé Pharaon dans la mer Rouge ; toi, tu m’as livré au prince des prêtres.
- Je t’ai ouvert un passage dans la mer ; toi, tu m’as ouvert le côté avec une lance.
- J’ai marché devant toi dans une colonne de nuée ; toi, tu m’as mené au prétoire de Pilate.
- Je t’ai nourri de la manne dans le désert ; toi, tu m’as meurtri de soufflets et de coups.
- Je t’ai abreuvé de l’eau salutaire sortie du rocher ; toi, tu m’as abreuvé de fiel et de vinaigre.
- Pour toi, j’ai frappé les rois de Chánaan ; toi, tu m’as frappé la tête avec un roseau.
- Je t’ai donné le sceptre de la royauté ; toi, tu as mis sur ma tête une couronne d’épines.
- Je t’ai élevé par ma forte puissance ; toi, tu m’as attaché au gibet de la Croix.
La plainte du Rédempteur s’adressait au peuple qui fut l’image de la Sainte Église à venir, mais qui préféra commettre le déicide ; elle s’adressait aussi à tous les hommes pour leurs péchés.
L’amour de Dieu ne cesse d’inonder les hommes, qui y répondent par des épines et des fouets.
Revenons à l’essentiel. Nous célébrons aujourd’hui notre Héros suprême, ce fidèle des fidèles qui ne cesse de nous aimer, qui semble même nous aimer plus encore, car tout en Lui parle de Son amour : les bras étendus, la tête inclinée, la poitrine transpercée et la voix bénie qui répète : « Venez tous à Moi ».
Le monde et les hommes ont toujours été experts en trahison et en ingratitude, jusque dans les temps de peste, de maladie et de guerre.
La Pâque, c’est le triomphe de notre Roi et Seigneur, c’est la plainte extrêmement amère de Celui qui nous a tout donné et à qui nous n’avons rien donné, c’est un ardent appel à la conversion pour que les hommes, perdus entre tout ce qu’ils aiment, se mettent enfin à aimer une fois pour toutes Celui-là seul qui mérite tout notre amour.
Très Sainte Marie, veuillez accorder cette grâce à tous les hommes, à nous tous.
Ave Maria Purissima
En ce Dimanche de la Résurrection de l’an de grâce 2020
† Mgr Andrés Morello
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