Un exemple de saint Pape catholique ; à comparer avec les soi-disant ‘saints Papes’ conciliaires !
LE 25 MAI.
ANNÉE LITURGIQUE, Temps Pascal, tome III
Dom GUÉRANGER
S. GRÉGOIRE VII, PAPE ET CONFESSEUR.
Il n’est aucun Pontife, depuis le temps des Apôtres, qui ait encouru plus de labeurs et de tribulations
pour le service de l’Église de Dieu, et qui ait combattu pour sa liberté avec plus de courage.
Après avoir salué sur le cycle du Temps Pascal les deux noms illustres de Léon le Grand (440-461) et de Pie V (1566-72), nous nous inclinons aujourd’hui devant celui de Grégoire VII (1073-1085). Ces trois noms résument l’action de la Papauté dans la suite des siècles, après l’âge des persécutions. Le maintien de la doctrine révélée, et la défense de la liberté de l’Église : telle est la mission divinement imposée aux successeurs de Pierre sur le Siège Apostolique. Saint Léon a soutenu avec courage et éloquence la foi antique contre les novateurs ; saint Pie V a fait reculer l’invasion de la prétendue réforme, et arraché la chrétienté au joug de l’islamisme ; placé entre ces deux pontifes dans l’ordre des temps, saint Grégoire VII a sauvé la société du plus grand péril qu’elle eût encore éprouvé, et fait refleurir dans son sein les mœurs chrétiennes par la restauration de la liberté de l’Église.
Au moment où finissait le Xe siècle et commençait le XIe, l’Église de Jésus-Christ était en proie à l’une des plus terribles épreuves qu’elle ait rencontrées sur son passage en ce monde. Après le fléau des persécutions, après le fléau des hérésies, était arrivé le fléau de la barbarie. L’impulsion civilisatrice donnée par Charlemagne s’était arrêtée de bonne heure au IXe siècle, et l’élément barbare, plutôt comprimé que dompté, avait forcé ses digues. La foi demeurait encore vive dans les masses ; mais elle ne pouvait à elle seule triompher de la grossièreté des mœurs. Le désordre social provenant de l’anarchie que le système féodal avait déchaînée dans toute l’Europe, enfantait mille violences, et le droit succombait partout sous la force et la licence. Les princes ne rencontraient plus un frein dans la puissance de l’Église ; car Rome elle-même asservie aux factions voyait trop souvent s’asseoir sur la chaire apostolique des hommes indignes ou incapables.
Cependant le XIe siècle avançait dans son cours, et le désordre semblait incurable. Les évêchés étaient devenus la proie de la puissance séculière qui les vendait, et les princes se préoccupaient surtout de rencontrer dans les prélats des vassaux disposés à les soutenir par les armes dans leurs querelles et leurs entreprises violentes. Sous un épiscopat en majeure partie simoniaque, comme l’atteste saint Pierre Damien, les mœurs du clergé du second ordre étaient tombées dans un affaissement lamentable ; et pour comble de malheur, l’ignorance, comme un nuage toujours plus sombre, s’en allait anéantissant de plus en plus la notion même du devoir. C’en était fait de l’Église et de la société, si la promesse du Christ de ne jamais abandonner Son œuvre n’eût été inviolable.
Pour guérir tant de maux, pour faire pénétrer la lumière dans un tel chaos, il fallait que Rome se relevât de son abaissement, et qu’elle sauvât encore une fois la chrétienté. Elle avait besoin d’un Pontife saint et énergique qui sentît en lui-même cette force divine que les obstacles n’arrêtent jamais ; d’un Pontife dont l’action pût être longue et non passagère, et dont l’impulsion fût assez énergique pour entraîner ses successeurs dans la voie qu’il aurait ouverte. Telle fut la mission de saint Grégoire VII.
Cette mission, comme chez tous les hommes de la droite de Dieu, fut préparée dans la sainteté. Grégoire se nommait encore Hildebrand, lorsqu’il alla cacher sa vie dans le cloître de Cluny. Là seulement, et dans les deux mille abbayes confédérées sous la crosse de cet insigne monastère de France, on rencontrait le sentiment de la liberté de l’Église et la pure tradition monastique ; là était préparée depuis plus d’un siècle la régénération des mœurs chrétiennes, sous la succession des quatre grands abbés, Odon, Maïeul, Odilon et Hugues. Mais Dieu gardait encore son secret ; et nul n’eût découvert les auxiliaires de la plus sainte des réformes dans ces monastères qu’un zèle fervent avait attirés d’un bout de l’Europe à l’autre à cette alliance avec Cluny, par ce seul motif que Cluny était le sanctuaire des vertus du cloître. Hildebrand chercha pour sa personne ce pieux asile, au sein duquel il espérait du moins fuir le scandale.

Saint Grégoire VII et les éminents prélats de Cluny : Odon, Maïeul, Odilon et Hugues.
Illustration d’un manuscrit du XIIIe.
ÉtiquetéAbbé Didier, Alexandre II, Anselme, Anselme de Lucques, Brunon de Toul, Charlemagne, Cluny, comtesse Mathilde, Dictatus papae, Étienne IX, excommunication, Henri de Germanie, Henri IV du Saint-Empire, Hugues, Hugues de Cluny, Hugues de Die, Liprand, Maïeul, Mathilde de Canossa, Mathilde de Toscane, moine Hildebrand, Nicolas II, Odilon, Odon, Othon de Châtillon, Robert Guiscard, Saint Grégoire le Grand, saint Grégoire VII, saint Hugues, Saint Jean Chrysostome, saint Léon, saint Léon IX, saint Pape catholique, Saint Pie V, Saint Pierre Damien, simoniaques, Urbain II, Victor II, Victor III