DIEU DONNE, DIEU REPREND !

Ou les tribulations d’un catholique dans un monde de très grande confusion…

Par Pierre Legrand.

« Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint Esprit, 5 qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, 6 et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. 7 Lorsqu’une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, et qu’elle produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu ; 8 mais, si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée et près d’être maudite, et on finit par y mettre le feu. » (St Paul aux Hébreux)

 

Chers amis lecteurs !

 

Oui j’ose employer ce beau terme d’amis pour des lecteurs que je ne connais pas et que je ne connaitrai sans doute jamais ! Car la seule chose qui fonde une amitié c’est la communion des âmes et des cœurs à une même foi et une même charité. Ceux qui ne partagent pas ma foi et la charité qui en est comme la raison d’être, ne sont pas et ne peuvent être mes amis. Seraient-ils dotés de toutes les qualités humaines possibles et inimaginables, de tous les dons intellectuels promus aux plus hautes destinées, qu’ils n’en seraient pas moins des ennemis potentiels s’ils n’ont pas cette charité informée par une foi vive et pure.

 

Dans Mystici Corporis Christi, SS Pie XII nous rappelle que :

« Et quoique la prière publique, comme procédant de notre Mère l’Église, à cause de sa qualité d’Épouse du Christ, l’emporte sur toute autre, cependant toutes les prières, même les plus privées, ne manquent ni de valeur ni d’efficacité, et contribuent même beaucoup à l’utilité du Corps mystique dans lequel rien de bien, rien de juste n’est opéré par chacun des membres qui, par la communion des saints, ne rejaillisse aussi sur le salut de tous. Et, pour être membres de ce Corps, les chrétiens individuels ne perdent pas le droit de demander pour eux-mêmes des grâces particulières, même d’ordre temporel, tout en restant dépendants de la volonté de Dieu : ils demeurent, en effet, des personnes indépendantes, soumises chacune à des nécessités spéciales. Quant à l’estime que tous doivent avoir de la méditation des vérités célestes, ce ne sont pas seulement les documents de l’Église qui l’indiquent et la recommandent, mais aussi l’usage et l’exemple de tous les saints. »

 

Alors aujourd’hui, chers amis, je voudrais attirer votre attention sur la valeur immense de la prière et des pieuses pensées de chacun d’entre vous. N’allez donc pas croire que, parce que vous n’êtes pas encore saint sur cette terre des vivants, que Dieu ne peut agréer votre prière, ne peut considérer avec bienveillance la moindre de vos pensées pourvu qu’elle soit au service de la vérité et du dépôt de la foi. Le plus petit d’entre vous, le plus humble, le plus pauvre a une valeur infinie aux yeux de Dieu ! Et cette valeur que lui confère son baptême, il lui appartient de la conserver et de la faire fructifier. Pour cela, il nous faut redevenir le petit enfant de l’Évangile, car l’homme adulte, tenaillé par toutes sortes de concupiscences, livré à l’arbitraire de son enveloppe charnelle, a les plus grandes difficultés à considérer son existence terrestre comme un don gratuit de Dieu et qui ne se borne pas à cette dernière… « Qui me délivrera de ce corps de mort » nous disait St Paul……et il savait de quoi il parlait…

 

De même que les plus grands pécheurs peuvent retirer le plus grand profit dans l’assistance au Saint Sacrifice de la Messe, de la même manière les plus grands pécheurs doivent présenter à Dieu leurs requêtes et ne pas craindre de ne pas être exaucés dans la mesure où leurs justes requêtes concourent à leur rédemption.

 

Une grande majorité d’êtres humains sur cette terre ont pour habitude de prier. Dans toutes les religions monothéistes ou non, il y a des formes de prières diverses et variées. Le spirituel est comme une seconde peau pour l’être doué de raison que nous sommes. Hélas peu de prières sont au service de la vraie foi et du culte dû au vrai Dieu !

 

La plupart de nos prières ne sont pas exaucées ! Dieu n’agrée pas les prières des superbes, les prières des hérésiarques et les prières des hypocrites.

 

Mais il y a bien pire encore ! J’affirme que les prières des catholiques ne sont, sauf rares exceptions, pas ou plus exaucées ! (même si l’on peut penser que Notre-Seigneur ne reste pas sourd à leurs gémissements incessants…car il sait à quel point nous sommes orphelins).

 

Jadis, lorsqu’un chrétien était défaillant il se tournait, ou il finissait par se tourner (grâce à la communion des saints !) vers sa sainte mère l’Église qui prenait en quelque sorte le relais. Et les prières de Sa Sainte Mère, Notre-Seigneur les écoute toujours même s’il ne les exauce pas systématiquement. Et ce chrétien trouvait en quelque sorte sa rédemption dans la communion des saints. La société était chrétienne et chaque baptisé était comme surnaturellement relié à son prochain, aussi bien dans l’Église souffrante que dans l’Église militante ainsi que dans l’Église Triomphante. Cette interconnexion entre les êtres que d’aucuns ont tenté d’analyser de manière purement laïque, ne trouve son explication plénière que dans le christianisme.

 

Pour que nos prières soient agréées puis exaucées elles doivent se conformer aux intentions saintes de l’Église. Ces intentions ont été gravement brouillées par la Révolution conciliaire de 1789… qui eut lieu avec le conciliabule de 1962 et qui a abouti à l’éclipse de l’Église. Les hommes d’église ont trahi leur mission et ils devront en payer le prix dans leur vie future.

 

L’homme créé par Dieu est prompt à se glorifier de ses œuvres et bien ingrat dès qu’il s’agit de rendre à Dieu et à Son Fils Bien-Aimé un culte de vérité et de justice. Nous naissons nus et nous mourons nus, sans rien pouvoir emporter dans notre tombe via notre vie future et éternelle. Où est notre gloire ???

 

De toutes parts nous arrivent les échos d’un très grand émoi… Mais de quoi s’agit-il ? Le bruit, même s’il reste relativement discret, finit par atteindre des milieux religieux divers et variés qui vont des sédévacantistes A ou B , aux conciliaires conservateurs en passant par toute la panoplie traditionaliste, la palme revenant le plus souvent et comme d’habitude aux adeptes de la haute voltige, je veux nommer, n’en déplaise à beaucoup, nos frères de la Fraternité saint Pie X !

 

Beaucoup se forgent de faux espoirs, espérant contre la vertu d’Espérance même, que leurs vœux les plus fous vont être exaucés et qu’une frange non négligeable (? en réalité infime !) des prélats conciliaires est en train de devenir…sédévacantiste ! Oui vous avez bien lu chers amis ! La folie contemporaine n’est pas l’apanage des groupuscules d’extrême gauche, des antifas ou des associations de noirs antiracistes !!! Oui Il y a aussi de la douce folie parmi nous…les catholiques !…

 

Mgr Lefebvre serait-il en train d’être remplacé dans la mémoire collective par « Mgr » VIGANO, la nouvelle coqueluche des traditionalistes ? — Vous savez très chère, c’est un cardinal….ce n’est pas n’importe qui ! Et puis il dit tellement de belles choses bien catholiques sur ce vilain concile Vatican II…

 

Sauf que le Monsignore en question n’est qu’un prêtre ordonné le 24 mars 1968 juste avant la fameuse réforme du rite des ordinations (Constitution Apostolique Pontificalis Romani recognitio, du 18 juin 1968) et n’est pas plus évêque que le gardien de mon immeuble ! Voilà qui devrait « parler » aux catholiques (tradis ou sédévacs) un peu trop enthousiasmés par les signes d’un temps qui ne fleure pas bon du tout….

 

Carlo Maria Viganò, abbé du clergé séculier, est bien cardinal…mais cardinal de « l’église-secte conciliaire » ! Nuance….

 

Quant à son ordination, trois mois avant la fatidique réforme de Montini alias Paul VI (« saint » pour les conciliaires ! tiens ! qu’en pense “Mgr” V. de cette sainteté-là ?) on ne m’ôtera pas de l’idée que ces trois petits mois changent certes tout au niveau du rituel mais bien peu au niveau de l’esprit de révolution qui avait envahi le haut clergé, pour reprendre une expression digne de l’Ancien Régime… Sauf quand même qu’un vrai catholique ne pourra pas ne pas s’interroger sur les grâces insignes qu’a reçu M. l’Abbé Viganò au cours de son ordination valide de mars 1968….

 

Comme c’est étrange, y aurait-il des grâces à retardement…comme les bombes du même nom ? Pourquoi pas car Notre-Seigneur, dans Sa Bonté infinie, ne refuse pas ses grâces au pécheur, même à l’extrême limite de sa vie…ou de sa carrière !!! … Les esprits chagrins n’y verront que malice diabolique pour mieux faire passer la pilule d’une (re)conversion très tardive…

 

Je sais que certains lecteurs vont se demander si je fais partie de ces esprits chagrins… Je ne leur ferai pas ce plaisir de les éclairer sur mon humble personne car le problème n’est pas là et ils doivent par eux-mêmes se « positionner » face à cet étrange dilemme : être ou n’être pas chagrin ? Quoiqu’il en soit de leur choix personnel je leur conseillerai quant à moi la plus grande prudence, éclairée par les vertus de force et de sagesse dont nous manquons de plus en plus dans notre monde aveuglé. L’avalanche médiatique ou internaute des louanges ciblées sur quelques personnages dont M. l’Abbé Viganò rendent en effet la tâche difficile aux esprits qui se veulent indépendants et principalement non dépendants de leur propre affect.

 

Ce cardinal de la « sainte église conciliaire » n’innove d’ailleurs pas vraiment car le traditionalisme, toutes tendances confondues, n’a pas attendu ses analyses pour dire pis que pendre de ce maudit conciliabule qui a tout détruit ! Et ce depuis presque cinquante années de combats, d’articles et de revues. Ce ne sont d’ailleurs pas ceux qui en ont parlé avec le plus d’éloquence et de science théologique, qui se sont montrés par la suite les plus efficients dans les actes……mais passons ! Il y a des étoiles qui ont brillé au firmament et qui se sont éteintes assez peu brillamment, fixées dans leurs erreurs et leurs hérésies. Les lecteurs un peu (j’ai dit « un peu » …non mais !) âgés (comme moi !) se remémoreront assez facilement ces années de gloire fugitive et un nom leur viendra tout naturellement à l’esprit en guise d’exemple car il ne fut pas le seul ! Paix à son âme ! Non ! aucune allusion là-dedans à Mgr Lefebvre, pour une fois ! Arrêtez votre mauvais esprit !

 

Un « tradi » bon teint (BCBG on aurait dit dans les années 80) aime tout ce qui brille, tout ce qui sent bon la hiérarchie et l’autorité. Rien de plus normal, sauf qu’en général ces gens là se croient en permanence dans une église en ordre ou plutôt celle qu’ils fantasment et qu’ils ont élaboré parfois dans le sang et les larmes pour les plus vieux d’entre eux. Alors un cardinal, même dans le camp opposé, ça en impose et surtout ça incarne cette autorité qui nous fait tant défaut un peu partout. Aussi, un cardinal ça s’écoute religieusement surtout quand il a un discours on ne peut plus catholique !

 

Soyons un peu méchant et même pervers ! (pour la défense de la vérité c’est permis ! hi !) Ne trouvez-vous pas que ce cardinal a trouvé devant lui un vrai boulevard (et même une autoroute à 5 voies et à 130 km / heure) en la personne de « son pape conciliaire » l’affreux Bergoglio ? Je vois plein de réponses positives : merci, chers amis lecteurs, vous pouvez reposer vos ardoises !!!…

 

Vous au fond qui avez répondu « non » qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

 

« euh…il a du courage de s’opposer à son pape car il risque gros…et puis il a la foi catholique qui soulève des montagnes ! »

 

Et bien dites-moi cher ami, ou bien vous avez été génétiquement conçu avec une dose inusitée de naïveté ou alors vous nous jouez là une belle comédie et j’en conclurai que vous ne l’avez pas lu ou alors que très superficiellement, vous contentant des assertions catholiques mais oublieux des remèdes proposés et de certaines explications qui relèvent des « mystères de l’Ouest » en plus subtil encore…

 

En fait de montagnes, l’abbé Viganò soulève plutôt beaucoup d’interrogations ! Trop d’interrogations… Et ce n’est pas, il s’en faut, un perdreau de l’année ! J’invite mes lecteurs à se plonger dans sa biographie. Ils y trouveront matière à méditation.

 

Méfiant de nature face aux engouements rapides, je vais me contenter de dire pour l’instant que les solutions proposées par ce cardinal sont nulles et non avenues. Ce qui en soi est déjà plus que grave.

 

À lire “Mgr” (oui j’emploi ce titre par convention pour son cardinalat conciliaire) l’une des solutions serait un « acte d’humilité » de la part du « pape » et de la hiérarchie (conciliaire of course !) C’est se moquer du monde surtout lorsqu’on invoque aussitôt après, tenez-vous bien, l’infiltration de l’ennemi (sic !) au sein de l’Église, ce qui soit dit entre nous, présupposerait obligatoirement que, à part une minorité agissante, l’immense majorité du corps hiérarchique de l’Église serait restée parfaitement catholique !!! C’est un conte à dormir debout pour traditionaliste à la digestion laborieuse, car ce que nous observons depuis un demi-siècle est tout le contraire de ce que “Mgr” veut nous faire croire !

 

Les expressions employées par “Mgr” Viganò sont très fortes, très radicales mêmes : occupation des postes clés, acte subversif et révolutionnaire, la conspiration d’un groupe de rebelles (nous y revoilà !) , etc… Et comme pour adoucir le tout, “Mgr” nous appelle, rien de moins, à reconnaitre, je cite « l’insuffisance de la réponse des bons, la naïveté de beaucoup, la peur des autres, l’intérêt de ceux qui, grâce à ce complot (tiens ! le mot est lâché !) ont pu obtenir quelque avantage ». “Mgr” parlerait de 1789/1793 qu’il pourrait employer quasiment les mêmes termes !…

 

“Mgr” manie avec brio et grande culture littéraire l’équivoque lexicale. Il nous parle des « papes du concile » sans nous préciser si pour lui ces papes furent quelques temps catholiques…et s’ils pouvaient l’être. Plus loin “Mgr” craint que par des propos qu’il juge a priori excessifs dans une sorte de procès d’intention qu’il se ferait à lui-même, il ne remette en question l’Autorité de l’Église et des Pontifes Romains ! Étonnant, non ?

 

“Mgr” déplore brillamment les effets pour le moins dévastateurs de la révolution liturgique sans en déplorer réellement les causes, puisqu’il continue de s’inscrire dans la logique infernale de cette secte et qu’il poursuit la chimère d’un prochain Vicaire qui va tout restaurer ! Nous prendrait-il pour des niais, voire des demeurés ?

 

La première et unique façon de reconnaître ses erreurs et la tromperie dans laquelle on est tombé et resté si longtemps, ce serait, “Mgr”, ne vous en déplaise, de la quitter très vite cette fausse église, véritable leurre diabolique, de faire amende honorable, de vous dépouiller volontairement de tous vos titres, hormis votre sacerdoce, et d’accepter de vous mettre sur la Croix pour sauver votre âme et celle de tous ceux qui vous suivent, le cœur battant et l’œil fixé sur une chimère… Oui, comme vous dites, dans le cas contraire, vous devrez en rendre compte à Dieu qui est « implacable dans Sa Justice » autant qu’il est miséricordieux pour ses créatures repenties…

 

Il est évident que “Mgr” Viganò a lu les meilleurs auteurs et qu’il puise la substantifique moelle de ses analyses sans concession aux meilleurs sources traditionalistes et je dirai même intégristes. (ce terme est presque tombé en désuétude dans nos milieux tradis alors qu’il avait été mis en avant par Saint Pie X lui-même !)

 

Mais cela n’en fait pas pour autant un sédévacantiste semper idem !

 

Bien que nous ne nous interdisions a priori aucune interprétation que d’aucuns qualifieront de complotiste ou pire encore de carrément paranoïaque, nous dirons à “Mgr”, en toute charité, qu’il n’a pas encore franchi le Rubicon, loin de là, pour être des nôtres à part entière. Que nous le jugerons à ses actes de vraie rupture et qu’il ferait bien d’écarter à tout jamais cette idée folle qu’il sera plus utile dans la secte qu’en rejoignant pour de bon la Maison du Seigneur !

 

Si “Mgr” n’est pas instrumentalisé par Bergoglio et toute la clique sectaire de « Vatican II », ce que nous espérons fortement, alors nous prierons pour lui et l’Esprit Saint finira par le prendre sous son aile pour le conduire par la voie étroite et crucifiante au renoncement à la gloire de ce monde, à ses attraits et à sa « supercherie » pour reprendre l’une des expressions si fortes de “Mgr”…

 

NUL NE SAURAIT SERVIR DEUX MAITRES…

 

À mes frères dans la foi je dis que les temps sont d’une nature telle que nous devons être rusés comme le serpent, prudents comme le renard et attentifs aux signes que la divine Providence nous envoie. IL est dur en effet de regimber sous l’aiguillon des châtiments et le confinement/déconfinement nous donne en partie la réponse que nous devons avoir face à un espoir trop humain devant l’immense apostasie de ce siècle et la mise au tombeau de l’Église qui revit la Passion de son divin maître…

 

N’oublions jamais que ce monde et toutes ses prétentions appartient à Lucifer et que cet ange de « Lumière » est d’une ruse qui dépasse infiniment nos petites intelligences. Restons sur nos gardes mais gardons l’Espérance car au bout du compte ce Prince sera renvoyé en enfer avec tous ses adeptes ! Ne le laissons pas, en attendant ce jour de Colère et de Justice, ravir un maximum d’âmes. Prions pour le salut de nos ennemis sans oublier nos frères qui se sont fourvoyés dans la secte conciliaire…et qui doivent un jour rentrer au bercail.

 

Sursum corda !

Pierre Legrand.