Mercredi 21 décembre 2016
Chers Amis,
Les choses sont ce qu’elles sont et cela est une limite infranchissable.
Il n’y a pas de loi, de gouvernement ou d’autorité humaine, qui puisse changer ce qu’est l’homme, sa nature sociale ou les principes naturels qui régissent la vie sociale, qui puisse modifier son origine d’être créé, son destin éternel, la brièveté relative de sa vie, et la certitude de sa mort.
La désobéissance de l’Éden, celle des anges, alors déchus et condamnés, la folle prétention de Babel, la perversion de Sodome, l’orgueil de Babylone, les empereurs qui firent du Christianisme un crime, rien de tout cela n’a abouti, rien de tout cela ne perdure quoiqu’ils y aient aspiré.
Lors de la première Nativité de l’histoire, la Vierge Mère et son Époux Virginal cherchent un logement parmi les leurs et ne le trouvent pas ; une fois né l’Enfant, la perversité d’Hérode essaye de l’assassiner ; les Juifs, dans l’Évangile, voulurent le tuer, ils l’accusèrent, et parvinrent à obtenir sa mort. « Unde occidistis ? Gladio linguæ », dit Saint Augustin, « Comment l’avez-vous tué ? Par le glaive de votre langue. » (Office des Matines, 6e leçon du Vendredi Saint). Le Romain n’eût point rendu un jugement sans l’accusation des Juifs « Pour moi je ne trouve aucun crime en lui » (S. Jean, XVIII, 38), « afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime » (S. Jean, XIX, 4), il ne l’eût point condamné, « Je suis innocent du sang de ce juste » (S. Mat., XXVII, 24).
La Vie même, l’Auteur de la Vie pouvait-il mourir pour toujours ? Il est ressuscité, il l’a montré par des actes et des miracles durant quarante jours, il a fondé son Église, il est monté aux Cieux et, de là, il doit venir pour juger les vivants et les morts.
Le monde dans lequel nous vivons, les sociétés de notre époque, ont la hauteur de Babylone qui veut être plus que Dieu, qui crie qu’elle n’a pas besoin de Dieu, que, dans le meilleur des cas, elle confesse Dieu à l’église, et seulement à l’église, de manière que Dieu soit neutre dans la vie sociale, et même dans la vie individuelle ; les hommes ne veulent pas que Dieu s’immisce dans leur vie morale, dans leurs lois, dans leurs gouvernements, dans leurs intelligences ou dans leurs cœurs. Alors les Babylone se font Sodome et Gomorrhe, l’orgueil sombrant dans l’impureté ; ce fut la mauvaise affaire du démon qui, étant le premier des anges, ne voulut pas être ce que Dieu voulait qu’il fût, et termina étant le cloaque de la création.
Revenons au début de ces lignes : les choses sont ce qu’elles sont. Les hommes ne se lassent pas de résister obstinément à Dieu sans que, jusqu’à maintenant, aucun ait pu chanter victoire.
Lors des deux dernières semaines de l’Avent, qui nous préparent à la Nativité, la Sainte Église, dans le Bréviaire que ses prêtres prient chaque jour, dit : « Prope est jam Dominus, venite adoremus », « Le Seigneur est déjà proche, venez adorons-le » (Antienne de l’invitatoire de Matines des 3e et 4e semaines de l’Avent dans l’office de la férie).
L’antienne de la Nativité utilise le mot « Seigneur » : le Fils de Dieu est Dieu, il y a en lui la Personne divine du Verbe. Pour cela, la Sainte Église dit, devant son Seigneur et son Dieu qui va naître, « venite adoremus », « Venez adorons-le ». C’est l’unique attitude qui donne de la hauteur à l’homme, qui le rend plus grand : faire la volonté de Dieu et adorer ses desseins.
« Venite adoremus », « Venez adorons-le », c’est la même chose que de dire : Mon Dieu, nous croyons ce que Vous nous dites, nous adorons ce que Vous nous commandez, jamais nous n’accepterons, ni ne voudrons, ni ne ferons ce que Vous ne voulez pas.
Que cette attitude d’adoration dans nos vies, dans nos idées et paroles, dans nos volontés et dans nos cœurs, soit le fruit et la Grâce de cette nouvelle Nativité de Notre-Seigneur, dans ce monde aveuglé qui dépérit dans l’éloignement et l’opposition à Dieu.
Sainte fête de la Nativité !
+ Monseigneur Andrés Morello