Sa pénitence est amour, son désert est amour, sa vie est amour, sa solitude est amour, sa croix est amour, sa langueur est amour et sa mort est amour. Je ne vois qu’amour en Madeleine. Je ne vois que Jésus en son amour, je ne vois que Jésus et amour dans son désert.
Le cardinal de Bérulle.
Maria Madalena

Le culte de Sainte Marie-Madeleine apparaît à Rome au XIè siècle. La messe est attestée au siècle suivant. Mais les formulaires différeront selon le portrait que l’on veut dresser de la sainte : præco Resurrectionis, l’annonciatrice de la Résurrection ; la sœur de Lazare ; la pécheresse de l’Évangile.
Marie-Madeleine, ainsi nommée en l’évangile selon saint Luc (1) parmi les femmes qui suivent Jésus depuis la Galilée, se retrouve dans les récits de la Passion et de la Résurrection. Son identité avec Marie de Béthanie et la pécheresse (2) est depuis toujours discutée…
1° La pécheresse

Invité chez un pharisien, Jésus, la Sagesse de Dieu (3), accueille les pécheurs. Sa parole révèle la puissance de l’amour et la grâce du pardon à l’homme trop préoccupé de soi et peu conscient de son médiocre amour. L’attitude de Simon se caractérise par une triple inaction, alors que la pécheresse multiplie les gestes de repentir et d’amour qui, loin d’être pour Jésus une cause de scandale, manifestent une profonde contrition ; d’elle-même elle dénoue sa chevelure (4) et vénère les pieds du Maître avec une intense émotion. L’onction des pieds est un geste extraordinaire, signe d’un amour d’une intensité exceptionnelle. Le pharisien doute du caractère prophétique de Jésus qui se laisse toucher par une pécheresse au détriment de sa propre pureté, mais Jésus connaît le cœur de cette pénitente et, délicatesse suprême, il ne lui révèle la connaissance de ses péchés qu’au moment de les lui pardonner.
Ce texte fonde la nécessité de la contrition parfaite pour la rémission des péchés et son antériorité par rapport à elle, bien que cette contrition est elle-même le fruit de la grâce prévenante du Dieu de pardon. Il souligne l’importance de la foi dans le salut du pécheur, message si utile dans la maison du pharisien. Tandis qu’elle s’en va en paix, elle porte en elle le royaume de Dieu.
2° Disciple de Jésus.
En l’évangile selon saint Luc (5), Marie, appelée la Magdaléenne, est la première nommée des femmes qui assurent la subsistance de Jésus et des Douze. Ces femmes, étroitement associées à la vie du Maître, sont avec lui, ce qui est le propre de la vocation apostolique (6), mais leur présence est un acte permanent de reconnaissance envers celui qui les a guéries d’esprits mauvais et de maladies. Marie-Madeleine est privilégiée, puisqu’elle a été libérée de sept démons (7). Le passé n’est mentionné que dans la mesure où il est vaincu par Jésus, et où l’être racheté se trouve désormais intimement lié à lui. Peut-on l’assimiler à la pécheresse ? La possession démoniaque n’est pas, de soi, synonyme de péché, mais en l’évangile selon saint Jean (8), l’équivalence est établie entre être pécheur et avoir un démon.
On la retrouve dans les récits de la Passion et peut-être avant, si on l’identifie à Marie de Béthanie. On remarque que Marie de Béthanie, comme la pécheresse et Marie de Magdala, se complait aux pieds de Jésus et connaît en même temps de grands élans d’amour ; on ne peut interpréter le deuxième verset du onzième chapitre de l’évangile selon saint Jean comme une allusion à la seule onction de Béthanie. L’unification des trois donne une cohérence certaine aux récits de la Passion. La relation entre l’onction et la mort apparaît plus étroite, si la femme qui pose un geste prophétique de grande portée, souligné par Jésus, est assimilée à celle qui est présente au pied de la croix et au tombeau.
Saint Marc (9) et saint Matthieu (10) signalent sa présence à quelque distance de la Croix, en tête des femmes qui ont suivi et servi Jésus depuis la Galilée ; l’évangile selon saint Jean (11) la place au pied de la croix près de Marie et de la femme de Cléophas. Les synoptiques la montrent au sépulcre regardant où l’on dépose le corps (12). Elles furent, pour l’Église primitive, les témoins de la réalité de cet ensevelissement et les garantes d’une connaissance exacte de l’emplacement du tombeau de Jésus. Comparée à l’attitude des apôtres au cours de la Passion (13), la présence des femmes au Calvaire témoigne d’une fidélité sans faille et d’une communion persévérante aux épreuves du Christ. Ce sont elles qui accomplissent la parole de Jésus aux disciples : Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves (14).
3° Apôtre des apôtres (15)

Les évangiles de Pâques notent la présence de Marie-Madeleine au tombeau. Marc et Luc soulignent le côté négatif de son attitude : perplexité, crainte devant le vide du tombeau. Marc achève par leur étonnant silence, tandis que Matthieu montre leur grande joie, leur hâte à remplir leur mission, et décrit une rapide apparition de Jésus : et elles de s’approcher et d’étreindre ses pieds en se prosternant devant lui (16), détail qui permet de rendre compte de la réaction de Jésus en l’évangile selon saint Jean (XX 17). Saint Marc dit qu’il est d’abord apparu à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons.
Ici, En l’évangile selon saint Jean, Marie quitte deux fois le tombeau pour aller vers les disciples : la première fois, d’elle-même, pour annoncer la disparition du Seigneur ; la seconde fois, envoyée en mission pour révéler la présence du Ressuscité auprès du Père et de ses frères. Son amour pour le Christ apparaît dans toute son intensité : ses pleurs, mentionnés quatre fois, révèlent la profondeur du vide qu’elle ressent et l’épaisseur de son ignorance du mystère. Elle est si préoccupée de retrouver le corps qu’elle est incapable de reconnaître le Vivant. Sa foi ne s’éveille qu’à l’écoute de son nom : Marie. Un retournement total s’opère, elle retrouve son Maître avec le désir de ne plus le quitter. Mais Jésus l’invite à dépasser l’ordre du sensible pour devenir l’annonciatrice du mystère pascal. La relation de Marie-Madeleine à son Seigneur subit ici une véritable mutation, une transfiguration dans le feu de l’Esprit : Marie est appelée à le rejoindre là où il va, auprès du Père et dans l’Église, avec les frères.
Marie-Madeleine à la
Sainte Baume

Le Massif de Sainte Baume (du provençal « Baumo » qui veut dire grotte) doit son nom à la célèbre grotte de Sainte Baume où Marie Madeleine vécut pendant près de trente ans et se situe non loin de Nans les Pins (Var).
Sainte Marie-Madeleine choisi d’y vivre dans la solitude et la contemplation.
La grotte est située Nord-Ouest, l’eau goutte interminablement et elle reste humide toute l’année ce qui lui valut le nom de « l’antre pleureur ». Les gouttes d’eau qui tombent de la roche sont un hommage aux larmes de Marie-Madeleine. Une source jaillit sept années après qu’elle eut émis le vœu d’avoir de l’eau claire, mais elle s’en réjouit si vite que Dieu renouvela sa pénitence pendant 23 années et des sanglots de Marie Madeleine naquirent les rivières : Le Latay, l’Issole et l’Huveaune.
Ces sanglots furent le fruit du fleuve « Huveaune » qui passe par Aubagne et rejoint la mer par la Madrague à Marseille. Le chemin du fleuve rappelle le chemin parcouru par Marie Madeleine, en sens inverse. Ces larmes alimentent encore la source d’Huveaune.
Les anges l’avertirent que sa délivrance était proche et la prirent pour l’amener sur la voie « Aurélienne », près de l’ermitage St Maximin qui lui donna la communion et recueillit son dernier soupir.
Elle y vécu les trente dernières années de sa vie et mourut à cinquante ans.
La source « Saint Sidoine » — qui prit ce nom en mémoire de l’aveugle-né guérit par Jésus —, coule donc dans la grotte. L’eau de cette source a la propriété de guérir les maladies des yeux.
Au pied de la source, une statue « Marie Madeleine élevée par les anges », signé d’Alexandre, date de 1874. Il est indiqué que Marie Madeleine était ravie par les anges qui l’élevaient sept fois par jour dans le ciel. Elle était légère et rayonnante du pardon de Dieu et elle était portée par les anges qui la conduisaient au Paradis pour un concert céleste. Le visage de la Sainte, accoutumé à la vision des anges, était devenu si radieux qu’on aurait pu plus facilement regarder en face les rayons du soleil que ceux de son visage.
Dans la grotte de la Sainte Baume se trouve le reliquaire de Sainte Marie-Madeleine — dont les ossements appartiennent à un même sujet, une femme de petite stature, de type méditerranéen, d’une cinquantaine d’année. Il est composé d’un fragment de tibia et d’une mèche de cheveux. Sur la partie basse, le motif représente l’embarcation pour la traversée de la Méditerranée. Un détail du dessin montre qu’à l’avant de la barque se trouve un corps entouré de bandelette.

Dans la basse grotte de la Baume, appelée crypte, une magnifique statue de Marie Madeleine y siège. Elle fut offerte par Mgr Dupanloup en 1867, sculptée peut-être mais sans affirmation par Cabuchet. Il est dit que c’est à cet endroit que vivaient les moines de Jean Cassien.
À PROPOS DE
LA DÉCOUVERTE DES RELIQUES DE
SAINTE MARIE-MADELEINE
PAR
MARIE-CHRISTINE TROUILLET
Archiviste-paléographe
Les Éditions A.C.R.F. rééditent l’étude de Marie-Christine REMY : À propos de la découverte des reliques de sainte Marie-Madeleine – 40 pages dont 4 couleurs. Disponible.
![]() |
![]() |
![]() |
Nouvelle édition 2017 :
Ce livre est la nouvelle édition de l’étude de
Marie-Christine Remy-Trouillet
originellement publiée par
l’association Sainte Madeleine en Provence
pour le 7è centenaire de l’invention des reliques de sainte Marie-Madeleine
à Saint-Maximin en 1980.
— ANNEXE —
Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
Avec quatre reproductions de l’ancien Maître Autel exécuté en 1536 par Jean Beguin qui retrace la vie et l’action de sainte Marie-Madeleine :
- Madeleine écoutant la prédication de Jésus ;
- Madeleine lavant les pieds de Jésus au cours du repas chez Simon le Pharisien ;
- Madeleine reconnaissant le Christ à la résurrection ;
- Madeleine s’embarquant pour la Provence avec ses compagnons.
Sommaire :
Textes de la Messe
Office
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique
[1] Évangile selon saint Luc, VIII 2.
[2] Évangile selon saint Luc, VII, 36-50.
[3] Évangile selon saint Luc, VII, 34-35.
[4] Livre des Nombres, V 11-31.
[5] Évangile selon saint Luc, VIII 1-3.
[6] Évangile selon saint Marc, III 14.
[7] Évangile selon saint Luc, XI 24-26.
[8] Évangile selon saint Jean, VIII 46-49.
[9] Évangile selon saint Marc, XV 40-41.
[10] Évangile selon saint Matthieu, XXVII 55-56.
[11] Évangile selon saint Jean, XIX 25.
[12] Évangile selon saint Marc, XV 47 ; évangile selon saint Matthieu, XXVII 61 ; évangile selon saint Luc, XXIII 55 et XXIV 10.
[13] Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 56.
[14] Évangile selon saint Luc, XXII, 28.
[15] Évangile selon saint Matthieu, XXVIII 1-10 ; évangile selon saint Marc, XVI 1-11 ; évangile selon saint Luc, XXIV 1-11 ; évangile selon saint Jean, XX 1-18.
[16] Évangile selon saint Matthieu, XXVIII, 9.
ÉtiquetéAmour, annonciatrice de la Résurrection, cardinal de Bérulle, contemplation, culte de Sainte Marie-Madeleine, Éditions ACRF, Félix Antoine Philibert Dupanloup, geste prophétique, grotte de la Sainte Baume, Magdaléenne, Maria Madalena, Marie de Béthanie, Marie de Magdala, Marie-Christine Remy, Marie-Christine Remy-Trouillet, Marie-Christine Trouillet, onction de Béthanie, onction des pieds, passion, Pécheresse, pécheresse de l’Évangile, péchés, pénitente, possession démoniaque, reliquaire de Sainte Marie-Madeleine, reliques, rémission des péchés, Résurrection, Saint Maximin, Sainte Baume, Sainte Marie-Madeleine, salut du pécheur, solitude, sœur de Lazare, vocation apostolique