Méditation sur la Passion...

Première d’une série de neuf méditations.

 

GETHSÉMANI

NEUF MÉDITATIONS POUR L’HEURE SAINTE SUR L’AGONIE DE JÉSUS

Par le P. Charles PARRA, S.J.

 

Préface

 

On peut dire en toute vérité que c’est Notre-Seigneur lui-même qui a institué l’Heure Sainte.

 

D’abord, il l’a faite le premier ; non pas pendant une heure, mais pendant trois heures d’agonie atroce.

 

Or, comme il entrait à Gethsémani, il demande formellement à Pierre, Jacques et Jean de veiller et de prier avec lui. Mais les apôtres étaient lourds de sommeil et, pendant que Jésus agonisait en son âme, ils dormaient tranquillement. Le Cœur du Maître en fut meurtri et il s’en plaignit douloureusement : « Ainsi donc, vous n’avez pu veiller une heure avec moi ! »

 

C’était la première invitation à l’Heure Sainte : elle ne fut pas comprise.

 

Bien plus tard, en 1673, Jésus se tourne vers Marguerite-Marie. Lui-même prit soin de rappeler le mystère de Gethsémani et de marquer qu’il y a, entre la demande qu’il adresse à sa confidente et celle qu’il fit à ses apôtres préférés, continuité et même identité. Il souligne enfin l’affreuse déception que lui causa la défection des apôtres pour laquelle il sollicite une réparation. Écoutez :

 

« Toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au Jardin des Olives. Pour m’accompagner dans cette humble prière, que je présenterai alors à mon Père, tu te lèveras entre onze heures et minuit ; tu te prosterneras pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes Apôtres, qui n’avaient pu veiller une heure avec moi ».

 

Allègrement, Marguerite-Marie répondit à l’appel du Cœur divin en détresse ; elle s’offrit généreusement à tous les tourments de l’agonie ; toutes les nuits, du jeudi au vendredi, prosternée, pendant une heure, la face contre terre, elle éprouvait en son cœur les appréhensions qui avaient fait éclater, vingt siècles plus tôt, le Cœur de Jésus. Aucune heure de sa vie ne lui paraissait plus douloureuse et plus précieuse ; aucune pour elle n’était plus sainte.

 

Après elle, par milliers, les âmes ont entendu la plainte divine, et, avidement, elles se sont appliquées à faire oublier à Jésus l’indigne lâcheté des Apôtres : c’est par millions qu’il faut compter les heures passées par ces âmes fidèles dans la contemplation de l’agonie divine et la participation aussi réelle que possible à ses amertumes.

 

Ce petit livre veut aider les amis du Cœur de Jésus qui, plus nombreux à mesure que la Passion du Christ se prolonge et en un sens très juste s’accroît de tous les péchés du monde, veulent, comme il le demandait, l’assister, le soutenir, veiller, prier avec lui et avec lui pâtir en leur cœur de ses propres douleurs.

 

Puissent-ils y découvrir un peu plus profondément le Cœur agonisant de Jésus et surtout y puiser la volonté de veiller avec lui non pas une heure mais aussi longtemps qu’il agonisera.

 

Toulouse, en la fête du Précieux Sang.

Juillet 1931.

 

Première méditation :  Entrant en agonie

 

Factus in Agonia

 

 

I – L’agonie d’un jour

 

II – Agonie de toujours.